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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Il avait plu jusqu'au petit matin. Sora n'avait pas beaucoup dormi. Lorsqu'il perçut des bruits d'agitation au dehors, des murmures de rebelles debout mais pas tout à fait réveillés, il étira les bras et bailla longuement, puis soupira. Le tissu blanc de la tente filtrait déjà les rayons du soleil. Il devait se lever comme eux.

En redressant le torse, il ressentit une douleur sourde dans les reins. Elle remonta dans son dos pour irradier ses épaules.
"Hmmmm." Son matelas de fortune, trop rigide, n'avait pas adouci les bleus de son combat avec le Général Primus. Avait-il à ce point vieilli ? Les yeux mi-clos, il fouilla le sol d'une main jusqu’à empoigner son pantalon qu'il enfila machinalement. Son pied droit fut pris d'une crampe à cet instant précis et il passa une minute à souffrir sans rien pouvoir y faire. Quand son pied se détendit à nouveau, il fut très soulagé. "Aaah." Sa ceinture sanglée, il attrapa ses chaussures et les enfila, puis se mit debout.

Sa jambe droite se serra. Le choc de la veille avait réveillé une ancienne blessure.
"Ouuuuh." Sora grinça des dents, le sang quitta son visage. Pourquoi s'était-il engagé dans cette guerre déjà ? Il était déjà ko avant sa première bataille. Si seulement il y avait un magicien qui pouvait lui lancer un bon sort de soin... ou un mog ! Où qu'il aille, il y avait toujours des mogs.

"Visage Pâle mérite son nom."

Sora sursauta. Il n'avait même pas vu Sang-Bleu, parfaitement immobile et à genoux sur sa couche. Les yeux noirs de l'indien dont il partageait la tente le fixaient intensément. Sora lui sourit : "Le soleil me redonnera des couleurs." Et quelque-chose à manger aussi, ce serait vraiment bien. Sang-Bleu n'eut aucune réaction et continua de l'observer. L'officier de la Lumière, dont Ravness avait requis la présence ici, ne lui avait adressé que trois fois la parole depuis la veille. Une fois pour se présenter, une fois lorsque Sora lui avait demandé pourquoi il s'appelait Sang-Bleu (il avait répondu : "Nous indiens demandons trop pourquoi"), une dernière fois à l'instant.

Un peu gêné par ce regard persistant, Sora s'en détourna et enfila sa veste, qu'il avait déchirée de ses propres griffes la veille. Elle était toujours en sale état. Maintenant, c'était certain : la magie des trois fées avait disparu et ses vêtements ne lui accorderaient plus ni protection ni puissance. Il se devait d'être encore plus prudent ce qui, hélas, n'était pas vraiment son fort. Sans trop forcer sur sa jambe endolorie, il se dirigea vers l'entrée de la tente.


"Ou va Visage Pâle maintenant ?" demanda Sang-Bleu.
"Manger !" fit Sora en posant une main sur son ventre. "Et parler à Freyja."

Dame Ravness ne l'avait peut-être pas mis avec Sang Bleu par hasard. L'officier était sans aucun doute très fidèle à son Général et ne manquerait pas de lui rapporter ses faits et gestes. Mais cela importait peu, car Sora n'avait plus grand chose à leur cacher. Sang Bleu fit simplement oui de la tête et reprit une fois encore la parole :
"On peut fendre un rocher, on ne peut pas toujours attendrir un cœur." Sora réfléchit un instant. Il n'était pas sûr du tout que le proverbe soit bien à-propos. Il répondit d'un air assuré : "Ça n'empêche pas d'essayer." Comme Sang-Bleu ne dit rien, il souleva un pan de la tente et sortit.

La lumière du soleil l'aveugla quelques secondes et il faillit culbuter une cohorte de vautours qui passaient à toute allure. Sa vision revenue, il constata que tous les brigands se dirigeaient au même endroit, vers le centre du campement. Il suivit le mouvement en titubant et passa de nombreuses tentes pour se retrouver sur la place centrale ou sur des feux maitrisés trônaient de grandes marmites à peine frémissantes. Il se mit à la queue, comme tout le monde, observant la ménagerie qui s'agglutinait. Hérissons, éléphants, vautours, lapins, tortues, ils avaient tous une chose en commun à cet instant précis : une faim de loup. Aucune rate à l'horizon.

"Pas de panique, les amis, pas de panique. Il y en aura pour tout le monde. La cueillette fut bonne", anonnait un coq qui passait entre les rangs bien ordonnés. C'était Adam de la Halle, le ménestrel. "Ouais ouais, c'est gentil de nous en avoir laissé, Adam !" fit un blaireau, ce qui provoqua quelques rires taquins dans son voisinage. "Que voulez-vous les amis ? Une grappe de fruits qui explose dans votre gorge, c'est autant de mamelles dont on goûte le divin suc !" "Un vrai poète", fit un des vautours à ses mornes congénères. Ils ne goutaient visiblement pas le lyrisme grivois du trouvère.

"Oh, Sora !" fit le coq en s'introduisant dans la file à ses côtés, ce qui provoqua quelques remarques à l'arrière auxquelles Adam ne prêta aucune attention. "Vous ne pouvez plus vous passer de notre compagnie, on dirait. Un plaisir de vous revoir.""Bonjour Adam. Comment vont Bobby et sa sœur ?" Adam s'éclaircit la gorge, soudain embarrassé. Il répondit d'abord "Bien, bien" avant d'ajouter, plus bas : "Je serais vous, je n'irais pas parler à Bobby tout de suite. Ce qu'il a vu hier l'a un peu..." "Je comprends," fit Sora. Sa poitrine s'était serrée. Il se souvenait très nettement maintenant de ce que son ombre avait fait. Cette violence, cette malfaisance faisaient partie de lui, et il fallait l'expliquer à Bobby. Mais comment ? Il avait tergiversé toute la nuit sans trouver les mots qui apaiseraient le lapereau.

"Ne vous rongez pas autant les sangs, jeune homme. Tout finira bien", fit Adam, qui avait repéré le malaise de Sora. "Comment peux-tu en être sûr ?""Quelle question ! Toutes mes histoires finissent bien, voyons." Sora sourit. L'enthousiasme et l'optimisme constant du coq faisaient plaisir à entendre. "Oh, Brande-gourde !" s'écria soudain Adam en se faufilant à l'avant de la file. "Alors, bien remis de votre magistrale cuite ?"

Sora le laissa filer, concentrant son attention sur les autres conversations tout autour de lui. On parlait de la bataille finale, qu'on sentait imminente. C'était dans l'air : de la peur et de la résolution. On discutait du Général Primus, de sa fermeté et de son intransigeance. Certains exercices qu'elle avait fait faire aux troupes restaient visiblement dans les mémoires. On évoquait le lévrier qui avait déserté Kefka avec ses troupes pour finalement se faire exécuter par Ravness. Elle n'avait pas sourcillé, disait-on. Quelques commentaires fusaient sur une belle blonde inconnue nommée Système, qui partageait la tente du Général et qui semblait attiser la curiosité par son allure et ses manières. Et, au grand bonheur de Sora, on parlait aussi d'avenir, de ce que serait Nottingham une fois Kefka et ses sbires boutés. Au moins, les rebelles n'avaient pas oublié ce pour quoi ils se battaient.

Concentré sur les échanges de ses voisins qui lui donnaient une meilleure appréciation de la situation, Sora ne se rendit même pas compte que la file avait bien avancé. C'était à son tour d'être servi.


"Tiens, une nouvelle tête ! Tu es arrivé hier, c'est bien ça ? Le shérif nous a parlé de toi."

Un grand ours brun à la mine bonhomme se tenait devant lui, près de la grosse marmite, une louche à la main. Un air de guitare emplissait l'air.

"Oui." "Tous ceux qui veulent botter les fesses de Kefka sont les bienvenus dans notre joyeuse compagnie !" fit l'ours de sa voix chaude et grave en posant lourdement sa patte libre sur l'épaule de Sora, qui retint un cri de douleur. L'ours rigola tout seul. "Je suis Petit-Jean. Tiens, prends du thé." Il trempa la louche dans la marmite et remplit une chope en ferraille qu'il tendit à Sora. "Tu m'en diras des nouvelles. Il est parfumé... à la bergamote. Hmmmm." La truffe de Petit-Jean s'anima, dirigeant le reste de son corps vers la marmite. Sora crut qu'il allait plonger dedans, mais l'ours se retint à la dernière seconde.

"Je peux en avoir une deuxième ? Pour une amie" fit Sora. Freyja n'était toujours pas en vue, peut-être était-elle encore dans tente ? "Bien sûr !" Petit-Jean servit généreusement le thé odorant dans une autre chope et la tendit. "Il y a aussi des baies bien rouges et bien juteuses là, sur la table, et des racines ! Remplis ce petit ventre, je l'entends crier d'ici !" Sora acquiesça et alla se servir. Les chopes serrées contre sa poitrine, les racines et les baies en main, il quitta la foule. A un lapin retardataire avec une cape, il demanda s'il savait où se trouvait la tente de Freyja. Le lapin lui donna des directions précises, quoique hâtives avant de reprendre sa course. Sora dût quand même tourner quelques minutes dans les rangées rectilignes de tentes, au son des guitares qui animaient la vie du camp, avant de repérer une voix familière. Il suivit le chant jusqu'à se trouver devant une tente, semblable à toutes les autres, dont le pan était ouvert pour laisser entrer le soleil.

Planté devant l'entrée, il écouta Freyja chanter. Sa voix était en harmonie avec le son des guitares, mélancolique et belle. Il n'avait aucune envie de l'interrompre, bien content de se laisser envelopper dans cette douce langueur qui faisait écho à ses propres interrogations. L'odeur de la bergamote parachevait le tableau. Quand elle eut fini, il voulut l'applaudir mais se souvint qu'il avait les mains prises. Alors il s'éclaircit la gorge.
"Bonjour." Son sourire était un peu forcé. A vrai dire, même après sa nuit, il ne savait toujours pas comment aborder la rate. Il allait devoir improviser. Normalement il était doué pour ça, mais il commençait à en douter. Il s'avança et lui tendit une chope de thé. C'était sans doute un bon début.

"Je voulais vous remercier. Pour ce que vous avez fait hier." La rate s'était interposée entre lui (ou plutôt son ombre) et Primus, lorsque la Générale avait voulu utiliser son bouclier de lumière pour éradiquer les ténèbres de son coeur. "Vous n'aviez rien à y gagner, juste la colère de la Générale. Alors... merci." Les yeux fixés sur Freyja, il déglutit. Bien sûr, ce n'était pas tout. Il devait le lui dire, ça le préoccupait bien trop. "Mais pourquoi m'avoir menti ?"

Il n'y avait aucune animosité dans sa voix, juste de l'incompréhension. La veille, avant l'altercation, il avait tenté de lui redonner confiance, et il avait cru que ça avait fonctionné. Mais non. Les mots qu'elle avait prononcé depuis le hantaient toujours : "Je suis loin d'être une bonne personne.. Je ne mérite aucunement l'attention qu'on me porte." Freyja l'avait dit sereinement, avec tellement de conviction qu'il en était encore déboussolé. Elle devait lui dire que c'était du flan, juste de la comédie pour amadouer la Générale. Elle pouvait tout lui dire sauf "Je le pense vraiment".

Dernière édition par Sora le Mer 1 Fév 2017 - 19:44, édité 1 fois
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Une nouvelle journée commençait, semblable à toutes les autres depuis le moment où Freyja avait rejoint les rangs de la rébellion. La monotonie s’était installée depuis bien longtemps, avec le même regret au réveil et le même cauchemar qui la hantait chaque nuit depuis son retour dans la Forêt de Sherwood. Et lentement, l’agitation du matin se mettait en branle dans le campement de Robin des bois. Toujours couchée sur son lit, le drap de lin lui servant de couverture rabattue sur les épaules, la rate attendait que les choses se passent. Ils étaient à quatre personnes pour partager cette tente, quatre rebelles partageant une idéologie et un coin de tissu pour lutter contre le froid.

Et c’était bien la seule chose que partageait Freyja avec eux. De ses compagnons de chambrer, elle ne connaissait que leur nom et elle ne venait ici que pour passer la nuit. Aurait-elle pu s’attacher, partager ses impressions et ses espoirs pour l’avenir de Nottingham ? La réponse aurait été oui, si elle n’avait pas eu la sottise de vouloir agir seule et causer plus mal que de bien.

Les paupières closes, mimant le sommeil alors que les deux lapins et le vautour ne se privaient pas de faire un boucan de tous les diables, elle attendait comme chaque matin pour être tranquille dans cette tente. Pouvoir savourer le calme régnant dans l’espace délimité par la toile, être seule avec ses pensées et ses tracas, elle n’avait besoin de personne pour porter ce fardeau. Et encore moins de gens pour l’accabler plus qu’elle ne l’était déjà. Dans une heure ou deux, ils partiront tous pour s’entraîner sous la tutelle de Primus et elle sera définitivement seule, privée de l’unique distraction qu’elle pourrait avoir en dehors des ordres du Shérif. Ainsi, sa vie était rythmée par cela depuis plus d’une année. La seule différence marquante étant la plaie barrant son corps, cicatrice lui rappelant la stupidité dont elle faisait preuve en s’interposant une nouvelle fois à la Générale.

D’un geste vif, elle repoussa sa couverture et s’assit au bord de son lit de camp. Fermant les yeux dans un soupir, elle passa sa main sur son ventre avant de se pencher et attraper une trousse de secours caché sous son lit. Minutieusement, comme si elle avait fait cela durant toute sa vie, elle dégrafa l’épingle à nourrice et enleva son bandage avant de nettoyer sa plaie. Plus que de raison, elle avait meurtri son corps. Encore deux interactions avec Primus et elle pourra se vanter de ne plus être la jeune femme qu’elle était. Après, qui serait attiré par ce qu’elle était devenue.

Cela terminé, Freyja passa sa chemise par-dessus le pansement propre et se leva afin de terminer de s’habiller. Une routine, ce n’était rien d’autre que cela. Le long manteau rouge, ainsi que son casque, étaient accrochés à la pointe de sa lance. Elle passa à côté de ceux-ci pour aller passer de l’eau sur son visage et revenir à sa place en prenant une brosse à cheveux, un dernier acte coquet qu’elle pouvait encore se permettre. Tournant la tête sur la droite, laissant pendre ses cheveux, elle s’activa à la tâche. Pourquoi continuer à faire cela chaque matin, pour ce que ça servait.

Entre les bruits de la brosse passant dans la chevelure de la rate, une mélodie parvint de l’autre côté de pans de la tente, les mêmes que ceux ayant filtré durant sa convalescence à là l’infirmerie. Le son caractéristique du pincement des cordes d’un instrument de musique, le soufflement d’un accordéon et les percussions contre la souche d’un arbre mort. La musique, c’était bien la dernière chose qui parvenait à faire sourire Freyja. Alors qu’elle continuait de peigner ses cheveux, la rate se laissa bercé par les sons. Les paupières closes, elle se remémora son cauchemar et laissa se dernier s’exprimer au travers de son chant.

Mère, je me sens revenir chez toi.
J’ai essayé et échoué, maintenant, je suis fatiguée et lassée.
Chacun de mes choix, quoi que je fasse n’est qu’une erreur.
Et je me sens revenir chez nous.

Père, je me sens revenir chez toi.
Seulement, c’est bien trop dur pour moi.
Bientôt, moi aussi, je serais à vos côtés.
Et je me sens revenir chez nous.

Un ciel nuageux couvre ma tête et me suit dans ma quête.
Personne ne m’accompagne, aucun ami ne m’aidera.
Qu’importe d’où je vienne, ma marche est solitaire.
Et je me sens revenir chez nous.

Mon amour, je me sens venir à toi.
J’ai essayé et échoué, maintenant, je suis fatiguée et lassée.
Quoi que je fasse n’est qu’une erreur malgré ce que je ressens pour toi
Et je me sens revenir chez nous.

Prise sur le fait comme une enfant enfreignant les règles, elle sursauta en entendant le son de la voix de Sora dans son dos, la rate eut du mal à cacher la honte qui pouvait se lire sur son visage. Se redressant brusquement et posant la brosse sur son lit, elle répondit à ses salutations par l’usage avant de prendre la tasse qu’il lui avait tendue. Glissant sa main droite dans l'anse de la chope, tenant la base de cette dernière avec son autre main, elle laissa la chaleur du breuvage se répandre dans son corps alors qu’il entama la discussion par cette question. Elle ne méritait pas autant d’attention de la part de cet homme.

Elle aurait voulu qu’il ne reste pas, et de ne pas avoir cette discussion avec lui. Cependant, elle savait bien au fond d’elle-même qu’elle serait confrontée à Sora une fois de plus. Simplement, c’était plus tôt que ce qu’elle avait prévu.

— Eh bien…
Freyja baissa son regard, fixant le sol un instant afin de fuir son regard le plus longtemps possible. Il était tellement plus simple de fuir, malheureusement, Sora était entre elle et la sortie.

— Disons que c’est dans ma nature. Toujours faire le mauvais choix, choisir la facilité plutôt que d’accepter la vérité, fuir quand il faudrait se dresser.
Elle redressa lentement son regard, tentant de dessiner un sourire à l’intention de son interlocuteur.

— Simplement que… Freyja marqua une courte pause. J’ai préféré te dire ce que tu désirais entendre, et non ce qu’il y avait à dire. Un peu comme un cadeau, pour ne pas que tu t’inquiètes inutilement de mon sort.
Retroussant les lèvres, elle finit par amener la chope à ses lèvres et goûter la boisson. Le liquide coula dans sa bouche, dénouant légèrement le noeud qui lui avait prit à la gorge. Souriante à son attention, la rate reprit sa place sur son lit, fixant la toile de fond avec morosité et invitant le jeune garçon à s’asseoir à son tour.

— Merci pour le thé, il est très bon. Tu l’as fait toi-même…?
Une manière bien maladroite afin de mener la discussion dans un autre sens, elle ne voulait pas fondre en larmes une fois de plus devant lui, qu’il ne commence pas à s’inquiéter plus que de raison. Il devait avoir des choses bien plus importantes à penser, plus qu’importante qu’elle.


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Sora eut droit à sa réponse. Ce n'était pas celle à laquelle il s'attendait.

D'abord il se raidit, manquant de renverser le contenu de la chope qu'il tenait encore contre son ventre. Le liquide lui brûla la poitrine mais il s'en fichait. Il voulait dire à Freyja qu'elle se trompait. Comment pouvait-elle être aveugle à ce point sur elle-même ? Il attendit quand même, parce qu'elle n'avait pas fini de s'explique. Ça lui laissait le temps de trouver les bons mots. Il doutait qu'un simple "tu peux le faire, simba !" et un simple sourire encourageant suffisent. Pourquoi, alors qu'il avait toujours trouvé sans effort les mots justes avec tant de gens, n'y arrivait-il simplement pas avec elle ?

Il fronça alors les sourcils sans la quitter des yeux. Ainsi elle avait menti pour le préserver ? Pour ne pas qu'il s'inquiète ? C'était plutôt raté. Mais qu'elle lui avoue lui faisait du bien, parce que là, elle était sincère. Et aussi parce qu'il commençait à comprendre. A la comprendre. C'était évident : Freyja faisait comme lui.

Sourire à ses amis, leur dire que tout irait bien. Sora avait toujours fait ça. Il avait demandé à Naminé de lui faire confiance sur l'Île du Destin, il avait fait comme si de rien n'était devant Roxas, dans la Bibliothèque du Château Disney. Sora trompait les autres depuis si longtemps, il avait tellement ri à la face du danger que ça en était devenu naturel chez lui. Personne n'y avait rien vu, sauf peut-être Riku... et Roxas. C'était devenu plus difficile depuis son retour, mais il devait maintenir la mascarade. Son enthousiasme, son courage, n'était-ce pas ce qui liait les gens à lui ?

A l'invitation de Freyja, il s'assit sur le lit juste à droite d'elle.

Pourtant, il s'était senti si frustré devant le mensonge de la rate. Et, maintenant qu'il y songeait, Roxas n'avait pas du tout apprécié qu'il lui mente. Il l'avait bousculé et envoyé bouler a dix mètres. Même après ça, Sora était resté sourd aux remontrances de Roxas, jouant sa naïveté comme l'excellent comédien qu'il était devenu. Peut-être qu'il n'aurait pas dû.

Son corps fut pris d'un soubresaut, comme si un éclair l'avait frappé en plein cœur. Le thé déborda une nouvelle fois de la chope, mais il ne ressentit pas la brûlure. Non, il ressentait une énergie dans sa poitrine, une énergie telle qu'il aurait pu, s'il le souhaitait, dévaster le camp des rebelles ou le château de Kefka en une minute, ses deux keyblades en main. Appeler le Roi des Dragons pour tout brûler, sans remords. L'effet était perturbant mais étrangement excitant. Heureusement, malheureusement, il cessa presque aussitôt et Sora redevint prisonnier de son corps, de ses bleus et de ses faiblesses. La toile de la tente perdit un peu de son éclat.


"Je..."

Un peu perdu, frissonnant, il but une gorgée de thé pour mettre de l'ordre dans ses pensées. A sa gauche, si proche que leurs épaules se touchaient presque, Freyja attendait une réaction, quelque chose. Venait-elle de lui poser une question ?

Il soupira. "Tu sais, Je t'ai menti aussi." Il avait tourné la tête vers elle. "Je ne sais pas si tu reverras Aiden. Je ne sais même pas si je reverrai Kairi." A la simple mention de son nom, Sora baissa les épaules. La musique jouée au camp lui paraissait plus triste. Il baissa aussi les yeux : "Je voulais juste que tu y croies... et y croire, moi aussi." Il déposa la racine et la grappe de fruits rouges sur le matelas pour lever un doigt, signifiant qu'il n'avait pas terminé. "Mais tu te trompes. Hier tu as fait un choix et il n'était pas facile. Tu aurais pu fuir, et tu m'as protégé." Il sourit à Freyja. "Je te dois beaucoup, sûrement plus que tu penses."

Etait-il utile de préciser qu'il s'était attaché à elle, qu'elle le veuille ou non ? Ça lui paraissait si évident. Attrapant la racine, il la porta à sa bouche et mordit dedans à pleines dents. C'était âcre et dégoutant. Il se retint de cracher et, la mine déconfite, tendit la racine à Freyja.
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Pouffant de rire devant Sora, plus particulièrement à sa mine dégouté après avoir croqué dans la racine, elle empoigna le déjeuner qu’il tendait à son attention. Faisant tourner le pivot entre ses phalanges, elle se surprit presque à profiter de cette situation. Assise sur le bord d’un lit avec une discussion pour seule distraction. Cela faisait tellement de temps que ça n’était arrivé, partagé un moment de la journée avec quelqu’un, passer simplement un moment avec une autre personne que soi-même. Après, c’était peut-être cela le bonheur…?

Peut-être, ou peut-être pas. Elle en avait été privée depuis si longtemps que Freyja serait incapable de dire ce qu’elle ressentait exactement à cet instant précis.

Cependant, aucune hésitation n’était possible pour l’un de sentiments naissant dans sa poitrine. Elle était rongée par la honte. Celle de cette enfuie avant même que Sora ne puisse dire quoi que ce soit après la déconvenue avec Primus, celle d’être prête à quitter cette tente et de sauter par-dessus la palissade pour disparaitre jusqu’à ce que le soleil se couche et surtout celle d’avoir été malhonnête avec la seule personne n’ayant jamais eu autre chose que de la compassion à son égard. Finalement, cela n’était qu’une preuve supplémentaire de ses nombreux défauts.

Pourtant, il était ici. Assis à la droite de Freyja à partager quelque chose qui n’était pas facile à entendre. Que ce soit pour la rate ou bien pour le héros de la Lumière.

— Il faut un peu de temps pour s’habituer aux racines, espérons que l’avenir soit clément avec toi et que tu ne prennes pas le pli. Garde les fruits pour toi, ils te feront plus de bien qu’à moi.
Tournant la tête à son attention, un maigre sourire barrant son visage, elle tentait à son tour de réconforter Sora. Comme il l’avait fait la veille avant qu’elle ne se referme complètement. Elle avait passé tellement de temps dans le rôle de la sangsue que cela lui semblait presque étrange, surtout venant d’elle. Pourrait-elle en être capable ? Probablement pas, surtout si elle continuait à esquiver les questions qu’il lui posait. Être honnête, c’était peut-être déjà un bon début. Attrapant la chope par le haut de cette dernière, Freyja la posa au sol entre se deux pieds avant d’appuyer ses coudes contre ses genoux. Soufflant de peur à la suite de ce qu’elle allait révéler.

— Ne soit pas dur avec toi, ce n’est pas un mensonge que tu as prononcé la vieille. L’espoir est la seule chose qui parvint à faire fonctionner nos cœurs, à moi ou à n’importe qui d’autre vivant de ce camp. Et ici, tu nous donnes envie d’espérer et d’avancer jusqu’à la conclusion de ce qui nous attend, ta place est ici avec nous… Et tu avais raison dans un sens…
S’affaissant un peu plus sur elle-même, posant la racine sur le sommet de la tasse, elle frissonna légèrement. Ce n’était pas le froid de la saison, simplement le froid de la réalité. Les yeux rivés sur son déjeuné, elle n’avait pas la force de regarder Sora avant d’avoir fini de parler.

— Aiden et moi allons nous retrouver, au moment où la rébellion attaquera les murailles de Nottingham. Seulement, nous ne serons pas dans le même camp et nous serons amené à nous affronter et… Est-ce que je serai capable d’agir de la bonne façon le moment venu, est-ce que j’aurai la force nécessaire pour me défendre et ne pas répéter les mêmes erreurs…?
Relevant son regard, fixant maintenant la toile de la tente comme son homologue il y a encore un instant, elle souriait malgré la situation.

— Au moment où j’ai pointé ma lance contre Primus et fait dos à ton ombre, il y avait une part de mon âme qui priait que la mort arrive de l’un d’entre vous. Comme ça, je n’aurai pas à faire face à mes responsabilités et n’aurait pas à affronter l’homme que j’aime.


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Freyja avait raison. Si au terme de la bataille de Sherwood il avait pris goût aux racines, alors la guerre aurait trop duré. Il se consola en suivant l'indication de la rate et en croquant dans une des baies rouges qu'il avait apportées. La saveur était douce et très sucrée. Très vite, l'amertume de la racine ne fut plus qu'un vilain souvenir.

Les mots rassurants de Freyja faisaient le même effet. Alors qu'il était venu pour lui remonter le moral, voilà que les rôles s'inversaient. Il aurait presque crû entendre Donald et Dingo qui, au moindre moment de doute, n'avaient jamais manqué de le faire sourire et de lui redonner du courage. Elle parlait d'espoir, et ça résonnait en lui. L'espoir était son carburant. Malheureusement, les réserves s'épuisaient doucement. Il secoua doucement la tête : il n'allait tout de même pas s'en plaindre ! C'était ce qu'il avait voulu en convainquant Primus de ne pas éradiquer son ombre. Il devait en assumer les conséquences et espérer avoir fait le bon choix.

Il devait continuer d'espérer, même si les rebelles étaient motivés autant par l'espoir dont les gratifiaient Petit-Jean et Adam que par la peur que leur insufflait Ravness. Ce n'était peut-être même pas un mal.

Il devait continuer d'espérer. Ce que dit Freyja ensuite lui prouva à quel point c'était vital. Les mots qui sortaient de la bouche de la rate étaient déjà beaucoup moins rassurants. Non, pas les doutes qu'elle exprimait sur sa capacité à agir lorsque le moment viendrait, lorsqu'elle serait de nouveau face à Aiden. Tous les êtres humains se posaient cette question. Ce qui était vraiment inquiétant, c'était la révélation que la veille, Freyja ne s'était pas interposée entre lui et le Général Primus pour le protéger, mais parce-que... elle souhaitait mourir ?

Mourir... pour rien ? Non. Il refusait d'y croire. Ses mains agrippèrent le bord du lit. Si elle souhaitait tellement disparaître, alors pourquoi se coiffait-elle encore les cheveux avec autant de précaution ? Pourquoi chantait-elle (bien mieux que lui, il devait l'admettre) ?  Pourquoi mangeait-elle la racine qu'il venait de lui tendre ? Pourquoi venait-elle de parler d'espoir ? Ce n'était pas logique ! Et puis une seule mort avait de la valeur, une seule mort avait du sens à ses yeux, et ce n'était certainement pas celle que Freyja envisageait.

Le sourire qu'elle affichait en lui avouant tout ça lui donnait froid dans le dos. Lorsqu'il la fixa de nouveau, son air était soucieux et sa voix tranchante :
"Tu ne peux pas abandonner. Tu n'as pas le droit !" C'était autoritaire et sec mais il n'avait pas pu l'empêcher. Serrant les poings, il réfléchit très vite à quoi ajouter. Il se remémorait leur discussion de la veille : "Ce qu'on fait a des conséquences pour les autres. Je t'ai dit hier que les cœurs étaient liés, et que beaucoup de gens ne voulaient pas le savoir. Pourtant c'est vrai." Il frappa sa cuisse droite avec son poing. "Ceux qui acceptent de le voir, ça leur donne une responsabilité !"

Sora ne souriait pas. Son regard était empreint de gravité. Ceux qui l'avaient autrefois qualifié de naïf, ceux qui le pensaient encore aujourd'hui étaient les irresponsables qui n'osaient pas regarder la vérité en face, et il en avait assez de cette mascarade. "Je sais que tu t'es liée à ceux que tu as aidé, ceux que tu aimes, même ceux que tu as combattu. Bobby, la Générale Primus, Aiden, et sûrement d'autres. Alors fais attention à ce que tu fais !" Sans être directement menaçante, sa voix était juste assez ébranlée pour que Freyja ne doute pas de sa sincérité. Il souffla doucement pour évacuer la tension dans sa poitrine et sa gorge. Quand il reprit la parole, sa voix avait retrouvé de la douceur : "Tu sais, être lié aux autres, ça a ses bons côtés. Quand tu seras devant Aiden, tu auras sans doute envie de fuir." Il fronça les sourcils. C'était ce qu'il l'avait fait à Tortuga. Il avait laissé Heinrich le Vagabond seul face aux pirates. Doucement, il posa sa main sur l'épaule de Freyja et se pencha légèrement vers elle, ses yeux bleus grands ouverts. "A ce moment précis, quand tu douteras le plus, il faut que tu penses à nous. C'est très important."
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Soutenant le regard de Sora, plongeant ses yeux dans ceux du jeune homme, elle chercha à assimiler où il voulait en venir. Cherche à comprendre ce qu’il voulait véritablement dire, en quoi cela pourrait l’aider ou lui donner la force d’entreprendre ses actions. Oui, les cœurs étaient liés les uns aux autres et il était probablement la personne la plus à même d’en parler. Seulement, à quoi cela pouvait véritablement servir…? Freyja maintenait le contact visuel, tentant de sourire, mais n’y parvenait pas. Elle se savait égoïste, servant son propre intérêt et ruinant celui des autres. Alors, pourquoi est-ce que ce lien serait différent. Peut-être que c’est ce qu’il voulait dire, au moment où elle s’attendrait à flancher, elle devra prendre l’espoir des cœurs auxquels elle était liée pour cesser de douter.

Toujours profiter des autres, s’incruster dans leur cœur telle une tumeur et prendre ce dont elle avait besoin et ne jamais rien rendre. Voilà ce à quoi servait le lien qu’elle tissait au fil de ses rencontres, était-ce aussi simple et bête que cela ? Était-ce sa raison de vivre ?

Cependant, il avait posa sa main sur l’épaule de la rate, se voulant réconfortant après le ton qu’il avait utilisé il y a peu. Sora avait préféré dire la vérité plutôt que ce qu’elle voulait entendre, encore une preuve du fossé qui était creusé entre les deux personnages partageant un moment sous cette tente. Comme Primus avant lui, il n’avait pas masqué la réalité et n’était pas passé par quatre-chemins. Sauf que cette fois, ce n’était pas de la peine qui envahissait le cœur de la rate. Elle ne s’était pas sentie jugée, elle ne s’était pas sentie relayée au second plan et avait véritablement l’impression d’être quelqu’un. Pas un instrument dans une guerre à venir.

Lentement, elle leva sa patte droite et alla la poser sur la main de Sora. Elle ne prononça aucun mot, ne déviant pas son regard un instant et ne faisant rien d’autre que de profiter du moment semblable à un éclat du passé. Lentement, ses pommettes se soulevèrent pour dessiner un sourire sincère sur son visage.

— Peut-être qu’une fois dans ma vie, j’essayerai d’écouter et d’appliquer ce que l’on me dit. Qu’importe ce qui arrivera dans l’enceinte de Nottingham, promis, mes pensées seront rivées sur toi plutôt que sur mes craintes.
Si c’était la seule solution pour qu’elle cesse d’être le dernier des fardeaux, elle vendrait le peu d’âme qu’il lui restait pour y parvenir. Elle savait que son destin n’était que noirceur, cependant, elle n’était peut-être pas obligée de l’affronter seule. Utiliser ses amis, les liens qu’elle avait créés, comme le Phare de la Lumière afin de ne pas se perdre dans ses propres ténèbres. Cependant, à quoi cela allait la mener si ce pourquoi elle se battait ne survivait pas. Même entouré, il arrive d’être la personne la plus isolée du monde. N’était-ce pas cela qui caractérisait Freyja ?

— Merci.
Finalement, elle relâcha son emprise ainsi que son regard avant de tomber en arrière, les bras écartés, et s’allonger sur son lit. Sa tête basculait en arrière, la laissant voir le monde sous un autre angle ainsi que l’ouverture de la tente laissant filtre des rebelles passant au milieu de l’allée de couchette. Avait-elle trouvé une réponse, même éphémère, grâce à Sora ?

— Tu crois que nous arriverons vraiment à trouver le bonheur malgré toutes les horreurs qui nous touchent, est-ce qu’il y a vraiment une lumière au bout du tunnel. Tes légendes sont contées au Château de la Lumière, comment pouvais-tu continuer d’avancer malgré tout cela, quel est ton secret…?
À cet instant, elle voulait pouvoir être comme lui. Ne pas avoir peur de l’avenir, continuer d’avancer, avoir des amis sur qui compter dans les heures les plus sombres de la vie et surtout avoir simplement envie de vivre. Simplement avoir l’envie de vivre un jour de plus malgré l’inéluctabilité des chemins se traçant devant elle.




Dernière édition par Freyja Crescent le Dim 12 Fév 2017 - 0:44, édité 1 fois
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Sora avait posé la main sur l'épaule de Freyja, et Freyja avait posé sa patte sur la main de Sora. Elle lui avait enfin adressé un vrai sourire, un sourire franc qu'il trouvait radieux. A cet instant, c'était certain, ils n'étaient pas seuls. Freyja lui fit alors une promesse, de celles qu'on faisait aux amis. Il approuva solennellement de la tête sans la quitter des yeux. Puis elle le remercia et, un peu surpris, il répondit simplement : "Y'a pas de quoi", conscient qu'elle venait de faire ce qu'il avait fait lui-même de nombreuses fois avec d'autres, et que c'était la partie la plus facile. Il fallait maintenant tenir cette promesse. Et là, il ne pourrait pas l'aider.

Freyja avait rompu le contact pour s'étendre sur son lit, comme si la pression venait de quitter ses épaules et qu'elle pouvait enfin se détendre. Elle s'appuyait sur son crâne pour voir le monde à l'envers. Sora l'observa faire, amusé.  Etait-il en train de découvrir la vraie Freyja, celle qui était bien cachée derrière ce masque de tristesse et d'angoisse ?

Pas tout à fait. Elle avait encore des questions, et pas des moindres. Mais quelque-chose avait changé, quelque chose d'important : elle disait "nous". Elle le questionnait sur le bonheur, sur la lumière, sur un "secret" bien à lui qui était supposé l'aider à avancer envers et contre tout. Il bloqua un soupir, les épaules affaissées, le regard vagabondant sur la toile de la tente et les ombres des gens qui passaient de l'autre côté. Pour répondre à tout ça, il devait endosser son propre masque, celui de la légende. La légende que le Roi Mickey avait préservé en taisant ses faiblesses, en mentant à ses sujets sur le véritable état du "héros" et en gardant secrète sa fusion avec la Pierre Angulaire. La légende d'un Sora élu de la keyblade, puissant, sans peur et invincible, qui pouvait inspirer toutes celles et ceux qu'il croisait et les guider vers la victoire.

Ce Sora si parfait n'avait jamais vraiment existé, même quand les ennemis étaient clairement identifiables et les solutions évidentes. Il avait fait de graves erreurs. Ce Sora ne pouvait pas plus exister aujourd'hui. Tout paraissait tellement plus compliqué, dans les mondes comme dans son cœur. Il avait un autre genre de combat à mener, un combat qui le déchirait, le faisait douter et où son ennemi n'était pas forcément le plus évident. Il étrangla un bout de drap avec sa main gauche. Devait-il continuer à jouer ce rôle de Sora parfait comme si de rien n'était ? Il savait bien qu'il n'avait réussi à toucher réellement Freyja qu'après lui avoir révélé ses faiblesses.

Il relâcha le drap et tourna la tête vers celle qui lui faisait confiance.
"Désolé, je n'ai pas vraiment de secret. J'ai juste mon coeur, ma keyblade, mes propres problèmes et... vraiment, vraiment horreur de perdre." Il sourit malicieusement en portant la grappe de baies rouges a sa bouche. Il emprisonna les baies avec ses dents et tira sur la tige. Éclatés contre son palais, les fruits révélèrent toute leur saveur. Non, il n'avait pas laissé Primus éradiquer son ombre. Il n'avait pas abdiqué. Il la combattrait avec ses propres armes.

"Tu sais, il y aura toujours de la lumière, même dans les endroits les plus sombres", reprit-il pour répondre à une autre interrogation de Freyja. "Je l'ai vue s'échapper de la porte du Kingdom Hearts. Je l'ai vue apparaître dans le domaine des ténèbres, à la toute fin du chemin, devant le soleil mort. Une immense porte de lumière qui m'a ramené chez moi." Ses yeux brillaient à l'évocation de ces souvenirs bien vivaces. Pourtant, il baissa assez vite le regard et fronça les sourcils. "Il y aura toujours des ténèbres aussi." Il se souvenait de ce que Riku lui avait dit à ce moment là, à la Marge Noire. Du sacrifice qu'ils étaient prêts faire tous les deux et qu'ils n'avaient finalement pas fait. Tous les événements depuis donnaient raison à son ami d'enfance. Sora baissa le menton pour regarder ses pieds et secoua doucement la tête. Riku avait toujours eu une longueur d'avance sur lui.

Le menton redressé, Sora sourit à Freyja :
"C'est une question d'équilibre." Il se leva du lit et serra le poing en faisant de courts aller-retour entre le lit et l'entrée de la tente. "Tu vois ? C'est pour ça qu'on doit tout faire pour gagner cette guerre. La lumière peut prendre le dessus ici, j'en suis sûr." Il lui suffisait d'avoir lu quelques rapports, et surtout croisé Adam, Petit-Jean, Primus, Bobby, Freyja pour en arriver à cette conclusion.

Un bruit de trompette résonna tout autour d'eux, comme un appel aux armes qui tombait à point nommé. Sora sursauta et lança un regard interrogatif à Freyja. Il ne s'était même pas rendu compte que, dans son élan, emporté par son propre cheminement de pensée, il avait complètement oublié de lui parler du bonheur.
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Comme chaque matin, les cors résonnèrent dans le camp de la rébellion. Appelant à l’ordre les centaines d’hommes sous le commandement de Primus à se joindre à l’entraînement quotidien de la Général. Et comme à son habitude, c’était le moment qu’attendait Freyja pour s’éclipser du campement, se mêlant aux habitants de ce monde jusqu'à la sortie et trouver une quelconque occupation jusqu’à ce que sonnent les douze coups de la cloche. À la différence qu’aujourd’hui n’était pas une journée comme les autres, en témoignant la manière dont s’était dérouler les évènements jusqu’à présent. Soufflant du nez, non à l’adresse de Sora, la jeune femme quitta sa position et se remit assise pour terminer le breuvage apporté par son ami pour ensuite ranger la racine dans l’une de ses poches avant de parler à son invité. Ce dernier étant visiblement surpris par le son des cuivres, après tout, ce n’était que son premier jour dans le campement.

— L’appel à l’entraînement des troupes. La raison première de la présence de Primus dans le camp de Robin, former les rebelles afin qu’ils deviennent de bons soldats.
Dorénavant debout, elle attrapa sa veste qu’elle enfila ainsi que son couvre-chef qu’elle visa sur sa tête avant de toiser Sora. Déformant ses traits dans une mimique triste, elle reprit la parole à son encontre.

— Je… Ne suis pas admise aux entraînements, que ce soit ceux supervisés par Ambre ou Sang-bleu, et encore moins celui de Primus. Elle ne veut pas avoir affaire avec moi, pas la peine de faire un dessin, les raisons sont évidentes.
À cette pensée, la rate en venait à réfléchir à quelque chose. Est-ce qu’elle forçait d’elle-même son isolement par rapport aux rebelles, ou bien celui-ci était la réponse des différences qui la séparait de l’envoyée de la Lumière. Quand ses compagnons de tente revenaient le soir, ils avaient tous quelque chose à partager sur leurs entraînements ou encore des missions allouées par le Shérif. Freyja se souvenait même de l’histoire ayant parcouru le camp, celle où Primus avait forcé durant de longue minute à ce qu’une tortue grimpe à un arbre. Chacun y allait de bon train sur l’histoire, allant jusqu’à dire qu’elle avait fait preuve de violence sur le reptile pour qu’il parvienne à accomplir sa tâche.

Ainsi, elle avait toujours été la personne extérieure au groupe, écoutant religieusement les paroles des autres et ricanant naïvement jusqu’à ce que les regards se posent sur elle afin de la faire taire. Avait-elle dressé les barreaux de sa cage, elle l’ignorait encore et se demandait si elle devait briser celle-ci pour rejoindre cette seule personne à ne pas juger ses actes et ses pensées.

— Il n’y a pas de lumière sans ténèbres.
La référence au discours de Sora laissait échapper un rire nerveux de la part de Freyja. Il n’avait rien dit de réconfortant ou d’accablant, et pourtant, il avait réussi à toucher la rate au plus profond de son être. Il venait avec ses propres convictions dans un monde, armé de sa Keyblade et prêt à régler les problèmes à sa façon. D’ailleurs, n’était-ce pas cela qu’il avait cherché à faire en venant ici même ? À la différence qu’il n’avait pas dégainé son arme pour gagner ce combat face à la rate.

Après ce qui venait de se dire sous la tente, voilà ce qu’elle avait retenu : il y aurait toujours des ténèbres dans la lumière, et inversement.

Quoi qu’elle puisse faire, l’un ne pouvait exister sans l’autre et elle n’aurait d’autre choix que de vivre avec. Freyja pensait que son destin était inéluctable. Les paroles du héros de la Lumière allaient dans ce sens et la réconfortaient quelque peu. Croire qu’il y avait une force supérieure au-dessus et qui dirigeait sa vie permettait de ne pas se poser trop de questions, et l’aidait à croire que ce qui lui arrivait n’était rien d’autre qu’un cycle dont elle n’aura jamais le contrôle.

Aiden avait été sa Lumière, et elle n’avait été rien d’autre que les Ténèbres en cherchant vengeance auprès du monstre qui occupait le trône de Nottingham. Prochainement, elle ne ferait rien d’autre qu’équilibrer la balance en se jetant à l’assaut aux côtés des rebelles et de Sora. Que l’issue lui soit favorable ou non, quelqu’un y gagnera dans cette histoire et quelqu’un y perdra beaucoup. Seul l’avenir apportera cette réponse, et beaucoup d’autres par la même occasion.

— Enfin, libre à toi de te joindre à Primus ou l’un de ses sous-officiers, tu es libre de tes choix comparés à moi. Cela te fera des choses à raconter à la personne partageant ta tente.
Souriante à son attention, elle se retourna et empoigna sa lance qu’elle passa dans son dos avant de s’avancer dans la tente et s’arrêter à hauteur du garçon. Au fond d’elle, elle ne désirait pas finir cette journée seule en allant dans les bois. Peut-être que, lui n’avait pas envie de rejoindre les centaines de rebelles dans un entraînement sous les ordres de la Générale et qu’il apprécierait de partir dans la forêt à ses côtés. Serait-elle assez égoïste pour lui demander de l'accompagner, de le garder rien que pour elle l'espace du journée. Qu'il chasse la solitude ayant pris la mauvaise habitude de suivre la rate dans ses moindres faits et gestes, au fond, elle ne désirait que cela à cet instant.


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Sora approuva du chef quand Freyja lui expliqua la raison d'être de cette note de musique si monotone et insistante. Il préférait le doux son des guitares qui avait accompagné leur discussion, mais il était hélas interrompu par cet appel à l'entraînement. Deux figures d'ombre passèrent en trombe devant la tente, suivies d'une troisième plus lente. Sora entrouvrit un pan de toile pour observer ce qui se tramait. Dans l'allée bien ordonnée, un hérisson, un renard et une tortue couraient vers le centre du campement. La tortue était à la traîne. "A- Attendez-moi !" s'égosillait-elle, et Sora crut un moment que les autres ne voulaient pas l'entendre. Finalement, le hérisson pila net pour attendre la tortue. Le renard, se voyant tout seul, s'arrêta lui aussi, l'air fâché. "Dépêchez-vous ou le Général Primus va encore nous passer un savon !"

Souriant, Sora referma le pan de toile et se retourna vers Freyja. Il avait bien vu que la Générale et la rate ne s'entendaient vraiment pas, mais de là à la priver d'entraînement ? Il aurait tant aimé expliquer à Primus qu'elle se trompait, mais il savait que les mots ne suffiraient pas. Il fallait le lui prouver. C'était ce à quoi il s'était engagé, après tout.

Il sentait qu'il était sur le bon chemin. Freyja s'était confiée à lui, elle avait promis de suivre ses conseils, et cette fois, elle était sincère. Il en aurait mis sa main au feu. Les bras croisés, il la regardait se vêtir de sa cape et de son chapeau, qui lui allaient plutôt bien. Pouvait-il la laisser là-dessus ? Elle avait ri en évoquant la complémentarité de la lumière et des ténèbres, un rire nerveux qui lui avait fait froncer les sourcils. Maintenant, elle lui suggérait à demi-mot de rejoindre les troupes, car il aurait une histoire à raconter à son colocataire indien.

Non. Il commençait à la connaître, à la comprendre même. Et il ne se laisserait pas prendre à ce piège.
"Hmm, je crois que Sang-Bleu n'aime pas trop m'écouter. Quand je lui parle, il me regarde avec ces yeux là !" Il mima un air impassible et profond, s'imaginant scruter l'âme de Freyja rien qu'en la fixant du regard. Tiens, voilà qui aurait été pratique. "Visaage Pâââle trop parler pour rien dire." Il avait tâché de rendre sa voix la plus grave et caverneuse possible, mais ses cordes vocales ne le permettaient pas et l'imitation ne faisait hélas pas partie de ses talents. Avec un rictus, il poursuivit : "Et puis, toujours obéir aux ordres, j'ai du mal. Tu savais qu'une fois, j'ai désobéi au Roi Mickey ?"

Et à sa suite, même Donald et Dingo avaient osé défier leur souverain. Bien leur en avait pris au final, même si Mickey n'avait pas vraiment apprécié. Primus avait sûrement eu vent de cette histoire, et d'autres cas où Sora avait désobéi. Elle lui avait dit qu'il 'fonctionnait comme ça', preuve que quand elle le voulait, la Générale comprenait bien les gens et savait en tirer le meilleur parti.

Freyja avait récupéré sa lance et s'apprêtait à quitter la tente. Elle attendait juste sa décision, qu'il avait déjà prise. "On peut se faire notre propre entraînement, non ? Je te suis !" Elle connaissait sûrement la forêt comme sa poche. Elle pouvait lui montrer les coins les plus sympathiques, détailler leur histoire. Il savait encore si peu de Sherwood. Il lui demanderait comment aborder Bobby pour rassurer le jeune lapin après ce qu'il avait vu. A lui aussi, il n'avait pas dit toute la vérité. S'ils rencontraient des sans-coeur, ça leur ferait de l'exercice. Il en avait bien besoin. Peut-être tomberaient-ils par hasard sur la Serrure de ce monde ?

Mais surtout, après tout ce que Freyja lui avait dit, il ne souhaitait pas la laisser seule.
En fait, il souhaitait rester près d'elle.
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Hey.

Alors, tout d'abord... Général Primus, bande de fainéants ! On l'appelle Général Primus ! Pas Primus ! Si elle vous prend à dire Primus, elle vous démonte la gueule !

Donc. J'ai beaucoup aimé cet rp mais je dois avouer qu'au tout début de ce dernier, j'ai regretté qu'il ne se passe pas directement après "Tu te fais trop de tracas". En fait... Disons que maintenant, je trouve que c'est tant mieux qu'il ne se passe pas juste après, parce qu'on serait toujours restés dans la dynamique de cet rp et qu'il est aussi sympa de changer d'air.

Qui plus est, on n'imagine pas Freyja finir la soirée avec le sourire après ce qu'il s'est passé dans le précédent rp. donc c'est logique que ce soit un autre rp pour un autre jour... qui plus est, je le trouve très bon pour annoncer la guerre du côté de Freyja. Sans lui, Freyja dans la guerre aurait vraiment eu un sale genre, je pense. Dans le genre pas motivé.

Mais définitivement, je trouve qu'il manque quelque chose entre cet rp et "Tu te fais trop de tracas". je ne dis pas qu'il aurait été utile de refaire un autre rp pour combler ce vide mais simplement, à la fin de tu te fais trop de tracas, on a Sora qui court après Freyja et... bah on sait pas.

Mais parlons de cet rp. Je trouve que contrairement au dialogue de "Tu te fais trop de tracas" entre Freyja et Sora, à un certain moment, cet rp ne souffre pas de pathos. je m'explique. Je trouvais, contrairement à Vesper, vraiment bizarre que Freyja se confie comme ça à Sora juste pour une question "de quoi avez-vous peur ?" après cinq minutes de dicussion.

Je ne veux pas parler d'autre chose que de cet rp, simplement comme je vous l'avais déjà dit je pense, c'est un dialogue que j'avais trouvé (à ce moment-là, donc l'espace de deux rps) un peu bof et pas franchement à votre niveau. Je voulais pas spécialement le dire en commentaire mais expliquer pourquoi ce dialogue est franchement mieux. En substance, il ressemble au précédent dans la mesure où Freyja raconte ses trucs et que Sora conseille et que Freyja acquiesce (je ne le dis pas de manière hautaine) mais il marche beaucoup plus sur moi car il est très bien amené.

Ce qu'il y a, déjà, c'est qu'il y a un petit passé maintenant. Freyja et Sora ont vécu un truc ensemble et l'une et l'autre ont été très vulnérables physiquement et psychologiquement d'une manière ou d'une autre et sans même compter votre précédent dialogue.

Du coup ici, je trouve ça fort naturel de leur part de se parler ainsi.

Le dialogue progresse bien et de manière conséquente. Pour le coup, il est assez triste et parvient quand même à me faire un peu de pitié. J'ai bien aimé, comme j'aime toujours, ce retour aux sources et cette idée des coeurs liés, c'était vraiment pas mal. A la rigueur, que de là on en arrive à "il y a toujours de la lumière dans les ténèbres", j'ai eu aucun souci. Mais qu'on en arrive à "ouais, la lumière et les ténèbres et l'équilibre et blablabla" bah je voyais pas le rapport avec le problème de base. Ca n'a plus rien à voir avec toute la thématique de l'espoir et pour être franc, j'ai eu l'impression en lisant que vous êtes revenus (et avez fini) sur ça juste pour justifier le choix du titre.

Faites toujours attention de ne pas être trop caricaturaux avec les personnages dont vous parlez ou la situation dans laquelle vous êtes. Typiquement, la guerre de Sherwood, c'est pas les rebelles contre l'empire sith. C'est relativement équilibré, je pense pas qu'il y ait le climat ultime du "On est foutus, on va perdre" que j'ai parfois ressenti. C'est une guerre, c'est terrible et ça fait flipper mais voilà ^^. C'est pas 100 contre 10 000.

Donc chouette rp. Je reviens en passant sur une chose que j'ai énormément aimée dans le texte. J'ai l'impression de toujours te dire les mêmes choses, Sora, mais j'ai apprécié comment cet rp, alors qu'il est plutôt centré sur Freyja initialement, parvient quand même à être totalement cohérent par rapport à la continuité des choses et... C'est simple, j'ai l'impression que c'était prévu depuis longtemps tellement ça s'imbriquait bien alors que... bah non. On voit énormément la scène à travers et par rapport à Sora.

Donc.

Très facile : 6 xp, 60 munnies et 1 PS en symbiose pour Sora. Force pour Freyja.

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