Itachi avait délivré des informations au peintre des rêves qui ont suscité un intérêt pour ce dernier. Ukiyo avait ravivé des troubles dans un monde alors que la paix était encore fragile. Il s’agissait de la Cité des Rêves, néanmoins, il ne s’agissait pas de sa destination première. Le songe foula le sol d’un lieu dans lequel il ne s’était rendu qu’une seule fois, Illusiopolis et sa nuit éternelle. Ce n’était pas un endroit particulièrement intéressant, du moins, il ne l’était pas avant les nouvelles du dernier venu chez les songes…

    Il arriva ici grâce à son vaisseau, ce qui lui permettait de pouvoir agir très librement et sans personne pour l’épier, il avait besoin de cette solitude. Seulement, il ne l’était pas réellement, des sans-cœur assez faibles vinrent y mettre leur grain de sel. Était-ce pour la puissance du cœur d’Ukiyo ou simplement parce qu’il était le seul être à en être doté dans la région ? L’un comme l’autre, ces créatures n’allaient pas faire long feu, le peintre n’était pas présent pour eux. Il ne les élimina pas, bien que leur présence le rebute au plus haut point, il avança les oublier ce qui n’était pas réciproque. Il se mit à courir à une allure assez modérée se dirigeant vers la citadelle d’anciens similis. Il arriva peu de temps après devant cette merveille volante de l’architecture bien que son état laisse à désirer.

    Ukiyo constata que les sans-cœurs n’étaient plus ici, il était désormais seul, ce qui était étrange et il savait ce qui l’attendait si ce qu’on lui avait dit se révèle exact. Il décida de sonder le périmètre afin de sentir une présence. Rien, dans un rayon d’une vingtaine de mètres, il n’y avait pas âme qui vive. Il allait relâcher son attention lorsqu’il senti quelque chose passer à toute vitesse pour s’en aller aussitôt. Il n’y avait pas qu’une présence, mais une dizaine et il ne s’agissait ni de sans-cœur, ni de simili à en constater leurs déplacements. Alors Itachi disait vrai, il allait pouvoir retrousser ses manches pour se mettre au travail.

    Les entités présentes se rapprochèrent de plus en plus, convergeant vers Ukiyo qui s’était déjà préparé, son pinceau en main. Il pouvait maintenant les voir, des démons ailés, entièrement noirs avec de grands yeux rouges brillant ardemment. Ils ressemblaient beaucoup à des humains même s’ils avaient en plus des cornes et pas de bouche. Aux yeux du peintre, ils semblaient imparfaits en tant que créature, mais exactement comme il le désirait pour sa tâche.

    Dans son dos, l’un des démons surgit pour le frapper et le propulser une dizaine de mètres plus loin, près du précipice. Il se releva le plus vite possible, mais un second monstre l’attaqua le faisant chuter à terre de nouveau. L’opération se renouvela une vingtaine de fois, Ukiyo était incapable de faire quoi que ce soit. Un énième assaut lui fit lâcher son pinceau qu’il ne put retrouver tant les attaques perpétuelles le perturbaient. Une lance surgit de nulle part englobée d’une puissante magie. Le peintre eut à peine le temps de le voir qu’elle se planta dans son épaule. Il lâcha un énorme cri de douleur, il n’avait plus ressentit une telle souffrance depuis longtemps. Il explosa littéralement de rage expulsant instantanément tous les démons contre les immeubles environnant. Malgré sa douleur, Ukiyo pouvait toujours se concentrer, il commençait même à faire abstraction de la souffrance. Cependant, alors qu’il se sentait toujours d’attaque, se vue se noircirait de plus en plus. Ce n’était pas ses forces qui lui échappaient, mais bel et bien sa vue qui lui faisait défaut. Le peintre se douta bien vite de l’origine de ce problème, la lance qui était restée logée dans son épaule. Il voulut l’enlever, mais lorsqu’il posa sa main dessus, il ressentit une énorme brûlure, encore plus insupportable que l’impact lui-même.

    Comment lui qui avait la protection d’Amaterasu pouvait devenir aussi vulnérable ? Comment lui qui s’est fabriqué une défense qui lui semblait parfait peut-il autant souffrir ? C’était impensable, illogique et intolérable ! Blessé dans son orgueil, Ukiyo jura qu’il n’allait pas faillir à sa tâche et qu’un jour, il en sera récompensé par la déesse du soleil. Il n’allait pas tout faire pour réussir, il savait qu’il réussirait, il n’y avait aucune autre possibilité. Il se concentra sur la lance et de son esprit, il commença à l’extraie péniblement, mais les attaques recommencèrent, l’empêchant de continuer. Ces créatures étaient futées, elles usaient d’une technique monstrueusement efficace. Empêcher l’ennemi d’agir et l’attaquer avec une arme démonique l’affaiblissant d’autant plus. Finalement, tout faire pour qu’il ne puisse rien changer et cela marchait, Ukiyo était devenu totalement aveugle.

    La pénombre la plus totale, tout ce qui pouvait faire rager un peintre. Sans ses yeux, il n’était plus que l’ombre de lui-même. Comment pourrait-il créer de nouvelles œuvres ? Il ne pouvait pas y penser maintenant, sa vie n’avait encre jamais été aussi en péril, infériorité numérique et en force, il état proche de l’échec. Il est dit que lorsqu’on perd un sens, les autres se développent, ce n’était pas le cas pour Ukiyo. Peut-être était-c à cause de cette souffrance horrible dans la poitrine. Il savait que rien ne lui serait possible avec cette lance plantée dans sa chair, mais il n’arrivait pas à l’enlever.

    La panique, oui, Ukiyo état en proie à la peur, bien plus viscérale que lors de ses sorties en mer. Amaterasu… Pourquoi ne vient-elle pas en aide à son plus fervent serviteur ? Le songe décida d’ voir là un nouveau test pour prouver sa valeur auprès de la déesse du soleil. Il se voilait la face, mais c’était l’unique façon qu’il avait d’avancer, de ne pas baisser les bras. Il insuffla en lui-même une boule d’énergie psychique et dans un hurlement, il relâcha toute sa puissance !

    Tous les démons se sont fait expulser ainsi que la lance qui arracha un nouveau cri de douleur au peintre. Il pensait pouvoir s’en sortir, mais sa vue restait toujours aussi sombre, il n’avait pas la moindre lumière. Il titubait, tombant presque à genoux et les attaques salvatrices des démons reprirent de plus belle. Tellement les assauts étaient incessants, il ne touchait plus le sol, il se faisait laminer. Il pouvait sentir du sang couler sur la peau de ses bras, sur son visage, sil pouvait le voir, il ne voudrait pas l’accepter, mais il le sentait bien, il était en échec.

    Ukiyo était prêt à accepter son sort, à s’en aller dans l’ignorance la plus totale, mais il désirait savoir comme sa mort allait arriver… Il se concentra pour sonder les lieux, il sentait la présence des démons autour de lui qui s’étaient calmés. Subitement, une nouvelle énergie apparut et elle se dirigeait droit vers le peintre, qui, par réflexe l’évita de justesse en pivotant sur lui-même tout en faisant un pas sur le côté. Cette masse énergétique transperça un de démons pour l’exterminer d’une facilité déconcertante. C’était encore une lance, la même que la première… Alors, leur point fort était aussi leur point faible ? Le songe reprit espoir dans la survie à tel point que son objectif premier en venant dans les lieux lui est revenu. Il n’était pas là pour les tuer, mais les capturer.

    Il ne pouvait toujours pas compter sur sa vue, mais il pouvait maintenant opérer plus sereinement. Il s’empara de la lance par la pensée, il savait qu’il ne devait pas y toucher. Il tenta de retourner leur arme contre eux, mais ils étaient trop vifs pour qu’il parvienne à les toucher et sa cécité ne l‘aidait nullement. Jamais Ukiyo n’avait été aussi humilié de par son incompétence. Son honneur restait sauf, il n’y avait personne pour voir sa maladresse. Qu’une solution, il fallait attaquer si fort qu’ils ne puissent pas éviter l’assaut du songe.

    Si les démons s’étaient tenus à l’écart lors de ses attaques, ils allaient revenir maintenant qu’il a arrêté d’utiliser la lance. Tous étaient dans la rue, devant lui, mais ce n’est pas une attaque frontale qui les attendait. Ukiyo devait faire vite avant d’être trop faible pour tenter quoi que ce soit. Il écarta les bras, pliant les doigts comme s’il était sur le point de griffer. Les immeubles de parts et d’autres des démons se mirent à trembler, il n’était toutefois pas assez fort pour les soulever. À la place, il brisa les fondations quand il rejoignit ses mains. Les gravas s’éclatèrent contre les démons et si cela avait l’air de les indifférer, les buildings eux, chancelaient dangereusement. Ukiyo se concentra de nouveau et puisant dans ses dernières énergies, il les fit s’écrouler dans la rue sur les démons.

    Il s’effondra, d’abord sur les genoux, puis face contre terre. Il ne pouvait plus bouger… Il gardait conscience, mais son corps ne répondait plus. Aucun moyen de savoir s’il avait réussi, il ne voyait rien et ne pouvait rien sonder. Il resta là, une heure, sur le sol en proie à ses pensées les plus noires. Il ne sera plus jamais peintre, il ne verra plus la beauté des choses qui l’inspiraient autrefois… C’est dans cette état qu’il s’endormi, seul au monde.

    Et dans ses rêves, qu’à t’il vu ? Amaterasu, la déesse qu’il aime ? Non, elle n’était pas présente dans ses songes, alors quoi ? Ses frères, oui ses frères Songes pour commencer. Sans eux, il ne serait jamais arrivé aussi loin. Ce n’était pas tout, il voyait aussi un homme, un groupe entier de personnes… Le Consulat. Il s’était souvent amusé à les critiquer intérieurement, mais ils avaient tous en eux, la même chose qu’Ukiyo, la foi. Pourquoi avait-il été aussi mauvais envers eux ? Il en ignorait la raison, mais il avançait moins à leur mettre des bâtons dans les roues, il devait se remettre en question. Il en avait plus la force, non, il était vide, il se sentait partir…

    Mais la vie ne s’arrête pas ici, il était encore trop tôt et même si le peintre ne connaissait pas la suite des évènements, le désir de finir correctement sa tâche l’habitait. De légers picotements se firent sentir dans le bout de ses doigts, il réussissait à les faire bouger faiblement. Il tentait par à-coup de les plier, ça ne marchait pas, mais ils bougeaient. Encore et encore, sans relâche pendant dix minutes jusqu’à pouvoir serrer le poing. Il gémissait encore de douleur, rien que pour cette action si simple qu’est de plier les doigts… Il se croyait être l’invincible peintre des rêves, mais la dure réalité lui avait flanqué la plus grosse baffe de sa vie. Qui était-il vraiment ? Toujours cette question depuis son pus jeune âge… Il n’était rien, personne et c’était la raison de la création de ce personnage qu’est le peintre. Il n’y avait qu’à travers cet art qu’il se sentait vivre. Et s’il s’agissait là de la vraie nature du Consulat ? Insuffler le désir de vivre dans le cœur des gens. Ukiyo ne les avait vu que comme des personnes orgueilleuse, mais durant tout ce temps, ce n’était que lui qu’il haïssait. Il était encore trop tôt pour dire s’il était capable de changer, mais il y songeait.

    Une fragile lumière commençait à se faire voir, ce n’était pas douloureux, il faisait sombre. Il voyait flou, mais la vue revenait peu à peu, comme une renaissance. Il scrutait ses mains qu’il voyait difformées par sa vision trouble, elles étaient maculées de sang, le sien. Cette vue l’aurait horrifié il a encore quelque heures, mais là, là il se sentait plus en vie que jamais. Il se sentait toujours seul, mais vivant et cette sensation lui paraissait si étrange qu’il n’y croyait pas. Un échec pour se relever, une baffe pour se réveiller et lui ouvrir les yeux. Ukiyo est un homme qui s’est élevé seul, il n’a pas les mêmes bases saines qu’une personne qui a grandit avec des parents attentionnés.

    Il pouvait maintenant plier le bras ayant encore du mal à le lever et les picotements qui traversaient son corps s’intensifiaient. Après une longue heure de lutte acharnée, il se tenait sur ses genoux, les dos courbé et une douleur si forte qu’il en pleurait. Il avait encore du sang dans la bouche, ce goût infecte le fit grimacer, mais très vite, il ne sentit plus rien, n’entendit plus rien. Il s’enfermait dans sa bulle, les yeux livides, Ukiyo était déconnecté de la réalité et machinalement, il se leva.

    Debout, titubant grossièrement, trainant des pieds pour avancer, il se dirigeait vers son vaisseau. Plus de deux heures, c’est le temps qu’il a mit pour parvenir jusqu’à son véhicule et une fois à l’intérieur, il s’écroula à côté du fauteuil, n’ayant même plus assez de force pour s’assoir convenablement. La joue plaquée contre le sol, il garait les yeux ouverts, sans pour autant regarder quelque chose. Son attention fut captivée d’un seul coup par une fourmi qui avançait avec sur son dos, une petite pierre beaucoup plus grande qu’elle. Il l’observait sans réfléchir, elle faisait son travail, elle était minuscule, mais elle avait forgée sa place. Le peintre resta ainsi, reprenant peu à peu ses forces. Rien ne pouvait arrêter la volonté d’une fourmi, rien… Aussi futile que cela puisse paraître, Ukiyo décida de la prendre pour exemple. On ne décide pas d’où vient l’inspiration, elle est là, il n’y a pas besoin de cherche plus loin que ça.

    Le peintre s’agrippait à l’accoudoir, usant de ses maigres forces pour se relever, il voulait finir coûte que coûte ce qu’il était venu faire. Il prit la place de pilote et démarra le moteur pour décoller dans un vacarme assourdissant. Sa destination n’était autre que le lieu de son affrontement et le trajet ne dura qu’une minute, grotesquement plus court que lorsqu’il était à pied. Il atterrissait non loin de l’immense montagne de gravas qu’il avait créé. Les démons étaient encore en vie, certains étaient entièrement recouvert, d’autre étaient partiellement visibles et en train de se débattre. Ukiyo chercha un instant dans sa poche pour attraper son pinceau, mais il n’était plus là… Son cœur se mit à battre plus fort encore que lorsqu’il était acculé par ses adversaires. Le seul bien précieux qui lui appartenait, où était-il ? Il courra lorsqu’il a vu qu’il était seulement à quelques mètres. Sa démarche avait quelque chose de risible, il boitait, avait mal et courait encore par peur de ne jamais réussir à récupérer son outil. Il se jeta sauvagement dessus pour le saisir, il l’avait, enfin. Dire qu’il aurait pu partir sans se rendre compte qu’il l’avait perdu.

    Retrouvant son calme, il chancela jusqu’aux démons et il s’attela à la tâche. Puisant encore dans son énergie, il créa une chaîne très solide avec sa peinture. Avec, il attacha trois des monstres à son vaisseau, il fallait seulement qu’ils survivent à leur passage dans l’espace, sinon cela n’aura servit à rien. Il retourna dans le cockpit pour s’envoler et quitter ce lieu qui lui a été si douloureux, il en avait fini pour ici.

    Suite.