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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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    Comme une pluie de diamants illuminant la ville dans la nuit naissante, une fine neige tombait sur le Jardin Radieux... Mila déambulait dans les rues, songeant qu'un an plus tôt, sous cette même neige, elle avait rencontré Genesis pour la première fois.

    Nostalgique, ses pas la conduisirent près de la terrasse de ce café où le Tragédien lui avait évité une chute fatale... Et lui avait donné une lueur d'espoir, une voix qui l'avait guidée dans les ténèbres de son coeur meurtri... La jeune femme s'approcha de ce muret de pierre, silencieuse, comme en recueillement.

    « J’aurais dû te laisser seule, minable et paumée… »

    Elle secoua la tête, tentant de chasser ce souvenir de son esprit.

    « J’aurais du te laisser tomber, car même si ton corps aurait été brisé, tout aurait été plus facile ! »

    Mila baissa la tête, les yeux clos... Une vague de tristesse l'envahit alors que le vent s'engouffrait sous sa capeline blanche, la glaçant aussi sûrement que l'avait fait les paroles de son tyran. Elle frotta doucement sa joue contre la fourrure d'hermine qui bordait sa cape, en quête d'un peu de chaleur.

    « Si le ciel est si beau, c’est parce que vous et moi ou même d’autres personnes savent apprécier sa beauté. »

    Levant les yeux vers le ciel, elle ne pouvait s'empêcher de se remémorer les mots de Genesis. Ils étaient imprégnés dans sa chair, dans sa tête, et, plus elle l'évitait, plus les souvenirs s'imposaient à son esprit comme pour lui rappeler qu'elle ne pouvait lui échapper.

    Depuis deux mois déjà, la consule faisait son possible pour ne pas rencontrer le tragédien. Elle ne sortait pratiquement que la nuit, évitait de prendre des missions, elle vivait presque comme une recluse, refusant de revoir cet homme qui la hantait. Depuis quelques temps, il y avait comme une ombre sur elle, comme si elle était observée constamment... Elle était mal à l'aise à toute heure du jour et de la nuit, ne pouvait plus dormir, elle traversait les jours le coeur écrasé par un étau d'angoisse et de colère... Et rien ne semblait pouvoir faire taire cette douleur sourde et omniprésente qui l'étreignait.

    Il avait dit qu'elle était différente, que la lumière et les ténèbres, c'était pour les autres... Mais ce soir-là, ces paroles sonnaient faux. Le clocher qui sonnait dix heures lui paraissait semblable à un glas, annonciateur fataliste d'une déchéance inévitable. Que pouvait-elle faire pour s'extirper de cette tragédie où elle s'était elle-même enfermée quand la seule chose qu'elle désirait plus que voir cet enfer se terminer... C'était de le revoir ?

    Mila ramena contre elle ses genoux qu'elle entoura de ses bras frêles. Sa peau se hérissait sous la morsure du froid, trop exposée dans sa petite robe de soie noire et ses bas couleur peau. Sa main glissa de ses genoux vers sa taille, effleurant de ses doigts gantés de blanc la ceinture surmontée d'un noeud sombre. Elle secoua la tête en fronçant le nez avant de se redresser vivement, laissant la marque de ses bottes fourrées dans la neige alors que sa chapka aux couleurs de sa capeline chutait à terre. Les mains sur les hanches, hochant la tête comme si elle se réprimandait mentalement, son collier sautoir en argent rebondissant contre sa poitrine, elle murmurait quelques paroles d'encouragement. Pensive, elle fixait le ciel d'un air concentré tandis que ses doigts trituraient le col claudine blanc de sa robe.

    « Demain, je règle ça avec lui. Cela ne peut plus durer. » murmura-t-elle pour elle-même d'un air décidé en ramassant sa chapka qu'elle posa de façon un peu mécanique sur ses longs cheveux noirs laissés libres.

    Elle tourna les talons et s'apprêtait à rentrer dans ses quartiers quand soudain, à quelques mètres d'elle, une silhouette qu'elle ne connaissait que trop bien se dessina.

    Genesis.

    Comment pouvait-il être encore plus beau que dans son souvenir...? On ne change pas de cette manière en si peu de temps... Il avait le regard teinté de cette tristesse, de cette souffrance qui l'attirait terriblement... Son manteau rouge se détachait dans les ténèbres nocturnes, il avait ce quelque chose de grandiose, elle n'avait jamais pu mettre le doigt dessus mais chaque pas qu'il faisait dans sa direction faisait battre son coeur plus vite.

    Et leurs regards se trouvèrent.

    Immobiles, à quelques pas l'un de l'autre, ils restèrent là, silencieux, pendant une seconde à peine. Mais aux yeux de Mila, ce laps de temps paraissait durer une éternité... Une éternité à le regarder. Un vague sourire s'esquissait sur le visage de la jeune femme, mais dans ses grands yeux bleus se dessinait le spectre du désespoir... Une angoisse si forte qu'elle en avait presque des hauts-le-corps.

    Sous l'effet de la panique, de la surprise, Mila ouvrit de grands yeux et prit ses jambes à son cou, laissant tomber de nouveau sa chapka sur la neige. Elle ne voulait pas se retourner, sachant pertinement qu'elle n'aurait pas la force de partir si elle croisait de nouveau son regard...
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    Il se figea. Ses gestes avaient perdu leur sens et disparurent, laissant seul Genesis face à cette soirée décorée d’une neige fine. Son regard croisa aussitôt celui de la seule personne qu’il parvenait à remarquer dans cette avenue où se promenaient un bon nombre d’autres personnes. La voir… n’était pas vraiment une surprise. Ou en tout cas, cela n’agit pas sur lui comme si cela en avait été une. Ses yeux ne changèrent pas, la regardaient comme on regarde un vide, imbibés d’incompréhension sans curiosité.


    Elle était partie… Lui n’avait rien fait, était resté de marbre. A présent, il regardait le sol. Ce n’était pas de la honte qui induisait cette allure qu’il avait, c’était simplement qu’il se demandait… ce qui n’allait pas. A quel point il était heureux ou au contraire malheureux depuis qu’ils avaient nommé cette sinistre maison seule refuge de leurs souvenirs. Espérait-il qu’elle retrouve un bonheur ailleurs, ou la voulait-il malheureuse quand elle n’était pas cloîtrée derrière les barreaux souillés de leur amour malsain.

    Il marcha lentement vers… ce bonnet… ou ce chapeau. Il n’avait aucune idée de comment on appelait ce couvre-chef mais, il savait qu’il était à Mila…
    Il le prit de sa main droite et l’observa, avant de s’asseoir sur le muret et de l’observer… autorisant ses pensées à errer, à imaginer.

    Il n’arrivait pas à la détester, alors qu’elle avait ruiné tout son être avec sa provocation, sa séduction… Et il ne parvenait plus à se haïr, pour être aussi fautif qu’elle.
    Dans une Tragédie, quoi qu’il arrive, le personnage principal n’est jamais innocent du mal qui le ronge. En acceptant cet art, il savait que sa mort et la fin de sa vie seraient… douloureuses, voir atroces… qu’un jour il ferait une erreur, une erreur si terrible qu’avec elle, arriveraient tous ses maux.
    Cette terrible erreur… avait été commise et précipitait désormais sa chute. C’était… un déterminisme très grec.

    La seule décision qu’il parvint à prendre, assis sur ce muret… c’est qu’une fois dans sa tour, il irait demander conseil à Melpomène. Celle-ci ne le sauverait pas de cette route mortelle… mais elle l’aiderait autrement.


    « Tu es un imbécile, corneille… »

    Ils avaient été discrets… Lui savait l’information trop importante pour être divulguée... Tandis qu’elle… Il n’en savait rien ! Peut-être avait-elle trop honte de s’être faite violentée de la sorte…
    Les Cités dorées étaient ignorantes de cette relation, et c’était beaucoup mieux. Le Consulat ne se portait pas pour le mieux mais encore dans ces moments de turpitudes tacites, il taisait ses hontes et gérait son groupe du mieux qu’il pouvait.

    … Sortir ce soir sembla être une mauvaise idée. Parce qu’il l’avait vue sans rien tenter… et parce qu’il avait froid, surtout aux mains. Plus ça allait et plus il avait l’impression que ses gants aggravaient sa résistance au froid… C’était vraiment agaçant.



    « Qu’est-ce que tu fais ?... »

    Sa question était calme… alors qu’elle ne devait pas s’attendre à ce qu’il finisse par la rattraper. Il avait fini par s’envoler, et dès qu’il l’aperçut, s’était rué vers elle. A présent, il la tenait par le bras, fermement mais sans vouloir lui faire de mal.
    Mais si sa question et son visage étaient calmes, un chaos impitoyable rongeait l’âme du tragédien.


    « Penses-tu pouvoir continuer à m’éviter de la sorte, Mila ? »

    Il n’avait pas du lui parler depuis cette nuit qu’ils avaient passée ensemble… puisqu’en lui parlant ainsi, il ne se souvenait que de ces moments intenses et douloureux.

    Dans son autre main, Genesis tenait le bonnet de son amie. Il se rendit compte assez rapidement qu’ils étaient tout deux dans une ruelle qu’ils partageaient avec deux hommes marchant côte à côte. Le Tragédien leur adressa un regard exprimant tout l’intérêt que ces badauds auraient à ne pas trop traîner dans le coin…


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    « Qu’est-ce que tu fais ?... »

    Il la regardait froidement, l'empêchant de lui échapper de nouveau en la maintenant sévèrement par le bras. Silencieuse, elle le fixait, une lueur de défi brillant dans ses grands yeux bleus. La tête haute, elle se tenait droite, fière. D'imperceptibles tremblements parcouraient son corps à mesure que l'adrénaline grimpait en elle, accélérant les battements de son cœur. D'un léger hochement de tête, elle repoussa une mèche brune qui s'était invitée sur ses joues rougies par le froid.

    « Penses-tu pouvoir continuer à m’éviter de la sorte, Mila ? »

    Elle avait envie de lui cracher au visage, de déchirer son corps jusqu'à ce qu'il ne reste de lui qu'un amas de chair sanglante entachant la pureté de la neige. Elle avait envie de l'embrasser, de se blottir contre son torse jusqu'à en mourir. Pas un instant elle ne détacha son regard enflammé de son visage, si bien qu'elle ne remarqua même pas les passants, près d'eux. Il brûlait comme une flamme ambitieuse, absorbant les ténèbres de la nuit, rêvant de dévorer tout l'espace autour d'elle, consumant tout pour finalement s'éteindre et ne laisser qu'un tas de cendres.

    Mila sentit un frisson parcourir son échine et ses yeux se fermèrent un bref instant. Il lui tenait toujours le bras, impassible, froid. Il lui commandait de répondre à ses questions, comme si elle était soumise à sa loi. La consule se saisit de sa chapka, planta de nouveau son regard dans les yeux du tragédien et lui imposa de lâcher son bras. D'un bond elle recula et relâcha immédiatement son emprise. Cela n'avait duré qu'une seconde, juste assez pour qu'elle se dégage de son étreinte et qu'un éclair rouge illumine brièvement ses iris.

    Elle haussa légèrement les sourcils avec un petit sourire en coin, comme pour lui dire qu'elle était capable de lui échapper. Que si elle le désirait... Elle pourrait l'éviter aussi longtemps qu'elle le souhaitait. Et plus elle le regardait, plus elle sentait une colère immense monter en elle, nourrie par la frustration, les regrets... Et la passion.

    Mila fit un pas vers lui et, le fixant toujours droit dans les yeux, lui balança un violent coup de chapka au visage. Les sourcils froncés, le regard dur, elle ne put pourtant pas se retenir de s'esclaffer un très court instant.

    « Ce n'était pas mon intention, Genesis. » dit-elle froidement, reprenant un peu son sérieux, posant fièrement sa chapka sur sa tête avant de croiser les bras.

    La jeune femme avait beau être en colère, elle était incapable de s'arrêter de jouer. Esclave de ses émotions et de ses impulsions, elle ne pouvait s'empêcher d'observer son tyran d'un œil brillant de malice. Elle ne vivait pleinement que lorsque son corps tout entier était nourri par un flux incessant d'adrénaline. Seule la passion comptait, qu'importe si cela la détruisait ou la faisait rire aux éclats, elle avait besoin de brûler. Et Genesis... Genesis l'embrasait d'un simple regard.

    Milena fouilla sous sa capeline pour en retirer une cigarette qu'elle alluma fébrilement. Elle souffla doucement la fumée, observant le vent l'emporter au loin.

    « Qu'est-ce qui t'amène ? Ce n'est pas dans tes habitudes de pourchasser les jeunes femmes en pleine nuit... Enfin j'espère. » dit-elle d'un ton enjoué, comme si de rien n'était.
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    Il la lâcha brusquement, atteint par une fourberie, une attaque qu’il n’aurait pu deviner. Il mit sa main sur son crâne mais c’était déjà terminé… Il ne restait que le souvenir de la douleur… Une violente et sèche migraine qui n’avait duré qu’une petite seconde. Il fixa quelques secondes l’une de ses mains, sans trop comprendre ce qu’elle avait fait, puis ses yeux se dressèrent contre Mila qui le regardait avec un sourire fier.
    C’était… typique de Mila. Jamais elle ne l’avait « attaqué » de la sorte mais pour elle, tout était bon pour provoquer…
    Et provoquer, c’était justement ce qu’il espérait ne plus voir. Encore aurait-il préféré qu’ils se parlent peu et toujours un peu gênés, qu’ô surtout ils évitent de se retrouver seuls dans une même pièce… Ca l’aurait déchiré, l’aurait fait souffrir mais au moins, il y aurait eu du respect pour les évènements de ce passé proche, derrière les murs de cette maison noire.
    Alors pourquoi l’avait-il poursuivie ?

    Ils ne s’étaient plus vus depuis des semaines, et auraient continué ainsi. Mais il avait vu dans les yeux de Mila une étincelle triste et abandonnée, qui réveilla tout de suite en Genesis son propre goût pour le Tragique. La consule de l’amour était sans aucun doute la plus à même de comprendre ce que ressentait le tragédien, et réciproquement… Leurs sentiments étaient très proches et ô combien liés… Et même s’ils se fuyaient, il aimait la voir…
    Alors oui, il l’avait suivie.

    Mais nous ne sommes pas dans une comédie romantique. Il ne pouvait lui dire avec un beau sourire et une larme à l’œil « J’ai eu tort, Mila… Fuyons ensemble, vivons sans ce monde fou ! »… car il ne voulait pas partir… et que… Ca paraît bête mais cette solution ne l’inspirait pas du tout.
    Et dans cette sobre tragédie, Mila faisait ce qui pouvait le plus blesser Genesis… Cette provocation… Cette façon qu’elle avait de totalement ignorer ce qu’ils avaient vécu, comme si cette période de sa vie fut perdue dans l’oubli. Cela répugnait Genesis, il devait l’avouer.

    Il ferma les yeux, tandis qu’il voyait le bonnet heurter son chapeau, balayant ses cheveux roux. Et croyez-moi, ce simple geste amusa terriblement la jeune femme.

    Le Consul passa une main dans ses cheveux, ne réagit pas, ne lui accorda qu’un regard dur. Il y avait… une vérité à propos du Consulat, une vérité immuable : On ne rigole pas avec Genesis.


    « Ce n'était pas mon intention, Genesis. »

    Il la regarda remettre son bonnet et ne put s’empêcher de se souvenir de toutes ces fois où elle s’était jouée de ses nerfs, flattant son décolleté, se baissant adroitement, caressant sa propre gorge pour montrer l’inaccessible à Genesis… Et à présent, le simple fait de cette souvenance lui rappelait à quel point Camilla était belle.
    Le simple fait qu’elle soit si douée pour le rappeler… faisait d’elle la consule de l’amour. Elle aurait pu se balader en ville et flâner pour accomplir son travail quotidien… Et l’on n’aurait pu lui reprocher quoi que ce soit.

    Et elle fuma. Ça devait être un rituel pour elle, de fumer devant lui… Il était même convaincu qu’elle aurait fumé dans un temple s’il s’y était trouvé aussi…


    « Qu'est-ce qui t'amène ? Ce n'est pas dans tes habitudes de pourchasser les jeunes femmes en pleine nuit... Enfin j'espère. »

    Le regard du Tragédien eut l’air… mauvais.

    « Tss… »

    Il s’approcha d’elle… sa main s’approcha de la taille de Mila mais d’un geste familier et froid en même temps, il glissa sa main sous la cape de la demoiselle, la regardant dans les yeux… et avant qu’elle n’ait eu le temps de se dégager, il retira vivement le paquet de cigarettes avant de le jeter sèchement, sans la quitter du regard.

    « Tu m’insultes, Mila. On dirait que tu as bu. »

    Ce n’était pas une exclamation mais un constat… et il le disait avec cette même froideur qui l’avait saisi lorsqu’il avait jeté le paquet de cigarettes.
    Il recula de quelques pas, regardant le sol à présent.

    Un tragédien ne pleure pas souvent, dans une pièce… En général, c’est bien pire… Il aimerait pouvoir pleurer tant sa tristesse est grande, mais il ne le peut, parce qu’en général, il est paradoxalement trop héroïque pour cela… Alors, il évacue sa tristesse d’une extrême violence et… fait des choses comme se crever les tympans ou laisser les remords le tuer lentement.

    Cette violence, il allait se l'infliger... il ne dirait rien.
    Un sourire apparût sur le visage du Tragédien. Un sourire moqueur.


    « Je peux te poser la même question... Que fais-tu si peu vêtue, la nuit tombée ? »

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    Sa main effleura la taille de la jeune femme, et elle cessa de respirer pendant une seconde. Elle le regardait toujours de son air fier, mais qu'il soit si proche... Cela la perturbait. Elle avait envie de l'embrasser, mais avait bien trop peur pour tenter quoi que ce soit... Ses gestes trahissaient une distance à peine dissimulée qui la tétanisait. Il s'empara de ses cigarettes et les jeta au sol. Mila fronça le nez. Mais pourquoi donc s'obstinait-il à l'empêcher de fumer ? Cela avait le don de l'agacer terriblement...

    « Tu m’insultes, Mila. On dirait que tu as bu. » dit-il froidement.

    Son agacement se changea en colère... Mila était outrée. Bouchée bée, les sourcils froncés, elle était furieuse. Elle avait envie de le frapper de nouveau, de partir, de le laisser là, seul avec ses remarques odieuses ! Pour qui se prenait-il...? Qui était-il pour se permettre de l'insulter de la sorte ? Trouvait-il un malin plaisir à la traîner dans la boue...? Oh, Mila lui rendait bien son regard mauvais...

    Mais brusquement, il s'écarta, détournant les yeux pour fixer la neige sur les pavés... Mila avait perçu la tristesse amère qui, un bref instant, avait animé le visage du tragédien... Devant cette expression, aussi fugace soit-elle, la consule ne sentait plus la force de le haïr. Aussi sûrement que les flocons fondaient au contact de sa peau, la colère de la passionnée ne pouvait résister à cette souffrance muette qui ne faisait que trop écho à la sienne... Il releva finalement le visage vers elle, affichant un sourire narquois.

    « Je peux te poser la même question... Que fais-tu si peu vêtue, la nuit tombée ? »

    Mila baissa les yeux un instant, un rictus amusé au coin des lèvres. Elle leva le visage vers lui, se débarrassant de quelques mèches rebelles d'un bref hochement de tête alors qu'elle esquissait un sourire franc, se mordant légèrement la lèvre inférieure. Ce n'était pas un geste de séduction, ou du moins... Elle n'avait pas eu cette intention. La consule observa le ciel, l'air pensif, comme si elle hésitait à lui répondre... Puis elle planta son regard bleu dans celui de son tyran.

    « J'avais rendez-vous. » dit-elle d'une voix suave, souriant de plus belle. La passionnée jubilait... Elle n'avait pas tant dit cela pour lui faire mal que pour le tester... « Un rendez-vous galant, bien sûr. » ajouta-t-elle en ramassant son paquet de cigarette. La brunette épousseta lentement la neige avant d'extirper une cigarette. Elle se tourna vers Genesis et sortit son briquet pour l'enflammer. Mila prit une longue bouffée qu'elle recracha délibérément le plus doucement possible...

    Elle le regardait comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Ses grands yeux bleus que l'ombre de la tristesse et de la solitude ne quittait jamais étaient teinté d'un odieux éclat de mesquinerie... Et si son regard n'en était pas moins pénétrant, l'insidieuse malice qui tempérait le vice de ses iris ne le rendait que plus provocant. Oh, elle le regardait avec toute la frustration et la tendresse qu'il lui inspirait... Elle le regardait, brûlant d'espoir et de haine, se consumant de colère et de passion inassouvie...

    « Je ne bois jamais seule, Genesis. »
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    « Un rendez-vous… »

    Il la fixa. Si sa parole parût neutre, elle était en vérité perdue…
    Il se répétait cette phrase « Elle a un rendez-vous » sans vraiment la comprendre. Il tentait tant bien que mal de ne pas paraître atteint, mais à ce jeu, il savait qu’il n’y aurait pas de vainqueur… Il voyait ses paroles percer le corps de Mila et la soumettre à quelques peines… et tout naturellement, il ne pouvait pas plus qu’elle occulter les ténèbres rugissants qu’elle réveillait en le provocant.

    Et elle souriait. Cette annonce était un véritable trophée, songeait-il. Sans doute attendait-elle avec impatience et malice ce moment ultime où elle pourrait lui annoncer « Désolé Genesis mais je t’ai déjà oublié ».


    « Galant, bien sûr. »

    « Bien sûr. »

    Il laissa un sourire percer son visage coupable. Elle était la reine incontestée des non-dits, de la provocation et des sourires détestables… Il pouvait tout juste espérer l’atteindre en restant stoïque.

    « Et bien c’est une bonne nouvelle. »

    Il haussa les sourcils en parlant pour se donner un air convaincant. C’est ce qu’il devait répondre pour ne pas l’emprisonner, comme il l’avait souhaité quelques semaines auparavant… Sauf qu’il ignorait ce qu’il souhaitait actuellement, l’emprisonner, la chasser, la narguer ? Il ne savait même pas ce que cela provoquerait chez elle, de paraître indifférent.

    Quelle pitié…


    « Je ne bois jamais seule, Genesis. »

    Elle tenait entre deux de ses doigts une cigarette qu’elle sortit quelques secondes plus tôt de sa bouche, soufflant sa fumée blanche dans le vent d’Hiver. Cette main était levée, à proximité de son visage. Et la voir ainsi… Il se retenait juste assez pour ne pas s’emparer de son poignet et de le serrer assez pour que la laideur de la douleur déforme son visage.

    Elle le provoquait, c’est ce dont il se souvenait… C’était la seule chose qu’il comprenait vraiment. Et il savait qu’il ne la rendait pas indifférente, car à peine quelques minutes plus tôt elle le fuyait.
    Il décida ainsi de ne plus la croire. Cet homme et ce rendez-vous galant n’étaient qu’un subtil mensonge.

    Néanmoins, il n’osait pas lui répondre, car il se savait trop en colère pour se contenter d’une pique. Comme il se connaissait, il pouvait être d’une cruauté infinie lorsque la rage s’emparait de ses mots… Mentionner cette solitude, cette absence qu’elle cherchait toujours à combler dans sa vie… cette recherche constante d’un amour, son passé, sa famille… Toutes ces choses qu’il se dégoûterait de mentionner, et pour lesquelles elle aurait raison de lui crever les yeux si il le faisait.

    Il la regarda dans les yeux, se maîtrisant petit à petit.


    « Je serais… ravi de rencontrer cet homme qui a mérité un soir en ta compagnie.

    Genesis passa une main dans la mèche qui tombait sur ses cheveux, profitant de ce moment pour ne plus la regarder. Il détestait ce genre de jeu, il était sûr de perdre. Quand sa main retomba le long de son corps, un nouveau masque avait remplacé celui de la Tragédie, il souriait de nouveau, moqueur, confiant.

    « Attendez au moins le deuxième rendez-vous avant de le juger digne d’une nuit, ma chère Mila… Votre galant homme risquerait sinon de provoquer ma jalousie. »

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    « Je serais… ravi de rencontrer cet homme qui a mérité un soir en ta compagnie. » dit-il, plantant son regard dans celui de la passionnée.

    Il passa la main dans ses cheveux... Dieu qu'il était beau. Il détachait son regard de la jeune femme quand elle, ne pouvait que le regarder. Ses yeux se posèrent de nouveau sur elle alors qu'il affichait un sourire narquois.

    « Attendez au moins le deuxième rendez-vous avant de le juger digne d’une nuit, ma chère Mila… Votre galant homme risquerait sinon de provoquer ma jalousie. »

    ... Odieux. Il était odieux. Mais le pire, c'est qu'elle finissait par aimer ça. C'était sa façon de jouer avec elle, sa manière de lui dire qu'il n'était pas dupe... Au fond, elle se moquait bien de ses insinuations, la seule chose qu'elle retenait, la seule chose qui s'imposait à elle... C'était ce mot, si simple, et pourtant elle n'aurait jamais cru pouvoir lui arracher.

    Jalousie.
    La jalousie, ce monstre aux yeux verts qui tourmente la proie dont il se nourrit. *
    La jalousie, créature qui, née du désir, écorche le cœur de ses griffes acérées.
    La jalousie, terrible poison qui, tel un cancer, infecte l'âme jusqu'à la détruire.

    La jalousie. Seule véritable preuve d'amour.

    « C'est un homme plutôt timide. Il a un nom imprononçable... Sk... Skjöld. » dit-elle d'un air enjoué, comme si elle s'adressait à un confident. « En vérité, ce n'est pas comme ça, avec lui... Nous nous sommes déjà vus plusieurs fois et... » Elle feignit un sourire attendri avant de fixer son regard sur Genesis. Son visage était devenu impassible, presque froid. « Je crois que je pourrais bien aimer un homme comme lui. » dit-elle enfin, le défiant du regard.

    Les mains dans le dos, Mila fit un pas vers lui, un sourire plein de candeur aux lèvres. « Tu ne lui ressemble pas du tout. » Elle lâcha un petit rire doux en secouant la tête. « Non, vraiment... Pas du tout ! » Elle parlait pour elle-même, ne cherchait même plus à le provoquer... Elle le regardait, mourrait d'envie de se blottir dans ses bras. Pourquoi se chercher, se faire mal, quand ils pouvaient simplement... Son sourire disparut brusquement tandis qu'une violente nausée la frappait de plein fouet, lui arrachant presque un haut-le-corps.

    Mizore.

    Et la jalousie planta ses crocs venimeux dans le cœur de Mila, lui rappelant à nouveau tout ce qui la séparait de Genesis. Elle le regardait toujours, mais toute trace de douceur s'était envolée... Ne restait que la douleur, et la haine. Mila baissa la tête, les sourcils froncés. Elle avança d'un pas encore, elle était si proche de lui qu'elle aurait pu sentir son souffle sur son visage. La passionnée leva doucement le bras pour enfin poser la main sur le torse de Genesis. Silencieuse, immobile, elle resta ainsi quelques secondes... Puis elle le repoussa, sans violence.

    Mila releva la tête, sans le regarder. Elle ne cherchait plus à masquer son émoi, sa peine. Elle respirait avec difficulté, se mordait la lèvre inférieure tout en hochant doucement la tête. « Je... » L'estomac noué, les mots lui échappaient. Elle porta la main à sa gorge, calmant sa respiration. « Je ne peux pas continuer. » Enfin, elle osa le regarder de ses yeux tristes. D'un geste fatigué de la main, elle les désigna tour à tour. « Ça ne peut pas continuer. »

    Elle se frotta les bras, soudainement sensible au froid. Mila ne pouvait soutenir son regard, elle n'y arrivait plus. Elle avait essayé d'être forte, de rester maître de la situation... Mais comment pouvait-elle contrôler quelque chose qu'elle ne comprenait pas ? Il la rendait vulnérable, il faisait disparaître toutes ses règles. Quand elle était avec lui, tous ses jeux, tous ses mensonges, tous les autres... Ils ne comptaient pas. Ce n'était qu'un masque de plus, un moyen d'éviter la triste vérité.

    Et au fond d'elle-même, Mila savait que plus elle lui parlait, plus elle le voyait... Plus il deviendrait difficile de nier l'évidence. Elle se disait que c'était une simple frustration de ne pas pouvoir avoir ce qu'elle voulait parce que c'était plus facile ainsi... Mila leva les yeux vers son tyran, attendant une réponse, une réaction... Malgré elle, la passionnée espérait qu'il l'empêcherait de partir.

    *Shakespeare
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    « Je crois que je pourrais bien aimer un homme comme lui. »

    Ses yeux plongèrent dans les siens, un visage surpris mais pas dur… Le genre de visage qui espérait encore que tout cela soit une plaisanterie.
    Comment pouvait-elle aller aussi loin dans la torture… ? Un timide, un nom imprononçable… Elle lui racontait tout cela comme si elle n’était guère plus qu’un bon ami, comme si elle pensait que ça… le ferait rire ?
    Le Consul sentit sa tête et tout son corps envahis par une nouvelle colère. Que sa vie sentimentale continue, il pouvait le comprendre mais cette façon qu’elle avait d’en parler, c’était juste insupportable à l’entente de Genesis. Il parvint tant bien que mal à ne pas porter un masque trop désagréable, s’efforçant de rester neutre, juste pour qu’elle ne ressente aucune joie à le voir paniqué.


    « Tu ne lui ressembles pas du tout. »

    Ce fut… un réflexe pour lui de détourner le regard, tournant son visage vers la droite, fixant un banc nappé d’une couche de neige… Un réflexe pour ne plus la regarder, elle et ses tentatives ridicules pour faire de la vie du Tragédien un Enfer. Qu’attendait-elle, bon sang ?... Qu’il succombe, détruisant tout, abandonnant sa liaison salvatrice, laissant sa chanteuse triste et en colère ?
    Dieu, non… Il préférait ne rien gagner plutôt que tout perdre.

    Elle s’approcha.
    Une approche ou autrement dit, encore une provocation… Des lèvres qui se rapprochent, un décolleté trop plongeant mis en valeur, elle avait déjà essayé tout cela pour le faire craquer… et avait réussi.
    Il la fixa de nouveau, les sourcils froncés, méfiant… Mais elle était différente, elle était… d’une triste beauté, regardant le sol. Sa main vint toucher le torse du consul, une main qu’il ne pouvait repousser. Mais le seul repoussé, ce fut lui… Sans méchanceté, elle l’éloigna un peu, comme pour tenter de corriger son erreur.



    Ses yeux dans les siens. Lui et elle…


    « Ça ne peut pas continuer. »

    Et ce fut différent. Il n’y avait plus d’extérieur, et très peu de pensées. Un état agréable, une sorte de repos durant lequel ils regardaient tous les deux cette maison sinistre, gardienne des souvenirs. Elle reconnaissait, il reconnaissait que tout cela s’était passé.
    En tendant l’oreille, on aurait presque entendu leur abandon, le bruit sourd de masques tombant à terre, comme si ceux-ci pesaient des kilos. Il est fatiguant pour un tragédien de ne jamais quitter son rôle… Alors à bout, il abandonne, oui.

    Tout perdre… En un sens absolu, ne plus rien avoir, pas même la vie… semblait d’un doux repos pour les acteurs éreintés. Il pourrait à jamais se taire, à jamais porter le dernier masque, le plus léger, celui d’un néant, d’une indifférence éternelle. Il oublierait Mizore, il oublierait Mila, et surtout… il abandonnerait ce choix.

    Elle lui disait « je ne peux pas continuer », et tout lui interdisait de lui dire « moi non plus », il lui était interdit de l’embrasser, désormais.
    Melpomène voulait qu’il souffre, qu’il n’en puisse plus.

    Et il souffrait.

    Ce fut lui qui s’approcha, cette fois. Il ne pouvait supporter davantage qu’elle ait froid, qu’elle le pense indifférent. Il l’enlaça, se voulant réconfortant, autant pour elle que pour lui… Sa main gauche caressa son épaule… son autre main dans les cheveux de Mila, pressant légèrement la tête de celle-ci contre son torse.

    Et le visage de Genesis, plus triste que jamais…
    Il devenait difficile, impossible de retenir quelques larmes, seul moyen d’expression qu’on lui laissait encore.


    « Contre ces ennemis-là, je ne peux rien faire… »

    Ces ennemis… Ces choix. Et pour ne rien arranger, il allait devoir en faire un nouveau, plus douloureux que les anciens mais inévitable pour leur salut.

    « Si tu crois que tu peux l’aimer… Aime-le. »
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    Rester dans ses bras pour l'éternité, blottie contre son torse dans une étreinte si simple et ô combien parfaite... Elle regrettait déjà et était d'autant plus résolue. Ses bras frêles glissèrent dans le dos du Tragédien et Mila se serra contre lui du mieux qu'elle pouvait, fermant les yeux pour marquer ce moment dans sa mémoire. Elle n'avait plus rien à dire, il n'y avait plus rien à dire, et, se mordant doucement les lèvres pour ne pas laisser s'échapper ses sanglots, la passionnée laissait couler les quelques larmes qu'elle n'avait pu retenir.

    « Aime-le. »

    Cela semblait si facile posé ainsi. Elle aurait tant aimé en être capable, elle aurait tout donné pour pouvoir respecter ce « souhait » arraché à Genesis. Elle voulait qu'il la retienne... et qu'il la laisse partir. Elle ne comprenait pas grand chose, il y avait cet immense flou qui l'empêchait de réfléchir, de penser, de tirer au clair les sentiments qui se bousculaient dans son cœur mis à l'épreuve.

    Et dans ses bras, Mila songeait qu'aussi douce cette étreinte semblait être, elle avait le goût de deuil... Elle ne se sentait pas soulagée, encore moins libérée... Plus esclave que jamais des moindres gestes de son tyran, la passionnée avait l'impression de le voir abandonner la bataille, défaitiste et résigné, il battait en retraite... Mais peut-être ne méritait-elle pas qu'on se batte pour elle ? Au fond, lui avait-elle donné des raisons de croire que c'était ce qu'elle souhaitait ? En était-elle seulement consciente...?

    « Aime-le. »

    Il n'avait dit ces mots qu'une fois, mais ils résonnaient dans l'esprit de la jeune femme. Plus elle perdait pied, plus elle le serrait contre elle, comme pour le retenir, pour lui dire de changer d'avis... Mais elle ne disait rien, elle ne lui donnait aucune raison de revenir... Mais pour revenir, encore faudrait-il qu'il ait déjà été sien... Elle pensait lui appartenir sans le posséder, et se disait qu'elle était si faible face à lui... Plus fragile encore qu'une enfant. Et ça lui faisait mal d'être si vulnérable. Mila ne pouvait le laisser être plus proche d'elle, elle ne pouvait lui ouvrir les bras au risque de se brûler les ailes... Et elle avait bien trop peur pour cela.

    Skjöld était différent. Il n'était pas brutal, ni violent. Il n'était pas froid ou distant. Il n'était pas passionné, motivé par de furieuses émotions contraires, ou dévoré par des feux trop violents. Il n'avait pas ce regard enflammé, envoûtant, il ne lui donnait pas le sentiment d'être exceptionnelle ou insignifiante. Skjöld ne lui donnait pas l'envie de s'enfuir pour mieux revenir, elle n'avait pas envie de le blesser, de le torturer pour qu'enfin il capitule et la serre dans ses bras. Il ne l'obsédait pas, il ne la hantait pas. Il ne lui donnait pas envie de pleurer, il ne la rendait pas malheureuse. Non, Skjöld n'était rien de tout cela. Et pour cette raison, Mila n'aimerait jamais cet homme.

    Elle s'écarta doucement et son cœur se brisa en voyant les larmes sur les joues du Tragédien... Sur la pointe des pieds, elle se rapprocha de son visage et, fermant de nouveau les yeux, posa doucement son front contre le sien, glissant ses bras sur son torse, ses mains enserrant ses épaules. Mila resta ainsi, silencieuse, pendant un long moment... Quand enfin elle ouvrit les yeux, elle le regarda d'un air triste. Elle caressa la joue de Genesis avant d'y déposer un léger baiser... Elle recula, sa main retardant son départ en glissant de son épaule jusqu'à sa main. Mila ne voulait pas la lâcher... Sentant les larmes l'atteindre, elle finit par le quitter, marchant le plus sereinement possible tout en séchant ses pleurs, refusant de regarder en arrière.
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    Quelques secondes plus tôt, il avait choisi de subir. Il la rejetait, bien que tout deux savaient qu’il ne le désirait pas vraiment. Rejeter la voie du cœur pour celle de la raison… Il aurait pu se lamenter et continuer de pleurer mais ces quelques longues secondes où son front contre le sien était posé, lui rappelait ô combien elle était belle. Incapable de penser à Mizore, au Consulat, aux alentours, car il la voyait elle. Il lui semblait inconcevable qu’il ait pu lui demander d’en aimer un autre… Car se peau était douce, ses yeux rendaient fou et son corps était à lui, qu’importe la mesure.
    Et elle était partie.
    Pour un autre qui ne la méritait pas, qui ne pourrait jamais la protéger.

    Il y avait un banc dans cette rue. Il s’y assit, les pensées prise par ce nouvel acteur, ce Sk… Skeujold. Un homme d’honneur l’aurait espéré et imaginé aussi preux que possible, pour mériter la consule, lui donner plus qu’il en était capable. Mais Genesis n’avait aucune confiance en les hommes, il ne croyait pas en ceux qui ne partageait pas son héritage de consul. Et ce gamin, un honnête citoyen ou un misérable errant… ne gagnerait aucune place au paradis avec toute la bonne foi du monde.

    Il avait dit vouloir le rencontrer. Il le rencontrerait.
    Le banc était glacial,… mouillé et franchement peu confortable. Malgré ça, Genesis ne bougeait pas, se gelant peu à peu, les yeux cherchant dans la neige une tranquillité, un repos.
    Il pensait à ses lèvres, à son visage et à ses mains s’agrippant à ses épaules. L’avoir près de lui devenait une douceur dont il supportait mal l’absence.

    Il devait arrêter d’y croire, il le savait mais… il ne choisissait rien. C’était la beauté, la tentation, la passion, le désir et tout ce foutu champ lexical connu et étendu de l’amour, qui décidait.
    Comme le premier soir, il avait besoin d’une chose. Revenir à ses chansons, trouver dans Mizore assez de neige pour se reposer, être sûr de l’aimer. Le contraire l’angoissait depuis qu’il connaissait Mila, et à vrai dire il croyait avec ferveur que jamais ça n’arriverait.

    Mais Mizore n’était pas Mila. Elle n’avait pas sa peau, son charme, sa chaleur, sa cigarette,… toutes ces choses.
    Ô combien Genesis se répétait à penser et repenser à ces choses trop énoncées. Que n’aurait-il pas fait pour penser à autre chose ?

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