- • Il haïssait ce monde, la curiosité l'avait poussé à venir et il s'en mordait les doigts ou ce qu'il en restait. Il observait avec dégoût ses mains sur lesquelles la peau avait disparue. Il devait se retenir de repartir, il ne supportait pas se voir ainsi enlaidit, ce n'était pas digne d'un peintre de ne pas être à la hauteur de ses tableaux. L'apparence est le centre d'intérêt d'Ukiyo, tout ce qu'il est, tout ce qu'il voit et fait doit être beau. Pour avoir découvert plusieurs mondes, il savait que la laideur faisait partie de la vie et que grâce à cela, on peut trouver un élément magnifique. Les tons sombres font ressortir les teints pâles, si cela marche dans la discipline qu'exerce ce consul, alors cela vaut pour le reste.
Il était donc là, à peine arrivé dans ce monde et déjà déçu, il espérait que la suite allait être mieux et que cette journée ne soit pas gâchée inutilement. Il s’avançait sans savoir où aller évitant au maximum de croiser des objets qui refléteraient son image. Car même sans le voir, il savait déjà à quoi il ressemblait, un mélange de zombi et de squelette, la peau putréfiée par endroit, absente à d’autres. Même l’odeur qu’il dégageait était insupportable, il décidait de faire abstraction de tout ça et de continuer sa mission.
Il arrivait sur la lace de la ville lorsqu’il pu apercevoir un petit homme au chapeau qui faisait presque sa taille. Son visage enjoué mais tout aussi étrange mis en confiance Ukiyo qui s’en approchait. « Bonjour, je suis consul, puis-je vous demander une information ? » La personne à qui il parlait sautait sur place assez heureux visiblement. « Je suis le maire de cette ville, vous venez pour faire de note fête un art, j’en suis sûr ! » Subitement, ça tête faisait un demi-tour et un autre visage apparaissait, une expression craintive. « Mais nous n’avons pas encore commencé, il faut prévenir Jack ! » Il commençait à partir quand le peintre se remit à parler. « Attendez, je ne viens pas pour ça. » Il s’arrêtait reprenant son visage joyeux. « Ouf ! Nous avons encore du temps devant nous alors ! » Pour continuer ce spectacle étrange, le visage triste reprenait sa place. « Oh non, le Consulat ne nous aime pas ! » Ukiyo en avait déjà assez de ne pas pouvoir en placer une, mais il gardait son calme. « Mais non, le Consulat n’a rien contre vous. Je suis venu parce que j’ai entendu parler d’une femme qui resterait belle en venant ici. » Le maire gardait son expression horrifiée. « Elle est étrange, elle fait peur tout le monde ici ! Jack veut même en faire le clou de la prochaine fête ! » Sa tête pivotait et d’une voix joyeuse, il continuait de parler. « Je sais où elle est ! Au cimetière par là-bas. » Ukiyo se penchait en avant pour le remercier. « Merci beaucoup, j’y vais de ce pas. »
Ukiyo arrivait aux portes du cimetière, de là, il pouvait déjà apercevoir cette femme toute vêtue de blanc. Elle était magnifique, ce n’était pas une personne que l’on pourrait qualifier de femme fatale, mais sa beauté était grandiose. Elle restait là, sans bouger, silencieuse. Ukiyo s’avançait pour aller devant elle et la regarder. Son visage était sans expression à tel point que le peintre trouvait cela triste. C’était étrange, elle n’avait pas l’air malheureuse et pourtant c’est ce que ressentait Ukiyo. « Mademoiselle, vous allez bien ? » C’était rare qu’il entame une conversation comme ça, mais rien d’autre ne lui venait à l’esprit que de demander ça. Elle se leva sans prendre la peine de le regarder et commençait à partir dans ce même silence. Ukiyo voulait l’arrêter et en savoir plus, il posait sa main sur son épaule, mais passait au travers. Un fantôme ? Non, le peintre regardai sa mai et il pouvait voir qu’elle était tachée de peinture. Comment était-ce possible ? Une peinture vivante ? Il relevait la tête pour voir cette femme continuer à marcher, en se liquéfiant. De la peinture se répandait sur le sol et elle commençait à disparaître. « Non ! » Il ne voulait pas voir ça disparaître sans laisser de trace. Il peignit alors une toile vierge qui prit forme et avant que a femme ne soit plus là, il la frappa avec. Elle venait de disparaître, mais lorsqu’Ukiyo a regardé sa toile, elle était dessus, peinte exactement comme il l’avait vu. Jamais il n’avait pensé qu’une peinture pouvait prendre vie. Lorsqu’il est retourné au Consulat, il accrocha la toile dans le hall charmant, tout le monde devait voir ceci et ne pas l’oublier.