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Kingdom Hearts Rpg
Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Les ténèbres de la nuit venaient de recouvrir complètement la ville de Nottingham, couvrant les habitations d'un voile de silence.
Les rues, déjà très peu fréquentées en ces jours de malheur, s'étaient vidées de toute présence. À cette heure l'endroit avait vraiment l'apparence d'une ville fantôme.

Soudain, rompant l'immobilité ambiante d'un quartier d'artisans, une petite silhouette se faufila comme un chat hors d'une maison.
L'intrus dans ce monde de nuit et de silence s'arrêta à quelques mètres de l'habitation qu'il venait de quitter et lui lança un regard à travers le capuchon de la large cape qu'il avait revêtu. Son arrêt dura quelques secondes, puis il tourna de nouveau les talons et s'avança dans les rues sombres de Nottingham. Au détour d'une ruelle, un léger coup de vent poussa son capuchon vers l’arrière, libéra l’espace d’un instant une chevelure blanche nacrée sous l’éclat de la lune, avant que son propriétaire ne rabatte précipitamment dessus le chaperon de sa cape.
Regardant à droite à gauche pour vérifier que personne ne l’ai vue, Blanche maintint sa capuche sur sa tête  d’une main ferme. Si quelqu’un venait à remarquer qu’elle n’était pas d’ici ce serait une catastrophe. Déjà qu’elle se sentait coupable d’avoir désobéi à Allan et d’être sortie en douce de la maison de Griselda. Mais elle n’avait pu résister à un besoin violent de marcher dehors. Cela faisait deux nuits qu’elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, et cela n’avait rien à voir avec ses cauchemars incessants. Depuis l’altercation entre Allan et les gardes deux jours plus tôt, elle avait l’impression d’être perpétuellement au coeur d’une tempête qui s'apprêtait à éclater. Allan était de plus en plus silencieux donnant à la petite albinos l’impression qu’il avait continuellement une épée au dessus de la tête. Griselda de son coté était tellement sous tension qu’elle ne faisait plus attention à ce qu’elle faisait. La veille, elle avait passé une heure à essuyer la même assiette avec son tablier en jetant des regards angoissés à son frère.

Blanche soupira et continua sa marche. Elle avait peur. Peur pour l’avenir des habitants de Nottingham, Peur de ce qu’il allait se passer si la révolte contre la garde prédit par Allan éclatait vraiment. Peur qu’il y ai des morts qu’elle ne puisse éviter… Et c’est ces tourments qui l’avaient tirée du lit après s’être retournés une bonne cinquantaine de fois sur sa couche pour tenter de trouver le sommeil malgré son esprit en ébullition. Discrètement, elle avait quitté la chambre après s'être habillée et avoir chaussé ses bottes et était descendue dans la pièce du bas où elle avait attrapé l'une des capes d'hiver que Griselda laissait pendre à des crochets.

Blanche tourna dans une nouvelle ruelle, se servant des coins sombres pour passer inaperçue. Elle ne savait pas vraiment où elle allait mais elle avait besoin de réfléchir et de se rendre compte directement de la situation à Nottingham. Choses qu'elle ne parviendrait pas à faire en restant enfermée. Que pouvait elle bien faire ? Elle sentait toujours la détresse des habitants, même si ses soins avait pu en soulager quelques uns. Les gens d’ici n’avaient pas beaucoup d’espoir, et la fillette craignait que cela ne finisse par les tuer, si ce n’était pas les mauvais traitement qu’ils subissaient qui s’en chargeraient. Elle se sentait capable de soigner la plus grave des blessures, mais comment soigner des victimes lorsque c’était le malheur qui s'abattait sur eux ? Pourtant elle voulait faire quelque chose pour eux. Elle devait faire quelque chose ! Restait à trouver ce qu’une fille de 12 ans de son gabarit pouvait bien tenter…

La petite mage blanche se stoppa soudain net. A force de marcher, plongée dans ses pensées elle n’avait pas remarqué qu’elle était sortie de la ville. Elle était arrivée devant un bâtiment qui semblait très différent des autres. Il était un peu plus grand, tout en longueur et son toit était en briques et non en chaume comme les maisons alentours. Sur l’un des cotés, un clocher se dressait fièrement. La forme général rappela à Blanche les églises de Medora, mais en plus petit et moins stylisé. Celle ci était plus sobre dans l’aspect et semblait formée d’un étonnant mélange de partie vieilles et neuves, comme si le bâtiment avait été rénové récemment.
La fillette observa un moment les fenêtres et la porte ronde de l’endroit. Puis, prise d’une soudaine envie, elle franchit le muret de pierres qui la séparait de la bâtisse et s’avança vers l’entrée. Elle s’arrêta quelques secondes devant la porte, hésitante. Si elle connaissait certaines croyances de part son éducation, elle n’avait jamais été initiée à un quelconque rite religieux. Mais elle avait entendu dire que les églises et autres bâtiments ecclésiastiques étaient souvent calmes et tranquilles, et celui ci n’avait pas l’air très fréquenté. Et puis, comme pour l’encourager à entrer, une averse commençait doucement à tomber. Aussi elle se décida enfin et poussa la porte.
Elle entra dans une pièce large qui semblait faire quasiment tout le bâtiment. Des bancs étaient alignés tous dans le même sens de part et d’autre de l’allée qu’ils formaient ainsi. Celle ci menait jusqu’à une petite surélévation sur laquelle était posé un autel éclairé de la fenêtre disposée juste derrière. L’endroit mêlait la pierre et le bois, et comme Blanche l’avait espéré, était silencieux et presque vide. La seule personne présente était un vieil homme vêtu d’une bure brune qui allumait une bougie près de l’autel. Lorsqu’il entendit la porte se refermer, il se retourna et adressa un sourire fatigué mais accueillant à la petite fille encapuchonné.

“ Bienvenue mon enfant. Vous avez dû vous faire surprendre par la pluie. Je vous en prie, restez dans cette humble chapelle le temps qu’il faudra. “

Blanche hocha la tête avec gratitude et lui adressa un sourire, avant de se souvenir qu’il ne pouvait pas vraiment voir son visage avec son capuchon rabattu. Elle s’avança donc jusqu’à un banc du fond et s’y assit, se penchant en avant pour croiser ses bras sur le dossier du banc de devant et poser sa tête dessus. Le regard penseur, elle observa l’homme en toge s’occuper de son autel. L’endroit dégageait une ambiance posée et apaisante.
Ici elle pourrait réfléchir au calme sans être dérangée, du moins elle l’espérait...
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Penser... Cette capacité merveilleuse d'ordonner le flux d'émotions et d'idées qui circulent à travers notre subconscient pour en tisser le fil continu qu'est l'identité. Voilà une activité que trop considèrent comme acquise. Si ce don semble une évidence pour la plupart des hommes, qui coordonnent psychisme et action aussi aisément qu'ils respirent, d'autres voient leur propre mental se muer en un terrifiant ennemi. Dans leur état, corps et âme sont comme déconnectés et la chair se révèle être une prison trop étroite pour une démence qui ne cherche de s'étendre comme un lierre parasite. Idéaux, pulsions et intellect se confrontent alors dans une mêlée aussi confuse que violente pour la domination, et la plus insignifiante des décisions devient un effort considérable par delà ce corps à corps spirituel.
Mais qu'est-ce qui peut bien motiver un esprit dépouillé de sa raison à agir ? Quelles forces grandioses peuvent pousser un dément à entreprendre des actions coordonnées, bravant ainsi le chaos difforme qu'est sa psyché ? Dans le cas d'Adrix, ce ne fut rien de plus que l'ennui.

En effet, depuis les tréfonds de la grotte qui lui servait de repaire, notre petit personnage contemplait avec une fascination feinte le relief accidenté qui lui servait de plafond. Le mage à qui un ancien démon avait dérobé sa santé mental s'était tout simplement lassé de son quotidien. Il faut dire que depuis qu'Orochi en avait fait son "avatar", les motivations du sorcier se limitaient à une quête infantile du divertissement. Or, la Cité du Crépuscule n'était plus exactement l'endroit le plus riant de la galaxie. Ici plus encore qu'ailleurs, la Coalition Noire avait fait son office. L'éternel ciel orangé avait été remplacé par un voile d'ombre étouffant, une voûte céleste vide d'étoiles qui ne laissait que peu de place à la contemplation. Et comme si l'obscurité permanente ne suffisait pas, il fallait ajouter le joug tyrannique d'une bande de psychotiques en puissance en comparaison de desquels Adrix passait pour un joyeux garnement.
Peu à peu, l'espoir avait déserté le cœur de tous les habitants dont le quotidien rimait désormais avec chagrin. Ils suivaient leur train train morose en priant leur nouveau soleil noir que demain soit moins déprimant qu'aujourd'hui, et que les sbires de leurs maîtres ne leur tombe pas dessus au détour d'une ruelle.

En un mot comme en cent, c'était triste à en pleurer, et au moins aussi chiant. Oh, sûr, au départ, il était plutôt amusant de vaporiser les petits sans coeurs éparpillés dans le noir pour tester ses pouvoirs, mais foudroyer des machins muets est une activité qui s'avère vite répétitive. Pour satisfaire son appétit puéril, Adrix avait besoin de compagnons de jeu, fussent-ils victimes ou complices de ses plaisanteries. Le manque de réactivité des locaux l'agaçait, et faire mumuse avec des cailloux et de la télékinésie avait perdu son charme il y a une bonne heure de ça. Alors d'un bond il s'était levé de l'amas de peluches qui faisait office de sommier et s'était aventuré à l'extérieur, s'extirpant non sans mal du petit trou dans une paroi qui menait à sa tanière. Se dissimulant aux milliers d'yeux minuscules qui scrutaient chaque recoin de ce monde par un sort d'invisibilité, l'envoyé de la foudre se dirigea gaiement vers le hangar le plus proche.


Il aurait sans doute mieux fallut y penser à deux fois avant d'entreprendre ce projet, mais ce n'était guère son genre. Il arpentait ce monde à l'agonie avec une gaieté rafraichissante, comme s'il était aveugle à la souffrance alentours. Les maux de son ancienne maison glissaient, sans effet, sur un mur de fausse innocence. Il était un enfant au milieu du champ de bataille.
Pour tout dire, se glisser ni vu ni connu dans un vaisseau de transport s'avéra ridiculement facile. Tout de même, personne n'avait pensé à quel point il serait aisé pour un fugitif de jouer les ninjas dans un monde perpétuellement plongé dans une nuit sans lune ? Ajoutez à ça une capacité à se dissimuler aux regards et jouer les passagers clandestins devient aussi aisé que d'aller acheter une baguette. C'est ainsi que, se laissant embarquer pour une destination mystérieuse, Adrix traversa le cosmos comme une tique accrochée à un chien, caché entre une paire de grosses boîtes.

Quand son véhicule improvisé se rapprocha enfin d’un nouveau monde, le mage recouvert de bandelettes décida de sauter en plein vol sans autre forme de procès. L’air fouettant son visage masqué et e sol se rapprochant à vive allure faisaient monter en lui une adrénaline dont il avait cruellement besoin. Et se soustraire aux lois de la gravité pour éviter l’atterrissage était l’affaire d’une poignée de formules pour un sorcier de sa trempe.  Hélas pour lui, il semblait que son voyage venait de prendre fin au milieu d’une nuit, et se présentait à son regard un ciel obscure chargé de nuages noirs d’orage.

*Pour le changement de luminosité, je repasserais*

A vue de nez, il avait atterrit dans un environnement principalement boisé, mais il distinguait au loin des bâtiments à l’architecture médiévale.  A défaut d’un peu de bronzette, il pourrait donc croiser des gens, super ! D’un revers mental de la main, le manipulateur des arcanes se posa en douceur, les effets de son sort de Gravité soulevant sa longue tunique exagérée.  

*Bon… Qu’est-ce que je fais maintenant ?*

C’est son estomac gargouillant et la pluie qui apportèrent la réponse à cette question. Il n’avait rien avalé de tout le trajet et sa bedaine réclamait sa dose quotidienne de sucre pour fonctionner correctement. Il doutait de trouver des brioches sauvages en pleine campagne, il prit donc le chemin des habitants qu’il avait aperçu tantôt tandis que les premières gouttes commençaient à s’écraser sur son large chapeau.
Un instant, ses yeux luminescents se tournèrent vers l’orage naissant. Adrix détestait la pluie. Il n’aurait su dire pourquoi mais elle lui inspirait une certaine mélancolie que sa personnalité enfantine ne supportait guère.  Mais les éclairs, eux, avaient sa préférence. C’était un instinct profondément ancré dans le cristal qui brillait dans sa poitrine, la source de son pouvoir. Leur grondement sourd l’excitait et le flash lumineux déchirant le voile nuageux était d’une majesté hypnotisante. Si son estomac n’était pas opposé à l’idée, il aurait pu passer de longues minutes à admirer le ballet de ce feu céleste s’abattant sur les bois. Cela déclencherait peut être un incendie. Ce serait chouette tiens !
Joyeux à cette idée, notre mini manipulateur du tonnerre tomba nez à nez avec la modeste chapelle. Il n’avait jamais rien vu de pareil, les édifices religieux n’étant pas légion chez lui, et à vrai dire, cela ne l’intéressait pas.  Il commençait à être trempé, et il y avait de la lumière ici, indiquant des gens donc de la bouffe, c’était là tous les critères dont il avait besoin. Sans prendre la peine de frapper, le bonhomme dégoulinant et bizarrement vêtu pénétra en trombe dans l’abbaye, interrompant le prêtre dans son office.

-B’jour. Y a à manger par ici ?

Alors qu’il essorait la pointe de son chapeau sans le retirer pour autant, son regard balaya la pièce où cierges et bancs vides disputaient la vedette aux pierres poussiéreuses et aux poutres usées par le temps. Brrr, il trouvait l’ambiance lugubre. Le curé ne représentait que peu d’intérêt à ses yeux, un autre adulte ennuyeux comme il en voyait des centaines tous les jours, mais son attention s’arrêta subitement sur la petite silhouette encapuchonnée qui se reposait à côté. Cette personne mystérieuse devait faire à peu près le même gabarit que lui, ce qui était déjà un très bon point à son goût, et était amplement suffisant pour qu’il ait envie d’en savoir plus. Enfin quelque chose qui sortait un peu de son quotidien morose !
D’un bond il se retrouva tout près de son interlocutrice toute de noir vêtu, ses mirettes brillant comme un phare tentant de la dévisager sous sa capuche. C’était une proximité bien trop familière pour interpeler quelqu’un mais Adrix n’avait pas conscience de ce genre de détails mondains. Et il avait cruellement besoin de quelqu’un à qui parler, là, de suite.

-Eh ! Eh ! T’es qui ? Pourquoi t’es déguisées ? Tu veux pas jouer avec moi ?



Dernière édition par Adrix le Sam 31 Mai 2014 - 13:41, édité 1 fois
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Blanche flottait dans ses pensées, ses songes et ses réflexions, presque détachée du monde, depuis que le propriétaire des lieux l’avait autorisé à rester. Appuyée contre son banc, les yeux fermés, elle avait perdu la notion du temps. La chapelle était vraiment un endroit apaisant ; l’ambiance y était sereine et les seuls sons qui atteignaient les oreilles de la petite albinos étaient le plic ploc de la pluie qui tombait sur la toiture et les vitres et le bruit feutré que produisait l’homme blaireaux en marchant dans la pièce. La fillette aurait presque pu s’endormir si son esprit n’avait pas été toujours autant préoccupé.
Ses pensées l’avaient mené des problèmes de Nottingham à la révolte qui d'après Allan ne saurait tarder, puis avaient bifurqué des blessés et morts que cela allait engendrer à sa propre impuissance. Elles commençaient à dériver vers son cauchemar qui revenait une nuit sur deux, toujours sans explications, lorsqu'un claquement violent dans son dos la fit sursauter.

" B'jour! Y a à manger par ici? "

La petite albinos se retourna vivement pour découvrir celui qui s'était ainsi exprimé d'une voix forte et enjouée.
La porte de la chapelle était grande ouverte, offrant le spectacle de la pluie qui tombait drue dehors. Et, dominant ce décor dans l'encadrement de la porte... Blanche resta interdite. Un personnage des plus incongru se tenait dans l'embrasure. Si la fillette avait du donner un mot pour le définir, elle aurait dit "farfelubulesque". Un mot qui n'existait pas mais qui, aux yeux de l'albinos, semblait convenir parfaitement à l'étrange petit bonhomme qui faisait son entrée dans la pièce. Car petit, il l'était, sans doute à peine plus grand qu'elle sans son couvre-chef en fait.
Il semblait s'être vêtu selon une  humeur changeante : manteau brun, ceinture de corde, enchevêtrement de vestes bleutées, bandages aux poignets et, surmontant le tout, un drôle de chapeau pointu. L'inconnu tira d'ailleurs sur le bout de ce dernier pour l'essorer, faisant clapoter des gouttes d'eau sur le sol dallé.
Blanche l'observa avec une curiosité enfantine retrouvée. Pour un étonnant personnage c'était un étonnant personnage. Très peu commun avec les habitants de ce monde qu’elle avait pu croiser, même au niveau de l’attitude. Au delà de l’apparence, il semblait en effet dégager une sorte d’aura de douce folie presque joyeuse bien loin du sentiment de peine et de désespoir des villageois alentours. La petite albinos ne savait pas si elle devait se méfier ou rire de l’inconnu au chapeau pointu mais quoi qu’il en soit il l’intriguait, elle n’aurait pu le nier.

Soudain, en balayant la pièce du regard, ne s'attardant même pas sur le prêtre, le nouvel arrivant tomba sur elle. Sans crier gare et d'un bond vif, il se retrouva d'un coup à coté d'elle. Tout près d’elle en fait. Son visage dissimulé sous son large couvre-chef à quelques centimètres du sien masqué par sa capuche. Blanche remarqua alors seulement que, dans l’ombre de son chapeau, deux yeux blancs nacrés brillaient comme l’astre nocturne un soir de pleine lune. Cette particularité, et la soudaine forte proximité dont avait fait preuve l’étrange personnage aurait eu de quoi éveiller la méfiance de nombre d’interlocuteurs, mais la fillette n’en retira qu’une surprise béate mêlée d’une curiosité redoublée.
Elle n’eut pas besoin de lancer une conversation, car immédiatement après l’avoir assailli, le curieux bonhomme la bombarda de questions :

“ Eh ! Eh ! T’es qui ? Pourquoi t’es déguisées ? Tu veux pas jouer avec moi ? ”

Blanche en resta muette d’étonnement. On pouvait dire que l’inconnu n’y allait pas par quatre chemin. À son attitude, il ne semblait pas plus âgé qu’elle, mais sans son visage, impossible de le confirmer.

“ Heu… Blanche… “ répondit la fillette encapuchonnée après un temps d’hésitation. “ Enfin je m'appelle Blanche… “

Réalisant qu’elle ne pouvait pas répondre sincèrement à la seconde question sans compromettre son anonymat, elle reprit immédiatement du voix mal assurée :

“ Je.. Je ne suis pas déguisée… J’ai… Froid au visage ! ”

Le profond silence qui suivi amplifia le ridicule de sa justification. Si le capuchon de la petite albinos avait été baissé, son interlocuteur aurait pu la voir devenir rouge comme une pivoine devant un mensonge si malhabile. Pour se donner une contenance, Blanche tenta de détourner le sujet en s'intéressant à la troisième question.

" Vous voulez jouer ? À quoi ? Je ne sais même pas qui vous êtes. "

À l'instar de son compagnon de discussion, la fillette se mit à dévisager son interlocuteur. Mais rien à faire son regard ne parvenait pas à percer les ombres du large chapeau. Elle resta finalement fixée sur les deux cercles lumineux que formaient les yeux de l'inconnu, fascinée qu'elle était par leur aspect.
Leur échange de regard fut alors interrompu par le propriétaire des lieux qui, répondant à la première question du nouvel arrivant, s'avançait vers eux un bol en bois à la main. Dedans, une soupe de légumes fumait doucement. Le vieil homme tendit le récipient au personnage chapeauté en souriant malgré sa fatigue apparente.

" Tenez. Nous n'avons pas grand chose pour subsister mais jamais je ne laisse quelqu'un subir la faim dans ma chapelle si je peux partager. " présenta t-il de sa voix paisible. " Il y en a aussi pour vous si vous le désirez. " ajouta t-il en souriant à Blanche.

La fillette refusa d'un léger mouvement de tête, remerciant l'hôte d'une petite voix gênée. Elle connaissait la faim et la pénurie qui frappaient les habitants de Nottingham et elle ne préférait pas entamer les rations du prêtre.
Elle se concentra plutôt sur l'inconnu joueur qui ne lui avait toujours pas dévoilé son nom, attendant une réponse de sa part.
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Adrix continuait de fixer la mystérieuse inconnue, peu inquiet qu'il était de la proximité évidente. Malgré ses yeux luminescents, son regard ne parvenait pas à percer l'anonymat de la capuche. C'est tout juste s'il parvenait à entrevoir quelques piètres détails, une parcelle de peau ici, des lèvres dont la charnure traduisait la marque des jeunes années ou encore un menton délicat dont il n'aurait su dire s'il appartenait à un garçon ou une fille. En fait, à part que son interlocuteur était humain, il n'avait pas la moindre miette d'information, et cette frustration ne le rendait que plus curieux encore. Oh bien sûr, il aurait pu tenter de retirer le vêtement avec une petite bourrasque ou une bêtise du genre, mais il retint ses pouvoirs magiques. Il était comme un bambin face à un paquet cadeau, impatient de le déballer pour découvrir la surprise, mais trop respectueux du synchro-saint ruban rouge pour se jeter dessus comme un primate. En apprendre plus sur celle qu'il avait déjà désignée comme nouvelle camarade était un jeu en soit dont il ne voulait pas se gâcher la surprise. Résoudre l'énigme de manière brutale aurait été de la triche, et il n'était pas encore suffisamment titiller dans son égo pour faire un tel caprice.

“ Heu… Blanche… Enfin je m'appelle Blanche… “

A cette réponse, petit sorcier recula. Sa main gantée vint servir de support à son menton dans une mimique pensive assez peu justifiée. "Blanche".... En voilà un nom qui n'était pas courant.  Ses parents devaient avoir un sens de l'humour bien à eux pour nommer ainsi leur bambin selon une couleur. Cela ne faisait que rajouter plus encore d'intérêt à cette curieuse gamine dont le sexe était enfin identifié. Si son patronyme n'avait pas suffit à lever l'incertitude, la petite voix aigue et le timbre efféminé s'en serait chargés avec les honneurs.
Sous son grand chapeau, Adrix répéta ce nom dans un murmure, comme s'il voulait en apprécier la sonorité.

-Blanche, Blanche, Blanche...

Il aimait bien. Les syllabes roulaient naturellement sur sa langue, et ce n'était pas trop compliqué à mémoriser à son goût. Le petit dandinement ravis qui agitait son postérieur trahissait sa bonne humeur soudaine. Il semblait trépigner au rythme d'une mélodie qu'il était seul à percevoir. Et comment l'en blâmer ? Cela faisait si longtemps qu'il n'avait plus pu prononcer le nom d'une amie de cette façon. Cela avait beau n'être là que la plus élémentaire des communications, il n'avait plus goûté à ce genre de contact depuis des mois. Les gens de la Cité du Crépuscule, après des semaines de tyrannie, étaient devenu trop méfiants pour ouvrir leur cœur à un hurluberlu dans son genre. Il re-goûtait enfin à cette chaleur, calmant quelques peu l'orage qu'était sa psyché.

Ce qui était assez ironique dans cette scène, c'était que le magicien apparaissait comme le plus immature des deux protagonistes, quand bien même ses bandelettes dissimulaient un faciès bien plus âgé que celui de Blanche. Après tout, sous ses faux airs de morveux, Adrix était adulte et vacciné. Mais franchement, à le regarder, qui eut cru un seul instant qu'il avait déjà plus de 20 années derrière lui ? Même si le masque du chapeau tombait, il aurait quand même l'air ridiculement jeune. Sa petite taille naturelle s'avérait une parfaite couverture pour masquer la maturité d'esprit qu'Orochi lui avait dérobé.

" Vous voulez jouer ? À quoi ? Je ne sais même pas qui vous êtes. "

Oh c'est vrai ça ? A quoi jouer ? A quoi jouer ? Il fallait qu'il trouve une activité digne de cette camaraderie nouvelle ! Mais que faire ? Cache cache ? Non trop commun sans doute ! Peut être une partie de chat... Oui mais avec la pluie... L'abondance des choix possibles lui donnait presque le tournis. Il y avait tellement plus d'activités à deux que seul. A force de se contenter de se replier sur son petit monde imaginaire, il avait perdu l'habitude d'y inviter une tierce personne. Hmmmmm. Et s'il l'invitait à exploser des trucs ! Les gens aimaient toujours les explosions ! Avec ça il était sûr de l'impressionner et

" Tenez. Nous n'avons pas grand chose pour subsister mais jamais je ne laisse quelqu'un subir la faim dans ma chapelle si je peux partager. Il y en a aussi pour vous si vous le désirez. "

- Manger !

La seule chose qui pouvait éventuellement détourner Adrix de sa quête de l'amusement c'était bien son estomac. Et si la soupe que le vieux prêtre lui tendait n'avait rien de très ragoutante, il avait trop envie d'un casse croûte pour faire la fine bouche maintenant. Sans autre forme de procés, il piqua le bol encore fumant des mains fatiguées du vieillard, ne se rappelant qu'au dernier moment qu'il était supposé remercier son bienfaiteur.

-'ci m'sieur. Articula-t-il tout juste avant de reporter son attention sur le plat.

En bon garçon gâté qu'il était, l'élu d'Orochi n'avait jamais été un grand fan de légumes. Il aurait préféré des biscuits, mais s'il y avait ne serait-ce qu'un gramme de sucre dans les environs, il l'aurait repéré depuis longtemps. Il avait un sixième sens pour ce qui était de traquer les pâtisseries, et les églises n'étaient pas vraiment les meilleures boulangeries en temps de guerre.
Mais avant d'attaquer la pause déjeuner, le plus risible des membres de la Confédération avait des présentations à terminer.

-Moi c'est Adrix ! J'viens d'arriver dans le coin. Répondit-il du même ton enjoué que tantôt.

Il eut été normal pour Adrix de s'asseoir au côté de Blanche le temps de la dégustation, mais de telles considérations lui étaient étrangères. Plutôt que de profiter du support qu'offrait le banc de bois humide, le manipulateur de la foudre préféra poser son auguste fessier... sur le vide.
C'est exact, son cucul se retrouva comme en suspension dans les airs, prenant appui sur une chaise invisible manufacturé par ses pouvoirs mentaux. Même pour un pratiquant des arcanes accompli, un tour faisant ainsi fi de la gravité n'était pas évident mais le Mage Noir de poche en abusait très largement même pour les activités les plus mondaines. Il appréhendait son espace très différemment du commun des mortels, haut et bas étant au mieux des principes qu'il se plaisait à détourner.

C'est donc assis en tailleurs à près d'un mètre du plancher que notre héros dérangé prit en main la vieille cuillère en bois pour porter à ses lèvres une belle lampée de soupe.

-.....

Quelques longues secondes s'écoulèrent tandis que ses yeux nacrés fixaient la cuillère avec intensité. Comment voulez vous qu'il mange dans cet accoutrement ridicule ? Son visage était difficilement accessible, sans parler sa bouche. Mais il était hors de question pour lui d'ouvrir, ne serait-ce qu'un peu, son déguisement devant Blanche. C'était un genre de verrou mental qu'il s'était imposé inconsciemment : sans une bonne couche de vêtements entre lui et les gens, il se sentait mal à l'aise, menacé. Exposer sa peau, c'était comme laisser son mental fragilisé vulnérable au monde extérieur. Alors, avant d'avaler, il pivota sur lui même, tournant le dos à Blanche le temps d'engloutir sa portion dieu seul sait comment.
Une fois qu'il se considéra rassasié, il s'allongea en tapotant sa bedaine, toujours en lévitation au dessus des bancs, laissant échapper un soupir d'aise.

-Piouf o/ ! Vous jouez à quoi par ici ?

/Désolé pour la longueur et les fautes éventuelles, j’ai pas le temps là ^^ » /

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