Bière Frappée

Clang ! Clang ! Clang !
Des coups de marteau résonnaient sur l'enclume.
Clang ! Clong ! Clong !
Qui travail si tôt dans la matinée ?
Clong ! Clong ! DONG !
Dong ? C'est pas le bruit d'une enclume ça.
J'ai commencer à émerger en ouvrant difficilement un oeil.
Dong ! Dong! Dong !
Un clocher du coin sonnait midi.
Merde... et quelle coin ?

Je frottais la bave des lèvres et m’essuyais les yeux... un truc du genre. J'me suis gratté l'entre-jambe avant de voir qu'une petite vieille me regardait d'un air outré. J'lui ai rendu son regard en essayant d'imiter sa tête. J'crois qu'elle a eu peur vu comme elle fuyait de toute la vitesse de son déambulateur.
Étant enfin tranquille dans la rue déserte, j'ai levé la tête pour regarder l'insigne accroché au-dessus.

« Brasserie Storm...quel'qu'chose ?»

Une brasserie ? Les souvenirs commençaient à m'revenir, une balade en ville...du bordel sur la place ...un ours bizarre sur une estrade, probablement un spectacle de rue...un certain Germain qui m'tend une bière perché sur un tonneaux... la beuverie qui a suivie...merde.

J'ai senti un truc dans mon dos, c'étaient les fragments d'un tonneau sur lequel j'me suis étalé. Et puis j'ai remarqué un torchon accroché à ma botte. En le prenant j'me suis aperçu que c'était un pantalon taché de couleurs indéfinissable. Décidément...merde.

Je m'suis tourné vers le gars qui m'parlait. C'était l'ours bizarre de la veille et ouai, il était en slip.

« J'crois qu't'est assez mal placer pour te foutre de la gueule du monde monsieur ''j'tiens pas c'que j'distribue''. Allé tien.»

J'lui ai balancé son froc avant d'essayer de m'relever... assez péniblement. J'me suis appuyé sur un des tonneaux restant pour me redresser mais ça tient pas ces trucs. La barrique a couiné et craqué et j'me suis de nouveau étalé contre le mur qui a tremblé sous le choc faisant se balancer légèrement l'insigne.

« Foutu merde en bois »

J'commençais doucement à en avoir mare de traîner parterre alors j'ai empoigné mon marteau et j'l'ai encastré dans les pavés. En m'appuyant sur le manche j'avais un bien meilleur appui. Une fois debout, j'ai remis mon outil en place dans mon dos et j'ai fait quelque pas dans la rue. La gueule de bois de la veille me faisait encore tituber un peu mais j'étais capable de retourner à la forge. Si y avait pas de commande j'pourrais m'rallonger une petite heure.

Avançant tranquilement dans l'allée, j'passais à côté de l'ours. Il était encore plus bizarre vu de près et j'me demandais bien où le consulat avait dégoté un gars comme ça. Et puis c'est quoi c'chapeaux de paille ?

Baver dans la ruelle ? Apprendre les bonnes manières ? DÉDOMAGER ?! Mais y s'est pris pour qui là ? Y n'tien pas à ses dent c'ui-là à emmerder son monde dans la matinée...midi...c'est pareil. Attendez... il a dit quoi sur mon poids ?

« Pour commencer, j'ai amoché que deux tonneaux et puis ensuite s'ils ne tiennent pas c'est que c'est d'la merde tes barriques. Investis dans des fûts en acier, y tiendrons mieux. Un prix d'amis pour te les faire, c'est l'seul dédommagement qu't'aura d'moi. »

Les insultes ça va bien deux minutes mais faut pas déconner. J'étais d'jà bien gentil de lui proposer mes services. En temps normal j'aurais accepter le dédommagement, mais ça c'est si j'suis responsable et pour des gens sympathiques. Là c'est sa binouze qui m'a mi dans cet état et en plus il m'insulte. J'étais à deux doigts de lui coller ma main dans l'museau moi.

« J'me pousserais si j'étais toi. Le monsieur il aimerait rentrer à sa forge maintenant. »

J'avais un peu de mal à comprendre ce gars. Il était plutôt petit et il n'avait pas l'aire du genre qui cherche la bagarre, il ne portait même pas la moindre protection. Ça d'vait être un bon baratineur pour s'être fait une place au consulat parce que d'après moi, il avait l'air d'un boulet.

« HA! Un défi ? Et sur mon prop' terrain en plus ? T'as pas une chance, j'suis l'meilleur forgeron du coin. J'vais t'les faire tes fûts, de toute façon tu les payera tôt ou trad. HA ! »

C'est à peu près c'que j'lui ai dit c'jour là. Et aujourd'hui, l'jour du défi, j'le pense pas moins. Les tonneaux c'est jamais qu'des plastrons cylindriques fermé. Cinq en une soirée c'était vite torché et avec le stock d'armes, d'armures et d'objets en tout genre que j'avais, mon étale déborderait.

N'ayant pas besoin d'en rajouter, j'ai profité d'mon temps libre pour en apprendre plus sur ce Chen. Selon les quelque gars qui l'avaient croisé au consulat, son art c'était la brasserie (chose que j'savais d'jà) et qu'il le maîtrisait parfaitement. Sa réputation était renforcée par les rumeurs en ville. Il avait bien eu l'temps d'faire sa pub parmi les habitants et ça risquait d'jouer à son avantage. J'en avais pas tant fait moi.

J'doutais pas d'ma victoire mais j'voulais pas qu'on puisse la mettre en question à cause d'un p'tit écart. J'ai donc voulu creuser cet écart à l'avance en profitant de mes nouvelles compétences d'orfèvre. Les bijoux attirent les femmes et les hommes qui veulent leur plaire, en ajouter à ma marchandise ne ferait pas d'mal.

Maintenant me v'la sur l'marché à quelques étales d'la sienne. Le nom ''La Forge du Marteau Noir'' inscrit sur la plaque au dessus d'ma tête, j'étais prêt.

« La chance c'est pour les amateurs ! »

À peine j'avais crié ça qu'des clients approchaient d'jà. D'abord par curiosité de voir un géant sur le marché, puis par curiosité de voir la qualité des marchandises.
Hommes, femme, vieux et jeune, tout l'monde trouvait bien quelqu'chose. Au début c'était surtout les p'tites vieilles venu acheter leurs légumes qui passaient pour regarder les bijoux et les enfants pour quelques animaux en fer forgé. Mais assez vite, des gars venaient pour chercher des outils de qualité.

Malgré ça, mon début sur l'marché était lent à démarrer. Certains étaient encore intimidé par ma taille et n'osaient pas trop s’approcher préférant longé l'autre côté de l'allée ou s'trouvait l'étalage du brasseur. J'y ai même vu la vieille au déambulateur de la semaine passée. Il était temps de faire ma pub.

« Approchez ! Approchez ! Venez admirer les merveilles sorti des forges du consulat. Vous là m'sieur, vos outils en bois casse trop vite ? Essayez en avec un manche en métal, fait d'matériaux aussi légers qu'solides ! Mesdames, voyez les plus belles parures en argent d'Agrabah. Soyez à la dernière mode de New York ! Besoin de quelqu'chose ? J'le sort d'ma forge pour vous ! Approchez ! »

L'argent commençait enfin à rentrer. J'savais qu'ça viendrait. Triomphant j'ai jeté un coup d’œil du côté du brasseur.

Ha ! J'l'aurais deviné ! Il n'vend presque rien...bah...qu'est ce qui lui prend à la vieille ? Oh putain d'bordel de merde, cette vieille bique mériterait que j'lui fasse sauter l'dentier à coups d'marteau.

Pendant qu'les clients regardaient les marchandises et qu'personne ne faisait attention à moi, j'lançais discrètement un p'tit marteau dans sa direction. C'ui-ci percuta l'insigne d'un magasin, ricocha contre son déambulateur c'qui la fit s'vautrer avec ses tonnelets et le marteau revint vers moi en glissant sur les pavés de la place. Bien fait pour sa gueule.

Arrêtant l'outil du pied j'me concentrais de nouveau sur ma clientèle qui avait légèrement diminuée entre temps. Les femmes qui s'intéressaient aux bijoux commençaient à rentrer chez elles après les courses du matin.
Quelques enfants dépensaient encore leur argent d'poche en jouets mais y commençaient à avoir plus envie des pâtisseries d'la boulangère d'à côté, normale à l'approche de midi.

Même si les ventes diminuaient un peu, l'argent rentrait encore. J'avais pensé à prendre une p'tite enclume avec moi pour au cas où. J'avais bien faite vu qu'pendant tout l'temps de midi le gros d'mon revenu venait des réparations sur place. Un collier à ajuster, une monture à ferrer et d'autres p'tits travaux faciles mais qui avaient leur prix. Un forgeron qui ne vend pas le fruit de son travail peut toujours vendre ses services.

On commençait à tirer sur l'après-midi quand j'remarquais qu'les étales d'à côté s'vidaient. D'abord j'comprenais pas trop, puis j'me suis rappelé que l'marché ne durait pas toute la journée. Les autres autour de nous rangeaient d'jà leurs marchandises alors qu'nous on continuait jusqu'en début d'soirée.

Alors qu'les marchands s'apprêtaient à partir, les clients rentraient eux aussi chez eux. J'dois admettre qu'là j'ai douté. J'vendais presque plus rien depuis une demi-heure alors qu'les poivrots d'en face entamaient leur troisième tonneau. J'commençais à perdre le peu d'avance que j'avais pris au matin.

« Excusez moi, monsieur ? À combien vous faites cette paire de ciseaux ? »

J'avais tellement calé sur l'panda et ses ivrognes que j'avais pas vu approcher le p'tit vieux. C'était l'tailleur de l'autre bout d'la place qui tenait entre les mains des ciseaux en argent tiré de mon stock.
À peine j'les lui ai vendu qu'le menuisier de deux échoppes plus loin m'demanda un assortiment de gouges et de maillets, suivi du luthier et d'la boulangère.

En un rien d'temps presqu' tout les artisans du marché s'retrouvaient devant mon étale discutant de la haute qualité de mes œuvres. Ayant passé la journée à vendre leurs propres marchandises, y n'avaient pas su venir avant. Avant mon arrivée l'seul moyen d'renouveler son outillage c'était l'import par la Shin-ra.

Après l'départ des artisans et quelques p'tites ventes de dernière minutes j'ai enfin vendu jusqu'à mon dernier couteau.

J'ai ramassé deux trois clous plié qui traînaient, remballé mon enclume et retiré les cales qui bloquaient les roues du chariot maintenant vide. Il m'faudrait du temps pour refaire un stock pareil.

La journée avait été plus que rentable et ayant tout vendu, j'étais sur d'gagner. Mais une journée sur l'marché m'avait usé plus que la fabrication d'toute la marchandise vendu. L'seul fait d'penser au brasseur et à ma récompense me rappelais à quel point j'n'avais ni bu ni manger depuis l'matin. La bière de Stormstout me faisait assez envie maintenant.

J'poussais ma charrette vers Chen qui remballait lui aussi son bordel. J'commençais à m'venter d'avoir écoulé tout mon stock avant d'remarquer qu'lui aussi semblait n'plus rien avoir à vendre.
Ma bouche était sèche.

Le remboursement des fûts était largement payé, plus de quoi rembourser les matériaux au consulat et en racheter de nouveaux. En plus les artisans de la ville étaient devenu de bons clients, il reviendront pour de meilleurs outils. Finalement c'est un gars bien ce Chen, et puis il m'a donné à boire !

« Aah ! J'me suis bien trompé sur ton compte Chen. Allez à la tienne p'tit gars ! »

... j'me rappel plus trop d'la suite, j'ai p't-être éclaté un ou deux d'ses derniers tonneaux en bois, mais bon ça lui fera une raison de passer à la forge un d'ces jours.

En fait avec Chen y a bien moyen d'se fendre la gueule. C'est un vrai bonhomme qu'a bien mérité sa place et son titre. Faudra qu'on croise le fer pour voir un jour. Un bonne baston à l'amiable, avec un bon ami.