Plus d’une semaine s’était passée depuis l’altercation qui avait eu lieu entre Freyja et la Capitaine des Garde, une semaine qu’elle était alitée avec l’interdiction du médecin et du shérif de quitter l’infirmerie. D’après leurs mots, c’était dans l’unique but de permettre à la jeune rate de se remettre de ses blessures. Elle n’était pas idiote, ils disaient surtout cela pour l’écarter de Dame Ravness. Et même si elle désirait plus que tout quitter se lit, cela lui était impossible. Les plaies parcourant son corps venaient seulement de se refermer, un effort inutile n’aurait que pour effet de prolonger sa convalescence et elle se refusait de rester inactive au fond de cette forêt. D’autant plus, elle avait promis de corriger ses erreurs passées en combattant auprès des brigands.
Peu de personnes passaient par l’infirmerie, du moins, depuis que la rate était présente dans celle-ci. Seulement quelques éclaireurs légèrement blessés et d’après les paroles de Frère Toc le régent était calme pour le moment et cela ne présageait rien de bon. En conséquence, Freyja était seule à l’infirmerie. La monotonie de la journée était rythmée par les allées et venues du médecin et de ses aides-soignants, occupés à faire l’inventaire des lieux ou changer les pansements de la jeune rebelle.
Que pouvait-elle faire pendant tout ce temps, seule sous la toile blanche marquée d’une croix rouge. Les rares échanges ne comblaient pas l’ennui et la tristesse, mais ce temps lui donnait la liberté de réfléchir aux derniers jours.
Elle avait fait une erreur, elle le savait et la femme aux cheveux argentés n’avait pas omis de lui rappeler à sa façon. Elle avait souffert le temps de sa présence dans cette tente, autant physiquement que mentalement. Mais elle ne pouvait lui en vouloir, tout était sa faute. Le moment où elle s’annonça dans le bureau de la dirigeante de la Lumière pour demander cette mission, l’instant où elle entra dans le transport Shin-Ra. Il aurait fallu qu’elle tourne les talons et fuis comme elle l’avait toujours fait pour éviter de faire souffrir inutilement quelconques personnes. Maintenant, elle n’avait pas le choix, elle devait se battre pour laver son honneur, combattre pour retrouver son aimé. Elle n’était plus la fillette ayant quitté la ferme calcinée de ses parents, elle était devenue une guerrière capable de changer les choses et même si plusieurs dans ce camp ne l’estimaient que comme une traîtresse. Finalement, ce terme correspondait bien à la nature de la jeune rate. N’avait-elle, qu’une seule fois dans sa vie agis pour quelqu’un d’autre qu’elle-même ?
La jeune rate était assise sur son matelas, appuyé contre la tête de lit et le regard fixé sur ses mains croisés. Elle réfléchissait, encore, elle n’avait que cela à faire ici en attendant de se rendre utile. Elle cherchait à tromper l’ennui en tendant l’oreille, captant la moindre discussion à travers la toile. Seulement quelques histoires de bandit était filtré, jusqu’à ce soir ou l’un d’entre eux apportait un élément nouveau. Entre les éclats de voix et les rires, le son aigu des cordes pincées se faisant entendre. Et peu de temps après, les notes se succédèrent et formaient une harmonie aux oreilles de la jeune femme. Elle aimait la musique, et n’avait put en profiter depuis longtemps. Il aurait été possible que, si le destin soit plus clément, qu’elle aurait pu se diriger vers la voie de la musique et non celle de la lance.
Les minutes passaient et les accords changeaient. D’abord vif et emprunt à la danse, ils se muaient en une lente mélodie appuyée de simple note réchauffant le coeur. Bercé par la musique et cherchant à s’extirper de ses pensées, la jeune femme entrouvrit ses lèvres et laissa s’échapper ses quelques paroles aux rythmes de l’instrument.
Regarde ces blessures, et regarde-moi : Mon corps meurtri est le reflet de nos destins.
De mes songes, tu t’enfuis à l’aube. Tes baisés se sont évanouis.
Je veux sentir ton coeur près de moi et me perdre dans tes bras, aussi loin soient-ils.
Venant ici, j’avance avec crainte. Mais poursuis sans relâche ton être amnésique.
Passé la douleur, l’oubli et les risques. Je viens implorer la douceur de ton étreinte.
De mes songes, tu t’enfuis à l’aube. Tes baisés se sont évanouis.
Je veux sentir ton coeur près de moi et me perdre dans tes bras, aussi loin soient-ils.
Nous sommes liés, j’en suis persuadée. Quelque soit le vide dans ton regard
Je refuse de le revoir. Jamais le sort ne pourra nous séparer.
De mes songes, tu t’enfuis à l’aube. Tes baisés se sont évanouis.
Je veux sentir ton coeur près de moi et me perdre dans tes bras, aussi loin soient-ils.
L’air continua encore un instant avant de s’évanouir dans la nuit de la Forêt de Sherwood. Freyja ferma les yeux un instant, ce message était destiné à une seule personne et elle espérait au plus profond de son âme qu’il ait entendu sa complainte, aussi loin soit-il. Une larme naissait dans le coin de son oeil, maintenant en suspensions sur l’un de ses cils. Dans peu de temps, elle pourra se lever et quitter l’infirmerie afin de rejoindre la rébellion et effacer ses maladresses, mais ce ne sera pas tout. Elle jura sur le coeur qu’à partir de cet instant, elle ne vivrait plus pour elle, mais pour lui et pour tous ceux qu’elle avait fait souffrir. Elle était restée passive trop longtemps, son destin était devant elle et il fallait le prendre en main. Chacun de ses actes avaient un prix, et elle était enfin prête à le payer.