Une jeune vampire, toute de fourrure noire vêtue observait la ville en contrebas depuis une dune de neige. Un désert glacial et la ville de Noël qui se laissent jour après jour dévorer par les incessantes tempêtes de neiges. Le vent est trop fort, la neige vole partout obstruant la vue. On distingue juste quelques lumières, et des guirlandes qui faiblissent. Comme des étoiles, certains s'éteignent pour ne jamais réapparaitre. Cette ville n'est pas vide, le béhémoth a fait énormément de dégâts... il reste forcément des traces au passage d'un tel sans-coeur. Aux yeux de cette grande enfant qu'est Ariez, la ville de Noël est ouverte a quantité de possibilités. La moitié des lutins ont été emportés pour être fait esclave... mais qu'était devenu l'autre partie ? Ça la hantait, ne pas savoir la rendait nerveuse. Ainsi la voilà, approchant à pas pressé de la ville. Le vent ne faiblissait pas...
La ville était vide... devenue inquiétante, on croirait voir des fantômes dans le blizzard. Ça en devenait insupportable, le vent était si glacial qu'il en brûlait la peau. La Princesse en devenait tremblante comme une feuille, ses membres engourdies. Son visage et même ses cheveux se faisaient petit à petit envahirent de givre. Ça n'a rien d'étonnant... sans l'usine, sans les lumières, avec les fours éteints... sans tout ça, sans noël, l'hiver reprend ses droits.
L'invocatrice se frottait les bras pour se réchauffer, chassant le givre qui grimpait le long de son manteau noire. Ariez n'en pouvait plus et faute d'être moins frileuse fermât les yeux, joignit ses mains gantés comme si elle priait. De la chaleur.... elle murmurait en silence sa complainte, le froid la tuerait.
Une vague chaleur s'empara d'elle, une montagne de muscles brûlants comme l'enfer du nom d'Ifrit apparut. Par sa simple présence il faisait fondre la neige et s'évaporer l'eau. La Princesse se retourna et délicatement, les bras craintifs, posa ses mains sur les joues de la chimère. Il ouvrit la gueule, laissant rapidement dépassé sa langue de bête. Ariez a toujours eu un faible pour les monstres et celui-là, elle le trouvait mignon. D'un main maintenant réchauffé elle lui fit une douce caresse.
La Princesse reprit son inspection des lieux... étrangement, elle ne croisa aucun cadavre de lutin. Peut-être que la neige les a ensevelies... rapidement elle se leva, un son ayant attiré son intention. Ariez se savait parfois un peu trop méfiante mais elle avait entendu quelque chose, elle en était sûre.
Le blizzard semblait redoubler de violence, on y voyait pas à deux mètres. Ifrit n'était plus simplement un confort, ce vent pourrait tuer la Princesse ! Elle ne pouvait pas se permettre de s'éloigner de son invocation. Il la suivait, juste derrière elle, au point de la faire transpirer. Ça l'énervait... son monstre était la seule lumière et une forte, elle était sûre d'avoir déjà été repérer. Mais par quoi ? Rien d'amical pour sûr.
Encore... des petits bruits, rapides et légers. Multiple, comme un mille-patte géant qui court. Ça rode... c'est insaisissable, imperceptible. Ariez sait qu'il est là, parce qu'il le veut bien. Ifrit s'agite, devient nerveux... comme s'il avait sentit quelque chose. La chimère voulait déjà partir en courant, retenue par une petite main posé sur son immense bras. D'un regard de jeune fille plaintive, elle lui fit comprendre de ne pas s'éloigner d'elle, à aucun moment. Même s'il doit laissez filer l'ennemi pour ça.
Bien... quelque chose se cache dans les parages, elle en était maintenant persuadée. Qu'il vienne si ça lui chante... au-delà de sa curiosité, de sa satisfaction devant le fait accompli, elle était ici pour une raison des plus précises.
Tic, tac... tic, tac....
Ifrit attrapa violemment Ariez par le bras et s'éloigna avec elle, une explosion retentit, réduisant au silence jusqu'au blizzard. Son cœur n'aurait pu battre plus vide que déjà, elle entendait des petits rires vicieux tout autour d'elle... encore sous le choc et maudissant le blizzard, la princesse se mit à sonder l'espace dans un rayon de cinq mètres. Mais évidement, ils ont pris leurs distances...
Leurs rires ne la rassurait pas du tout, la princesse semblait encerclée de toute part. Comme s'ils l'avaient souhaités, Ariez apercevait maintenant des myriades d'yeux jaunes à travers le blizzard. Est-ce que c'était... ? Il lui fallait une confirmation.
Des flammes s'échappaient de la gueule d'Ifrit et son corps se couvrit de flamme alors qu'il cracha une colonne de feu ardente. Balayant l'horizon, elle en entendit quelques uns hurler à la mort. C'était désagréable, tant ils avaient la voix aiguës, comme des enfants possédés. Durant le bref moment de lumière, elle aperçu de petits êtres faits d'ombres... semble-t-il avec quatre bras, elle n'était pas tout à fait sûre encore....
... mais si c'était bien l'autre moitié des lutins, les plans de la Princesse ne s'en porterait que mieux.
" AAAAAAAAAAAAAAAAH ! "
Complètement aveugle, une créature avait bondis jusqu'au visage d'Ariez en hurlant à la mort. C'était horrible, il bougeait et frappait la princesse avait un jouet en bois. Ifrit l'attrapa au bout de quelques secondes au creux de ses griffes, allant simplement l'écraser...
" NON ! " Hurla-t-elle juste à temps, essoufflée et le crâne la faisait souffrir. Elle avait besoin d'une pause. " Montre-le moi... "
Ariez en restait sans voix... ça ne devrait pas, mais ça l'étonnait. C'était autrefois un lutin, il avait encore l'accoutrement d'ailleurs. C'était devenue un sale petite monstre, une saleté sans nom. Un corps fait d'ombre avec quatre petit bras, des yeux jaunes vides et vicieux... et ce sourire plein de grandes dents. Il était immobile, semblant craindre pour sa vie. La Princesse n'en revenait pas... il était vide mais tout calme, ne bougeait plus. Ariez s'approcha pour mieux l'observer... une de ses mains attrapa ses cheveux pendant que trois petits poings la boxait. Ifrit l'acheva mais la Princesse... restait sans voix devant ses petits corps faits d'ombres et de haines.
Plus la lumière est forte, plus l'ombre est dense. Les lutins travaillent toute l'année pour noël, sans salaire. Ils mettent dans leurs jouets du temps, de la passion et du cœur. De la même manière qu'Ansem est resté un scientifique malgré son état... les lutins ont du continué à construire des jouets.
La Princesse chercha du regard le jouet avec lequel il frappait, encore un peu sonné par ses coups. Les autres ont du fuir... ou bien attendent tapis dans l'ombre. C'est pas rassurant, Ifrit n'est pas si vif, il peut en gérer un. Allez, deux... peut-être trois. Mais dix le déborderait déjà largement, il ne les intercepterait pas tous.
Qu'importe, Ariez se penche et lentement attrape le jouet. Ifrit regarde, curieux, le soldat zombie en bois. Un effrayant soldat squelette, couvert de sang... l'invocatrice pose un doigt sur sa tempe. C'est son sang sur cette plaie... d'un claquement de doigt, elle invoqua un pot magique pour se soigner.
" On doit absolument trouver cette usine... je parierais un château que ça sera plein à craquer là-dedans. Tu veux savoir ce que je compte faire Ifrit ? "
Il ne répondit pas, mais tel un chien, Ifrit observait Ariez avec une lueur d’intérêt dans les yeux. Elle lui lança, amusé, la voix douce et un peu faible que précédemment.
" Tu t'en fiche je parie, c'est pas grave ! "
La Princesse se faisait douce avec sa chimère, elle appréciait plus que tout cette chaleur qui se dégageait de lui. Quand le pot magique eut finit son œuvre elle le renvoya. Ariez avança à travers la ville redevenue étrangement calme et arriva finalement jusqu'à l'usine, accusant encore le coup... mais le toit a semble-t-il été réparé. La Princesse avança jusqu'à une fenêtre pour y regarder discrètement... ses yeux se remplirent d'étoiles, elle était comme une enfant devant le sapin. Elle lorgnait sur cette usine comme on bave devant un paquet qu'on a pas le droit d'ouvrir.
La Princesse n'a pas détruit Noël... elle l'a corrompu. Un sans-coeur garde parfois des traces de son passé, de ce qu'il était avant. Sauf que ça n'a plus rien de comparable... les ténèbres possèdent et corrompent. Aujourd'hui les lutins on quatre mains dextres, ils sont rapides et hargneux. Elle les regardait s'activer, certains s'affairaient à réparer l'usine tandis que d'autre recommençait déjà à construire des jouets... dans un coin de la pièce, on apercevait une montagne de jouet effrayant. Ifrit observait lui aussi, indifférent.
L’œil de la jeune fille fut attirer par un groupe de quatre lutins. Ils s'affairaient autour d'un grand pantin, habillé comme un soldat casse-noisette et au visage de bois parsemé de blanc... comme un bouffon ou un clown. Finalement le pantin se leva, se mettant à marcher de lui-même, se mettant à danser ! Puis le jouet poignarda sans crier garde un des lutins... ils arrivèrent par dizaine, bondissant comme une bande de sale gosse sur la machine qu'ils désossèrent.
La seconde d'après ils étaient tous retournés au travail. Incroyable... une usine au rythme infernale. La Princesse s'en était voulu d'avoir exterminé la moitié des lutins, elle qui pensait qu'elle avait fait une erreur... que ça l'avait priver d'esclaves. Si elle parvint à prendre le contrôle de ses lutins... plus que des esclaves, elle aura des ouvriers.
Vu les cadavres de jouets un peu partout, ils ne sont pas encore au point... mais gageons qu'ils auront déjà fait une belle production pour noël.
La Princesse rentra par la grande porte, renvoyant Ifrit une fois à l'intérieur. Un sans-coeur ne se paye pas, ne se soudoie pas, on ne peut l'effrayer ou le convaincre... un sans-coeur ne suit que ses instincts. Un sans-coeur se domine et de la plus simple des manières...
Ariez ferma les yeux, fière comme une reine et ricanant des lutins. L'ombre de la jeune femme changea de forme pour prendre celle d'un sceau, brillant d'une lumière violacée malsaine. Il devint de plus en plus sombre, les lutins n'en bougeait plus. Ni Ariez, ni son sceau ne les ont calmer...
...tous les lutins ressentirent pourtant la présence de Zodiachre, des morceaux du monstre visibles à travers les vitres. Sans le distinguer, on le devinait présent dans ce Blizzard que lui ne craint pas. Tout semblait plus sombres et l'usine, dernier endroit plein de lumière voyait ses lumières chavirer une à une. Le vent était plus violent, la neige plus froide.
La seule lumière encore présente, c'était une ampoule à la lueur pâle suspendu au plafond. La Princesse, juste en-dessous, observait l'usine, tentant tant bien que mal d'en saisir le fonctionnement. Ce n'était qu'un bazar sans nom de machines infernales, de pièces de récupération et de bruits de fonds à moitié couvert par le Blizzard. Dans la nouvelle obscurité de la pièce, Ariez apercevait des lumières jaunes braqués sur elle. C'est plus difficile que prévu... ils n'attaquent pas, mais ils en ont envie. La Princesse ne parvint... qu'à les contenir, comme si elle était encore dans leurs mémoires, ils luttaient contre sa volonté.
" AU TRAVAIL ! "
Ils se sont tous mis à bouger, soudain frénétique.... Ariez sursauta, pensant au départ qu'il l'attaquait. Ils se mettaient bien au travail. Ils ne mangent pas, ne boivent pas, savent se défendre tout seul et ne risquent pas de demander quelque chose en retour de leur travail. Néanmoins... Ariez se surprenait à avoir du mal à les tenir.
" Je préfère ça... "
La volonté des lutins fait front, d'un seul bloc. Comme si... ils avaient garder ce lien qui les unissait autrefois. Mieux valait qu'elle y aille, pour l'instant... même si elle ou quelqu'un d'autre devra passer régulièrement. Les lutins sans-cœurs se rebelleraient à la moindre occasion, ils ont besoin d'être... contenus.
Une explosion alerte Ariez, plus loin... un des cadeaux vient d'exploser. Faisant voler une tête de bouffon figé dans un sourire, une crête de faux cheveux oranges sur la tête. Une tête non pas drôle, non pas sympathique... une tête de désaxé. Une usine d'armes...
Ariez ne tarderait pas plus, elle devait prendre au plus vite des dispositions pour garder cet endroit.