Matthew March
Identité
- Nom : March
- Prénom : Matthew
- Titre : Véritable primarque
- Âge : 28 ans
- Camp : Sanctum
- Monde d'Origine : Contrée du Départ
- Race : Humain
- Grade désiré : Admin! Pas possible? Maréchal! Pas possible? Bah celui que je mérite
Test Rp
J’abattis ma hache sur le tronc de l’arbre et sentit mes muscles souffrir sous l’effort et le choc. Je n’étais pas habitué à ce type d’exercice, mais je continuais toutefois ma tâche auprès de mes compagnons. Nous devions couper le plus de bois possible, et dresser le plus de bûchers qu’ils nous étaient permis avant la tombée de la nuit. Avant qu’il ne puisse revenir. C’était une idée, un plan que j’avais proposé moi-même aux habitants ce matin, et tous avaient accepté d’y participer. Personne ne voulait plus vivre dans la terreur de ce monstre, et j’étais déterminé à y mettre un terme si je le pouvais.
-Allez plus vite que ça March ! Tu as des brindilles à la place des bras ou quoi ?
J’entendis le rire bruyant de mes concitoyens mais je n’y fis pas attention. Ma force n’avait rien à voir avec la leur, c’était une évidence. Eux passaient leur temps à cultiver les champs, réparer les dégâts que notre petite bourgade subissait nuit après nuit. Moi je me contentais d’étudier les recueils que le seul lettré avait réussi à réunir en soudoyant un garde de la Shinra. Ces connaissances me permettraient ensuite de mieux négocier avec les étrangers, et surtout d’aider à améliorer la vie de chacun. Néanmoins, les habitants avaient un peu de mal à le comprendre lorsqu’ils me voyaient passer des journées enfermé, à écrire, à lire ou à disserter avec un vieillard qui ne semblait pas participer plus que moi à la vie de notre communauté.
-Ne t’en fais pas Matthew. Ils savent ce que tu fais pour nous. Pour notre futur.
-J’espère Alexandre.
Mon ami et moi ne parlâmes plus. Il avait dû croire que j’avais besoin d’être réconforté mais ce n’était pas le cas. Ça ne l’avait plus jamais été depuis le jour où j’avais décidé de m’impliquer dans l’avenir de ce village. Ma mère et moi vivions seuls depuis ma naissance, mon père nous ayant quitté, dès qu’il avait appris pour la grossesse de ma mère, pour aller séduire d’autres femmes quelque part dans le vaste univers. J’avais alors toujours craint de lui ressembler étant petit, et c’était par orgueil que j’avais déclaré vouloir prendre soin de tout le monde. Devenir le chef du village. Cependant, plus le temps passait, plus les efforts que je devais fournir étaient conséquents et plus je découvrais que j’étais fait pour ça. Que j’aimais ça. Je n’étais pas comme mon père finalement.
Perdu comme je l’étais dans mes pensées, je ne m’étais pas rendu compte que le temps avait filé jusqu’à ce que mon ami me poussa hors de la trajectoire de l’arbre que je venais d’abattre sans m’en rendre compte. Nous tombâmes à terre et son corps massif écrasa le mien plus frêle. Je devais néanmoins m’estimer heureux de n’avoir pas plus lourd sur moi que quelqu’un pesant quatre-vingt-quinze kilos. Après tout, un arbre aurait pu m’aplatir à l’instant.
-Merci.
-Arrête un peu de rêvasser veux-tu, grommela-t-il en m’aidant à me relever.
-Je vais plutôt m’arrêter là et aller voir où en est le reste du village. A tout à l’heure.
-C’est ça !
Je contournai l’arbre meurtrier, et allai récupérer le gilet en coton, ainsi que la cravate brune, que j’avais déposé un peu plus tôt dans la journée. Si ma chemise à carreau était trempée de sueur, au moins le reste était encore sec. Tandis que je me rhabillai, je ne pus retenir une grimace. M’interrogeant sur la raison de cette douleur soudaine, j’inspectais mes mains et remarquai que des ampoules avaient commencé à émerger. Souriant amèrement, je me dis que j’avais réalisé mon activité physique annuelle.
Je levai les yeux au ciel, observant le soleil. Celui-ci était encore haut, il ne devait pas être plus tard que midi. Je fermai les yeux, et pris une profonde inspiration. Nous avions encore du temps pour mettre à exécution mon plan et tenter de repousser l’épouvantail qui nous terrorisait depuis des mois maintenant, mais je ne savais pas si tout le monde serait prêt à temps. Les bûchers, qui éclaireraient la clairière et repousserait les ténèbres, n’étaient que la première étape. Il fallait encore sécuriser l’intérieur des plus grandes maisons, avec des meubles contre les entrées et des barricades sur les fenêtres, et aiguiser les fourches si jamais nous en venions à lutter à l’intérieur de celles-ci. Cette situation m’énervait au plus haut point. Si seulement les autres mondes s’intéressaient un peu à ce qui se déroulait ici. Si seulement les journalistes de l’éclaireur faisaient leur travail et venaient démasquer l’épouvantail ou celui qui l’avait créer. Si seulement je pouvais faire réagir l’univers. Lorsque je rouvris les yeux, l’espace d’une seconde seulement, je cru voir deux soleils. L’un était normal, gigantesque et aveuglant. L’autre était plus petit, mais semblait briller davantage sans pour autant me transpercer les rétines. Cette vision éphémère était-elle un signe que le stress m’atteignait ? Je me devais pourtant de garder la tête claire pour tout le monde.
Je me remis en marche et me dirigeai vers les champs. J’avais beau avoir eu une idée, la vie ne s’arrêtait pas pour autant et nous avions besoin de nourriture également. Il me faudrait peut-être les aider pour que tous soient prêt d’ici ce soir. Après une vingtaine de minutes, je quittai enfin la forêt et me retrouvai sur les premières parcelles de terres cultivées. Je m’abaissai un instant pour toucher les plants de tomates qui émergeaient de la terre. Je n’étais pas un agriculteur, mais j’aimais bien venir ici de temps en temps pour voir la croissance des fruits et légumes. Cela me donnait l’impression d’être un père regardant ses enfants grandir. Cette idée m’avait beaucoup aidé quand j’étais plus petit, et que je voulais devenir le chef de personnes plus âgés que moi, de personnes plus sages que moi. Je souris face à ce souvenir.
-Eh blondinet, tu viens nous donner un coup de main ou tu te balades ?
-Est-ce qu’on a gardé les cochons ensemble ? Répliquai-je en gardant le sourire.
-Pas plus tard qu’hier !
-Alors j’arrive, dis-je en me relevant.
Ces gens m’avaient vu grandir, ils m’avaient aidé à me façonner. Il me semblait naturel de les remercier en faisant tout mon possible pour leur rendre la pareille. Je ne dirai pas que c’était par bonté naturelle du cœur, le mien venant d’un déchet de l’humanité, je dirai que ça venait de mon éducation et de la volonté que j’avais pour être quelqu’un. Je voulais être meilleur que mon père. Et c’est tout ce qui comptait. Lorsque je fus à la hauteur de l’homme qui m’avait hélé, je pris la bêche qu’il me tendit et commençai à travailler la terre.
Je ne sais combien de temps nous passâmes ainsi, côte à côte en silence. Mais lorsque je me redressai, le dos courbaturé et les bras en feux, le soleil était bas sur l’horizon, éclairant la terre d’une douce lueur orangée alors que le ciel était d’un rose éclatant. Me restait-il le temps de voir le dernier groupe de travailleurs ? D’inspecter les bûchers qui devaient être installer ? J’estimai rapidement que non. Tout ce que je pouvais encore faire, c’était rentrer chez moi, puis filer à l’abri auprès des autres.
-Ne traîne pas en route.
-Toi non plus petit.
-Je ne suis plus si petit que ça. Ne t’en fais pas pour moi.
Le chemin du retour me sembla prendre qu’une seconde, le sol défilant sous mes pas. Je ne courus pourtant pas mais la terreur nocturne devait commencer à me gagner moi aussi malgré les efforts que je faisais pour la réprimer. Je savais que mon plan allait fonctionner, mais je ne pouvais pas effacer de ma mémoire les mois de terreurs précédents, les morts et les blessés que l’épouvantail avait causé. Cette terreur faisait partie de moi maintenant, et il faudrait du temps avant que je puisse être en paix la nuit. Lorsque j’arrivai chez moi, la maison était silencieuse. Je poussai la porte, et me dirigeai rapidement vers l’armoire au fond de la pièce. Je pris dans le tiroir une allumette et une bougie, j’allumai cette dernière et la posai sur la table. C’était devenu mon rituel depuis trois nuits. Trois longues nuits. Depuis que ma mère avait été enlevé et que je n’avais plus eu aucune nouvelle d’elle.
L’éclaireur avait affirmé qu’il s’agissait d’un rapt collectif et universel. Tout ce que je pouvais témoigner, c’était que les mères du village avait disparu, et que les différents groupes n’avaient encore rien fait pour nous les ramener. Comme ils n’avaient rien fait pour nous aider. Je fermai les yeux un instant, pour faire taire cette rancœur qui brûlait au fond de moi. Ce n’était pas le moment, pas maintenant avec l’arrivée du monstre de la nuit. Lorsque je rouvris les yeux, je crus voir de nouveau deux lumières. L’une de la bougie, faible et irrégulière à cause des courants d’air, et l’autre venant de nulle part, plus forte et brillante, dont la forme ne changeait pas. Heureusement, cette vision comme la précédente ne dura pas. Je me posais néanmoins des questions sur ce qui m’arrivait, et aurait souhaité avoir le temps de comprendre pourquoi cela arrivait maintenant.
-Porte toi bien maman, dis-je avant de m’en aller.
Une fois à l’air libre, je constatai qu’il faisait déjà nuit. Jurant entre mes dents, je piquais un sprint vers une des maisons sécurisées, espérant ne pas avoir un point de côté sur le chemin. Je voyais loin devant moi que le bûcher avait été allumé. Je fis la supposition qu’aux quatre coins de la clairière c’était le cas également. Je me permis de ralentir l’allure et je tendis l’oreille, aux aguets du moindre son pouvant m’indiquer que le monstre était de sortie. Il n’y avait rien à l’exception du bruit du bois qui brûlait et du vent qui soufflait dans les branches des arbres. J’avais réussi, j’avais protégé tout le monde !
-Cours !
Je reconnus la voix d’Alexandre qui venait de ma gauche. Je pâlis subitement, et me mis à courir vers lui, ne me souciant pas de ma propre sécurité. Où avais-je bien pu fauter ? Avais-je été trop confiant ? Et pourquoi diable Alexandre était-il dehors à cette heure ? Serrant les dents, je forçais sur mes jambes malgré la douleur. Je n’avais décidément pas l’habitude de faire de l’exercice comme ça et je ne devais surtout pas avoir de crampe maintenant où c’était la fin pour moi. Mais dans ce cas, peut-être que mon ami parviendrait à s’enfuir ? Non, si je tombais devant lui, cet idiot reviendrait me chercher malgré les risques.
Je rejoignis finalement mon ami d’enfance qui courait avec sa petite sœur, tentant d’échapper à l’épouvantail qui sautait de toit en toit. Malheureusement, la petite trébucha au sol tandis que son frère fit encore plusieurs mètres, emporté par son élan, avant de pouvoir s’arrêter. Je savais ce qu’il allait faire, et je savais ce que je devais faire. Levant les mains, je créai un petit talus contre lequel il buta, ce qui le fit tomber au sol. C’était ma chance. Je me remis à courir vers lui, l’attrapant difficilement par les bras, et je le traînais en direction de la maison la plus proche en soufflant comme un boeuf, ouvrant la porte d’un coup de pied. Je le poussai sans ménagement à l’intérieur, et me dépêchai, malgré mes genoux tremblants, de pousser la table contre la porte, espérant que l’épouvantail ne viendrait pas nous voir. Qu’il aurait assez d’une victime pour ce soir.
Après ça, je fus violemment projeter contre le mur, et des mains de taureaux enserrèrent mon cou. Alexandre me regardait avec colère. Non, je devrais plutôt dire que ses pupilles marrons reflétaient la fureur, la rage tout juste contenue. Et il était sur le point de céder à ses pulsions, je le savais. Mes yeux d’un vert profond n’exprimaient aucun remord, et je ne m’en cachais pas. J’avais fait ce qu’il fallait, et j’en étais même fier.
-Tu…
-Respire mon grand, ironisai-je autant que possible, la gorge toujours serrée.
-Tu l’as tuée !
-Non. Je t’ai sauvé, murmurai-je sans sourire. Il y a une différence.
Le poing qui s’abattit sur mon nez fin, manquant de me le briser, me montra qu’il ne la voyait pas. Peut-être y arriverait-il un jour ? C’est ce que j’espérais en tout cas. J’avais étudié l’écriture et la lecture, mais également la magie. Cette magie m’avait permis aujourd’hui de sauver une vie, et c’était déjà quelque chose de bien. Mais ce n’était pas assez, Alexandre avait raison sur ce point. J’avais besoin de plus de pouvoirs, de maîtriser mieux ma magie. Si ça avait été le cas cette nuit, j’aurais pu sauver la petite. Je ne garderai pas cette nuit comme un poids sur le coeur, comme une erreur. Je la conserverai plutôt comme une motivation à me surpasser. A faire mieux. Mon père m’avait servi de modèle pour être ce que j’étais aujourd’hui, et j’allai m’utiliser ce soir pour faire de même.
-Je te concède que j’aurais pu tenter de la sauver, dis-je en posant la main sur son épaule. Mais qu’est-ce que ça aurait apporter de bien si nous étions tous les trois morts ?
-Tu n’en sais rien !
-Je… Ma gorge était trop serrée pour parler. Je le sais. Je connais mes capacités. Je ne ressemble pas aux maîtres de la keyblade qui habitaient par ici. Ou à ces héros qui habitent dans d’autres mondes et dont on entend l’écho de leur exploit.
Finalement, la colère d’Alexandre retomba. Il s’écroula au sol et se mit à pleurer. Je m’écartai de lui pour lui permettre d’exprimer sa tristesse, et me massais la gorge. Que pouvais-je bien faire maintenant ? Mon plan avait misérablement échoué, une petite fille était morte, et je ne savais pas ce qu’il en était du reste du village. Je m’avançai dans la demeure et me mis à faire les cents pas. Ce manège dura un moment jusqu’à ce que je croise mon reflet dans une glace. Le chef du village avait une belle apparence. Mes cheveux d’habitude bien peignés sur le côté droit de mon crâne étaient en bataille suite à ma course et mon échauffourée avec mon ami. Des cernes mangeaient mon visage me donnant un aspect sinistre comparé à ce matin. Le sang qui coulait de mon nez avait fini par s’écouler également dans ma barbe naissante. Je souris un instant et observai qu’il ne me manquait aucune de mes dents blanches. Au moins, il me restait mon sourire ravageur.
-Pourquoi tu souris ?
-Pour voir si la fée des dents passera cette nuit également, répondis-je pince-sans-rire.
Un grognement étranglé me répondit. Je n’avais pas avancé dans la conception d’un nouveau plan, mais je ne m’étais pas pris un nouveau coup donc il y avait du progrès. Je soufflai un peu pour évacuer ma fatigue et ma peur, puis fermais un instant les yeux de fatigue. Il commençait à se faire tard, et il n’y avait pas eu de nouveau cri. Notre maison n’avait pas été attaqué, peut-être pourrions nous dormir cette nuit ? Cela me laisserait la chance de concevoir un nouveau plan l’esprit reposé. Lorsque je rouvris les yeux, ce n’est pas mon reflet que je vis dans la glace, mais l’image d’un château aux pierres blanches, aux multiples tours, aux remparts hauts de plusieurs mètres. Contrairement aux autres visions, cette dernière ne s’effaça pas immédiatement. Je pus observer les moindre détail d’un lieu que je n’avais jamais vu. Que m’arrivait-il à la fin ? Devenais-je fou ?
-Alexandre…
-Laisse-moi.
-Je… Je crois qu’il faut que nous demandions de l’aide pour notre problème. Et je sais où aller pour ça.
Il ne me répondit pas mais je pouvais difficilement l’en blâmer. Je m’éloignai de lui, et m’allongeai sur le lit de la bâtisse, espérant grappiller quelques heures de sommeil avant de devoir constater les dégâts qu’avait pu causer notre monstre de la nuit. Le marchand de sable vint sans se faire prier, et lorsque je me réveillai le lendemain matin, les coqs venaient tout juste de se mettre à chanter. J’étouffai un bâillement puis me dirigeai vers un des placards au fond de la pièce. Après une fouille méticuleuse, je trouvai une pomme et un vieux morceau de pain. Je déposai la pomme au pied de mon ami toujours endormi, poussai la table et sortis à l’air frais.
Les maisons me paraissaient intacts pour une fois. Et à l’exception de la tâche sanglante et du petit corps sur la route, personne n’aurait pu se douter de ce qui s’était passé la nuit dernière. Était-ce pour ça que personne ne venait nous aider non plus ? Peut-être. Notre petit hameau perdu au milieu d’une forêt, sur un monde isolé qu’aucun groupe n’avait voulu protéger. Nous étions destinés à être écrasés comme des fourmis si je ne prenais pas les choses en main. Et cela commençait par s’occuper de la sœur d’Alexandre.
Je la pris précautionneusement dans mes bras, ne m’inquiétant pas de me tâcher de sang. S’ils ne voulaient pas voir ce que leur indifférence causait, j’allais leur montrer moi-même. Les jours de l’épouvantail étaient comptés. Serrant les dents, je m’avançais vers le centre du village et me tiens debout jusqu’à ce que tout le monde fut autour de moi. Tous sauf Alexandre qui devait encore dormir. Ou qui avait décidé de m’abandonner après ce que j’avais fait.
-Hier la Lumière a tué notre enfant. Hier le Consulat a tué notre enfant. Hier la Coalition a tué notre enfant. Hier le Sanctum a tué notre enfant. Hier la Shinra a tué notre enfant, clamai-je porté par je ne sais quelle inspiration. Ces groupes qui se réclament des droits sur nos mondes, sur nos vies. Ces groupes qui décident de la marche de l’univers. Par leur indifférence, nous souffrons, nous mourons. Il est temps de leur montrer ce que leur objectif égoïste coûte réellement. Il est temps que cesse le meurtre de nos enfants. Qu’hier soit la dernière à être tombée !
Le petit corps toujours dans mes bras, je me dirigeais vers la station de transport Shinra. J’avais vu un château dans le miroir. J’avais une petite fille morte dans les bras. Je devais être devenu fou. Mais peut-être fallait-il un fou pour protéger ce hameau ? Peut-être fallait-il un fou pour que l’univers écoute mes suppliques ? Non, je n’étais pas fou, j’étais juste devenu inconscient. Inconscient et stupide. Devenais-je finalement comme mon père ? Fuyais-je toutes mes responsabilités ? Ou était-ce l’inverse ? Avec mon discours, ne venais-je pas de me poser en défenseur de tous les mondes ? J’espérais pouvoir le découvrir sur la route, dans mon futur proche.
-Bonjour Mons… Qu’est-ce que vous avez dans les bras ? S’écria le contrôleur en me voyant.
-Une petite fille.
-C’est… C’est un cadavre.
-Oh merci de cette information, je croyais transporter une poupée jusqu’à présent.
-Vous ne pouvez pas monter. On ne transporte pas les cadavres à la Shinra.
-Écoutez moi Barthéléméo, dis-je entre mes dents, il est hors de question que je parte d’ici. Je vais prendre ce vaisseau, je vais aller là où on m’attend et la petite ne quittera pas mes bras. Vous pouvez me donner une place grand luxe ou me faire voyager avec les marchandises, mais je prendrai ce transport.
-Je…
-Ne vous en faîtes pas pour le dérangement, je sais me montrer très silencieux, et elle aussi.
Je le vis déglutir péniblement. Son cerveau devait être une vraie fournaise à peser le pour et le contre. Mais inévitablement, il allait finir par admettre que je ne céderais et qu’il devrait me laisser monter. C’est d’ailleurs ce qui arriva quelques minutes après, il m’ouvrit la porte de la cale et je pus m’installer au milieu des caisses de bois. Il referma la porte, me laissant dans le noir avec le cadavre de la petite.
Je fermais les yeux, et tentais de bloquer la puanteur qui commençait à se dégager petit à petit du macchabée. Si je ne faisais pas erreur, le château que j’avais vu se trouvait dans un monde appelé le Domaine Enchanté. C’était un nom parfait pour toutes les merveilles de l’univers et j’allais y ajouter une horreur. L’horreur de l’indifférence humaine et des guerres politiques. L’horreur même que je tenais dans mes bras et qui souriait encore hier. Une larme s’écoula de mes yeux, rejoignant le sang séché dans ma barbe. Je n’avais pas fier allure, mais cela me convenait. Si mon état, et celui de la gamine pouvait ouvrir les yeux de l’univers, mon travail serait accompli.
-Domaine Enchanté. Prochain arrêt, Domaine Enchanté, annonça le pilote dans les hauts-parleurs à travers le mur.
-C’est à nous de jouer.
-Allez plus vite que ça March ! Tu as des brindilles à la place des bras ou quoi ?
J’entendis le rire bruyant de mes concitoyens mais je n’y fis pas attention. Ma force n’avait rien à voir avec la leur, c’était une évidence. Eux passaient leur temps à cultiver les champs, réparer les dégâts que notre petite bourgade subissait nuit après nuit. Moi je me contentais d’étudier les recueils que le seul lettré avait réussi à réunir en soudoyant un garde de la Shinra. Ces connaissances me permettraient ensuite de mieux négocier avec les étrangers, et surtout d’aider à améliorer la vie de chacun. Néanmoins, les habitants avaient un peu de mal à le comprendre lorsqu’ils me voyaient passer des journées enfermé, à écrire, à lire ou à disserter avec un vieillard qui ne semblait pas participer plus que moi à la vie de notre communauté.
-Ne t’en fais pas Matthew. Ils savent ce que tu fais pour nous. Pour notre futur.
-J’espère Alexandre.
Mon ami et moi ne parlâmes plus. Il avait dû croire que j’avais besoin d’être réconforté mais ce n’était pas le cas. Ça ne l’avait plus jamais été depuis le jour où j’avais décidé de m’impliquer dans l’avenir de ce village. Ma mère et moi vivions seuls depuis ma naissance, mon père nous ayant quitté, dès qu’il avait appris pour la grossesse de ma mère, pour aller séduire d’autres femmes quelque part dans le vaste univers. J’avais alors toujours craint de lui ressembler étant petit, et c’était par orgueil que j’avais déclaré vouloir prendre soin de tout le monde. Devenir le chef du village. Cependant, plus le temps passait, plus les efforts que je devais fournir étaient conséquents et plus je découvrais que j’étais fait pour ça. Que j’aimais ça. Je n’étais pas comme mon père finalement.
Perdu comme je l’étais dans mes pensées, je ne m’étais pas rendu compte que le temps avait filé jusqu’à ce que mon ami me poussa hors de la trajectoire de l’arbre que je venais d’abattre sans m’en rendre compte. Nous tombâmes à terre et son corps massif écrasa le mien plus frêle. Je devais néanmoins m’estimer heureux de n’avoir pas plus lourd sur moi que quelqu’un pesant quatre-vingt-quinze kilos. Après tout, un arbre aurait pu m’aplatir à l’instant.
-Merci.
-Arrête un peu de rêvasser veux-tu, grommela-t-il en m’aidant à me relever.
-Je vais plutôt m’arrêter là et aller voir où en est le reste du village. A tout à l’heure.
-C’est ça !
Je contournai l’arbre meurtrier, et allai récupérer le gilet en coton, ainsi que la cravate brune, que j’avais déposé un peu plus tôt dans la journée. Si ma chemise à carreau était trempée de sueur, au moins le reste était encore sec. Tandis que je me rhabillai, je ne pus retenir une grimace. M’interrogeant sur la raison de cette douleur soudaine, j’inspectais mes mains et remarquai que des ampoules avaient commencé à émerger. Souriant amèrement, je me dis que j’avais réalisé mon activité physique annuelle.
Je levai les yeux au ciel, observant le soleil. Celui-ci était encore haut, il ne devait pas être plus tard que midi. Je fermai les yeux, et pris une profonde inspiration. Nous avions encore du temps pour mettre à exécution mon plan et tenter de repousser l’épouvantail qui nous terrorisait depuis des mois maintenant, mais je ne savais pas si tout le monde serait prêt à temps. Les bûchers, qui éclaireraient la clairière et repousserait les ténèbres, n’étaient que la première étape. Il fallait encore sécuriser l’intérieur des plus grandes maisons, avec des meubles contre les entrées et des barricades sur les fenêtres, et aiguiser les fourches si jamais nous en venions à lutter à l’intérieur de celles-ci. Cette situation m’énervait au plus haut point. Si seulement les autres mondes s’intéressaient un peu à ce qui se déroulait ici. Si seulement les journalistes de l’éclaireur faisaient leur travail et venaient démasquer l’épouvantail ou celui qui l’avait créer. Si seulement je pouvais faire réagir l’univers. Lorsque je rouvris les yeux, l’espace d’une seconde seulement, je cru voir deux soleils. L’un était normal, gigantesque et aveuglant. L’autre était plus petit, mais semblait briller davantage sans pour autant me transpercer les rétines. Cette vision éphémère était-elle un signe que le stress m’atteignait ? Je me devais pourtant de garder la tête claire pour tout le monde.
Je me remis en marche et me dirigeai vers les champs. J’avais beau avoir eu une idée, la vie ne s’arrêtait pas pour autant et nous avions besoin de nourriture également. Il me faudrait peut-être les aider pour que tous soient prêt d’ici ce soir. Après une vingtaine de minutes, je quittai enfin la forêt et me retrouvai sur les premières parcelles de terres cultivées. Je m’abaissai un instant pour toucher les plants de tomates qui émergeaient de la terre. Je n’étais pas un agriculteur, mais j’aimais bien venir ici de temps en temps pour voir la croissance des fruits et légumes. Cela me donnait l’impression d’être un père regardant ses enfants grandir. Cette idée m’avait beaucoup aidé quand j’étais plus petit, et que je voulais devenir le chef de personnes plus âgés que moi, de personnes plus sages que moi. Je souris face à ce souvenir.
-Eh blondinet, tu viens nous donner un coup de main ou tu te balades ?
-Est-ce qu’on a gardé les cochons ensemble ? Répliquai-je en gardant le sourire.
-Pas plus tard qu’hier !
-Alors j’arrive, dis-je en me relevant.
Ces gens m’avaient vu grandir, ils m’avaient aidé à me façonner. Il me semblait naturel de les remercier en faisant tout mon possible pour leur rendre la pareille. Je ne dirai pas que c’était par bonté naturelle du cœur, le mien venant d’un déchet de l’humanité, je dirai que ça venait de mon éducation et de la volonté que j’avais pour être quelqu’un. Je voulais être meilleur que mon père. Et c’est tout ce qui comptait. Lorsque je fus à la hauteur de l’homme qui m’avait hélé, je pris la bêche qu’il me tendit et commençai à travailler la terre.
Je ne sais combien de temps nous passâmes ainsi, côte à côte en silence. Mais lorsque je me redressai, le dos courbaturé et les bras en feux, le soleil était bas sur l’horizon, éclairant la terre d’une douce lueur orangée alors que le ciel était d’un rose éclatant. Me restait-il le temps de voir le dernier groupe de travailleurs ? D’inspecter les bûchers qui devaient être installer ? J’estimai rapidement que non. Tout ce que je pouvais encore faire, c’était rentrer chez moi, puis filer à l’abri auprès des autres.
-Ne traîne pas en route.
-Toi non plus petit.
-Je ne suis plus si petit que ça. Ne t’en fais pas pour moi.
Le chemin du retour me sembla prendre qu’une seconde, le sol défilant sous mes pas. Je ne courus pourtant pas mais la terreur nocturne devait commencer à me gagner moi aussi malgré les efforts que je faisais pour la réprimer. Je savais que mon plan allait fonctionner, mais je ne pouvais pas effacer de ma mémoire les mois de terreurs précédents, les morts et les blessés que l’épouvantail avait causé. Cette terreur faisait partie de moi maintenant, et il faudrait du temps avant que je puisse être en paix la nuit. Lorsque j’arrivai chez moi, la maison était silencieuse. Je poussai la porte, et me dirigeai rapidement vers l’armoire au fond de la pièce. Je pris dans le tiroir une allumette et une bougie, j’allumai cette dernière et la posai sur la table. C’était devenu mon rituel depuis trois nuits. Trois longues nuits. Depuis que ma mère avait été enlevé et que je n’avais plus eu aucune nouvelle d’elle.
L’éclaireur avait affirmé qu’il s’agissait d’un rapt collectif et universel. Tout ce que je pouvais témoigner, c’était que les mères du village avait disparu, et que les différents groupes n’avaient encore rien fait pour nous les ramener. Comme ils n’avaient rien fait pour nous aider. Je fermai les yeux un instant, pour faire taire cette rancœur qui brûlait au fond de moi. Ce n’était pas le moment, pas maintenant avec l’arrivée du monstre de la nuit. Lorsque je rouvris les yeux, je crus voir de nouveau deux lumières. L’une de la bougie, faible et irrégulière à cause des courants d’air, et l’autre venant de nulle part, plus forte et brillante, dont la forme ne changeait pas. Heureusement, cette vision comme la précédente ne dura pas. Je me posais néanmoins des questions sur ce qui m’arrivait, et aurait souhaité avoir le temps de comprendre pourquoi cela arrivait maintenant.
-Porte toi bien maman, dis-je avant de m’en aller.
Une fois à l’air libre, je constatai qu’il faisait déjà nuit. Jurant entre mes dents, je piquais un sprint vers une des maisons sécurisées, espérant ne pas avoir un point de côté sur le chemin. Je voyais loin devant moi que le bûcher avait été allumé. Je fis la supposition qu’aux quatre coins de la clairière c’était le cas également. Je me permis de ralentir l’allure et je tendis l’oreille, aux aguets du moindre son pouvant m’indiquer que le monstre était de sortie. Il n’y avait rien à l’exception du bruit du bois qui brûlait et du vent qui soufflait dans les branches des arbres. J’avais réussi, j’avais protégé tout le monde !
-Cours !
Je reconnus la voix d’Alexandre qui venait de ma gauche. Je pâlis subitement, et me mis à courir vers lui, ne me souciant pas de ma propre sécurité. Où avais-je bien pu fauter ? Avais-je été trop confiant ? Et pourquoi diable Alexandre était-il dehors à cette heure ? Serrant les dents, je forçais sur mes jambes malgré la douleur. Je n’avais décidément pas l’habitude de faire de l’exercice comme ça et je ne devais surtout pas avoir de crampe maintenant où c’était la fin pour moi. Mais dans ce cas, peut-être que mon ami parviendrait à s’enfuir ? Non, si je tombais devant lui, cet idiot reviendrait me chercher malgré les risques.
Je rejoignis finalement mon ami d’enfance qui courait avec sa petite sœur, tentant d’échapper à l’épouvantail qui sautait de toit en toit. Malheureusement, la petite trébucha au sol tandis que son frère fit encore plusieurs mètres, emporté par son élan, avant de pouvoir s’arrêter. Je savais ce qu’il allait faire, et je savais ce que je devais faire. Levant les mains, je créai un petit talus contre lequel il buta, ce qui le fit tomber au sol. C’était ma chance. Je me remis à courir vers lui, l’attrapant difficilement par les bras, et je le traînais en direction de la maison la plus proche en soufflant comme un boeuf, ouvrant la porte d’un coup de pied. Je le poussai sans ménagement à l’intérieur, et me dépêchai, malgré mes genoux tremblants, de pousser la table contre la porte, espérant que l’épouvantail ne viendrait pas nous voir. Qu’il aurait assez d’une victime pour ce soir.
Après ça, je fus violemment projeter contre le mur, et des mains de taureaux enserrèrent mon cou. Alexandre me regardait avec colère. Non, je devrais plutôt dire que ses pupilles marrons reflétaient la fureur, la rage tout juste contenue. Et il était sur le point de céder à ses pulsions, je le savais. Mes yeux d’un vert profond n’exprimaient aucun remord, et je ne m’en cachais pas. J’avais fait ce qu’il fallait, et j’en étais même fier.
-Tu…
-Respire mon grand, ironisai-je autant que possible, la gorge toujours serrée.
-Tu l’as tuée !
-Non. Je t’ai sauvé, murmurai-je sans sourire. Il y a une différence.
Le poing qui s’abattit sur mon nez fin, manquant de me le briser, me montra qu’il ne la voyait pas. Peut-être y arriverait-il un jour ? C’est ce que j’espérais en tout cas. J’avais étudié l’écriture et la lecture, mais également la magie. Cette magie m’avait permis aujourd’hui de sauver une vie, et c’était déjà quelque chose de bien. Mais ce n’était pas assez, Alexandre avait raison sur ce point. J’avais besoin de plus de pouvoirs, de maîtriser mieux ma magie. Si ça avait été le cas cette nuit, j’aurais pu sauver la petite. Je ne garderai pas cette nuit comme un poids sur le coeur, comme une erreur. Je la conserverai plutôt comme une motivation à me surpasser. A faire mieux. Mon père m’avait servi de modèle pour être ce que j’étais aujourd’hui, et j’allai m’utiliser ce soir pour faire de même.
-Je te concède que j’aurais pu tenter de la sauver, dis-je en posant la main sur son épaule. Mais qu’est-ce que ça aurait apporter de bien si nous étions tous les trois morts ?
-Tu n’en sais rien !
-Je… Ma gorge était trop serrée pour parler. Je le sais. Je connais mes capacités. Je ne ressemble pas aux maîtres de la keyblade qui habitaient par ici. Ou à ces héros qui habitent dans d’autres mondes et dont on entend l’écho de leur exploit.
Finalement, la colère d’Alexandre retomba. Il s’écroula au sol et se mit à pleurer. Je m’écartai de lui pour lui permettre d’exprimer sa tristesse, et me massais la gorge. Que pouvais-je bien faire maintenant ? Mon plan avait misérablement échoué, une petite fille était morte, et je ne savais pas ce qu’il en était du reste du village. Je m’avançai dans la demeure et me mis à faire les cents pas. Ce manège dura un moment jusqu’à ce que je croise mon reflet dans une glace. Le chef du village avait une belle apparence. Mes cheveux d’habitude bien peignés sur le côté droit de mon crâne étaient en bataille suite à ma course et mon échauffourée avec mon ami. Des cernes mangeaient mon visage me donnant un aspect sinistre comparé à ce matin. Le sang qui coulait de mon nez avait fini par s’écouler également dans ma barbe naissante. Je souris un instant et observai qu’il ne me manquait aucune de mes dents blanches. Au moins, il me restait mon sourire ravageur.
-Pourquoi tu souris ?
-Pour voir si la fée des dents passera cette nuit également, répondis-je pince-sans-rire.
Un grognement étranglé me répondit. Je n’avais pas avancé dans la conception d’un nouveau plan, mais je ne m’étais pas pris un nouveau coup donc il y avait du progrès. Je soufflai un peu pour évacuer ma fatigue et ma peur, puis fermais un instant les yeux de fatigue. Il commençait à se faire tard, et il n’y avait pas eu de nouveau cri. Notre maison n’avait pas été attaqué, peut-être pourrions nous dormir cette nuit ? Cela me laisserait la chance de concevoir un nouveau plan l’esprit reposé. Lorsque je rouvris les yeux, ce n’est pas mon reflet que je vis dans la glace, mais l’image d’un château aux pierres blanches, aux multiples tours, aux remparts hauts de plusieurs mètres. Contrairement aux autres visions, cette dernière ne s’effaça pas immédiatement. Je pus observer les moindre détail d’un lieu que je n’avais jamais vu. Que m’arrivait-il à la fin ? Devenais-je fou ?
-Alexandre…
-Laisse-moi.
-Je… Je crois qu’il faut que nous demandions de l’aide pour notre problème. Et je sais où aller pour ça.
Il ne me répondit pas mais je pouvais difficilement l’en blâmer. Je m’éloignai de lui, et m’allongeai sur le lit de la bâtisse, espérant grappiller quelques heures de sommeil avant de devoir constater les dégâts qu’avait pu causer notre monstre de la nuit. Le marchand de sable vint sans se faire prier, et lorsque je me réveillai le lendemain matin, les coqs venaient tout juste de se mettre à chanter. J’étouffai un bâillement puis me dirigeai vers un des placards au fond de la pièce. Après une fouille méticuleuse, je trouvai une pomme et un vieux morceau de pain. Je déposai la pomme au pied de mon ami toujours endormi, poussai la table et sortis à l’air frais.
Les maisons me paraissaient intacts pour une fois. Et à l’exception de la tâche sanglante et du petit corps sur la route, personne n’aurait pu se douter de ce qui s’était passé la nuit dernière. Était-ce pour ça que personne ne venait nous aider non plus ? Peut-être. Notre petit hameau perdu au milieu d’une forêt, sur un monde isolé qu’aucun groupe n’avait voulu protéger. Nous étions destinés à être écrasés comme des fourmis si je ne prenais pas les choses en main. Et cela commençait par s’occuper de la sœur d’Alexandre.
Je la pris précautionneusement dans mes bras, ne m’inquiétant pas de me tâcher de sang. S’ils ne voulaient pas voir ce que leur indifférence causait, j’allais leur montrer moi-même. Les jours de l’épouvantail étaient comptés. Serrant les dents, je m’avançais vers le centre du village et me tiens debout jusqu’à ce que tout le monde fut autour de moi. Tous sauf Alexandre qui devait encore dormir. Ou qui avait décidé de m’abandonner après ce que j’avais fait.
-Hier la Lumière a tué notre enfant. Hier le Consulat a tué notre enfant. Hier la Coalition a tué notre enfant. Hier le Sanctum a tué notre enfant. Hier la Shinra a tué notre enfant, clamai-je porté par je ne sais quelle inspiration. Ces groupes qui se réclament des droits sur nos mondes, sur nos vies. Ces groupes qui décident de la marche de l’univers. Par leur indifférence, nous souffrons, nous mourons. Il est temps de leur montrer ce que leur objectif égoïste coûte réellement. Il est temps que cesse le meurtre de nos enfants. Qu’hier soit la dernière à être tombée !
Le petit corps toujours dans mes bras, je me dirigeais vers la station de transport Shinra. J’avais vu un château dans le miroir. J’avais une petite fille morte dans les bras. Je devais être devenu fou. Mais peut-être fallait-il un fou pour protéger ce hameau ? Peut-être fallait-il un fou pour que l’univers écoute mes suppliques ? Non, je n’étais pas fou, j’étais juste devenu inconscient. Inconscient et stupide. Devenais-je finalement comme mon père ? Fuyais-je toutes mes responsabilités ? Ou était-ce l’inverse ? Avec mon discours, ne venais-je pas de me poser en défenseur de tous les mondes ? J’espérais pouvoir le découvrir sur la route, dans mon futur proche.
-Bonjour Mons… Qu’est-ce que vous avez dans les bras ? S’écria le contrôleur en me voyant.
-Une petite fille.
-C’est… C’est un cadavre.
-Oh merci de cette information, je croyais transporter une poupée jusqu’à présent.
-Vous ne pouvez pas monter. On ne transporte pas les cadavres à la Shinra.
-Écoutez moi Barthéléméo, dis-je entre mes dents, il est hors de question que je parte d’ici. Je vais prendre ce vaisseau, je vais aller là où on m’attend et la petite ne quittera pas mes bras. Vous pouvez me donner une place grand luxe ou me faire voyager avec les marchandises, mais je prendrai ce transport.
-Je…
-Ne vous en faîtes pas pour le dérangement, je sais me montrer très silencieux, et elle aussi.
Je le vis déglutir péniblement. Son cerveau devait être une vraie fournaise à peser le pour et le contre. Mais inévitablement, il allait finir par admettre que je ne céderais et qu’il devrait me laisser monter. C’est d’ailleurs ce qui arriva quelques minutes après, il m’ouvrit la porte de la cale et je pus m’installer au milieu des caisses de bois. Il referma la porte, me laissant dans le noir avec le cadavre de la petite.
Je fermais les yeux, et tentais de bloquer la puanteur qui commençait à se dégager petit à petit du macchabée. Si je ne faisais pas erreur, le château que j’avais vu se trouvait dans un monde appelé le Domaine Enchanté. C’était un nom parfait pour toutes les merveilles de l’univers et j’allais y ajouter une horreur. L’horreur de l’indifférence humaine et des guerres politiques. L’horreur même que je tenais dans mes bras et qui souriait encore hier. Une larme s’écoula de mes yeux, rejoignant le sang séché dans ma barbe. Je n’avais pas fier allure, mais cela me convenait. Si mon état, et celui de la gamine pouvait ouvrir les yeux de l’univers, mon travail serait accompli.
-Domaine Enchanté. Prochain arrêt, Domaine Enchanté, annonça le pilote dans les hauts-parleurs à travers le mur.
-C’est à nous de jouer.
Questions diverses
1) Votre personnage est-il capable d’aimer, d’avoir une relation ?
Oui.
2) Si l’esprit de votre personnage s’incarnait en un animal mythologique ou chimérique ou réel (nuances acceptées). Que serait-il ?
Un hibou, observant calmement ce qui l'entoure.
3) Qu’en est-il de la fidélité et de l’esprit de camaraderie de votre personnage ?
Il est fidèle à son village, à ses amis. Mais il ne fera pas passer les intérêts de l'individu devant l'ensemble.
4) En vue de votre race, quand pouvez-vous dire que votre personnage a forgé une amitié. Citez quelques unes de vos relations amicales.
Alexandre. Avez-vous lu ma fiche?
5) Quelle est la devise de votre personnage ? S'il y en a plusieurs, donnez les toutes.
Je ne suis pas comme mon père.
6) Vis à vis de votre façon d'écrire, quels sont vos points forts et points faibles?
Je teste un nouveau style d'écriture avec la 1ère personne. Je suppose que cela va m'aider pour m'améliorer sur les descriptions mais en contrepartie, je risque fort de faire de nombreuses fautes en conjugaisons ou dans mes accords le temps de l'ajustement.
7) Pourquoi incarner ce personnage ?
Parce qu'il me semblait intéressant de trancher avec ce dont j'ai l'habitude.
Dernière édition par Matthew March le Mar 20 Déc 2016 - 17:44, édité 1 fois