J'avais pris un portail pour arriver dans ce monde. La capuche sur la tête, j'étais arrivé dans une ruelle étroite et humide qui sentait bon la pisse et le sang. Effectivement, un coup d’œil à ma gauche me permit de voir un homme au sol, la cafetière ensanglanté et un tesson de bouteille tâché de sang à ses côtés. Bataille de bar, règlement de comptes ? Bof, pas mon problème.
Non, je devais trouver la jolie Pamela, et pour ça, fallait que je me rende au Centurio. Comme j'avais la flemme de marcher, j'étais qu'à quelques rues de l'établissement. Le portail c'est cool, c'est instantané, sans bavures, faut juste se protéger des ténèbres qui peuvent te dévorer le cœur. Mais sinon c'est sympa !
J'ai marché quelques rues sans trop faire chier mon monde. J'étais pas là pour foutre la merde, j'avais un objectif, je m'y tenais. Un moment, y'a un mec qui m'a bousculé, il a même pas pris la peine de dire pardon et à continué sa course. J'aurais pu le rattraper et lui faire manger le sol, c'était pas un souci, mais ça allait encore faire des histoires, et non, j'te l'dis, j'étais pas dans le mood.
Une coque de bateau renversée se profilait à l'horizon. Ça, c'était le Centurio. Mes souvenirs étaient bons, je m'étais pas gouré de route. C'était déjà une bonne chose. Je venais pour une visite de courtoisie, boire un coup et me barrer. Ça, c'était dans les grandes lignes. Par contre, si y'avait un mec un peu trop bourré et que Natsu était pas là ben... Ça va, j'allais filer un coup de main, j'étais pas un monstre.
J'ai passé la porte, j'ai tiré un tabouret, et j'me suis assis à une table libre. Y'avait un peu de monde, ce qui avait au moins le mérite de chauffer la salle. Dehors, comme ça, en bord de mer, j'te jure qu'il faisait pas super chaud. Si le cuir c'était isolant, ça n'avait apparemment pas été pensé pour se balader dans Port Royal. Ah c'était chiant ! T'avais l'impression que le vent marin faisait tout pour passer à travers pour te geler. Au final, ça marchait comme un taureau d'airain inversé. Le vent gelait le cuir, et le cuir te gelait toi.
Une serveuse s'est approchée de moi. Je l'ai jaugée du regard quelques secondes avant de passer ma commande. Je lui commandai un rhum et la regardai partir, hypnotisé par le spectacle qu'elle m'offrait une fois de dos. Les serveuses d'ici avaient de la chance, elles étaient bien traitées. C'était pas comme celles de Tortuga qui étaient traitées comme de la merde. Cette pensée m'avait rappelé Maddie et l'enfer qu'elle avait vécu avant que je la sorte de ce merdier. Je serrai le poing avant de le détendre.
Patientant pour ma commande, je me mis à observer les coins de la salle. Jecht, comme je m'en doutais, n'était pas présent. Et c'était une bonne chose, ça allait éviter qu'il m'emmerde. Il était toujours flippé qu'on soit au même endroit en même temps. C'était pas con, mais merde, j'étais bien au même endroit que le clodo qui trempait son nez dans son verre, c'est pas pour autant que je le connaissais.
A ma grande peine, Pamela n'était pas là... Elle était sûrement en mission. La serveuse revint à moi et me posa le verre. Je la remerciai et, tandis qu'elle s'en allait à d'autres clients, je pris le verre et le portai à ma bouche. C'était ma deuxième expérience avec le rhum, et merde, ça n'avait rien à voir avec celui de Chen. C'était... pas bon. Fort et sans douceur, un rhum bon marché si je devais les comparer.
Alors que je me battais avec ma gorge pour ne pas tousser, je vis une jeune femme rousse à l'autre bout de la salle. Elle attirait mon attention. Qui était-elle, était-ce une mercenaire ? Est-ce qu'elle pouvait être la personne que je recherchais ? C'était probable, mais je ne pouvais en être sûr. Il était temps pour moi de jouer selon les règles des mercenaires.
J'interpellai quelqu'un d'une tape sur l'épaule et lui demandai s'il était membre du Centurio. Il me répondit par l'affirmative, m'apprenant qu'il était a la recherche de travail et qu'il pouvait faire n'importe quoi. Je lui souris, et l'invitai à ma table. Lorsqu'il fut en face de moi, je pris des munnies de ma poche, et les plaçai sur la table.
Si tu es un habitué d'ici, dis moi qui est la bombe là-bas... La petite rousse super mignonne.
Il me regarda, l'expression entre l'amusement et la surprise. Il se gratta sa barbe mal rasée et mit peu de temps à me répondre.
Elle ? Elle est avec nous ! C'est Lenore. J'te comprends mon gars, elle est mignonne... Mais j'serai toi, je ne m'y risquerais pas.
Pourquoi ?
C'est pas le genre de trucs que t'as envie de savoir. Je la connais pas beaucoup beaucoup, mais déjà rien qu'en apparence t'as l'impression qu'il faut pas l'emmerder.
Elle est... dure ? Genre femme fatale ?
C'est pas la question. Mais faut que tu saches que t'as peu de chances déjà, et que si tu veux un ticket va falloir que tu fasses la queue.
Ah ouais ?
Ouais mec, elle est... populaire.
Je vois.
Le mercenaire en face de moi reprit une gorgée, et c'est machinalement que je l'accompagnai. Je fus bien vite rappelé à la réalité quand le goût fade et fort m'emplit la bouche.
Bon... hum... Seconde et dernière question.
Je repris une poignée de munnies et la déposai sur la table sans trop faire de bruit. La transaction se passait calmement, je n'avais pas besoin d'une horde de mercenaires sur le dos, moi, voyageur à la main leste que j'étais.
Je suis à la recherche du mercenaire qui est intervenu récemment au Pays Imaginaire. Aurais-tu une idée de qui est-ce ?
Il se mit à rire, assez fort, mais pas assez pour attirer l'attention.
Mon gars, t'aurais été tenter ta chance avec, t'aurais eu une réponse sans payer ! Quoique...
Quoi ? C'est elle ?
Génial.
Ben ouais, mec. Je te l'ai dit, mignonne, frêle, mais redoutable ! C'est vraiment quelqu'un de doué ! Elle est pas à la portée du premier voyageur qui passe.
J'imagine que pour mes munnies...
Ahahah ! T'as tout compris. Hé, sans rancune, j'suis gentil j'te paye un verre. Avec ce que tu m'as donné, j'peux au moins me permettre ça, c'est pas cinq munnies qui vont me faire défaut.
Oh, je te remercie, ami mercenaire.
Il appela la serveuse et commanda deux verres. Un pour lui un pour moi. Puis, il me salua et quitta la table me laissant seul. La serveuse ne se fit pas attendre et me déposa un autre verre de rhum. S'il était dégueulasse, c'était un cadeau et je ne pouvais décemment pas le refuser. J'allais le terminer tant bien que mal, et repartir d'ici.
Putain, c'était pas bon.