Les ténèbres de la nuit venaient de recouvrir complètement la ville de Nottingham, couvrant les habitations d'un voile de silence.
Les rues, déjà très peu fréquentées en ces jours de malheur, s'étaient vidées de toute présence. À cette heure l'endroit avait vraiment l'apparence d'une ville fantôme.
Soudain, rompant l'immobilité ambiante d'un quartier d'artisans, une petite silhouette se faufila comme un chat hors d'une maison.
L'intrus dans ce monde de nuit et de silence s'arrêta à quelques mètres de l'habitation qu'il venait de quitter et lui lança un regard à travers le capuchon de la large cape qu'il avait revêtu. Son arrêt dura quelques secondes, puis il tourna de nouveau les talons et s'avança dans les rues sombres de Nottingham. Au détour d'une ruelle, un léger coup de vent poussa son capuchon vers l’arrière, libéra l’espace d’un instant une chevelure blanche nacrée sous l’éclat de la lune, avant que son propriétaire ne rabatte précipitamment dessus le chaperon de sa cape.
Regardant à droite à gauche pour vérifier que personne ne l’ai vue, Blanche maintint sa capuche sur sa tête d’une main ferme. Si quelqu’un venait à remarquer qu’elle n’était pas d’ici ce serait une catastrophe. Déjà qu’elle se sentait coupable d’avoir désobéi à Allan et d’être sortie en douce de la maison de Griselda. Mais elle n’avait pu résister à un besoin violent de marcher dehors. Cela faisait deux nuits qu’elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, et cela n’avait rien à voir avec ses cauchemars incessants. Depuis l’altercation entre Allan et les gardes deux jours plus tôt, elle avait l’impression d’être perpétuellement au coeur d’une tempête qui s'apprêtait à éclater. Allan était de plus en plus silencieux donnant à la petite albinos l’impression qu’il avait continuellement une épée au dessus de la tête. Griselda de son coté était tellement sous tension qu’elle ne faisait plus attention à ce qu’elle faisait. La veille, elle avait passé une heure à essuyer la même assiette avec son tablier en jetant des regards angoissés à son frère.
Blanche soupira et continua sa marche. Elle avait peur. Peur pour l’avenir des habitants de Nottingham, Peur de ce qu’il allait se passer si la révolte contre la garde prédit par Allan éclatait vraiment. Peur qu’il y ai des morts qu’elle ne puisse éviter… Et c’est ces tourments qui l’avaient tirée du lit après s’être retournés une bonne cinquantaine de fois sur sa couche pour tenter de trouver le sommeil malgré son esprit en ébullition. Discrètement, elle avait quitté la chambre après s'être habillée et avoir chaussé ses bottes et était descendue dans la pièce du bas où elle avait attrapé l'une des capes d'hiver que Griselda laissait pendre à des crochets.
Blanche tourna dans une nouvelle ruelle, se servant des coins sombres pour passer inaperçue. Elle ne savait pas vraiment où elle allait mais elle avait besoin de réfléchir et de se rendre compte directement de la situation à Nottingham. Choses qu'elle ne parviendrait pas à faire en restant enfermée. Que pouvait elle bien faire ? Elle sentait toujours la détresse des habitants, même si ses soins avait pu en soulager quelques uns. Les gens d’ici n’avaient pas beaucoup d’espoir, et la fillette craignait que cela ne finisse par les tuer, si ce n’était pas les mauvais traitement qu’ils subissaient qui s’en chargeraient. Elle se sentait capable de soigner la plus grave des blessures, mais comment soigner des victimes lorsque c’était le malheur qui s'abattait sur eux ? Pourtant elle voulait faire quelque chose pour eux. Elle devait faire quelque chose ! Restait à trouver ce qu’une fille de 12 ans de son gabarit pouvait bien tenter…
La petite mage blanche se stoppa soudain net. A force de marcher, plongée dans ses pensées elle n’avait pas remarqué qu’elle était sortie de la ville. Elle était arrivée devant un bâtiment qui semblait très différent des autres. Il était un peu plus grand, tout en longueur et son toit était en briques et non en chaume comme les maisons alentours. Sur l’un des cotés, un clocher se dressait fièrement. La forme général rappela à Blanche les églises de Medora, mais en plus petit et moins stylisé. Celle ci était plus sobre dans l’aspect et semblait formée d’un étonnant mélange de partie vieilles et neuves, comme si le bâtiment avait été rénové récemment.
La fillette observa un moment les fenêtres et la porte ronde de l’endroit. Puis, prise d’une soudaine envie, elle franchit le muret de pierres qui la séparait de la bâtisse et s’avança vers l’entrée. Elle s’arrêta quelques secondes devant la porte, hésitante. Si elle connaissait certaines croyances de part son éducation, elle n’avait jamais été initiée à un quelconque rite religieux. Mais elle avait entendu dire que les églises et autres bâtiments ecclésiastiques étaient souvent calmes et tranquilles, et celui ci n’avait pas l’air très fréquenté. Et puis, comme pour l’encourager à entrer, une averse commençait doucement à tomber. Aussi elle se décida enfin et poussa la porte.
Elle entra dans une pièce large qui semblait faire quasiment tout le bâtiment. Des bancs étaient alignés tous dans le même sens de part et d’autre de l’allée qu’ils formaient ainsi. Celle ci menait jusqu’à une petite surélévation sur laquelle était posé un autel éclairé de la fenêtre disposée juste derrière. L’endroit mêlait la pierre et le bois, et comme Blanche l’avait espéré, était silencieux et presque vide. La seule personne présente était un vieil homme vêtu d’une bure brune qui allumait une bougie près de l’autel. Lorsqu’il entendit la porte se refermer, il se retourna et adressa un sourire fatigué mais accueillant à la petite fille encapuchonné.
“ Bienvenue mon enfant. Vous avez dû vous faire surprendre par la pluie. Je vous en prie, restez dans cette humble chapelle le temps qu’il faudra. “
Blanche hocha la tête avec gratitude et lui adressa un sourire, avant de se souvenir qu’il ne pouvait pas vraiment voir son visage avec son capuchon rabattu. Elle s’avança donc jusqu’à un banc du fond et s’y assit, se penchant en avant pour croiser ses bras sur le dossier du banc de devant et poser sa tête dessus. Le regard penseur, elle observa l’homme en toge s’occuper de son autel. L’endroit dégageait une ambiance posée et apaisante.
Ici elle pourrait réfléchir au calme sans être dérangée, du moins elle l’espérait...
Mar 20 Mai 2014 - 19:33Les rues, déjà très peu fréquentées en ces jours de malheur, s'étaient vidées de toute présence. À cette heure l'endroit avait vraiment l'apparence d'une ville fantôme.
Soudain, rompant l'immobilité ambiante d'un quartier d'artisans, une petite silhouette se faufila comme un chat hors d'une maison.
L'intrus dans ce monde de nuit et de silence s'arrêta à quelques mètres de l'habitation qu'il venait de quitter et lui lança un regard à travers le capuchon de la large cape qu'il avait revêtu. Son arrêt dura quelques secondes, puis il tourna de nouveau les talons et s'avança dans les rues sombres de Nottingham. Au détour d'une ruelle, un léger coup de vent poussa son capuchon vers l’arrière, libéra l’espace d’un instant une chevelure blanche nacrée sous l’éclat de la lune, avant que son propriétaire ne rabatte précipitamment dessus le chaperon de sa cape.
Regardant à droite à gauche pour vérifier que personne ne l’ai vue, Blanche maintint sa capuche sur sa tête d’une main ferme. Si quelqu’un venait à remarquer qu’elle n’était pas d’ici ce serait une catastrophe. Déjà qu’elle se sentait coupable d’avoir désobéi à Allan et d’être sortie en douce de la maison de Griselda. Mais elle n’avait pu résister à un besoin violent de marcher dehors. Cela faisait deux nuits qu’elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, et cela n’avait rien à voir avec ses cauchemars incessants. Depuis l’altercation entre Allan et les gardes deux jours plus tôt, elle avait l’impression d’être perpétuellement au coeur d’une tempête qui s'apprêtait à éclater. Allan était de plus en plus silencieux donnant à la petite albinos l’impression qu’il avait continuellement une épée au dessus de la tête. Griselda de son coté était tellement sous tension qu’elle ne faisait plus attention à ce qu’elle faisait. La veille, elle avait passé une heure à essuyer la même assiette avec son tablier en jetant des regards angoissés à son frère.
Blanche soupira et continua sa marche. Elle avait peur. Peur pour l’avenir des habitants de Nottingham, Peur de ce qu’il allait se passer si la révolte contre la garde prédit par Allan éclatait vraiment. Peur qu’il y ai des morts qu’elle ne puisse éviter… Et c’est ces tourments qui l’avaient tirée du lit après s’être retournés une bonne cinquantaine de fois sur sa couche pour tenter de trouver le sommeil malgré son esprit en ébullition. Discrètement, elle avait quitté la chambre après s'être habillée et avoir chaussé ses bottes et était descendue dans la pièce du bas où elle avait attrapé l'une des capes d'hiver que Griselda laissait pendre à des crochets.
Blanche tourna dans une nouvelle ruelle, se servant des coins sombres pour passer inaperçue. Elle ne savait pas vraiment où elle allait mais elle avait besoin de réfléchir et de se rendre compte directement de la situation à Nottingham. Choses qu'elle ne parviendrait pas à faire en restant enfermée. Que pouvait elle bien faire ? Elle sentait toujours la détresse des habitants, même si ses soins avait pu en soulager quelques uns. Les gens d’ici n’avaient pas beaucoup d’espoir, et la fillette craignait que cela ne finisse par les tuer, si ce n’était pas les mauvais traitement qu’ils subissaient qui s’en chargeraient. Elle se sentait capable de soigner la plus grave des blessures, mais comment soigner des victimes lorsque c’était le malheur qui s'abattait sur eux ? Pourtant elle voulait faire quelque chose pour eux. Elle devait faire quelque chose ! Restait à trouver ce qu’une fille de 12 ans de son gabarit pouvait bien tenter…
La petite mage blanche se stoppa soudain net. A force de marcher, plongée dans ses pensées elle n’avait pas remarqué qu’elle était sortie de la ville. Elle était arrivée devant un bâtiment qui semblait très différent des autres. Il était un peu plus grand, tout en longueur et son toit était en briques et non en chaume comme les maisons alentours. Sur l’un des cotés, un clocher se dressait fièrement. La forme général rappela à Blanche les églises de Medora, mais en plus petit et moins stylisé. Celle ci était plus sobre dans l’aspect et semblait formée d’un étonnant mélange de partie vieilles et neuves, comme si le bâtiment avait été rénové récemment.
La fillette observa un moment les fenêtres et la porte ronde de l’endroit. Puis, prise d’une soudaine envie, elle franchit le muret de pierres qui la séparait de la bâtisse et s’avança vers l’entrée. Elle s’arrêta quelques secondes devant la porte, hésitante. Si elle connaissait certaines croyances de part son éducation, elle n’avait jamais été initiée à un quelconque rite religieux. Mais elle avait entendu dire que les églises et autres bâtiments ecclésiastiques étaient souvent calmes et tranquilles, et celui ci n’avait pas l’air très fréquenté. Et puis, comme pour l’encourager à entrer, une averse commençait doucement à tomber. Aussi elle se décida enfin et poussa la porte.
Elle entra dans une pièce large qui semblait faire quasiment tout le bâtiment. Des bancs étaient alignés tous dans le même sens de part et d’autre de l’allée qu’ils formaient ainsi. Celle ci menait jusqu’à une petite surélévation sur laquelle était posé un autel éclairé de la fenêtre disposée juste derrière. L’endroit mêlait la pierre et le bois, et comme Blanche l’avait espéré, était silencieux et presque vide. La seule personne présente était un vieil homme vêtu d’une bure brune qui allumait une bougie près de l’autel. Lorsqu’il entendit la porte se refermer, il se retourna et adressa un sourire fatigué mais accueillant à la petite fille encapuchonné.
“ Bienvenue mon enfant. Vous avez dû vous faire surprendre par la pluie. Je vous en prie, restez dans cette humble chapelle le temps qu’il faudra. “
Blanche hocha la tête avec gratitude et lui adressa un sourire, avant de se souvenir qu’il ne pouvait pas vraiment voir son visage avec son capuchon rabattu. Elle s’avança donc jusqu’à un banc du fond et s’y assit, se penchant en avant pour croiser ses bras sur le dossier du banc de devant et poser sa tête dessus. Le regard penseur, elle observa l’homme en toge s’occuper de son autel. L’endroit dégageait une ambiance posée et apaisante.
Ici elle pourrait réfléchir au calme sans être dérangée, du moins elle l’espérait...