Difficilement, il se réveilla, ne ressentant aucune douleur, aussi étrange que cela puisse paraître. Ses pupilles étaient encore collées, impossible pour Ukiyo d'ouvrir les yeux. Il gardait en mémoire la souffrance que lui avait été infligée à Illusiopolis. Il en avait mal en y repensant et pourtant, son corps était indolore. Il se demanda d'abord s'il n'était pas paralysé, mais ses membres pouvaient bouger et il les sentait. Toute une flopée de question vinrent le tourmenter sur ce qu'il s'était produit. Amaterasu l'avait-elle vraiment abandonné ? Le peintre ne voyait toujours aucune lumière, comme si celle de la déesse s'était éteinte à jamais. Pourtant, malgré toutes ces épreuves, il était là, encore vivant, légèrement engourdit, mais il se sentait bien, si bien. Ce n'est que lorsqu'il cru être trahi par Amaterasu que le songe avait commencé à faiblir, à s'engouffrer dans les ténèbres. Était-ce un signe ? La preuve que tout cela est vrai et qu'il ne devait pas perdre la foi ?

    Il était tombé malade, une tumeur cérébrale, ce qui ne lui était jamais arrivé. Pas même un rhume, toujours en bonne santé. Après tout, même si les dieux n'existent pas, l'important n'est-il pas d'avoir la foi ? De croire en quelque chose de plus grand que nous, une entité qui nous permet de croire en un meilleur avenir. Une personne, une chose capable de rendre cohérentes toutes les incohérences, de donner un sens à ce qui n'en a pas. L'important n'est pas l'existence d'une déité, mais la valeur que l'on désire lui donner, présente ou non.

    Sur ces pensées, quand tout semblait devenir clair, Ukiyo parvint à rouvrir les yeux. Ce fut douloureux, la lumière était agressive. Durant combien de temps était-il resté dans ce lit à dormir ? Tout ce qu'il parvint à voir, c'est qu'il était dans une chambre, la sienne. Elle avait été rangée, tous les tableau d'un côté, les pot de peinture dans un coin et tous les pinceaux étaient sur le bureau. Si les personnes qui ont fait ça se sont donné une telle peine, c'était pour pouvoir faire entrer une machine dans cette pièce. Elle était imposante et reliée au corps du peintre, certainement pour vérifier son état. Il n'avait pas l'impression d'avoir dormi longtemps, mais quand il voyait cette appareil, la seule chose qu'il ne pouvait s'empêcher de fixer, c'était la poussière abondante qui se trouvait dessus.

    Le bruit d'une poignée grinçante le fit sursauter. Une jeune femme qu'il ne connaissait pas venait d'entrer et elle avait l'air surprise, au moins autant que le peintre. « Vous êtes réveillé ? C'est merveilleux ! » Ukiyo semblait troublé, quelqu'un était heureux de le voir éveillé, mais lui, il ne la connaissait pas. Il n'était pas heureux de la voir, il ne savait quoi lui dire. Embarrassé, il hésita à parler avant de finalement poser une question. « Combien de temps ? » Les sourcils de la jeune femme se froncèrent. « Pardon? » Le consul soupira, pas par irritation, seulement pour pouvoir ensuite reprendre son souffle. « Combien de temps ai-je dormi ? » L'infirmière, du moins c'est ce qu'elle semblait être, posa la main sur celle du peintre. « Cela fait maintenant trois mois. » Quatre-vingt dix jours... Ce n'était pas si long, en définitive. Ukiyo semblait soulagé, il lâcha un nouveau soupir avant de se redresser avec peine. « Doucement, vous devez être engourdi. » Il acquiesça sans vraiment savoir pourquoi et lui sourit. « Ça va aller, je suis resté allongé bien assez longtemps, je vous remercie pour tout... mais j'aimerai être seul. » Elle comprenait et est partie après avoir débranché la machine. « Vous n'en avez plus besoin désormais. »

    Ukiyo regarda par la fenêtre, le soleil brillait, il ne devait pas être plus de midi. La lumière... Elle est si belle, si parfaite. Le cœur du peintre se réchauffait sous cette vision. Il n'était plus perdu, c'était un homme nouveau. Ayant retrouvé sa foi et plus encore la joie de vivre, il pouvait avancer. La haine qui le guidait venait de disparaître. Ukiyo continuera le sauvetage d'Amaterasu, mais désormais par nécessité, par promesse et non plus en ce laissant submerger par la rage. Ce qui est fait, est fait, ce qui doit être fait sera fait. Il ne devait plus faire porter le chapeau à des innocent, désormais, le consulat n'aura à ses yeux plus qu'une valeur, celle de refuge pour un peintre errant. Ce camp a assez subit ses manigances, il faut le laisser respirer. Il se leva, plus aisément que lorsqu'il avait voulu se redresser, le sourire aux lèvres, il se dirigea sereinement vers la sortie. « Il est temps. »