Ce fut une... Lourde soirée.
La fatigue, oui, Blue-Eyed Ace venait de m'inviter gentiment chez lui, me féliciter pour avoir sauvé ses hommes, c'était naturel et je voyais dans son regard, cette gratitude. Ceux qu'on appelle sbire ou homme de main, pour le pirate au grand cœur ils avaient une grande valeur, plus grande que celle du rhum ou des munnies qui roulent sur la table, il m'était très reconnaissant.
J'aurais dû être plus méfiant. Si seulement.
Je fus fêté comme il se devait : avec plus d'alcool que de sang dans le corps, une vraie beuverie comme les pirates savent faire, comme à tortuga on sait faire, comme à port royal on sait faire. Je n'ai pris que trois ou quatre verres. Je désirais rentrer sans m'éclater dans tout les murs des ruelles de ce fichu endroit.
J'étais sortit, un peu dans le dur. Oui.
Sur le chemin, j'ai croisé une petite caravane pleine de tonneau, je me suis dis qu'Ace avait refait ses stocks, vu ce qu'on avait vidé ce soir là, ha... Il avait toujours un cheval dans sa poche, ou un as d'avance... Je ne sais plus, je ne sais pas. Et je les ai vu rentrer, entreposer les tonneaux, puis sortir.
Je ne sais pas pourquoi je les ai suivis.
Et quand je les ai vu échanger ces petites babioles brillantes qui nous servent à vivre dans l'opulence avec un homme dont le visage restera à jamais gravé dans ma mémoire. J'ai fait volte face et j'ai couru.
Aussi vite que j'ai pu.
Aucun cri, ce fut le silence de la nuit... J'ai été soufflé comme une pierre qu'on a jeté, je me souviens du ciel, des étoiles qui s'éteignent... Mon cœur me fait mal, je me redresses, et je tombes à genoux, car je suis faible. Je sens mes joues mouillées mais il ne pleut pas, une râle de douleur, des larmes. Je ne vois plus rien.
Si seulement j'avais su.
Ces décombres fumantes, cette explosion a mis le feu au rhum... Cette bâtisse n'est plus qu'une ruine en mon âme, je ne veux pas la voir comme ça! Je ne veux pas... je ne veux... Je ne peux. Je pousses ce qui reste dans des efforts inhumains, je ne sais pas ce que je cherchais, l'espoir... Peut-être était-ce l'espoir.
Et je le vis.
Sous une poutre écroulée, je la dégageais et je prenais mon ami dans mes bras, il était encore conscient, quelques choses l'avait transpercé et je sais... Que mon espoir s'écroule avec ma déception.
Il cligne de son œil unique.
<< Ventru... >>
Je serrais sa main dans la mienne, il meurt mais son regard reste aussi bleu que l'océan.
<< Pourquoi... Tout ce que je voulais était... Accomplir mon rêve... En fumée... >>
Une larme coule.
<< ... La vie est injuste... Alors... Pourquoi est-ce qu'on nous empêche de la rendre... agréable? Je suis si... Si fatigué et énervé... Ventru... >>
Je sentais son étreinte partir.
<< Je... Je te regarderais de là haut... T'avais aucune raison de m'aider et pourtant tu l'as fait... Et... Quand tu viendras avec nous... Au boulevard des grands hommes... Nos rires égayerons les cieux... en parlant du passé... >>
Un sourire...
<< A...d...i...e...u... >>
Et son étoile, s’éteint.
Dim 10 Jan 2016 - 16:38La fatigue, oui, Blue-Eyed Ace venait de m'inviter gentiment chez lui, me féliciter pour avoir sauvé ses hommes, c'était naturel et je voyais dans son regard, cette gratitude. Ceux qu'on appelle sbire ou homme de main, pour le pirate au grand cœur ils avaient une grande valeur, plus grande que celle du rhum ou des munnies qui roulent sur la table, il m'était très reconnaissant.
J'aurais dû être plus méfiant. Si seulement.
Je fus fêté comme il se devait : avec plus d'alcool que de sang dans le corps, une vraie beuverie comme les pirates savent faire, comme à tortuga on sait faire, comme à port royal on sait faire. Je n'ai pris que trois ou quatre verres. Je désirais rentrer sans m'éclater dans tout les murs des ruelles de ce fichu endroit.
J'étais sortit, un peu dans le dur. Oui.
Sur le chemin, j'ai croisé une petite caravane pleine de tonneau, je me suis dis qu'Ace avait refait ses stocks, vu ce qu'on avait vidé ce soir là, ha... Il avait toujours un cheval dans sa poche, ou un as d'avance... Je ne sais plus, je ne sais pas. Et je les ai vu rentrer, entreposer les tonneaux, puis sortir.
Je ne sais pas pourquoi je les ai suivis.
Et quand je les ai vu échanger ces petites babioles brillantes qui nous servent à vivre dans l'opulence avec un homme dont le visage restera à jamais gravé dans ma mémoire. J'ai fait volte face et j'ai couru.
Aussi vite que j'ai pu.
Aucun cri, ce fut le silence de la nuit... J'ai été soufflé comme une pierre qu'on a jeté, je me souviens du ciel, des étoiles qui s'éteignent... Mon cœur me fait mal, je me redresses, et je tombes à genoux, car je suis faible. Je sens mes joues mouillées mais il ne pleut pas, une râle de douleur, des larmes. Je ne vois plus rien.
Si seulement j'avais su.
Ces décombres fumantes, cette explosion a mis le feu au rhum... Cette bâtisse n'est plus qu'une ruine en mon âme, je ne veux pas la voir comme ça! Je ne veux pas... je ne veux... Je ne peux. Je pousses ce qui reste dans des efforts inhumains, je ne sais pas ce que je cherchais, l'espoir... Peut-être était-ce l'espoir.
Et je le vis.
Sous une poutre écroulée, je la dégageais et je prenais mon ami dans mes bras, il était encore conscient, quelques choses l'avait transpercé et je sais... Que mon espoir s'écroule avec ma déception.
Il cligne de son œil unique.
<< Ventru... >>
Je serrais sa main dans la mienne, il meurt mais son regard reste aussi bleu que l'océan.
<< Pourquoi... Tout ce que je voulais était... Accomplir mon rêve... En fumée... >>
Une larme coule.
<< ... La vie est injuste... Alors... Pourquoi est-ce qu'on nous empêche de la rendre... agréable? Je suis si... Si fatigué et énervé... Ventru... >>
Je sentais son étreinte partir.
<< Je... Je te regarderais de là haut... T'avais aucune raison de m'aider et pourtant tu l'as fait... Et... Quand tu viendras avec nous... Au boulevard des grands hommes... Nos rires égayerons les cieux... en parlant du passé... >>
Un sourire...
<< A...d...i...e...u... >>
Et son étoile, s’éteint.