On est en pénurie d’esclave qu’il disait.


Les marchands de Thèbes vont nous faire un prix qu’il disait.


T’es une jolie fille, joue de tes charmes qu’il disait.


Quelle foutue idée.


Le problème n’était pas tant un cas de conscience pour la mercenaire. Des esclaves ? Quelle différence avec des prisonniers si ce n’est que personne n’avait vraiment quoique ce soit à leur reprocher et que c’était à peine plus injuste que d’être emprisonner à tort.


Le problème était que les femmes n’ont pas le monopole de la manipulation, les commerciaux savent manier cette arme de persuasion avec au moins autant de brio qu’elle-même. Et pour le coup elle était tombée dans son propre piège en entrant dans le « bureau » de l’esclavagiste à l’invitation de ses sourires et de sa voix douce.


Le problème était de réussir à esquiver, les caisses entassées n’importe où, n’importe comment, les passants nombreux, les étals fournis, les tissus colorés d’ocre et de pourpre pour créer de l’ombre et de la fraîcheur à ce monde aride, tout ce qui encombrait les ruelles du quartier marchand de Thèbes, alors qu’elle courait à toute allure pour sauver sa peau après avoir compris de justesse qu’il voulait vendre une jolie étrangère rousse à prix d’or au vu de la rareté et de la qualité du produit.


De  hurler plus fort que les marchands vantant la qualité de leurs étals pour se ménager une place suffisante pour fendre la foule et ne pas se faire bousculer et tomber sur le sol poussiéreux, ne pas ralentir et se faire rattraper par les sbires du vendeur d’esclave après leur avoir de in-extremis filer entre les doigts, en affichant sa bonne volonté au principe d’être vendue, juste pour ne pas se faire attacher.


De donner tout ce qu’elle avait pour fuir dans un dédale de ruelles qu’elle n’avait pas mémorisé, à en perdre le souffle tout en cherchant dans ses dernières énergies pour maintenir le rythme, de rebondir sur des murs de torchis blancs pour sauter plus haut, par-dessus les obstacles, pour se hisser en haut du muret fermant le cul de sac dans lequel elle venait elle-même de se piéger.


Ses poursuivants étaient au moins aussi à bout qu’elle, lorsqu’elle jeta un dernier regard avant de se laisser tomber de l’autre côté. Sans prendre le temps de récupérer son souffle, elle trottina vers sa survie jusque la station Shinra, prenant le premier départ, n’importe lequel, rassurée pour une fois par la présence des soldats, même s’ils n’empêcheraient peut être même pas les hommes de main de la récupérer de force s’il la reconnaissait en tant que mercenaire.







Lenore ne se détendit qu’une fois dans le transporteur quittant le monde du Colisée en écoutant les discussions banales. Enfin autant qu’un claustrophobe peut se détendre dans une pièce totalement fermée… Elle avait l’habitude d’écouter les discussions pour occuper son esprit, laissant le sien divaguer et rebondir sur les moindres sujets.


Les informations pouvaient être glanées de n’importe où, le but étant de ne surtout pas se focaliser. Notamment le meurtre de tout un groupe de gladiateur en pleine arène. Autant qu’ils s'entre-tuent dans un spectacle ça ne dérangeait personne, mais visiblement là, ils avaient été tués pendant leur sommeil dans leur pièce de repos et ça en devenait un crime effroyable et inimaginable.


Elle ne s’attarda pas davantage sur les valeurs hypocrites de ce monde,  se disant davantage que Phyl devait être bien emmerdé et que les mercenaires allaient devoir redoubler d’effort dans leur partenariat. Natsu allait-il rentrer dans l’arène ? Elle se demandait s’il tiendrait la distance fasse au beau mais naïf demi-dieu. Mais ce n’était pas une bonne idée …

Sauf si on voulait mettre fin au contrat en réduisant l’endroit en cendres, d’après les rumeurs qui circulaient sur le Chasseur qui n‘ était pas surnommé Ardent sans raison. Elle étira un sourire amusée qui se figea à l’annonce du pilote d’une voix froide. Des lumières circulèrent sur les parois de la soute léchant les passagers d’une lueur bleutée.




« Borne d’Arcade. Ouverte de 10h à 18h. Préparez-vous à être numériser. Merci. »