L'écume sera rouge

Depuis quelque temps, la Princesse avait jugé utile d’étendre mon rayon d’action, et surtout, de me confier des tâches plus… Crucial. À peine de retour du Pays Imaginaire que je retrouvais un ordre de mission dans mes appartements, pas de repos pour les guerriers…

Depuis sa transformation, Ariez avait changé. Et ce n’était pas pour me déplaire. La petite fille que j’avais rencontrée à mon arrivé était morte, une véritable femme trônait désormais à la tête du groupe. Une femme puissante ! Une femme avide de possessions ! Mais elle était idiote, et surtout… Impatiente.
À peine que le Consulat et le Sanctum avaient signé une alliance qu’elle m’envoyait déjà foutre la merde à Atlantica… C’était trop tôt, bien trop tôt. Les artistes n’avaient pas encore eu le temps de s’afficher prêt des sirènes et des tritons, seul un pacte écrit par des étrangers les unissait. Au moindre ennui, le peuple de la mer dirigerait sa haine contre le Sanctum, oubliant presque le Consulat. Mais je n’étais qu’un simple exécutant, la Princesse n’écouterait pas mes revendications, et si elle les entendait, ma tête ornerait le portail du manoir, juste à côté de celle du scientifique.

En attendant de monter les échelons, je me taisais et continuais d’agir comme un parfait petit chien. Je quittais le manoir, ma faux posée sur l’épaule en direction de la station Shin-Ra.

Cher client, la compagnie Shin-Ra à la joie de vous annoncer que le vaisseau va bientôt se poser dans le monde d’Atlantica. Nous vous rappelons aussi que votre corps subira une transformation nécessaire afin de vous permettre d’évoluer à travers ce milieu.
Enfin, j’allais savoir. On m’avait parlé de cette transformation, qu’une étrange magie était capable de modifier notre apparence pour nous permettre d’évoluer avec facilité dans le monde. Dans un sens, j’étais rassuré d’entendre le message de l’hôtesse, depuis ma mésaventure avec le crocodile, je me voyais difficilement passer des heures entières sous l’océan. Mais surtout, j’étais impatient de savoir en quel monstre marin j’allais me transformer…
Quelques instants après l’annonce, les moteurs du vaisseau c’étaient coupés. Nous avions attiens la destination mais aucun employé de la multinationale ne venait nous chercher. Les minutes passaient et je commençais à m’impatienter, je n’allais pas rester ici indéfiniment ! Je finissais par me lever et me diriger vers le sas d’accès. Un voyageur tentait de m’interpeller, mais il changeait rapidement d’avis à la vue de mon visage, frappant contre la porte, je commençais à m’énerver.

Oh… Certain de vos voyageurs aimerait bien quitté se bout de ferraille ! Vous allez nous laisser pourrir ici ?!
Avant même que je ne finisse ma phrase, l’eau commençait à s’infiltrer dans le compartiment. En moins de dix secondes, l’eau atteignait mes genoux, je regardais autour de moi, tous les autres passagers restaient immobiles, fixé sur leurs sièges. Mais dans quel bordel je me trouvais ? Je prenais une grande inspiration juste avant d’être privés d’oxygène, quand soudainement, un éclat de lumière envahissait la salle. Ma vue était brouillée, mais j’apercevais les autres passagers se diriger vers la porte fraîchement ouverte. Prit de panique, je retenais toujours ma respiration, mais une sirène en costard me faisait de grands gestes, m’incitant à respirer.
Je sentais de la peau se décoller au niveau de mon cou, et je respirais parfaitement. Posant ma main contre ma peau, je remarquais de petites entailles, des branchies venaient d’apparaître. En baissant mon regard, je remarquais plusieurs tentacules à la place des mes jambes. Elles ondulaient avec aisance dans cet espace, malgré leurs états délabrés. J’avais l’impression d’avoir un poulpe en état de décomposition en dessous de mon buste. L’hôtesse m’invitait à quitter le vaisseau, mais ce n’était aussi simple de se déplacer dans se monde.

Le haut de mon corps n’avait pas changé, je possédais toujours mon masque et mes longs cheveux noirs, à la différence qu’ils accompagnaient chacun de mes mouvements. Et quant à la partie inférieure de mon corps, il était aussi sombre que ma peau, et se déplaçait d’un seul être, la seule particularité était les plaies visibles sur les tentacules, sécrétant d’étrange volute de ténèbres. Sous l’eau, j’avais un aspect encore plus effrayant qu’avait mon habitude… Ça sera très utile pour la suite des évènements. N’attendant pas une seconde de plus, je me dirigeais vers la surface d’Atlantica.

Plus je nageais, plus je me demandais comment j’allais exécuter les désirs de la Princesse. Ma nouvelle forme pouvait facilement inspirer la peur, mais en aucun cas, je serais capable de détruire un navire à moi seul. Encore, je pourrais monter un bateau pour foutre le feu aux poudres… Mais à quoi je ressemblerais sur le pont ? Il me serait parfaitement impossible de me déplacer sur mes tentacules...
Aujourd’hui, je n’avais pas le choix, je n’allais pas orchestrer un grand massacre, mais j’allais jouer une autre carte. Celle de la terreur, je ne ferais qu’un ou deux morts… Mais ils se rappelleront à jamais des créatures rôdant dans les océans.

...
Le commandant Clements était à la barre de son navire. Voilà plusieurs semaines qu’il était en mer avec son équipage, et enfin, il allait pouvoir retrouver sa petite chaumière. Il nourrissait l’espoir chaque jour d’apercevoir la terre qu’il l’avait vue naître, pouvoir retrouver sa femme et redécouvrir sa petite fille. C’était sa dernière mission marchande. Après de nombreuse année passée en mer, il allait prendre sa retraite et profiter d’une vie mille fois méritée. Mais notre vieux loup de mer était superstitieux, il savait qu’une quelconque divinité l’observait et s’apprêtait à lui faire la dernière mauvaise blague de sa vie. Tirant sur sa pipe, il fut interpellé par les cris venant du nid de pies.

Commandant !!! Un homme à la mer sur tribord !
Clements amenait sa main au visage et se pinçait le haut du nez… Il détestait avoir raison. Surtout dans se genre de situation. Expulsant la fumée de ses poumons, il ce racla la gorge pour aboyer ses ordres.

- Quelqu’un sait me dire s’il est en vie ?!
- Aucune idée ! Il dérive sur un bout de bois au milieu de l’océan !
- Mouais, peu de chance qu’il respire encore…
- Que fait-on ?
- Jetez l’ancre ! Et mettez une chaloupe à la mer… Nous allons le repêcher !
- Bien commandant ! Combien d’homme dans l’embarcation ?
- Je descendrais avec cinq d’entre vous, des volontaires ?
Une bonne partie de l’équipage était restée à bord, observant la chaloupe s’éloigner peu à peu en direction du corps submerger. Clements et ses hommes commençaient à distinguer les contours du malheureux, sa peau était grise et sont état squelettique n’aidait pas à croire à une quelconque survie.
Clements s’était avancé vers le bout de l’embarcation, prêt à récupérer le corps. Ce pauvre malheureux n’avait pas eu de chance, mais il méritait un enterrement. Le commandant s’avançait pour attraper l’unique main visible… Mais celle-ci se refermait sur le poignet du loup de mer pour l’attirer dans les eaux.

...
J’avais eu de la chance de trouver cette planche, je faisais un parfait naufragé une fois allongé dessus, mais le problème était d’attendre ma proie. J’avais passé de nombreuses heures au soleil avant de voir un foutu navire, et par chance, il avait envoyé une petite embarcation pour tenter de me sauver… Les idiots.
Un homme c’était penché vers moi et tendait sa main pour m’attraper. C’était le moment pour ma résurrection, j’attrapais son poignet et l’entrainais avec moi sous l’eau… Cette fois, je serais à mon avantage.

J’ai trainé le corps à quelques mètres sous le niveau de la mer, pas pour le tuer non… Je voulais juste le voir se débattre dans les eaux, et surtout le voir paniquer. Je l’avais lâché et je m’apprêtais à faire une grande boucle pour qu’il ait tout le loisir d’observer la créature marine.  Ses yeux trahissaient une profonde terreur, il essayait de crier, mais seules des bulles s’échappaient de sa bouche. Frénétiquement, il faisait de grand mouvement pour remonter à la surface… C’était hilarant de le voir s’accrocher à se faible espoir.
Il avait enfin attient l’oxygène et commençait à nager en direction de la chaloupe. De ma position, je distinguais des bras tendus en direction de ma proie. J’avais une meilleure idée.

Je dégainais mes armes et les assemblais pour faire ma grande faux. La transformation ne l’avait pas épargné non plus… Le métal c’était mû en corail tranchant, le manche de l’arme semblait venir d’un bâton trop longtemps oublié dans les fonds marin, et de nombreux coquillages fragmentés et algue avait élu domicile sur l’entièreté de la surface, donnant une apparence encore plus sinistre à la faux.
Positionnant mon arme en arrière, je me ruais vers l’embarcation. J’hésitais encore entre la faire chavirer et exécuter l’homme à la mer, mais ce n’était pas assez théâtral. Durant ma course, je commençais à tourner sur moi-même en me ruant vers la surface, d’une forte impulsion dans avec mes tentacules, je sautais par dessus la barque, dévoilant mon corps à tout l’équipage. Profitant du mouvement, j’abattais mon arme dans le torse du premier homme à ma portée. Le coup le propulsait contre la rambarde de la barque, inerte, son sang commençait à s’écouler dans la mer. Avant de replonger dans les mers, j’entendais les cris affolés des hommes, oubliant l’esprit de camaraderie et commençant à ramer en direction du navire. Il me restait encore un jouet

Le survivant tentait encore de rejoindre le navire, il gardait espoir malgré ma proximité. Je ne pouvais que saluer le geste, mais c’était inutile. Je rangeais mon arme, je n’en aurais pas besoin pour la suite des évènements. Je me dirigeais vers ma nouvelle proie lentement, laissant apparaître des morceaux de mon corps à la surface de l’eau, histoire de maintenant le suspens. De mon point de vue, voir les membres s’agiter avec autant de vigueur avait quelque chose de… Fascinant. La peur le faisait agir dans la précipitation, il nageait très mal, me facilitant un peu plus la tâche.

Une fois à sa hauteur, je me retournais pour présenter mon appendice. À l’aide des tentacules, j’enlaçais ses membres un à un, l’immobilisant  au fur et à mesure à la surface de la mer. Depuis la surface, ça devait être grandiose… Si l’équipage prêtait encore attention à l’homme.
Une fois que ma dernière tentacule s’enroulait autour de son cou, je l’attirais dans les eaux salées. Une fois immerger, je tournais son regard vers le mien, le bas de mon corps suintait d’étrange fluide, ne faisait qu’effrayer de plus belle mon prisonnier. Délicatement, je posais ma sur sa joue, ses yeux s’agitèrent en tous sens… Il était prêt. D’un mouvement sec, j’entaillais son visage à l’aide de mon ongle et agrippais ses joues à l’aide de ma main, j’approchais mon visage du sien, assez prêt pour qu’il comprenne ce que j’allais lui dire.

Le peuple de la mer en à assez de vous voir rôder sur les flots… Revenez encore, et je ne serais pas le seul à vous traquer sur vos coquilles de bois
Je relâchais la pression, le libérant peu à peu de mon emprise. Ne se faisant pas prier, il remontait à la surface et rejoignait son navire. Mon travail était fini, pour l’instant. Ils allaient retourner à terre et raconter de belles histoires aux habitants de ce monde. Si les humains ne se décident pas d’attaquer les sirènes, il faudra un autre coup d’éclat. Et cette fois, contre les navires du Roi du monde terrestre.
Je quittais les flots d’Atlantica, je n’avais plus rien à faire ici, et j’étais foutrement pressé de retrouver l’air de la Citée du Crépuscule, aussi malsain soit-il.