Imbibé pour la soirée

Depuis combien de temps pouvions nous observer les pales du Moulin Rouge tourner dans une spirale sans fin ? Admirer le spectacle de danse interprété par des femmes aussi désirable les unes que les autres, et aussi talentueuse les unes que les autres ! Bien entendu ! Sans oublier de venir déguster une petite bière, une piquette ou un grand cru et surtout, nous ne devons pas omettre les alcools fortes produit par la fée verte ou par nos amis irlandais. D’ailleurs, je ne parle pas de nos voisins du nord aux eus et coutumes si particulières autour de la boisson maltée, des barbes tentées d’orange ou de leur chapeau melon cerclé en vert de façon innocente.

Car aujourd’hui, lendemain des deux années de vie du cabaret, un équipage répondant à cette description s’est arrêté à la capitale avec une seule idée en tête… Celle de fêter la St Patrick à leur manière ! Et je vous promets que ce n’est pas triste à observer.

Je me suis rendu au cabaret pour observer le spectacle d’Eva, elle m’avait fait jurer de venir pour la première de sa nouvelle danse. Un nouvel arrivage de poisson d’Atlantica ainsi qu’un costume taillé pour la fête du saint promettait de belle surprise. Alors je suis arrivé à l’ouverture, j’ai pris ma table habituelle et ait demandé à Lacy de m’apporter une chope ainsi que sa petite soeur pour me faire patienter jusqu’à l’apparition de notre amie sirène. Et ensuite, comme un coup de fusil, les portes se sont ouvertes et le flot intarissable de chrétien est arrivé et a envahi la salle. Pas d’une manière habituelle, plutôt du genre à ce que Kimahri sorte sa lance et bloque la porte des loges avec autant de ferveur qu’un bouchon de champagne. Et il faut avouer que dix serveuses pour remplir les verres n’étaient pas suffisants, j’avais trop peur de compter les bras tendus en direction de Zhen et de Nam réclamant un verre de whisky.

Et pauvre de moi, je n’avais pas refait les stocks récemment et la température commençait déjà à grimper. Et quand je dis chauffer, notre bouchon de champagne était prêt à sauter dans le tas et dégager cette bande de sauvages… Pas encore de chaise casser, mais énormément de raillerie envers nos pauvres demoiselles ! Et je ne compte pas répéter les mots que j’ai entendus. C’est à cet instant, alors que les jurons volaient, que je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. Cette bande de soûlard était venu pour un but, et il allait être servi, dans le sens propre du terme ! J’attrapais mes deux chopes, les aient vidées d’une traite et me suis diriger vers le bar pour me hisser dessus et prendre la parole devant cette foule déjà fortement imbibée.

Ola mes amis !
Le silence ? Je rêvais…

S’il vous plaît !
À la limite, j’ai attiré l’attention de deux badauds à mes pieds.

Dites, les gars…
Bon, il fallait sortir l’artillerie lourde et combattre le mal par le mal !

TOURNÉE GÉNÉRALE !!!
Cela peut vous paraître parfaitement stupide. Mais dans le cas ou une cinquantaine de personnes rentre chez vous, gueulaient pour une boisson qu’ils n’auront probablement pas et ensuite prêt à déchaîner un flot de colère et faire virer au rouge le type chargé de la sécurité… Autant ne pas faire dans la finesse et faciliter la vie de ses personnes ! Au risque de ne pas vous surprendre, les hommes à la barbe houblonnée ont hurlé un cri de joie et de nouveau harcelé les serveuses pour recevoir leurs boissons. Et en aussi peu de temps qu’il faut pour le dire, les tireuses sont abaissées et des flots de bière coulaient dans les chopes dispersées sur le comptoir ! Et il ne fallait pas plus de temps pour que celle-ci soit vidée par nos antagonistes de la boisson.

Les heures passaient, et les litres de bière aussi. Je voyais la tireuse cracher sans arrêt alors que les ivrognes d’en face n’arrêtaient pas de vider tout ce que nous remplissions. Chance pour nous, la foule du bar diminuait progressivement alors que la file devant les toilettes s’allongeait… Celle devant la scène aussi prenait du volume, les filles étaient de sortie et savaient comment attirer l’attention ! Un bien joli spectacle si vous voulez mon avis, et c’est à cet instant qu’un des gars face à moi décida de prendre la parole.

Hey les gars ! Faut pas oublier de remercier notre bon samaritain du soir… Sans lui, nous aurions dû trouver un autre pub pour combler notre soif… Alors, j’ai une idée…
Il s’approcha alors de moi, tendit un verre plein en ma direction et me proposa de boire un coup.

«
- Non merci, j’ai de quoi…
- On ne refuse pas une main tendue comme disait le bon seigneur… Bois !
- Mais j’ai ce qu’il…
- Il refuse de boire les amis ! À croire que nous avons affaire à un anglais !
Comme un seul homme, tous les regards se fixèrent sur moi pour m’adresser tout le mépris qu’il me donnait à l’instant. Comme si, être anglais et ne pas répondre à leur invitation était une grave offense. Mais vous me connaissez, j’ai alors attrapé la chope du garçon, vidé d’un trait et rempli à nouveau pour montrer de quoi j’étais capable ! Grave erreur… Car une fois cela finis, un autre est arrivé pour me faire le même cadeau, et puis un autre… Et ainsi de suite jusqu’à ce que le spectacle d’Eva commence et que je me retrouve à rouler sous une table, juste à côté d’un autre membre d’équipage.

Le lendemain matin, une des danseuses me réveilla avec son balai pour me faire sortir de la salle. Une salle encore dans un bon état ! Pas de chaise cassée à l’horizon, mais plutôt d’autres enfants du nord allongé dans la même position que moi. Je n’ai pas vraiment compris se qu’il ce passait, mais au moins, le cabaret était encore debout ! Et cela, très probablement grâce à moi !