Auron sortait du laboratoire, couvert des blessures infliger par la créature du Dr. Finkelstein. C’était… dénué de sens. La femme corbeau était pitoyable. Être ainsi condamné à la colère, sans cesse, c’est à en devenir fou. C’est tragique et en quelque sorte, la rage est le meilleur moyen de fuir la peine. Cette dernière nous rattrape toujours, cependant… Qu’en est-il de cet oiseau enragé, condamné à fuir toute sa vie ? Y-a-t-il un sort plus terrible que de fuir, de ne pouvoir que nier toute sa vie ? Mais son comportement… Le mercenaire pouvait encore concevoir ce comportement. La pieuvre par contre… l’avait particulièrement dérangé. Un rire triste… Elle ne niait pas, elle mentait. En vérité cette créature était tout à fait absurde, plus encore que la première… Comme cette phrase, plus courante qu’on ne pourrait le penser : Certains disent que si l’on peut tuer par amour, on peut sauver par haine. Difficile d’imaginer des circonstances qui amèneraient à sauver par haine, mais pas impossible. A partir de là… Si on peut pleurer de joie, peut-on rire de tristesse ? En définitive, le comportement de la pieuvre était beaucoup trop étrange et incompréhensible pour que vraiment cela ne l’affecte. Et le corbeau eut été beaucoup trop violent et agressif pour que le samouraï éprouve une quelconque empathie. Maintenant au calme, il y repensait…
    Il ne s’imaginait que trop bien la prochaine créature, ne cessant de pleurer. Le corbeau et la pieuvre cachaient leurs désespoirs suffisamment bien pour que l’Aurore Rouge n’hésite pas un seul instant… Mais qu’en sera-t-il, face à une créature qui a aucun instant ne la cache ? Ca risquait d’être… son plus horrible contrat, mais comme les autres, il l’accomplirait.

    Toutes ces horribles pensées s’envolèrent cependant, lorsqu’il la vit. Il ne connaissait pas cette femme recousue de partout, comme sur le point de tomber en lambeau et pourtant si belle, si douce. Peut-être qu’étant lui-même revenant, son aspect morbide la gênait moins. C’était comme si… on avait pris des morceaux de corps pour les assembler. Une créature créée de toute pièce. Comme les quatre créatures du docteur… A la différence que la femme devant ses yeux, tenait du génie. Elle souriait timidement, le regard triste… Si c’était elle, la prochaine créature à abattre alors ce contrat est dors et déjà, un échec. Auron refusait de toucher ne serait-ce qu’à un cheveu de cette femme. Il suffit de la voir pour comprendre… Que sa présence n’a rien de néfaste, bien au contraire.

    « Es-tu une des créatures du Dr. Finkelstein ? »

    Au fond, il connaissait déjà la réponse… Il ne reste qu’une maigre trace du samouraï qu’il était de son vivant. C’était bien assez pour savoir qu’il ne l’attaquerait.

    « Oui, mais… Je m’appelle Sally, je ne suis pas l’une des créatures qui s’est échappés je vous le jure ! Vous pouvez demandez aux autres ils vous le dir… »

    Auron ferma les yeux et se contenta de poursuivre son chemin, il l’a croyait. Ses paroles transpiraient la sincérité. Le Docteur… pouvait bel et bien faire preuve de génie, malgré sa folie monstrueuse. Le mercenaire vient d’un temps ancien et la science reste pour lui plus obscure que la sombre magie des shamans huns. Son monde, encore aujourd’hui n’est que très peu avancé technologiquement. Ce genre de chose ne vient pas du monde, mais de ses habitants… Sally, car ainsi s’appelait-elle… Non, il n’a pas de temps à perdre, il doit continuer. Chaque seconde qu’il perd est une seconde de doute. Ainsi les yeux fermés pour ne pas la voir, il continua son chemin.

    « Vous êtes le mercenaire engagé par le Maire, alors… ? »

    Il l’aurait pu l’ignorer… C’est une chose triviale pour lui que d’ignorer les questions idiotes aux réponses évidentes. Mais avec elle, cela semblait plus difficile. Son corps couvert de couture, recousue de toute part… Auron lisait en elle comme un livre ouvert et son cœur, lui aussi devait surement être recousu. Simplement il s’arrêta, fit volte-face et acquiesça silencieusement. Et il sentait, quelque part, venir le sujet…

    « Je veux vous aider. Je suis l’assistante du Docteur, je sais des choses sur ses expériences. »

    « Je ne veux rien savoir. »

    Car plus il en saura, plus il aura pitié des deux dernières choses qu’il doit abattre.

    « Je suis désolée… Le Docteur ne peux pas alors je vous présente mes excuses à sa place, il ne pensait pas à mal je vous assure… C’est juste qu’il n’a pas conscience des risques de ses expériences ! Il ne pensait pas non plus se faire capturer la lumière et ne plus pouvoir les surveiller… On l’a forcé à rejoindre la Coalition Noir. »

    Un rictus méprisant se dessinait alors sur le visage rude du samouraï. Ca ne lui était pas adressé à elle, mais à ce docteur. Ca lui rappelait tout ce qu’il détestait chez les scientifiques. Cette proportion à se prendre pour dieu et se croire tout permis… Si ce Docteur avait eu la moindre empathie, la moindre bonté, il aurait tué ses quatre créatures dès leurs créations. Le problème n’est pas que Finkelstein ne se rend pas compte des conséquences… c’est qu’il s’en fout. Sally resta enfermée dans son triste mutisme. Elle était… dévouée, allant jusqu’à s’excuser pour lui, parlant comme si c’était de sa faute. Défendant ce monstre. Le lien qui unie cette femme à ce savant fou ne le regarde en rien, ce ne sont tout simplement pas ses affaires… Mais c’était là effroyablement triste. On pourrait la croire libre car elle n’a ni chaines, ni menottes et pourtant, ce n’était ni plus, ni moins qu’une esclave.

    « Vous êtes couverts de blessures… Je vais vous soigner. »

    Auron fit non de la tête et voulu reprendre sa route… mais une nouvelle elle le retint.

    « Vous connaissez surement Natsu, je me trompe… ? »

    « La capture du Docteur l’a un peu secoué. Mais il en est ressorti plus fort. »

    Auron l’observait et voyait son regard changé, s’adoucir… Ses yeux se sont remplis de joie. Le mercenaire resta de marbre mais ce sourire lui faisait plus de bien que tous les soins qu’elle aurait pu lui administrer. Soyons honnêtes… Cette femme a une vie triste que même la mort ne peut arrêter. C’est sa création… Qu’elle le veuille ou non. Son existence est marquée du sceau de la fatalité. Sur ses frêles épaules elle endure les erreurs de son créateur, de son père, en quelques sortes… Et malgré ça, apprendre que Natsu va bien change profondément son regard et son état d’esprit. Ne serait-ce que pour soulager son fardeau, il ira défaire les deux derniers monstres, aussi dur que cela soit. Sally est faible, fragile et frêle, ca se voit à son corps, s’entend à sa voix. Les femmes sont faibles, émotives et fragiles. Pourtant, la majorité des femmes que le samouraï a connues étaient fortes et courageuses.

    « Il y a des rumeurs, comme quoi il aurait attaqué à lui seul le Q.G de la lumière pour sauver le docteur… Que la boss ce serait elle-même déplacé pour l’en empêcher et que finalement, c’est un mercenaire du nom d’Auron qui les aurait tous les deux sauvés. Vous êtes mercenaire alors vous devez savoir. C’est vrai ? »

    « … »

    Qui ne dit mot, consent.

    « Quand vous serez de retour au Centurio… Vous pourrez remercier Auron de la part de la Ville d’Halloween ? »

    « Ça sera fait. »

    « Je vous remercie… »

    Ils restèrent quelques secondes à se regarder. Auron était partagé… Natsu, cette femme et toute la ville d’Haloween avait pour le docteur une affection incroyable. Quand elle disait que toute la ville remerciait Auron, le principal concerné n’en doutait pas un seul instant. Et a aucun instant il n’était dupe… Le Dr. Finkelstein a commis des actes horribles et quoiqu’ils commettent ca ne changerait rien. Sa réputation le précède et ses horribles expériences, aussi cruelles que dangereuses ne sont un secret pour personne. Pourtant malgré ça… Malgré ça elle l’aime et s’excuse pour lui, parce qu’elle-même l’excuse. Natsu a risqué sa vie et se foutait bien d’impliquer tout les mercenaires dans une guerre contre la lumière pour le sauver. Comment quelqu’un d’aussi monstrueux… peut-il être à ce point soutenu et aimer ?

    « Pourquoi la Ville d’Haloween aime autant le Docteur ? »

    Sally baissa les yeux, comme si elle avait honte de sa réponse…

    « C’est un peu le chef ici, plus que Jack, plus que le maire… Ca revient à me demander, pourquoi nous aimons autant notre père. »

    « … »

    Auron ne disait rien… parce qu’il n’avait rien à dire, rien à redire. C’était triste mais il comprenait… et l’acceptait parfaitement. Les choses sont ainsi faites. Certains pensent que l’Aurore Rouge a tout vu, tout fait. Que rien ne l’effraie, que rien ne l’arrête. On le dit effrayant, voir imbattable. Mais ce n’est qu’une réputation. Car c’est le premier à reconnaitre… que les choses sont ainsi faite. C’est là sa seule et véritablement force. La force de changer ce qui peut l’être… et d’accepter ce qui ne peut être changé.

    Pleures Auron… Pleures…