Toujours rien. Pas de contrats pour moi. Je commençais a m'ennuyer après une semaine de calme plat. Je passais mes journées a errer dans Port Royal sans autre but que de faire passer le temps. Quelquefois, je restais au Centurio, assis a ma table toute la journée a boire des verres et à regarder les clients défiler. Lorsque quelqu'un rentrait, il y avait toujours en moi ce petit espoir pour qu'il nous délivre une mission. Hélas, rien, toujours rien.

    Ça ne pouvait plus durer. Un beau jour, en plein milieu de la matinée, je quittais ma table et sortis. Non, j'en avais assez de Port Royal, je voulais changer d'air. C'est pour cela que je me dirigeais vers le Port. Là-bas, plusieurs dizaines de bâtiments stationnaient, sans leur équipage. Ça ne m'arrangeait pas du tout.

    Alors que je marchais le long des quais, je croisais la route d'un Capitaine de navire, qui se ventait de la capacité de son bateau a voyager entre les mondes. Je me retournais et posais une main sur son épaule. Il se retourna a son tour et afficha un grand sourire.


    Alors mon garçon, tu veux quitter Port Royal, c'est bien ça ?

    Oui. J'aimerais voir autre chose que cette ville.

    Bien, alors monte !

    Il me montra du doigt son navire. Il était immense et possédait trois grands mâts. Son bois était sombre, tout comme les voiles. Dessus se trouvaient déjà plusieurs personnes, elles aussi prêtes pour le voyage. Je montais a son bord, saluant les quelques personnes qui daignèrent me saluer. Il y avait très peu de place sur le pont, aussi je pris des escaliers pour arriver dans la cale. Ici, déjà, l'air y était respirable.

    La cale était assez grande. Plusieurs barils de poudre et de marchandises y étaient entreposées. Il y avait des hamacs aussi pour que les passagers puissent se reposer durant le trajet. Un grand couloir avec plein de portes se trouvait un peu plus loin dans la continuité de la pièce. C'étaient les quartiers de l'équipage. Je haussais les épaules, et m'allongeais dans un des hamacs. Je fermais les yeux quelques minutes.

    Lorsque je les rouvris, plusieurs personnes dormaient dans les hamacs autour de moi. Sans faire de bruit, je me levais et pris une torche. Je repris les escaliers et arrivais sur le pont. Il n'y avait plus personne. La lune, avec la torche, étaient les seules sources de lumière. Je m'approchais du bord du navire et regardais l'eau.


    Tu ne dors pas gamin ?

    Le Capitaine non plus ne dormais pas apparemment. Je l'entendais se rapprocher de moi.

    A moins que tu n'aies eu envie de pisser !

    Il se mit a rire, moi, je restais stoïque. Sa voix était rocailleuse, je n'aimais pas l'entendre. Aussi, je me retournais, et le regarda droit dans les yeux.

    Non, je me suis réveillé je voulais me dégourdir les jambes. Excusez-moi, je retourne me coucher.

    Je me dirigeais vers le capitaine, seul obstacle entre les escaliers et moi, et il se poussa. Arrivé aux hamacs, je retournais me coucher. Pourquoi étais-je parti de Port Royal ? Certes, ce n'était pas définitif mais... s'il se passait quelque chose, je ne serais pas là... S'il y avait une mission... Tant pis. Je ne pouvais plus faire machine arrière de toute façon. Je fermais les yeux des nouveau.

    Le son d'une cloche me fit me réveiller en sursaut. Il en était de même pour les autres passagers. Je me levais d'un bond et me frottais les yeux.

    Terre en vue ! s'écria le capitaine, une longue-vue dans les mains. Je me précipitais sur le pont, et au loin, je voyais le port d'une autre ville. L'air avait changé lui aussi, il n'y avait plus cet air sale de Port Royal. Je montais rejoindre le capitaine.


    Dîtes, où sommes nous ?

    Aha, petit. Nous allons bientôt arriver au Jardin Radieux !

    Le soleil se levait a l'horizon, réveillant la ville au passage. Sur les quais, les gens s'activaient, certains ouvraient leurs étals, d'autres préparaient leurs bateaux... Finalement ce n'était pas si différent de Port Royal, la ville semblait juste plus nette.

    Nous accostâmes peut-être une demie-heure après. Devant moi, j'avais de longues rues pavées, que plusieurs milliers d'habitants foulaient chaque jour. Les échoppes se faisaient de plus en plus nombreuses a mesure que je m'enfonçais vers le centre-ville. L'architecture était très hétérogène, tantôt simpliste, tantôt recherchée.

    Cette ville me plaisait, on pouvait y trouver n'importe quoi ! Et elle était peuplée ! Et pas par des pirates. Je continuais de marcher, sans réel but, dans les rues de la ville jusqu'à apercevoir quelqu'un qu'il me semblait connaître. Je me mis a le suivre, me rapprochant de lui... Mon cœur battait. Il battait très fort. Arrivé a sa hauteur, je posais ma main sur son épaule, il se retourna.


    Raven ?

    Je crus faire un malaise. Il était là, vivant, en chair et en os, devant moi ! Il avait survécu ! C'était un miracle !

    Alaric !

    Je n'en revenais pas. La dernière fois que je l'avais vu, il se faisait engloutir dans une marre de ténèbres au Domaine Enchanté. Je le croyais mort !

    Je croyais que tu étais mort !

    Merci...

    Ah... Ça fait si longtemps ! Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Attends, ne dis rien pour le moment. Nous sommes en plein milieu du passage. On va aller dans un endroit plus tranquille, suis-moi.

    Je le suivis dans les rues annexes du Jardin Radieux, jusqu'à arriver devant une grande porte de bois. Au dessus, une enseigne.

    Bienvenue chez moi !

    Nous entrâmes. C'était un bar/auberge, comme le Centurio. Plusieurs personnes armées s'y trouvaient, et une charmante jeune femme était au comptoir.

    Alaric ? Qui est-ce ?

    Un vieil ami. S'il te plait, sers-nous a boire !

    Nous nous installâmes a une table, sous le regard des autres.

    Donc je te demandais... Qu'est-ce qui t'es arrivé ? J'veux dire, c'est un miracle que tu sois encore en vie !

    Je pense la même chose pour toi ! dis-je, le sourire aux lèvres. J'étais vraiment heureux de l'avoir retrouvé. La nuit de l'attaque... Je t'ai vu, tu sombrais dans les ténèbres... Et quelques minutes après, c'était a mon tour.

    Oui, je te voyais. Un de ces démons t'avais attrapé et t'avais emmené vers la forêt. J'avais eu peur a ce moment là, plus peur pour toi que pour moi ! Il me mit une petite tape au bras.

    Qu'est-ce que...

    Rien, j'aurais tout le temps de t'expliquer, mais pas ici. Reste discret là dessus. La dernière fois que j'ai montré mon bras, j'ai eu des soldats de la Shinra sur le dos....

    La charmante serveuse arriva et nous servit nos verres. Alaric n'avait pas oublié mes goûts. Un bon verre de rhum pour moi, et un scotch pour lui. La serveuse me sourit avant de repartir derrière son comptoir.

    Avant de rentrer tu m'as dit « Bienvenue chez moi ». Tu habites ici donc ?

    Oh... Oui, en quelque sorte. Tu es dans la prestigieuse Guilde du Jardin Radieux ! En fait... lorsque je sombrais dans les ténèbres... Je me suis réveillé ici, dans cette ville.

    Tu as eu de la chance. J'ai attéri dans une ville miteuse moi...

    Ah ? Où ça ?

    Port Royal.

    Je vois....

    Et donc, tu t'es réveillé ici, et ?

    Ah, oui. Je me suis réveillé. J'étais complètement perdu. Surtout que les gens me regardaient étrangement avec ma grosse armure. Je n'avais plus rien, et aucun moyen de rentrer au Domaine Enchanté. D'ailleurs, tu y es retourné ?

    Non, pas encore. J'ai peur de ce qui a pu se passer.

    Je te comprends. Bah ! Ils ont sûrement survécu !

    Il me sourit. Je lui rendis son sourire. Il savait être rassurant. C'était dans sa manière d'être.

    Bon, du coup j'étais ici, perdu. Alors, j'ai commencé a travailler a droite et a gauche, jusqu'à avoir assez d'argent pour monter mon truc.

    La Guilde ?

    Voilà ! Tu sais comment ça fonctionne ? Les gens du Jardin Radieux viennent nous voir, ils nous exposent leurs problèmes, minimes ou non, et nous les aidons, contre rémunération !

    Comme le Centurio...

    Le Centurio ? Comment tu connais ? Ah oui, merde Port Royal !

    Ça se voyait que ça faisait un petit moment qu'on ne s'étaient pas vus.

    J... Je suis mercenaire, Alaric.

    Il me regarda les yeux grands ouverts, lâchant son verre de scotch.

    Aha ! T'es con Raven !

    Je te jure, que j'en suis un.

    Ce qui fait de toi un de nos concurrents !

    Concurrent est un mot un peu fort non ? Notre champ d'action ne s'arrête pas a Port Royal, nous nous occupons de tout les mondes qui ont besoin de nous.

    Il resta pensif, puis se leva et alla en direction du comptoir. Il parla avec la serveuse avant de revenir avec elle, le sourire aux lèvres.

    Je me disais... Tu pourrais peut-être nous pistonner non ?

    Comment ça ?

    Bah... imaginons qu'on vienne avec toi, on pourrait peut-être venir au Centurio non ? A la base, c'était notre plan, mais on pouvait pas se payer le voyage, puis après... on pouvait pas tout plaquer comme ça sans raison.

    Eh bien... Pourquoi pas ? Ça me ferait plaisir de t'avoir a mes côtés, Alaric. Toi aussi.

    La serveuse sourit. Elle avait l'air aussi impatiente qu'Alaric à l'idée de rentrer au Centurio.

    Et... les autres... Ils peuvent venir ?

    Je pense. Dans le pire des cas, ils trouveront toujours un truc a faire a Port Royal. On pourra s'arranger. Par contre, je suis venu en bateau, et il part ce soir....

    C'est pas un soucis ça, Raven.

    Il se leva et monta sur une table.

    Hé ! Ce soir, on se casse d'ici ! Le Centurio nous attend ! Mon pote Raven va nous y emmener !

    Ce fut la cohue. Il y eut des chants, et de la danse... Mais nous n'avions pas le temps ! Alors Alaric les pressa, pour qu'ils fassent leurs bagages sur le champ. En effet, il commençait a se faire tard...

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    Un quart d'heure après, nous courrions, Alaric, la serveuse, moi et la dizaine de mercenaires dans les rues du Jardin Radieux, pour rejoindre le port. Nous étions a bout de souffle, mais le désir de rejoindre le Centurio nous redonnait constamment des forces. Jamais je n'avais été aussi de pressé de retourner a Port Royal !

    Nous arrivâmes au port, et embarquâmes sur le bateau. Le capitaine tira une bien étrange tête en voyant tout ce joli monde arriver. Il commença a ouvrir la bouche, mais l'ancienne serveuse lit mit un doigt sur la bouche, lui faisant un clin d'oeil. Quelques minutes après, nous prenions le large, direction Port Royal !