- Je me demandais vraiment si Ravness pouvait aimer quelqu'un. Elle paraissait toujours froide, hautaine.. D'accord, c'était qu'envers moi, mais le cavalier qu'elle avait convoqué, lui aussi subissait la hargne du Chef de la Garde. Je suis persuadé qu'elle avait des trucs à cacher. Elle pouvait pas se prétendre pure en dégageant des émotions aussi radicales. Enfin, de ce que j'en sais moi...
J'étais allongé sur mon lit, dans mes appartements, attendant l'heure de retrouver ce Djamal. La fenêtre ouverte laissait passer une léger courant d'air, rafraîchissant la pièce et faisant danser les rideaux de soie rouge. Le chant des oiseaux ce faisait entendre ce matin, et c'était plutôt étonnant car, depuis la destruction de la pierre angulaire, on les entendait de moins en moins. Eux aussi devaient sentir que ça tournait mal par ici.
Je me redressais et me tournais pour poser les pieds au sol. Je pris mon poignet et le tourna lentement. Celui-ci me faisait encore un peu souffrir depuis que Jecht me l'avait éclaté. C'était un moment bien tendu ça aussi tiens. Enfin ! Ce n'est pas ici que je dois penser à ça.
Alors je me lève et je pousse la porte d'entrée pour arriver dans le couloir. Je descends les quelques volées de marches pour arriver non loin de la salle d'audience. Le Cavalier doit m'attendre aussi, je me presse un peu. J'arrive devant les deux immenses portes et ouvre la petite porte dérobée pour arriver dans la plus grande pièce du château.
Un long tapis rouge qui part de la porte et qui se déroule jusqu'au trône divise la pièce en deux parties. Des longs et large piliers sculptés soutiennent le plafond des deux côtés de la salle qui est d'une blancheur éclatante et, un peu sur la droite une table où m'attend le Djamal.
Je m'approche de lui, le salue et tire une chaise pour m'y asseoir. Le Cavalier à l'air de savoir pourquoi il est ici, mais sa mine s'est quand même éclaircie lorsqu'il m'a vu.
Je suppose que t'es content de ne pas avoir a faire a Ravness ?
Il resta muet, n'ayant pas du tout l'attitude décrite par la Dame.
Tu sais, je suis pas elle, tu... tu vois qui je suis au moins ?
Oui, vous êtes le Maréchal Roxas.
Maréchal Roxas, ça faisait un peu trop pompeux quand même.
Tu peux juste m'appeler Roxas, je te l'ai dit je suis pas Ravness, je ne fonctionne pas qu'à la hiérarchie.
Il releva la tête. Donc il m'avait vraiment pris pour un mec assidu en fait. Il me connaissait pas ou quoi ?
Bon, Djamal, je vais aller droit au but. Il y a une mauvaise nouvelle, et une bonne. Laquelle aimerais-tu entendre en premier ?
Il réfléchit quelques instants, posant les coudes sur la table et posant les mains sur son visage. Il prit une grande inspiration avant de répondre « la bonne ».
Alors, la bonne c'est que Ravness ne peut pas te voir, même en peinture, et ça c'est cool... parce que ça nous fait un point commun.
Il resta encore une fois muet, à croire qu'avoir des points communs avec moi le dérangeait ! Alors ouais ça m'a plu.. pas trop...
La mauvaise c'est que t'es viré de la cavalerie. Raziel aurait du le faire mais il est pas là donc bon... Je m'en occupe. Donc ouais t'es viré, c'est Ravness qu'à tranché.
Il releva la tête d'un coup avec des yeux tout ronds... et rouges. Il renifla un coup aussi, et là j'ai bien compris qu'il encaissait pas bien la nouvelle.
Je suis... viré ? Mais comment c'est possible ? Écoutez, ce job c'est tout ce que j'ai, vous ne pouvez pas me virer, s'il vous plaît ! Ma copine m'attend a la maison, et si nous voulons vivre il faut que je lui ramène une paye ! Ce qu'elle gagne n'est pas suffisant et... nous attendons bientôt un enfant... S'il vous plaît....
La situation était en effet un peu dure de leur côté...
Mais ce que tu ne comprends pas Djamal, c'est qu'on te rend service là. L'armée c'est pas le club med, il faut que tu saches te battre, il faut que tu saches réfléchir et ce en toutes circonstances, il faut... que tu sois un soldat ! Là, dans l'état actuel des choses, tu... ne sers à rien, concrètement. Tu es un handicap au combat. Tu n'es pas à l'heure aux entraînements, tu ne travailles pas, tu passes la journée dans ta chambre et la seule fois, où l'on t'as vu avec ton épée, tu la tenais au dessus du feu, pour faire cuire des saucisses... Djamal, tu as une femme et bientôt un enfant... Ne prends pas le risque de te faire tuer pour une guerre qui visiblement n'est pas la tienne. Tu veux rester au château ? Parfait, il y a un tas d'autres emplois et tu pourrais même y amener ta femme pour élever vos enfants dans les meilleures condition possibles. Mais te voir une épée a la main sur le champ de bataille... ça me semble infaisable, je suis désolé. Tu ne fais plus partie de la garde.
Et je me retournais le laissant seul dans la salle. Il sanglotant, répétant inlassablement « s'il vous plait » avec la voix qui tremble... J'aimais pas ça, ça me mettait quand même un peu mal a l'aise. Enfin, je devais aller faire mon rapport a la cruelle, mais pour ce coup-ci plutôt juste, Ravness. Espérons que ça finisse pas comme la dernière fois.