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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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  Présentation d'Isaac Becker

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    Identité

      N o m  :  Becker
      P r é n o m  :  Isaac
      S u r n o m  :  L'Ombre Orpheline
      Â g e  :  28 ans
      C a m p :  Errant
      M o n d e d' O r i g i n e :  Domaine Enchanté

    Descriptions
    P h y s i q u e  : 
    Vous êtes à bout de force, exténué, mais vous devez continuer au péril de votre existence aussi futile puisse-t-elle être. La pluie battante n'a eût de relâche de vous ralentir, mais vous ne arrêtez pas, vous voulez avancer, vous devez le faire. Avec vous, un fardeau que vous avez accepté, votre fiancée qui est la cause de cette fuite infernale. Vos parents n'ont pas accepté l'amour qui vous unit, la décision à été de s'émanciper en compagnie de l'élue de votre cœur. Les chiens et les hommes vous poursuivent maintenant depuis trois longues heures et la nuit tombe brusquement en cet hiver. Malgré tous les efforts endurés pour en arriver là, vous sentez que la fin est proche, qu'il ne sert à rien de se battre. C'est alors que votre dulcinée montra sa joie à la vue d'un abri où vous pourrez enfin vous cacher. Sans attendre une seconde, vous vous dirigez avec délivrance vers ce lieu qui vous offrira un répit bien mérité. Une fois hors de portée du déluge assommant, vous remarquez qu'il s'agit d'une grotte profonde abandonnée de toute lumière. Qu'importe que cette caverne soit lugubre, vous n'avez qu'une envie, vous reposer en tenant fermement votre amie. Vos muscles se relâchent, les paupières deviennent lourdes et bientôt vous sombrez dans un sommeil profond.

    Soudainement, vous vous réveillez en sursaut, surpris par un grognement assourdissant. Combien de temps avez-vous dormi ? Deux heures ? Trois ? Impossible à dire, toutefois le soleil ne s'est pas encore levé. Vous paniquez, mais vous essayez de rester de marbre pour ne pas effrayer votre fiancée qui est encore assoupie. Doucement et discrètement, vous sondez le danger qui pourrait surgir. Plissant les yeux en direction de l'ombre dans lequel s'engouffre le tunnel, vous remarquez un mouvement vif et furtif. Un ours ? Non, c'était bien trop rapide et vous savez que cet animal ne vit pas dans cette région. L'angoisse monte doucement, des gouttes de sueur perlent sur votre front. La sensation qu'il se passe quelque chose d'anormal grimpe dangereusement. Une nouvelle fois, vous discernez un déplacement, par réflexe, vous reculez et chutez. Rien de cassé, mais votre amie se réveille au moment où le stress que vous subissez n'a jamais été aussi prégnant.

    Plus que votre propre vie, c'est celle de votre moitié que vous désirez sauver. En vous relevant, vous l'attrapez par le bras dans le but de fuir. C'est alors qu'elle vous interpelle pour demander qui est cet homme. En proie à l'incompréhension, c'est en tournant la tête que vous remarquez qu'il y a une jeune personne qui s'approche péniblement. Le soulagement que ce ne soit pas un animal sauvage ne vous délivre pas des tremblements qui vous pétrifient. Qui est-il ? Impossible de le dire et il continue d'avancer. Ses vêtements, son visage, tout son corps étaient sales, couverts de terre et de poussière. Il respire difficilement et titube à chaque pas, malgré cela, vous n'osez pas lui venir en aide. Quelque chose vous frappe, la couleur perçante et ambrée de ses yeux. Vous n'aviez entendu parler de ça que dans les contes pour enfants symbolisant cela comme les pupilles du mal.

    Étrangement, il ne prête aucune attention à votre présence pour continuer son chemin vers la pluie nocturne. L'eau coule alors avec abondance sur la peau de cet individu pour le moins atypique. Assez vite, il se retourne pour revenir sur ses pas toujours avec cette démarche cassée. Cette fois-ci, il vous remarque sans être étonné et il s'assit juste en face à moins de trois mètres. L'atmosphère est tendue, personne n'ose parler, les seuls bruits qui résonnent sont ceux du vent et de la pluie. Son visage encore crasseux il y a quelques secondes est maintenant presque parfait, mais son regard vous glace le sang. Vous tentez de ne pas être désobligeant et vous vous détournez de ses yeux pour observer sa chevelure brune. Celle-ci reflète les étoiles comme s'il s'agissait d'un miroir dans un état resplendissant. Vous avez même l'impression que c'est un voile recouvrant son front et ses joues pâles. Il n'a pas dû voir le soleil depuis un long moment à la vue de cette peau immaculée.

    À cet instant, ses yeux se posent sur vous ou plutôt sur vos vêtements qui semblent interpeler sa curiosité. Ils sont bien différents des siens, comme ce léger sweat blanc avec une fermeture éclair décalée sur le côté partant du col et s'arrêtant au niveau des pectoraux. Il ne quitte plus le pendentif qui y est attaché, allant même jusqu'à le toucher du bout de l'index. Une chose étrange se produit, sa peau semble brûler à son contact et même s'il semble souffrir, il attend quelques secondes avant d'enlever sa main. Presque toutes vos craintes se sont envolées à tel point que vous commencez à vous inquiéter pour lui. Quelle maladie pouvait-il avoir ? Une simple allergie ou bien plus ? De son côté, il continue de vous scruter de manière oppressante.

    C'est votre pantalon qui captive son attention désormais, un simple jean bleu clair, délavé et déchiré à certains endroits. Il semble clairement captivé par l'allure de celui-ci. Les coutures sont bien marquées comme celles situées au niveau des tibias ou encore plus haut à la moitié des cuisses. De fausses déchirures sont placées sensiblement aux mêmes endroits. Vous ne portez pas de ceinture car il est exactement à votre taille et vous remarquez alors que cet homme à globalement là même carrure. Sans être imposant, vous êtes bien portant, pas plus grand que la moyenne sans pour autant être petit. Comme lui, vous n'avez pas les épaules carrées, elles sont tombantes, mais ne vous donne pas une posture avachie, bien au contraire. L'inconnu, aussi mal-en-point est-il garde un maintien impeccable, le dos parfaitement droit.

    Son regard se déporte à présent sur vos chaussures dans lequel s'enfonce votre jean. Des bottes montantes en cuir marron, avec deux fermetures éclair, une de chaque côté et des lacets au milieu. Elles ne sont pas extraordinaires, juste pratique pour de longues marches et elles gardent les pieds au chaud. Vous les avez depuis plusieurs années déjà et pourtant, elles sont à peine usées par le temps. Vous appréciez de moins en moins cette manière qu'il a de vous épier, mais encore une fois vous n'osez pas bougez. Qu'a-t-il d'aussi étrange pour vous pétrifier de la sorte ? Quelque part, vous ne désirez pas le savoir. Très vite, ses yeux se posent sur votre cou où se trouve une lanière en guise de collier, comme une petite ceinture. Vous sentez votre cœur battre dans vos veines et l'expression du visage du jeune homme devient effrayante. Il tourne de l'œil, ses paupières tremblent et il renifle comme un chien sur une piste. Les battements cardiaques s'emballent, la crainte s'empare de vous et les tremblements commencent.

    Il baisse la tête, rouvrant les yeux, vous apercevez dans le reflet d'une flaque que la couleur de ses yeux se retrouve teintée d'un rouge similaire au sang. Il se tourne vers votre fiancée avec un regard qui semble passionné. Etrangement, elle ne semble pas paniquée, sans l'ombre d'un doute, elle est sereine. L'inconnu lui parle, sa voix suave l'hypnotise, la captive et même vous, vous la trouvez magnifique. Subitement, elle se lève et se dirige vers les profondeurs de la grotte sans une once de peur. Vous vous levez à votre tour dans l'espoir de la rattraper et de l'arrêter dans ce qui vous semble être de la folie. Malheureusement, l'homme se dresse sur votre chemin, sans avoir l'air en colère, il garde une expression neutre quelques instants avant de se mettre à sourire. Vous êtes tétanisé, cloué sur place ne sachant plus quoi faire. Imaginez alors que cette personne vous attaque...

    Question vis-à-vis du Physique  :
    Prédateur, voilà ce qu'est Isaac, un chasseur et très rarement une proie. Restant calme, il tendra vers l'élaboration d'un plan plutôt que d'attaquer inconsciemment. Son domaine de prédilection est la nuit. Pas pour cacher son identité, pas pour ne pas être vu. Simplement parce que ce moment offre de nombreuses opportunités que la lueur du soleil entrave inexorablement. S'il est méthodique, il n'en est pas moins violent et après son passage, les stigmates d'une boucherie sans nom perdurent. Il ne faut toutefois pas se tromper, Isaac est bel et bien sadique, mais ce n‘est pas tant par plaisir, il s'agit seulement d'un instinct trop puissant pour lui, une obsession primale. Il tourmentera ses victimes jusqu'à leur dernier souffle jouant avec comme le fait un chat avec une souris. Il n'en tire aucune réelle satisfaction à agir de manière bestiale, mais ses pulsions le force à être ainsi. Il lui arrive la majeure partie du temps d’exercer des tourments psychologiques à ses proies et quand sa simple apparence juvénile ne suffit pas, il utilisera un pouvoir de persuasion très développé. Pour échapper à son courroux, il ne vous faudra rien d'autre que de la chance. Les meilleurs moyens restent d'être suffisamment important pour lui être utile ou encore de ne jamais croiser son chemin. Il saura cependant reculer devant une proie trop dangereuse, il a de nombreux points faibles et connait très bien ses limites pour ne pas tenter le diable. C'est dans son tempérament, son caractère.

    C a r a c t è r e : 

    Le drame d'Isaac n'est pas de ressentir les émotions plus fort que la plupart des personnes, c'est sans aucun doute des les subir. L'amour en est un parfait exemple, il peut se retrouver en proie à ce sentiment jusqu'à en souffrir profondément. Si bien qu'aujourd'hui il se refuse de vivre cette chose alors que chaque homme tend vers cette utopie, même si son cœur lui hurle de succomber. Ce qui le retient de le faire est la peur, celle de souffrir même si en restant à l'écart, il n'échappe pas à la douleur. De nombreuses craintes l'assaillent, celle de ne pas être aimé en retour, celle de perdre l'être aimé, mais également de faire du mal autour de lui. Il se sait être capable d'échapper à tout contrôle, de devenir trop dangereux pour être proche des gens.

    Il se dit alors qu'il est encore jeune, qu'il a du temps devant lui pour remédier à tout cela. Il essayera du mieux qu'il peut de garder la tête froide. Du temps, s'il vous en restait beaucoup, qu'en feriez vous ? Le prendriez-vous pour faire les choses consciencieusement ou en profiteriez-vous pour en faire le maximum ? Isaac, lui, allie les deux, il désire accomplir de grandes et nombreuses choses, mais le fait avec patience et application. Il saura agir vite quand la situation l'exigera, notamment lorsque d'autres personnes entrent en compte. Quand il opère seul, il attendra d'être sûr de faire le bon choix, d'avoir toutes les pièces en main et seulement là, il s'autorisera à passer à l'acte.

    Isaac est un paradoxe à lui seul, bien qu'il soit livré à lui-même la plupart du temps, il est fait pour être en groupe, de participer à la vie active d'une communauté. C'est une personne qui se refusera à obéir bêtement aux ordres qui peuvent lui être donnés, particulièrement lorsque ceux-ci lui semblent stupides, incohérents ou encore irréfléchis. S'il devait avoir une place précise dans une hiérarchie, il opterait sans prétention pour celle de meneur. Il n'a peut-être que vingt-huit ans et son apparence juvénile pousse sans doute de nombreuses personnes à lui refuser tant de responsabilités et pourtant, il est à même de remplir ces fonctions. Il est bien loin de la fougue des individus de son âge, il se démarque par un sang froid et un désir de maintenir l'ordre qu'il veut appliquer. Quand il est obsédé pour une chose, il aura bien du mal à freiner ses pulsions, mais il le tentera tout de même afin de choisir un moindre mal pour ceux dont la vie dépend de ses ordres. Isaac ne sera pas la même personne s’il voyage seul, accompagné ou s’il a des responsabilités, il s’accordera au maximum au poste qui lui est donné.

    Il a reçu une éducation telle qu'il sait se mettre en retrait afin que ceux qui l'entourent n‘en pâtissent pas. Malgré cela, il reste sans compagnie, sa condition le pousse à rester solitaire, mais il tentera de se montrer extraverti. S’il se donne la peine d’essayer, il établit facilement le contact avec autrui et quelque soit leurs origines, mais également le groupe auxquels ils sont rattachés. Ainsi, il peut converser sans mal avec une personne qu'on jugera mauvaise aussi bien qu'avec celui que touts admirent. Cependant, il ne nouera que très rarement ce que nous appellerons de l'amitié. Il le ferait volontiers s‘il ne se considérerait pas comme un monstre, il se limite au platonisme, à des contacts sans influence. Sa façon de parler ainsi que ses bonnes manières mettent aisément en confiance, il ne sera à aucun moment prétentieux dans sa manière de s'exprimer ou d‘agir.

    Toutefois, il lui arrive d'être hautain, de vouloir se montrer supérieur. Pas envers des personnes qu'il jugera sans éducation ou bien ignares, mais à l’encontre de celles qui sont imbues d'elles-mêmes, qui mettent en péril la vie d'alliés, d'amis ou d'innocents. Il ne montrera pas son mécontentement directement, en face et optera pour le silence. Il y a bien des raisons à cela, premièrement pour ne pas envenimer la situation, deuxièmement car il sait qu'il deviendra violent et troisièmement car souvent, ils n'en valent pas la peine. Il ne faudrait cependant pas tomber sur lui en pleine nuit lorsqu'il n'y a plus personne pour voir ce qui se passe...

    En dehors de cela, Isaac n'est pas aussi bon qu'il aimerait parfois l‘être. Il y a bien entendu ses pulsions incontrôlables le menant à une violence bestiale, mais il y a quelque chose de plus. Derrière ce visage angélique se cache des vices qui le consument à petit feu. Parmi eux se trouve la luxure sous une forme particulière. Bien qu'il aime les plaisirs de la chair, ce péché ne se matérialise que peu souvent au travers de son corps entrelacé avec celui d'une femme. Il tirera son excitation dans le voyeurisme sans en connaître les raisons. Il lui arrive même de forcer le destin pour que deux âmes se rencontrent. On peut réellement dire qu'il est fasciné par cet acte qui perdure depuis la nuit des temps. Il sait que c'est un élément de la vie qui, jamais ne disparaitra et dont tant de choses peuvent dépendre. Des guerres comme de grandes lignées sont nées grâce à cela.

    Il porte une grande admiration de tous les petits maux du quotidien que subit l'humanité. Les hommes savent que cela leur cause du tort et pourtant, ils ferment les yeux pour continuer ainsi jusqu'au jour où il sera trop tard. Cela va du fléau qu'est l'alcool jusqu'à profiter du malheur des autres, presque tous fonctionnent ainsi. Déjà les hommes agissaient de même quand Isaac était plus jeune et il ne voit pas comment ni pourquoi ça changerait. Alors il se plait à avoir un rôle d'observateur, de voyeur, même s'il trouve que c'est malsain et contre ses principes.

    Oui, Isaac est un homme qui a certaines règles qu'il ne veut pas transgresser et pour cela, il doit faire un travail sur lui-même. La première d'entre elles et sûrement la plus égoïste; ne suivre que celles qui lui plaisent. Ne jamais faire d'un autre, un monstre à son image. Isaac n'a que très peu d'estime pour lui-même en tant que personne, en dépit de tout ce qu'il peut faire de bien. Toute sa vie, tous ses choix n'ont été rythmé que de grandes déceptions, si l'occasion lui est donnée d'éviter ça à un autre individu, il la saisira. La troisième règle, qui n'en est pas vraiment une, est de ne faire aucune distinction entre hommes, femmes et enfants. La force n'est pas une question d'âge ou de sexe, selon lui, chacun peut être méritant ou au contraire insignifiant. La quatrième sera de rester respectable en toutes circonstances. Pour lui, ces règles basiques sont parfois très difficiles à respecter.

    Elles ont pour rôles de ne pas subir de souffrance, mais aussi de ne pas la faire vivre à ceux qui l’entoure. C’est ce qui lui permet de ne pas se retrouver face à une situation qui le dépasse. Peut-être sont-elles ce qui a fait de lui un errant solitaire. Hormis l'amour, la solitude est ce qu’il y a de plus dévorant chez Isaac. S'il arrive à s'en contenter durant certaines périodes, c’est de plus en plus pesant. Alors pourquoi continue-t-il à se mettre en dehors de la vie ? Qu'est-ce qui le pousse à s'éloigner tandis que tout chez lui montre qu'il est plus solidaire que solitaire ? Parce qu’une autre de ses facettes est présente, celle du plaisir du jeu. Cela n'a aucun rapport avec l'argent, Il s’agit de manipulation. Il pourra feindre des sentiments juste pour s'amuser ou par curiosité afin de savoir si quelqu'un dans ce monde agit différemment des autres. S'il n'a qu'un visage, il peut revêtir différents masques pour ainsi devenir gentleman aux intentions nobles, mais également simple ouvrier ayant besoin d'aide. Nombre de personne sont à même de trouver cela malsain, mais cela s'apparente presque à une maladie tant c'est incontrôlable. Ce n'est pas pour autant qu'Isaac n'en tirera aucun profit, il s’accapare au maximum ce qui peut lui être donné. Ce n’est qu’une personne semblable aux autres qui ne choisi pas toujours que chemin il doit emprunter.

    G r a d e . v i s é :
      Maréchal


    Les Questions
    Q u e s t i o n s  :

      1) Votre personnage est-il capable d’aimer, d’avoir une relation ?
        L'amour est dans l'ordre des choses, seulement, actuellement il se refuse de partager une telle relation.


      2) Si l’esprit de votre personnage s’incarnait en un animal mythologique ou chimérique ou réel (nuances acceptées). Que serait-il ?
        Une chauve-souris, un prédateur hors du commun.


      3) Qu’en est-il de la fidélité et de l’esprit de camaraderie de votre personnage ?
        Pour cela, il lui faudrait avoir un camarade, mais oui, il est fidèle à partir du moment où une personne est importante à ses yeux.


      4) En vue de votre race, quand pouvez-vous dire que votre personnage a forgé une amitié. Citez quelques unes de vos relations amicales.
        Avoir de vraies amitiés est très difficile bien qu'il se montre extraverti. Il aura des périodes où il saura se montrer expansif, d'autres où au contraire il ne fera que se refermer.


      5) Quelle est la devise de votre personnage ? S'il y en a plusieurs, donnez les toutes.
        « Ad vitam æternam »


      6) Vis à vis de votre façon d'écrire, quels sont vos points fort et points faibles?
        Je pense honnêtement être capable de retranscrire une atmosphère, faire « subir » au lecteur ce que peut ressentir mon personnage. J'ai tenté pour cette histoire d'imposer mon rythme, de ne pas faire survenir les événements qu'on attend au moment où on les attend.

        Il m'arrive souvent de ne pas faire attention à ce que j'écris, me tromper de mot, faire des fautes de débutants, parfois d'être sans originalité. Aussi, j'ai parfois une idée si précise de ce que je veux que je ne fais plus attention au reste, du coup, je vais trop vite d'un point A à un point B.


      7) Pourquoi incarner ce personnage ?
        Isaac est un personnage qui m'offre un nombre incalculable de possibilités d'évolution. De part son caractère, il pourrait devenir plein de chose. Il pourrait se retrouver à la tête d'un groupe, intégrer chacun d'eux. Il pourrait aussi bien devenir un membre de la Coalition que du Consulat, devenir bon comme mauvais, se tourner vers lui même ou encore vers les autres, mais cela n'est pas encore écrit. Je sais seulement avoir divers projets qui évolueront en fonction des rencontres lors du rp.

        En jouant Isaac, j'ai aussi voulu démystifier quelque chose que beaucoup trouvent fascinant. J'y ai mis les côtés les plus sombres, tout ce qui montre que ce n'est pas merveilleux d'être comme lui malgré certains points positifs.


Dernière édition par Isaac Becker le Dim 11 Mar 2012 - 22:18, édité 4 fois
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H i s t o i r e :


Tous, autant que nous sommes, avons une vie dont les jours sont comptés. Nous nous dirigeons au même endroit, seuls les chemins diffèrent pour y arriver. Certains ont une courte existence, pour d’autres, elle est longue. L’important n’est pas le temps que nous passons sur terre, c’est ce que nous en faisons. Le bien, le mal, tout cela n’est qu’éphémère, qu’un point dans la ligne fuyante du temps. Ce qui est bon aujourd’hui, ne le sera plus demain. Pouvons-nous juger un homme seulement sur ses actes passés et futurs ou devons-nous prendre en considération le contexte qui l’englobe ? Est-il plus sage d’attendre la fin pour juger son entièreté ou arrêter l’histoire en cours d’écriture ? Rien ne peut être intégralement tracé d’avance, la seule certitude reste la mort et là encore, nous ne savons jamais lorsqu’elle survient. Qu’elle soit atroce ou douce, nous savons qu’un jour le monde continuera de tourner sans nous. Suivez maintenant un chemin parmi tant d’autres.



Le ciel commença à se couvrir de nuages vers dix-sept heures. Isaac sortait d'un établissement scolaire, le pas pressé. Peu de jeunes gens avaient la chance d'être élève lorsque les cours sont réservés aux bonnes familles. Derrière lui, une fille de son âge, un sourire rayonnant aux lèvres s'approcha. « Isaac ? » Il se retourna sans pour autant s'arrêter de marcher. « Oui ? » En voyant qui l'interpella, il se stoppa brusquement dans son élan. « C'est ton anniversaire demain ? » Il se mit à rire, plus pour masquer son étonnement que pour montrer la joie qu'une personne soit au courant. « C'est vrai, Ana, demain j'entre dans la cour des grands, dix-huit ans déjà. » Elle ferma les yeux renforçant de ce fait la puissance de son sourire. C'est assurément une belle fille, une longue chevelure brune avec des yeux verts à charmer tous les hommes. Isaac n'a jamais éprouvé d'autres sentiments pour elle que de l'amitié. En réalité, il n'a encore jamais réfléchi à tout cela, à la place qu'il pouvait avoir dans une communauté. « Je ne manquerai pas de te le souhaiter alors. » Il acquiesça ne sachant pas vraiment ce qu’il pouvait ajouter à cela. « Tu veux venir chez moi ce soir ? J’ai le droit d’inviter un ami comme mes parents invitent les leurs. » Isaac se frotta le dessus du crâne, gêné de ne pas pouvoir répondre positivement à cette demande. Il se mit aussi à rougir, ce fut la première fois qu’elle lui propose de se rendre chez elle. « Désolé, ce soir je dois aider mes parents, une autre fois si tu veux. » Même si elle garda son sourire, le jeune homme pu voir un soupçon de déception dans son regard. Cela le toucha, malheureusement, il ne pouvait pas accepter malgré l’envie de dire oui. « D’accord, je te dis à demain alors. » Ils se séparèrent chacun de leur côté après un signe d’au revoir avec la main.

La pluie se mit à chuter par petites gouttes, ce qui ne poussa pas Isaac à se dépêcher, bien au contraire. L’eau qui coule sur son visage lui a toujours donné une sensation de bien être, il ne pouvait ni ne voulait l’expliquer. De nombreuses choses en ce monde ont un sens qui lui échappe et pourtant il se plait dans cette ignorance, ayant le désir de garder une certaine innocence. Après quelques minutes sous cette averse qui prit en intensité, il hâta sa démarche pour finalement se mettre à l’abri. Il soupira un court instant tout en attachant sa veste sur un porte-manteau. Le feu de la cheminée dans le salon englobait toute la pièce dans une chaleur des plus agréables. La maison dans laquelle il vivait avec sa famille était parmi celles des plus grandes du village. S’ils ne sont pas d’une riche lignée, ces personnes ont à leur actif une fortune qui leur permettait de vivre hors du besoin et ce, dans de bonnes conditions.

L’origine de cet argent est couvert du sang, il n’a pas été volé et n’est pas non plus celui de contrat douteux. Les parents Becker sont ceux qu’on appelle des profiteurs de guerre. Personne dans le village ne le sait, il n’y a que Malcolm et Laetitia Becker, respectivement le père et la mère d’Isaac, qui sont au courant. Le patriarche œuvrait aussi bien pour la famille royale que pour leur opposant durant une bataille qui a prit fin il y a une trentaine d’années. Les hommes du roi, trop peu regardants, n’ont à aucun moment remarqué ce double-jeu que tout bon patriote aurait dénoncé. Un général de guerre avait même fait de Malcolm une personne de haut grade suite à une grande bravoure et pour service rendu à la patrie. Tous les villageois s’accordaient à dire qu’il s’agissait d’un homme bon, loyal et profondément honnête. Grâce à cette notoriété, il se fit élire maire de cette petite bourgade, depuis les Becker vivent sur cet argent sale. Ce qu’ils ignoraient, c’est que leur fils savait tout cela, seulement, il garda le silence. Jamais il ne voudrait trainer ses parents dans la boue, salir le nom des Becker et, il fallait le dire, il n’allait pas cracher sur ces ressources.

Le jeune homme s’approcha de sa mère assise dans un grand fauteuil. « Je suis rentré, maman. » Elle posa sur la table le livre qu’elle était en train de lire, prenant soin de marquer la page. Isaac se baissa pour lui faire la bise avant d’ajouter une bûche dans le foyer de la cheminée. « Comment s’est passée ta journée ? » Cette question quotidienne l’exaspéra, il n’y avait pas grand-chose de plus à dire que la veille. « Bien, il n’y a rien eu de spécial, j’ai appris un peu d’arithmétique et aussi du latin, c’est tout. Où est papa ? » Fatiguée, Laetitia se frotta les yeux avant de lui répondre. « Comme hier, il t’attend, tu as bien fais de me le rappeler. » Isaac se dirigea par la porte de derrière après avoir renfilé sa veste. Une fois dehors, il se saisit d’une hache et s’avança vers le sous-bois en contrebas de leur jardin. Son visage montra son enthousiasme, il aimait être en extérieur quelques soient les intempéries. « Coucou papa. » Malcolm coupait du bois, mais s’arrêta lorsqu’il fut interrompu par son fils. « Ah Isaac, c’est toi, comment tu vas ? » Ils avaient tous les deux le sourire à cet instant, ils avaient peu d’occasions de rester ensemble. « Très bien merci, je suis d’attaque et toi ? » Le père essuya la sueur qui coulait sur son front à l’aide de son poignet. « En forme comme tu vois, tu m’aides ? »

Isaac s’exécuta, il aimait les travaux manuels et ne rechignait pas à la tâche. À eux deux, ils ne coupèrent pas moins de six stères de bois dans la soirée. Alors qu’ils empilèrent les rondins, le plus jeune se posait des questions. « Dis-moi papa. » Sans s’arrêter, Malcolm montra qu’il était à l’écoute. « Tu as déjà beaucoup de travail à la mairie et nous avons de quoi payer un ouvrier, alors pourquoi tu t’embêtes à couper du bois chaque année ? » Son père se mit à rire, il trouvait que c’était une bonne question. « J’ai besoin d’exercice, j’aime le travail administratif, mais ce n’est pas suffisant pour moi. Tu sais Isaac, si nous pouvons faire quelque chose nous-mêmes, il n’y a pas de raison de laisser un autre s’en occuper. » Il arrêta de parler le temps de reprendre son souffle. « Je vais te dire une chose, cet argent, on l’a gagné à la sueur de notre front, ce n’est pas parce que nous en avons beaucoup qu’il faut le jeter par les fenêtres. Tu auras la notion de l’argent quand tu auras beaucoup travaillé pour en avoir. » A cet instant, Isaac s’est dit que cette leçon de moral n’était pas donnée par la bonne personne, sans compter qu’il s’agissait en partie d’un mensonge. « Tu as raison papa, je n’oublierai pas. »

Le lendemain à son réveil, personne dans la maison. Les parents d’Isaac travaillaient, mais qu’ils ne soient pas là pour lui souhaiter son anniversaire ne le gênait pas. Il n’y accordait pas tant d’importance bien que ce soit agréable quand quelqu’un y pense. Sans prendre soin de se nourrir avant de commencer sa journée, il se dirigea vers le sous-bois avec la même hache. Il ne devait pas être plus de neuf heures, mais il était motivé et ça sera du travail en moins à faire pour son père. Le soleil et le beau temps rajoutèrent de l’entrain à la perspective de rester dehors. Il s’acharna à sa tâche sans penser à quand il allait s’arrêter. Il allait attendre que sa famille rentre pour le déjeuner, même légèrement avant le temps de le préparer.

Alors qu’il avait à peine commencé, une voix l’interpela de l’autre côté du jardin. « Isaac ! » C’était Ana, elle accourait en sa direction tandis que lui s’arrêta. « Bon anniversaire ! » Le visage du jeune homme se mit à rayonner de joie. « Merci Ana, ça me fait plaisir. » Elle se mordilla les lèvres, les mains dans le dos tout en ayant un mouvement de balancier de gauche vers la droite. « Je voulais être la première à te le souhaiter, mais je pense que tes parents m’ont devancée. » Isaac eut une expression d’amusement, ce qu’il allait dire lui ferait sûrement plaisir. « Tu te trompes, tu es bien la première. » Elle fut si heureuse que sans réfléchir, elle sauta à son cou pour l’enlacer. C’était à se demander qui fêtait son anniversaire. « Tu as quelque chose de prévu aujourd’hui ? » Une fois encore, elle se montra entreprenante à son égard. « Non, je fais un peu ce que je veux aujourd’hui. »
Ana lui attrapa la main et l’entraina avec elle. « Alors tu viens avec moi ! »

Alors il la suivi sans poser de question, bien curieux de savoir ce qu’elle mijotait. Après une dizaine de minutes de marche rapide, elle se retourna vers lui. « Ferme les yeux, c’est une surprise. » Il s’exécuta, tentant de se remémorer la dernière qu’on lui en a fait une, mais il n’en avait pas le moindre souvenir. « C’est bon, tu peux regarder ! » Il ouvrit les yeux, devant lui se trouvait une caisse, il ne comprenait pas. « Vas-y ouvre ! » C’est ce qu’il fit, il pu alors apercevoir de nombreux outils. Une hache flambant neuve, des couteaux et tant d’autres choses. Peut-être était-ce un cadeau peu personnel, toutefois, Isaac sembla aux anges. « Merci ! » Il se demanda alors ce qui poussa Ana à lui faire ce cadeau. « Comment tu as su quoi m’offrir ? » Comme à chaque fois, elle garda une expression joyeuse. « Tu es différent de ce que tu montres à l’école ou à tes parents, ça me semblait évident. » Surpris, c’était la seule personne à avoir remarqué cela sans qu’on lui en fasse part. « Oui, mon père voudrait que je suive ses traces, mais je ne veux pas. » Ana sembla dubitative. « Pourquoi tu ne lui dis pas tout simplement ? » Simplement… Oui, ça pourrait l’être… ça pourrait. « Il ne comprendrait pas et je ne veux pas le décevoir. Je me dis que dis que si je m’invente une vie comme celle qu’il a, j’y prendrais goût et peut-être que ses envies deviendront réelles. » Elle ne comprenait pas, quelque part Isaac non plus. D’une certaine façon c’était pour lui un moyen de ne pas être seul, d’être aimé. Il ne savait pas qui il était, quel chemin prendre et encore moins qu’Ana l’aimait pour ce qu’il était en fond de lui.



Dans un hamac en début d’après-midi, Isaac songea à moitié endormi. Il avait besoin de s’isoler, il avait même mis à un chapeau de paille pour se protéger du soleil, mais plus encore, pour se « déconnecter ». Il faisait l’école buissonnière, fatigué d’assister aux cours, de se conformer à l’idée de ce que faisaient ses parents à son propos. Il était arrivé au stade où il s’ennuyait, pas de ne rien faire, mais de l’existence qu’il avait. Vingt ans, à l’aube de sa vie et déjà lassé, qu’avait-il comme option ? Très peu et aucune ne lui plaisait, en deux années, il n’avait toujours pas cette force en lui pour s’émanciper.

Pourtant, il ne manquait pas de rêves, les idées fusaient dans son esprit, mais il se refusait toujours de ne pas suivre le chemin qu’ont tracé son père et sa mère pour lui. Autant il voudrait voyager, découvrir de nouveau lieu, vivre selon ses propres besoins et ressources, autant il ne voulait pas partir. Le travail administratif, apprendre les choses de la vie en restant enfermé dans une pièce, tout ça n’était pas pour lui, cependant, il devait s’y conformer. Il soupira, être aussi indécis était frustrant… S’il avait un autre frère, quelqu’un à qui le flambeau des Becker pourrait être transmit, tout serait plus simple. Il n’était que l’ombre de son père, celui qui devra aussi assurer la descendance de la famille. Dans ce petit village, faire perdurer sa lignée était pour tous dans l’ordre des choses. Il n’y avait jamais de nouveaux venus, jamais de départ, tout devait rester tel quel. Isaac était le premier à trouver cela profondément stupide, formater les gens de la sorte ne mènera à rien de bon selon lui. Qui avait établit ses règles idiotes ? Pourquoi avait-il si peur des qu’en dira-t-on alors qu’il n’y prête d’ordinaire aucune importance ?

Des bruits de pas se firent entendre, mais il ne broncha pas, restant caché sous son couvre-chef. « Coucou Isaac. » Il reconnu sa voix, c’était Ana qui lui rendait visite de plus en plus fréquemment. Si elle était ici, c’est que le temps était passé vite et que les cours étaient finis. « Salut. » Sa façon de parler était bien plus froide qu’à son habitude avec elle. Isaac n’aimait pas être interrompu dans ses pensées par qui que ce soit. Surtout aujourd’hui où il était en proie au doute. « Tu n’es pas venu aujourd’hui, tu es malade ? » Il soupira bien fort, faisant preuve d’une grande impolitesse, il ne la regardait même pas. « Non, je n’avais pas envie de venir. » Ana sembla interloquée, lui qui faisait toujours preuve d’assiduité même à contrecœur. « Le professeur a dit que si tu ne viens pas demain, tu seras renvoyé… » Isaac eut un léger rire narquois. « A la bonne heure. » C’est même un visage de colère que prit la demoiselle devant ce comportement. « Tu n’es pas comme ça Isaac ! » Il releva la tête pour la regarder tout en ayant une grande partie du visage dissimulé par son chapeau. « Tu as toi-même dis que je ne me montrais pas devant tout le monde comme je suis réellement, ne vient pas me faire la morale quand je fais tomber le masque. » Elle serra les poings et se crispa subitement, haussant le ton. « Tu n’as pas le droit d’agir de la sorte… » Isaac se leva brusquement de son hamac, jetant son couvre-chef au sol avant d’élever la voix à son tour. « Dis-moi Ana, depuis quand tu as un droit de véto sur mes choix et ma vie ? J’ai besoin de vivre autre chose, advienne que pourra. » La colère de la jeune femme s’estompa, elle étai tout bonnement estomaquée. « Fais ce que tu veux, je ne veux plus rien savoir… » Elle s’en alla sans détour et une fois à une dizaine de mètres, elle se retourna pour lui adresser une dernière parole. « Prends garde à ne pas te brûler les ailes. »

Isaac haussa les épaules, emplit d’un mécontentement profond. Il était resté chez lui pour avoir la paix et même ça, il n’y avait visiblement pas le droit. Il rentra chez lui sans prendre la peine de ramasser ses affaires, il n’en avait que faire. Une fois à l’intérieur, il se rendit compte que ses parents étaient rentrés. Il n’a pas feint d’aller bien, jouer cette mascarade était devenu au-dessus de ses forces. Il avait besoin qu’ils remarquent qu’il était mal dans sa peau. Isaac ne connaissait pas d’autres moyens de le leur montrer. « Bonsoir Isaac. Oh, tu n’as pas l’air dans ton assiette, ça s’est mal passé à l’école aujourd’hui ? » Si ce n’était que ça, il se serait contenté de ne rien laisser transparaitre. « Je n’y suis pas allé. » Malcolm à cet instant se décomposa sur place. « Mais qu’est-ce qui te prend à la fin ? Tu te rends compte de l’opportunité que nous t’offrons ?! » Il était prêt à lui donner une gifle lorsque Laetitia s’interposa. « Malcolm, calme-toi enfin ! » Elle se tourna ensuite vers son fils, posant les mains sur chacune de ses épaules. « Qu’est-ce qui ne va pas Isaac ? » Il prit une grande inspiration. « J’en ai assez de cette vie, je ne veux pas devenir comme vous, avoir un bon travail sans l’avoir décroché par mes propres moyens, profiter d’un argent gagné malhonnêtement, de faire ce qu’on me dit de faire, d’avoir des responsabilités dont je ne veux pas. » C’est ce qu’il aurait aimé leur répondre, leur dire les quatre vérités, faire fi de toute conséquence, mais à la place, c’est une toute autre chose qui sortit de sa bouche. « J’étais malade. » Ce jour-ci, il comprit qu’il avait trop peur de s’affirmer, qu’il n’allait pas prendre son envol comme il le désirait si ardemment.

La suite de la soirée se déroula sans accroc, sans aucune parole. Il y avait une tension palpable et personne n’osait rompre le silence. À la fin du repas, Isaac retourna à son hamac malgré la nuit tombée. Pourquoi ne leur avait-il rien dit alors qu’avec Ana cela avait été si simple ? Un manque de confiance en lui ou même de volonté ? Il avait trop peur de se poser la question ayant déjà bien assez honte de lui comme ça. Ce n’était même plus un désir qui bouillonnait en lui, mais un besoin viscéral. Il se demanda alors si un jour il allait réussir à prendre sa vie en main ou au contraire suivre le destin forgé par sa famille. Non, pour lui c’était une certitude, il allait y arriver, il devait seulement être patient, il ne pouvait pas se dénigrer de la sorte indéfiniment.

Durant toute la nuit, il resta dehors à penser à ce que pourrait être son existence s’il avait la force de s’approprier ses rêves. Il avait quelques idées à ce sujet même si c’était encore flou. Il craignait de trop se projeter dans l’avenir au risque d’être finalement déçu. Très vite, il culpabilisa au sujet d’Ana, elle qui ne méritait pas de subir sa colère. Il fut alors assailli par la honte, il avait peur qu’elle ne veuille plus lui parler après cette scène. Il prit sa hache pour s’acharner violemment contre un arbre. Il ne connaissait que cette façon barbare pour extérioriser sa peine tenace. Quand il en eut assez de donner des coups, il jeta son outil à quelques mètres. Il voulu hurler, mais s’en empêcha. La dernière chose qu’il voudrait c’est de réveiller ses parents et qu’une nouvelle crise débarque.

Il s’est rassit sur son hamac, fixant le sol comme s’il était la raison de sa colère. Quelqu’un s’approcha de lui et d’une voix douce se mit à lui parler. « Tu vas mieux ? » Il leva son visage pour voir celui d’Ana. Isaac n’y croyait pas mais la serra fortement contre lui. « Je suis désolé pour tout à l’heure, pardonne-moi. » Elle passa une main dans les cheveux du jeune homme. « Ce n’est rien, c’est passé maintenant. » Il était heureux qu’elle ne soit pas en colère contre lui, il ne l’aurait pas supporté. « Oh regarde ! Une étoile filante, fais un vœu ! » Il observa le météore passer à une vitesse fulgurante et formula son souhait en silence. Celui de parvenir à s’accorder ce à quoi il aspire tant. Il se doutait que cela ne suffirait certainement pas pour que cela se produise, mais en cette nuit, l’important était d’y croire. À son insu, Ana venait de lui redonner la force de penser que c’était réalisable, que rien n’était perdu. Il lui faudra du courage, de la détermination, il s’en savait maintenant capable. Le temps allait faire son travail, Isaac le sien, il n'y a que le premier pas qui coûte.



Isaac marcha lentement sur le chemin du retour tout en récitant de nouvelles locutions latines. De tout ce qui lui était permis d’apprendre, c’était cela et l’histoire qu’il préférait. Gaiement, il se rapprocha de la demeure familiale, il venait de passer une assez bonne journée, ne pas s’ennuyer en cours était chose rare pour lui. Étrangement, alors que la nuit était déjà présente, aucune lumière ne brillait dans la maison. Sans doute que ses parents étaient à un repas important. Le jeune homme eut d’autant plus de plaisir à se savoir seul en cette soirée. Il n’y allait pas avoir la routine selon laquelle il devait raconter ce qu’il avait fait ou encore apprit. Personne pour lui dire quoi faire, il appréciait ces courts instants qui lui étaient donné. Il posa la main sur la poignée et poussa la porte, mais elle resta coincée. Il avait beau forcer, il ne pouvait l’ouvrir plus de quelques centimètres. « Il faudrait vraiment faire quelque chose, elle tombe en ruine cette maison… » Se dit-il à lui-même avant de faire le tour pour rentrer par derrière. Il s’arrêta, surpris de voir la porte détruite, il sentait que ce n’était pas normal. Il lâcha ses affaires et se précipita à l’intérieur, avançant à tâtons dans l’obscurité. « Papa ! Maman ! Vous êtes là ? » Aucune réponse, ils venaient sûrement de se faire vandaliser. Isaac décida de voir les autorités de la ville, c’est ce qu’aurait fait son père.

Au moment de partir, il buta contre quelque chose qui le fit chuter à terre. Il râla un instant puis se releva et se dirigea vers l’extérieur. Ce n’est qu’à la lumière du jour qu’il aperçu ses mains maculées de sang. Il ne fut pas choqué dans un premier temps pour avoir déjà vécu cela lors d’une partie de chasse avec son père. Il savait quand même que c’était anormal et le stress, la peur grimpèrent exponentiellement. Il se hâta de retourner dans la maison, attrapa le chandelier qui était posé près de la porte ainsi que la boite d’allumettes posée à côté. Une fois allumé, il s’approcha de l’endroit où il était tombé. Ses yeux s’écarquillèrent, Isaac lâcha alors le chandelier avant de se précipiter sur les corps inanimés de ses parents. Il empoigna son père au niveau du col, choqué, perdu, ne sachant pas comment réagir. « Réveille-toi ! Papa, réveille-toi !! » Il le secoua de toutes ses forces, mais c’était peine perdue. Il accouru auprès de sa mère, elle aussi ne daignait pas ouvrir les yeux. Tout était si flou dans son esprit, les larmes coulèrent à flot, dans un moment de panique, il décida de s’enfuir. Il était couvert de sang et courait ainsi en plein milieu de village. Sans prêter attention aux regards étonnés des habitants, il se dirigeait vers un point précis. Il entra dans une maison sans frapper, sans savoir s’il y avait quelqu’un à l’intérieur. « Ana !!! » Celle-ci descendit les escaliers en quatrième vitesse, ses parents étaient là mais restèrent figés sur place en voyant un jeune garçon couvert de sang entrer chez eux.

Ana fut pétrifiée elle aussi, Isaac se laissa tomber à genoux, en pleur. Il regardait ses mains et se mit à hurler de chagrin. Ana, se baissa et le serra dans ses bras n’ayant pas peur de se salir. « Qu’est-ce qu’il se passe Isaac ?! » Il essaya de parler, mais c’était incompréhensible, finalement, il parvint à formuler une phrase audible. « Mes… Mes parents… Ils sont… » Il cria une seconde fois. « Je vais chercher un médecin ! » lança alors le père d’Ana. « Morts… Ils sont morts… » L’homme qui s’apprêtait à sortir ne pu finalement pas se résigner à le faire. « Petit, tu vas venir avec moi. » Ensemble, accompagnés d’Ana, ils se dirigèrent vers la police du village. Isaac avait le regard vitreux, le choc était à son paroxysme tel qu’il semblait déconnecté du monde. Ses pas étaient désordonnés, on aurait pu y voir une marionnette sans vie, désarticulée.

« Vous dites que les Becker on été attaqués ? » Le père d’Ana expliquait tout ce qu’il savait, c’est-à-dire pas grand chose. « Restez ici, je vais amener un médecin pour Isaac et dépêcher des hommes pour voir de quoi il en retourne. » Tout le monde connaissait le fils Becker pour être celui du fils du maire, tous voyaient en lui Malcolm. Le bruit qui courait comme quoi ses parents avaient été assassinés avait fait le tour du village en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Personne ne comprenait qui aurait pu faire ça. Les rapports indiquaient qu’une bête sauvage, certainement un loup voire même plusieurs s’en seraient pris à eux. La scène avait été décrite comme un massacre encore jamais vu dans la région. Du sang recouvrait tous les murs, même le plafond par endroits. Quelques jours plus tard, des battues furent organisées pour chasser la meute de canidés. Isaac lui-même y participa, bien décidé à venger sa famille. Il ne lui avait fallu que très peu de temps pour passer de la tristesse à la colère.

Malheureusement, cela ne servit à rien, personne n’a trouvé d’animal, même les plus expérimentés ne trouvèrent aucune trace de ce qui pourrait s’approcher de ce qu’à décrit le médecin légiste. Il n’y avait donc aucun moyen d’en savoir plus. La science n’était pas très développée dans ce village et très vite, plus personne ne parlait de ce qu’il s’était produit. Isaac ne voulait pas que ça se passe ainsi, la justice devait triompher, la mémoire de ses parents devait être respectée et non oubliée. C’est ainsi que chaque nuit de chaque semaine durant deux mois, il se mit à chercher l’animal responsable. Bien que certains voyaient en cet acte de la folie, le plus grand nombre était admiratif d‘une telle combativité. D’après leurs dires, Isaac avait la vitalité et la force de Malcolm avant qu’il ne devienne maire. Chaque nuit était un échec, mais il ne s’arrêtait pas. Jamais il n’a eut l’occasion de leur dire à quel point il les aimait, de leur dire au revoir.

Midi, Isaac dormait épuisé par cette traque infructueuse, il ne mangeait que très peu, juste de quoi tenir pendant la mission qu’il s’était donné. Ana, préoccupée pour son ami lui apportait de quoi se nourrir à chaque déjeuner. « Il faut que tu manges, tu dois garder tes forces. » Il ouvrit les yeux difficilement et se redressa, encore à moitié ensommeillé, il la regarda. « Merci » Dit-il en bâillant. « Ils vont bientôt choisir un autre maire, Isaac, certains disent que c’est dommage que tu ne te présentes pas. » Il ne percuta pas vraiment sur le coup, mais n’en sembla pas moins étonné. « Ah oui ? Ils disent ça ? » Ana fit un signe positif de la tête. « C’est ce que j’ai entendu. » Isaac se recoucha et tourna le dos à la jeune femme. Ce n’était pas de l’impolitesse, seulement qu’il était profondément fatigué. « Tu leur diras que je me présente. »

Une semaine plus tard, Isaac se fit élire maire de son village, prenant ainsi la place de son défunt père. Il ne s’en rendit pas compte, mais il embrassait à cet instant le chemin qu’il ne voulait pas emprunter il n’y a pas si longtemps. Il reprenait le flambeau des Becker, acceptant les responsabilités qu’il avait refusé jusqu’alors. Les rêves de liberté, de vie insouciante s’envolèrent, cependant, Isaac voyait en cela une opportunité de tracer son chemin à sa manière. Il devenait à ses propres yeux un symbole de la justice, il n’était pas comme ses parents, des profiteurs de guerre. Grâce à lui, les Becker allaient tourner une page sombre de leur histoire, bien qu’elle ne soit connue de personne. Il allait aller plus loin que n’était jamais allé Malcolm. Il fit graver comme devise sur la mairie « Salus populi suprema lex esto » Un homme s’approcha de lui. « Je vois que mes leçons t’ont été utiles. » Isaac se tourna vers son interlocuteur. « Oui professeur, vous m’avez enseigné beaucoup de chose. L’Histoire m’a appris les erreurs du passé à ne pas commettre. Grâce à vous, je pense devenir un bon maire. » Le professeur se mit à rire et posa une main sur l’épaule d’Isaac. « Je n’en doute pas un instant. Puisses-tu être un homme aussi bon que l’était feu ton père. » Le jeune homme plein d’humilité se courba en guise de remerciements. « Je vous en remercie professeur. »



Trois années déjà sont passées depuis qu’Isaac est devenu maire. Tout se passait à merveille, personne n’avait de remarque à lui faire en trois ans de mandat. Le village entier semblait même mieux se porter, les taxes avaient été grandement diminuées, des travaux pour réparer les bâtiments détériorés avaient commencés. Isaac avait pris à son entière charge les frais liés à ceux-ci, désirant user de l’argent de ses parents pour une bonne cause. Pour la première fois de sa vie, il était vraiment fier de lui. Il regardait l’avancement des reconstructions de la bibliothèque, elle avait été laissée telle quelle après un incendie. Par chance, plus des trois quarts des ouvrages avaient été sauvés. Ce n’est pas le bâtiment le plus important, mais selon Isaac, l’accès à la culture doit être facilité pour ceux qui désirent s’instruire ou se faire plaisir de cette façon. Après tout, l’éducation avait plutôt bien fonctionné chez lui.

« Monsieur le maire. » Isaac décrocha les yeux des travaux en cours pour les poser sur ceux de son assistant. « Bonjour Anthony. » Le rapport entre les deux personnes, tandis que l’une vouvoyait, l’autre tutoyait. « Nous avons besoin de vous pour l’organisation de la soirée. » Cela lui était totalement sorti de l’esprit. « Certes, commençons sans plus attendre. » Ils se rendirent dans la salle de bal fraichement construite. Ce soir devait se dérouler le quarantième anniversaire de la victoire de la dernière guerre. Bien qu’il ait un mauvais rapport avec cet affrontement ayant eut lieu avant sa naissance, Isaac se devait d’organiser cette fête à la fois pour la victoire, mais aussi en la mémoire des hommes qui y ont péris. Ce fut un évènement noir du village qui a vu perdre non loin de la moitié de ses hommes partis au combat.

« Nous pensons que la disposition des tables serait idéale comme ceci. » Anthony montra un plan de la pièce sur lequel étaient dessinés les meubles en question. Isaac observa la salle, tentant de visualiser à quoi cela ressemblerait. « Non, cela ne convient pas. Regarde ici. » Il fit un geste en forme de cercle avec son doigt à un emplacement précis du plan. « Les cuisines sont ici, le passage serait gêné, il faut déplacer ces deux tables et faire en sorte que les plats puissent être amenés. » Anthony nota ces remarques sur une feuille de papier. « Bien monsieur le maire. » Isaac tournait sur lui-même, regardant de nouveau autour de lui. « Non oublie, nous allons disposer les tables en cercle avec une ouverture. » L’assistant ne semblait pas comprendre pourquoi un tel remaniement devait avoir lieu. « Mais monsieur, il va y avoir une perte considérable de place, personne n’ira dans ce cercle et la disposition devient disgracieuse. » Isaac montra le bout de la salle, là où se trouvait une estrade. « Regarde, ici, il y aura un orchestre, la place libérée au milieu permettra à ceux qui le désirent d’accompagner la musique avec de la danse. C’est une salle de bal après tout, elle a été prévue pour cela. » Anthony aimait finalement cette idée à laquelle il n’avait pas pensé. « Ce sera tout ? » Il regarda sa liste pour être sur de ne rien oublier. « Il reste le choix des fleurs. » Isaac se dirigea vers la sortie. « J’ai entière confiance en toi en ce qui concerne l’art floral, je ne m’y connais pas suffisamment. » Il s’en alla donc s’occuper de tout le travail qui lui restait à faire avant de pouvoir souffler.

« Comme me l’a souvent dit mon professeur, ‘Labor omnia vincit improbus’ Un travail opiniâtre vient à bout de tout. Nos parents, nos grands-parents, nos frères sont allés il y a de cela cinquante ans à la guerre pour nous protéger. Cet affrontement n’aura duré pas moins de dix longues années durant lesquelles beaucoup seront décédés, donnant à cette victoire un goût des plus amers. C’est grâce à la bravoure de ces hommes, à la puissance de nos familles qu’aujourd’hui nous pouvons témoigner de ce chapitre et continuer d’avancer ensemble. N’oublions pas le sacrifice de ces personnes chères à nos cœurs, ne salissons pas leur mémoire. Feu mon père, qui a eut la chance de revenir vivant, a œuvré afin d’être reconnaissant des âmes perdues. Cela fait maintenant trois ans que je lui ai succédé et jamais nous n’avons étés aussi proches de ce qu’était notre village avant cette guerre. Il n’y a qu’ensemble que nous pourrons redonner la gloire d’antan à ce que nos ancêtres ont décidé de construire ici, de leurs propres mains. Ensemble, construisons un avenir prospère pour de longues décennies. Citoyens, mes amis, mes frères, buvons à la mémoire de nos aïeux qui aujourd’hui peuvent être fiers de leur travail ! »

Toutes les personnes présentent l’applaudirent lorsqu’il descendit l’estrade. Il salua la foule, remercia ceux qui le complimentèrent. Tous les hommes, y compris lui, étaient habillés en smoking, les femmes paradaient avec de très belles et longues robes. « Magnifique discours monsieur le maire. » Isaac se tourna vers la personne qui lui adressait la parole. « Merci beaucoup. Oh Ana, c’est toi ! Je n’avais pas reconnu ta voix. Comment vas-tu ? » Elle eut un rire amusé. « Très bien et toi Isaac ? Je ne t’ai pas vu beaucoup ces derniers temps. » Il eut l’air embarrassé, il ne voulait pas qu’elle ait l’impression qu’il l’abandonne. Elle était magnifique dans une robe blanche, les cheveux attachés. Jamais encore il ne s’était rendu compte à ce point qu’elle fût aussi belle. C’était comme un coup de foudre, plusieurs années en retard. Il se frotta la tête, un peu gêné. « Je me tue à la tâche, je n’ai pas beaucoup de temps pour moi en ce moment. Normalement, d’ici un mois, ce sera plus calme. » L’orchestre se mit à joueur, les gens se plaçaient au centre de la salle. « M’accorderas-tu cette danse Ana ? » Elle plia les jambes pour faire ironiquement une courbette féminine. Faire comme si Isaac n’était qu’un maire à ses yeux l’amusait. « Avec plaisir monsieur le maire. »

Ils se mirent donc à danser parmi la foule accordant leurs pas à la mélodie qui s’élevait dans les airs. Leurs regards se croisèrent avec la même passion des deux côtés. Isaac se rendit compte qu’Ana avait toujours été là pour lui, qu’elle était le personne qui le connaissait le mieux. Trop occupé à se torturer l’esprit avec des questions existentielles, il était resté dans un épais brouillard dont il en sortait à peine. Cela apparaissait maintenant comme une évidence, il l’avait toujours aimé et bien qu’elle se soit toujours tut, il savait avec certitude que ses sentiments étaient réciproques. Isaac s’arrêta alors de danser pour immédiatement l’embrasser avec ardeur. Les gens s’arrêtèrent alors en applaudissant, voyant cette amour éclater aux yeux de tous.

Quelques semaines plus tard, Isaac et Ana e retrouvèrent habillés le plus beau qu’ils n’eurent jamais été. « Dommage que le maire ne soit pas là pour célébrer cette journée. » La jeune femme sourit. « Vraiment dommage en effet, il est sûrement occupé. » Ils se trouvaient dans la mairie, l’adjoint du maire en face d’eux. « Isaac Becker, souhaitez-vous prendre pour épouse, Ana ici présente ? » Il plongea son regard dans celui de la femme qui tenait sa main. « Je le veux. » L’adjoint s’adressa à présent vers Ana. « Ana Guérin, souhaitez-vous prendre pour époux, Isaac ici présent ? » Sans quitter des yeux celui qu’elle a toujours aimé, elle répondit. « Oui, je le veux. » Les personnes présentent se levèrent. « Je vous déclare officiellement mari et femme par les liens sacrés du mariage jusqu’à ce que la mort vous sépare. » Tous applaudirent à l’unisson. « Vous pouvez embrasser la mariée. » C’est ce que fit Isaac avant même que l’adjoint ne finisse sa phrase. Tout souriait alors à ce jeune couple, Isaac allait de réussite en réussite et rien ne semblait pouvoir arrêter cette nouvelle vie méritée. Ils emménagèrent vite, Isaac fit construire une maison pour cela. Il ne voulait plus vivre là où ses parents avaient perdus la vie et Ana vivait encore dans sa famille avant cela.



« Monsieur, il arrive. » Isaac leva le nez de sa masse de dossiers à traiter. « Déjà ? Mais il a une semaine d’avance ! » Anthony prit une grande inspiration avec une pointe de compassion dans le regard. « Il semblerait que ce soit le cas. » Le maire sembla totalement paniqué, il se leva d’un bon et se mit à courir et s’arrêta au niveau de son assistant. « Merci » Il n’attendit pas de réponse et reprit sa course de plus belle, courant dans les rues. Les passants furent amusés devant cette scène. « Exactement comme il y a deux ans. » Se dirent-ils entre eux. Isaac courait le plus rapidement qu’il puisse sans même faire attention à la douleur physique. Il se précipita à l’intérieur de sa demeure, grimpa les marches trois par trois, ouvrit la porte de la chambre et souffla enfin. À l’intérieur, sa femme sur le lit, un médecin à son chevet ainsi qu’une infirmière dans un coin. Ana tenait dans ses bras un nourrisson, Isaac s’approcha. « Je peux le prendre ? » Elle lui tandis alors son fils. « Je… je suis papa ! » Il sauta de joie. « Papa ? » Un jeune garçon âgé de deux ans tout au plus était au niveau de l’entrée de la chambre. « Richard, regarde, je te présente Daniel, c’est ton petit frère. » A vingt-six ans, Isaac venait d’être père pour la deuxième fois. La vie lui souriait, que pouvait-il demander de mieux ? Il réussissait aussi bien dans la vie professionnelle qu’affective.

Isaac se trouvait sous le porche de la maison, sur un banc avec ses deux fils. Le plus âgé s’amusait avec des jouets en bois, l’autre était dans les bras de son père. « Chéri, tu n’es pas sensé être au travail en ce moment ? » Il posa se tête contre le mur derrière lui et regarda le ciel. « J’avais envie de passer du temps avec les enfants. Avec mon travail, quand je rentre, ils sont déjà au lit. Je ne veux pas rater ces moments. » Ana se mit à coté de lui et lui fit un court baiser. « Je comprends, mais tu es sûr d’avoir le droit ? » Isaac commença à bercer Daniel. « Oui, j’ai prévenu Anthony, il s’occupe de ça avec mon adjoint. » Elle posa la tête contre son épaule, regardant leurs enfants. « Je t’aime Isaac. » A son tour, il posa la tête contre celle de son épouse. « Je t’aime aussi. »

« Je vais coucher les enfants, c’est l’heure de la sieste. » Ana prit Daniel, l’enlaçant d’un bras et donna la main à Richard. « D’accord, moi je vais me dégourdir les jambes. » Il s’en alla, prenant comme direction son ancienne maison. Elle était restée dans le même état tout ce temps, seul le sang avait été nettoyé. Il n’entra pas, il savait pertinemment que cela lui ferait trop mal. Il ne pouvait se résigner à la vendre ou à la détruire. Faire table rase du passé avait toujours été difficile, pas un jour ne passait sans qu’il ne pense à eux. Il se dirigea vers le sous-bois dans lequel il passa beaucoup de temps lorsqu’il était plus jeune.

Une des ses haches était restée là, perdant de son tranchant au fil du temps. Il la saisit et se mit à abattre un arbre à la force de ses mains. Retourner à de petits plaisirs simples lui faisait un bien fou. Ce n’était que dans ces moments de solitude qu’il avait l’esprit libre, qu’il pouvait penser en toute quiétude. Le sentiment qui englobait son âme n’était autre que le bonheur. Il remerciait la vie de lui avoir offert une épouse formidable, deux beaux enfants. Tout n’a pas été facile, surtout lors de la période de sa vie où il se cherchait encore, mais en toute chose, il voyait un cadeau. Certes, le décès de sa famille n’est pas quelque chose dont il pouvait se réjouir, mais cet évènement lui aura permis de prendre les rênes de sa vie. Comme pour accompagner la plénitude de l’esprit d’Isaac, le soleil se mit à briller d’autant plus fort.

Il continua ainsi durant deux bonnes heures, pas pour faire du bois et ensuite l’utiliser, juste par plaisir. Il n’était pas nécessaire de chercher une raison en chaque chose, il devait suffisamment le faire à la mairie. Soudainement, il se demanda comment ça se passait en son absence. Sans aucune réticence, il décida d’aller voir ce qu’il en était. Pénétrant dans son bureau, il put voir Anthony qui s’affairait à toutes sortes de choses, gardant néanmoins un calme olympien. « Bonjour monsieur. » Isaac s’approcha regardant les dossiers que tenait son assistant. « Bonjour Anthony, tu t’en sors ? » Il fit la moue pourtant son regard affichait de la confiance. « Oui, j’ai réussi à réussi à rattraper le léger retard que nous avions, la bibliothèque sera finie dans deux jours vraisemblablement, et vous ? » Isaac regarda l’horloge fixée au dessus de la porte avec comme inscription sur le cadran; Vulnerant omnes, ultima necat. Quelques années auparavant, il aurait été d’accord, il souffrait à chaque heure, mais cette époque est révolue maintenant. « Parfaitement bien, Ana et les enfants se portent à merveille. » Anthony était content de la savoir, même s’il restait souvent en retrait, c’était une personne profondément altruiste.

« Anthony, tu as une cheminée chez toi, non ? » Il ne saisissait pas le sens de cette question sur l’instant. « Oui, en effet. » Isaac bougea la tête comme lorsqu’on veut dire oui. « J’ai coupé du bois, je pensais t’en donner, tu viens ? » Anthony regarda tous les dossiers qu’il lui restait à examiner. « Mais monsieur, il me reste encore beaucoup de travail. » Le maire rigola. « Laisse ça comme c’est, je m’en occuperai demain. Si tu veux tu pourras même rester chez toi. » Il posa alors les affaires qu’il avait entre les mains. Isaac passa un bras autour de son cou comme deux vieux amis. « Ne vas pas te tuer à la tâche, le village a encore besoin de toi. » Il se remit à rire et comme une contagion, Anthony aussi.

« Il y en a beaucoup ! » L’assistant sembla dépité en voyant le grand nombre de buches empilées. « Anthony, je ne t’ai pas dis de venir pour le bois en réalité. Oh bien sûr, tu peux les prendre, mais j’ai plus important à dire. » Il resta sans rien dire, attendant qu’Isaac continue. « Comme tu le sais, le parrain de Richard est le père d’Ana, je n’avais pas envie que ce soit lui pour Daniel aussi. » Il marqua un temps de pause. « Elle m’a dit qu’elle me faisait confiance pour ce choix et j’ai immédiatement pensé à toi. Alors ? Tu veux bien devenir le parrain de mon fils ? » Anthony ne s’attendait réellement pas à une telle demande. Isaac pouvait voir dans se yeux une surprise des plus totales. « J’en serais honoré monsieur. » Le maire donna une tape dans l’épaule de son assistant. « Mais pour commencer, fais-moi plaisir et appelle-moi Isaac, tutoie-moi aussi. Même au travail, cela n’a pas d’importance. » Anthony sourit, il était heureux d’avoir été choisi, lui qui ne l’aurait jamais imaginé. « D’accord Isaac, j’accepte d’être la parrain de Daniel. » Isaac s’en réjouissait. « Génial, tu n’imagines pas comme je suis content que tu me dises oui. Nous t’inviterons à diner pour l’occasion. »

« Tout de même, ça fait beaucoup à transporter. » Dit alors Anthony qui était fatigué à l’idée même de devoir amener tout ce bois jusque chez lui. « Ne t’en fais pas pour tout ça. Je demanderai à ce qu’on t’envoie un cheval et une charrette demain pour le transport. » Il soupira de soulagement. « Oui, ça sera plus pratique et d’autant plus rapide, merci. » Isaac commença à s’éloigner, la nuit commençait à tomber. « De rien, vu tout ce que tu as fais, je ne peux vraiment rien te refuser. Repose-toi bien demain, on se revoit dans deux jours. » L’un comme l’autre, se dirigèrent vers leur demeure respective. Une belle journée s’acheva sans aucune ombre au tableau au bonheur du patriarche des Becker.


Dernière édition par Isaac Becker le Dim 11 Mar 2012 - 18:09, édité 4 fois
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La nuit tomba si vite qu’Isaac ne le remarqua pas, trop occupé à travailler. Il restait de plus en plus tard ces derniers temps, il voulait avoir l’esprit libre pour les deux ans de Daniel. Richard avait eu son anniversaire un peu plus tôt et Isaac avait fêté le sien il y a deux mois. À force d’accumuler des journées de fête, il avait pris un retard considérable dans ses projets. Il restait le plus serein possible jusqu’à ce que la mine de son crayon se brise. Il le jeta alors à travers la pièce. Ce fut en réalité le troisième qu’il cassa ce jour et l’agacement, voire la colère était à son apogée. Il jeta un œil par la fenêtre et remarqua qu’il ferait mieux de se dépêcher. En effet, les nuages couvraient le ciel et la pluie n’allait sûrement pas tarder à tomber. Le maire accablé par tout le labeur à effectuer lâcha un profond soupir tout en enfilant son manteau. Comme si cela ne suffisait pas, Anthony était souffrant et l’adjoint demeurait introuvable depuis deux semaines entières.

À la seconde même où il fit le premier pas dehors, l’averse débuta avec intensité. Isaac pesta intérieurement et se hâta avant que cela n’aille de mal-en-pis. Il continua à avancer camouflant son visage du mieux qu’il puisse. Le tonnerre se mit à gronder et l’averse se transforma en véritable déluge, le vent soufflait, les arbres tanguaient. Il avait tant de mal à avancer que par moment il se demandait s’il ne reculait pas. Lui qui avait pensé bien faire en restant plus longtemps au bureau se mordit les doigts. Par chance, il n’avait que peu de route à faire pour parvenir jusqu’à destination.

Il ne fut plus qu’à une dizaine de mètres lorsque la foudre s’abattit juste à côté de lui. La frayeur qu’il eut n’eut d’autre effet que d’accélérer son cœur si vite qu’il avait l’impression qu’il allait se décrocher. Ce n’était vraiment pas passé loin, il pouvait s’en réjouir, deux mètres de plus et il aurait été foudroyé sur place. Ce qu’il ne vit pas en revanche, c’est que l’éclair venait de frapper un arbre et que celui-ci commençait à tomber tout droit sur lui. Il n’eut le temps de partir lorsqu’il fut percuté de plein fouet par le tronc. Il lâcha un terrible cri de douleur sous le choc. Isaac tenta de se relever, mais c’était peine perdue, il était coincé et sentait ses forces lui échapper. Sa vue se brouilla, il hurla une ultime fois avant de s’évanouir, espérant que quelqu’un l’entende.

Une heure plus tard, il se réveilla, toujours bloqué sous le tronc alors que la pluie ne cessait de dégringoler. Devant lui se trouvait une personne immobile, de ce qu’il pouvait voir, il s’agissait d’une femme, mais l’obscurité masquait son visage. Elle s’approcha lentement et à mains nues, elle souleva l’arbre et le repoussa plus loin. Isaac était sûrement dans un délire engendré par la puissance du coup qu’il avait reçu. La femme s’agenouilla près de lui et se mordit l’avant-bras jusqu’au sang. « Vas-y bois. » Elle porta son bras jusqu’à sa bouche et sans réfléchir il se mit à engloutir se liquide rougeâtre. À chaque gorgée qu’il avalait, il en voulait encore plus, il entrait dans un sorte de transe et ne s’arrêtait plus. Parallèlement, il se sentait de mieux en mieux, la douleur s’estompait à une vitesse folle. « Oh du calme, arrête-toi. » Il n’y parvint pas, elle était obligée de le forcer pour qu’il se détache. Son corps semblait avoir récupéré une vitalité telle qu’il ne s’était encore jamais senti aussi bien. S’il y a quelques minutes son corps l’empêchait de se mouvoir, là, il pourrait courir un marathon. Il regarda alors la femme, apercevant furtivement son visage et elle disparut subitement. Venait-il de rêver à tout cela ? Il l’ignorait, mais se mit à se poser des questions tout en se dirigeant de nouveau vers la maison.

« Isaac ! Je me suis fais un sang d’encre ! » Ana avait passé la soirée à s’inquiéter, mais elle n’avait pas pu chercher son mari en laissant les enfants seuls. « Je suis désolé. » Elle le prit dans ses bras, terriblement soulagée qu’il soit enfin rentré. « Mais qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? Regarde tes vêtements ! » Ils étaient déchirés de toute part, il ne s’en était même pas rendu compte. « Ce n’est rien, j’ai juste glissé sur une flaque de boue et je suis tombé. » Isaac ne voulait pas inquiéter Ana d’autant plus qu’il n’avait pas compris ce qu'il s’était produit. « Mais tu saignes ! » Il était tâché au niveau de la bouche et des joues. Elle attrapa une serviette pour essuyer tout cela. « J’ai dû me mordre en chutant. » En réalité, il se doutait qu’il s’agissait du sang qu’il avait bu. Il n’était blessé nulle part et ça ne pouvait venir que de là. Alors, serait-ce réel ? Une femme l’aurait sauvé cette nuit-là ? « Je suis contente que tu ailles bien. » Isaac l’embrassa tendrement, il était heureux lui aussi.

« Le diner est froid, je vais te le réchauffer. » Il se trouvait au-dessus du berceau de Daniel. Durant un instant, il croyait que jamais il n’aurait la chance de revoir ses fils ou sa femme. Isaac avait apparemment un ange gardien qui veillait sur lui. Grâce à cela, il pouvait prendre soin de sa famille, il chérissait chaque moment passé en leur compagnie. « Non ça ira, je n’ai pas faim. » Sa femme soupira. « Tu exagères, tu n’as pas mangé depuis le déjeuner ! » C’était vrai, il s’était peu nourrit aujourd’hui et malgré cela, il se sentait très bien. Il était comme monté sur piles électriques. « Ne t’inquiète pas, je vais bien et je vais me coucher de toute façon. » Ana éteignit le feu qu’elle venait d’allumer pour réchauffer le repas. « D’accord, je te rejoins dans cinq petites minutes. »

Le temps qu’elle monte le rejoindre, Isaac s’était déjà endormi profondément. Cette nuit-là, il fit un rêve des plus inhabituels, jamais il n’aurait pu imaginer de telles choses s’il était éveillé. Il s’allongea dans un très grand lit à baldaquin, rejoignant une femme pour l’embrasser fougueusement. Il ne s’agissait pas de sa femme Ana, mais d’une sublime créature, celle qui l’avait secouru il y a quelques heures à peine. Son désir grimpa, il la voulait pour lui, la déshabiller, coucher avec sans penser aux conséquences. Pas un instant dans ce fantasme, il ne pensa à sa famille. Cette sensation semblait bien plus forte que tout ce qu’il avait ressentit jusqu’alors. Avant que les choses n’aillent plus loin, il se réveilla en sursaut. Sa respiration était vive, son cœur battait la chamade. Il se rendit bien vite compte que tout cela n’était qu’un rêve, mais cela avait semblé si réel. Comment pouvait-il avoir des pensées si obscènes, comment pouvait-il penser à une autre femme que la sienne alors qu’il l’aimait éperdument ? Il ne réussi pas à se rendormir, trop préoccupé, en plus de ça, il lui avait menti. Certes, il y avait des raisons à ce mensonge et pour le reste, ce n’était que son subconscient qui travaillait. Peut-être que son rôle de maire le fatiguait plus qu’il ne l’aurait cru. Isaac ne lui en parla pas, il avait peur de son jugement et lui-même n’avait pas l’esprit clair.

Sans compter la pluie et le mauvais temps, la semaine qui suivit eut le même schéma. Des rêves de plus en plus insistants, leur réalisme était à en donner des frissons. Isaac devenait réticent à l’idée de s’endormir la nuit. La fatigue l’accablait plus à chaque jour qui passe, à son travail, il peinait pour ne pas s’assoupir et le soir il faisait tout pour rester éveillé. Si bien qu’il en devint irritable, chaque chose qui ne se passait pas comme il le désirait l’énervait. Il partait au quart de tour pour toute remarque faite même les plus futiles. Que ce soit à la mairie ou à la maison, il avait un caractère exécrable. Lorsqu’Ana lui dit de prendre un peu de repos, il fut exaspéré aussi. Son monde ne tournait plus aussi rond et il savait au fond de lui qu’il en était la raison.

Cette nuit-là, il parvint à s’endormir sans mal, son rêve détonnait de réalisme une fois de plus. Il était devant une vieille maison à la sortie du village. Celle-ci était abandonnée depuis des années, bien avant qu’Isaac ne vienne au monde. À ses côtés se trouvait cette fameuse personne si étrange, elle lui murmura à l’oreille. « Suis-moi. » Il lui obéit sans poser de question, elle poussa la porte dans un grincement sinistre. Elle se dirigea vers une porte qui donnait sur des escaliers sombrant dans le noir. Il la suivit encore, arrivés en bas, elle alluma quelques cierges pour qu’Isaac puisse y voir clairement. Il remarqua ne pas être dans un rêve tant celui-ci était à l’opposé des autres. Comprenant ceci, il voulu remonter, mais la femme se mit entre lui et les marches. Elle se mordit l’avant-bras de la même manière que la dernière fois, seulement elle n’avait aucune séquelle. « Je sais que tu en veux. » La tentation était trop forte, il bu comme une personne ayant passé des journées dans le désert sans une goutte d’eau. Un large sourire inquiétant prit place sur le visage de la femme avant qu’elle ne morde Isaac au cou. Chacun buvait le sang de l’autre, lui souffrait péniblement, mais pour rien au monde il ne se serait arrêté. Il commença à se sentir bizarre, à avoir des vertiges et très vite il tomba dans les pommes. Elle le vida entièrement de son sang et ensuite, elle ouvrit une trappe dans le sol. Il n’y avait qu’un trou dans la terre capable d’accueillir deux adultes. Ainsi, elle s’endormit avec lui, fermant la trappe derrière eux tandis que le soleil se levait.



Ainsi Isaac devint une autre personne. Il troqua le soleil contre la lune et les étoiles, n’étant maintenant plus capable de vivre en plein jour. « Bonsoir Isaac. » Il baissa les yeux ne voulant pas croiser le regard de celle qui lui avait privé de son humanité. « Je vous hais, Leila… » Cela n’a eut d’autres effets que de l’amuser. « Voyons, ça fait trois jours que tu me rabâches la même chanson, n’en as-tu pas assez ? » Isaac resta de marbre, totalement affligé. « Tu es resté deux nuit entières enfermé, tu n’as eut que deux repas… Ce n’est pas comme cela que les choses vont aller en s’améliorant. Je t’admire quelque part, peu ont la volonté nécessaire pour résister à cet instinct. Permet-moi de te dire que ça ne durera pas, bientôt il te faudra t’alimenter, tu ne seras plus capable de dire non à cette chose qui sommeille en toi. Ce ne sera que dans très longtemps, plus loin que tu ne peux l’imaginer que tu pourras passer une semaine sans nourriture. » Il se retourna vers elle, ayant assez de son monologue. « A quoi bon ? » Leila commença à taper machinalement des ongles sur l’accoudoir de son fauteuil. « C’est dans l’ordre des choses, voila tout. Sors, découvre le monde d’un nouvel œil, rien ne t’empêche d’aller voir ta famille. » Isaac saisit une lampe à huile qu’il fracassa contre un mur. « Et vous voulez que je dise quoi à ma femme ? Que je suis devenu un monstre, qu’à tout moment je risque de m’en prendre à elle ? » Elle explosa de rire. « Tu m’amuses, ce désir de se rattacher à quelque chose qui finira par s’envoler, tout cela me manquait. » Il serra des poings, faisant tout pour ne pas rentrer dans une colère folle. « Vous m’avez tout volé ! Ma vie, ma famille, mon travail, mon village ! » Leila en eut subitement assez de cette comédie. « La mort t’aurait déjà tout enlevé si je n’avais pas été là lorsque cet arbre s‘est effondré sur toi, tu devrais m’être reconnaissant de t’avoir offert ce qu’aucune tempête ne pourra balayer. » Isaac soupira, quelque part, elle n’avait pas tort, mais cela resta d’un goût amer. « N’était-ce pas toi qui voulait également d’une vie selon ton envie… Sans attache, sans personne pour te dire quoi faire ? Je ne serais pas quelqu’un qui t’enchainera de responsabilité, je te donne simplement la liberté. »

« Toujours ici à les observer ? » Isaac et Leila observèrent la famille Becker qui vivait maintenant sans l’homme de la famille. « Trois semaines que tu les regardes chaque nuit, pourquoi ? » Des larmes coulèrent sur les joues du jeune homme, elles étaient faites de sang. « Ils me manquent tellement. » Étrangement, Leila sembla affectée par cette tristesse qui emplissait le cœur de son interlocuteur. « Tu devrais aller les voir, ta femme est inquiète, même moi je peux le sentir. » C’était sans doute la première fois qu’elle se montra compatissante à son égard. « Si je vais parler à Ana, ce sera pour faire mes adieux et tu ne m’as pas dis que je dois être invité pour entrer chez une personne ? » Elle fit la moue, pensive. « Tu me tutoies maintenant ? » Isaac haussa les épaules, cela n’avait pas de réelle importances à ses yeux. « Je ne veux aucune marque de politesse vis-à-vis de toi. » Elle eut un semblant de rire la bouche fermée. « Je t’ai dis que peu de chose sur nous, mais tu sais, tu peux convaincre les gens de te laisser entrer et aussi, il me semble que cette maison t’appartient, tu n’as pas besoin d’autorisation. » Isaac frotta le sol du bout du pied, indécis et finalement. « J’irai la voir demain soir. »

Il se tenait là, devant chez lui n’osant pas pousser la porte et revenir comme une fleur après vingt jours d’absence. Le courage s’était enfuit, la volonté n’était pas là, il se sentait terriblement seul et pourtant, il lui suffisait d’entrer pour retrouver presque tout de son ancienne vie. Il se décida enfin à frapper comme s’il n’était qu’un inconnu. Ana ouvrit la porte précipitamment, l’espace d’une seconde, elle ne sut pas comment réagir. Sans surprise elle l’enlaça au niveau du coup, les larmes coulèrent à flot le long de ses joues roses. « Où tu étais passé ? J’ai pensé au pire ! » Elle ne le savait sans doute pas, mais le pire n’était pas si loin que ça. Isaac eut le souffle coupé, partagé entre le fait de tout lui dire et de garder sa nouvelle nature secrète.

Finalement, ils parlèrent durant plus de deux heures, le père de famille prit soin d’occulter ce qu’il lui était arrivé jusqu’à que ce soit trop lourd. Il lui révéla tout, ce qu’il était devenu, cette femme du nom de Leila, qu’il soit obligé de vivre la nuit, de se nourrir de sang humain. « Mais, ça ne tient pas debout, tu es sûr que ça va ? » Elle regarda s’il n’avait pas de bosse sur la tête, pour elle, tout ce que venait de dire Isaac était de la démence. Pour montrer que tout cela était vrai, il ouvrit la bouche, d’un coup, d’un seul, deux crocs poussèrent. Ana cria effrayée, l’expression du visage de son mari lui faisait peur. Il rentra les crocs, mais cela ne dissipa pas la crainte dans le cœur de sa femme. « Sors d’ici ! Tu n’es pas Isaac ! » Cela le blessa au plus profond de son cœur, il se mit lui aussi à pleurer, toujours des larmes de sang. « Je t’en supplie, ne fais pas ça… » Elle s’éloigna vivement, prête à hurler à la mort. « Laisse-moi voir les enfants une dernière fois et ensuite je sortirai de ta vie. » Elle s’empara d’un couteau, rien de très dangereux pour quelqu’un comme Isaac ou encore Leila. « Pars ! » Il s’en alla, l’âme empli de peine, le cœur totalement brisé.

« Alors, comment ce sont passées ces retrouvailles ? » S’il était malheureux, à l’instant, il fut surtout très énervé, pas envers Ana, mais bien Leila et même envers toute chose. « Demain, je quitterai ce village, seul. » Elle se mit à rire, elle savait qu’il ne pourrait s’en aller sans elle. « Tu as beaucoup à apprendre, si je le désire, je peux t’obliger à rester près de moi et sans utiliser la force. Tu es ma « progéniture » et tu pourras faire ce que bon te semble que lorsque j’aurais décidé de lâcher le contrôle que j’ai. C’est un lien plus concret que celui de la famille encore. » Isaac garda le silence, ce n’était pas sa première préoccupation pour le moment. « Cela n’a aucune importance pour l’instant, j’ai à faire. » Il partit une fois de plus, mais ce ne fut pas pour s’isoler, il avait une personne à aller voir avant de partir, tant qu’il était encore temps.

Il se retrouva devant une autre maison, il frappa à la porte qui s’ouvrit dans la minute. L’homme qui se tenait en face de lu resta bouche-bée, très étonné. « Bonsoir Anthony. » Ce dernier se remit de ses émotions. « Isaac ! Mais où étais-tu passé ? Le bruit courait que tu étais mort. » Isaac sourit, cette rumeur paraissait évidente dans un village tel que celui-ci. « J’ai entendu ça en effet. » Anthony soupira de soulagement. « Viens, entre. » Isaac acquiesça. « Volontiers. » Alors ils entrèrent, l’un suivant le second de près. Ils s’assirent autour d’une table, Anthony leur servit du vin, mais Isaac ne consommait plus rien de ce que prend d’ordinaire un mortel. « Te voir à une heure si tardive est étonnant. » Isaac en eut assez de ce genre de politesse et de retrouvailles, il voulait faire quelque chose et vite si possible. « Je ne viens pas sans une idée derrière la tête Anthony, j’ai besoin de ta signature. » Il fronça les sourcils. « Comment ça ? »

Isaac sortit de l’une de ses poches, des papiers administratifs, il y avait son nom sur ceux-ci et même celui d’Ana. « Je ne vais pas aller par quatre chemins, je renonce à tous mes biens et je les lègue à Ana, il me faut juste la signature d’une tierce personne pour valider. » Anthony resta dubitatif. « Pourquoi ça ? » Isaac soupira profondément. « Je veux faire cela rapidement, s’il te plait. J’ai aussi ce papier qui dit que je renonce à mon titre de maire. J’aurais bien voulu que tu me succèdes, mais mon avis n’a que peu de valeur, ce n’est pas à moi de décider. » Anthony fixa les papiers en attrapant un stylo pour signer. « Bien, voila. » Il sembla très troublé, il avait toujours apprécié ce maire. « J’ai une dernière requête, prends soin d’Ana pour moi, je t’en serais éternellement reconnaissant. » Finalement, il s’en alla en vitesse, rester était trop dur pour lui, il se devait de couper les ponts maintenant au risque d’en souffrir plus encore.



« Alors, tu as l’air d’aller mieux. » Isaac tint un sourire bien accroché à son visage. « Oui partir m’a fait un grand bien. » Les deux personnes se trouvèrent en haut d’un clocher d’un village bien plus grand. L’effervescence de celui-ci aida grandement l’homme à oublier son passé, démarrer une nouvelle vie, se réinventer en quelque sorte. Tout ce qu’il aimait faire, il ne l’aimait pas. Être assailli de ce sentiment de contradiction qui paraissait étrange. Comment apprécier une chose que l’on déteste faire ? Il décida de ne pas chercher à comprendre, il adorait cette vie qui lui était offerte, il pouvait enfin penser sans conséquence. À vingt-huit ans, il pouvait s’amuser comme un enfant, se plaire aux jeux de personnes âgées, il avait tout le temps devant lui pour faire cela dans l’ordre qu’il avait décidé, il était immortel. « Tu cherches un nouveau jouet ? » Isaac eut un rire fin, amusé de tout cela. « Oui, tu vois la femme là-bas, elle me plait grandement. » Elle se trouvait à plus de trois cents mètres, les deux personne ayant grimpé sur le clocher pouvaient jouir d’une vision absolument parfaite. À cela, ajoutez l’ouïe, l’odorat, la force et d’autres pouvoirs et vous avez Isaac en pleine forme. « Tout de même, tu es étrange. » Il se retourna vers elle, intrigué. « Qu’est-ce qui te fait dire cela Leila ? » Elle pencha la tête, sourire aux lèvres, les yeux brillants. « Et bien, t’es loin d’être aussi rapide que tous les autres comme nous et tu t’es déjà nourri ce soir que tu en redemandes. » Isaac, toujours le visage radieux, fixa celle qu’il avait choisie. « Pourquoi un homme mange deux steak au déjeuner alors qu’un seul suffit ? » Leila recula sa tête avec étonnement. « Euh… Par envie ? » L’homme porta sa main au visage, il sembla dépité sur le moment. « C’était une question rhétorique, mais oui, l’envie peut être l’une des raisons. » Il marqua quelque chose sur une feuille de papier et l’inséra dans sa poche avant de s’en aller.

Isaac marchait dans la rue non loin de sa « victime » potentielle, il força le pas pour arriver à son niveau et la bousculer. Il feignit l’accident et s’excusa pour ensuite s’éloigner d’elle. Il venait de faire tomber le mot qu’il avait écrit, ce que remarqua bien vite la jeune femme, elle n’eut pas le temps de le prévenir qu’il était déjà partit. Piquée au vif par la curiosité, elle ne su pas s’empêcher de lire ce qu’il y avait d’inscrit. C’était un rendez-vous une demi-heure plus tard sur une terrasse non loin de là. Finalement, elle alla au lieu de rencontre bien que le mot ne lui soit pas adressé. Elle vit Isaac assit, regardant sa montre touts les cinq minutes, mais personne ne vint. La femme fut frappée par son visage doux, si son apparence restait globalement banale, cette finesse l’attirait grandement. Elle décida donc de s’assoir à sa table, bégayant légèrement, gênée d’entreprendre ceci. « Bon-bonsoir. » Isaac lança un sourire charmeur, se délectant de la venue de cette femme. « Bonsoir. » Elle se mit à rougir, elle n’avait sans doute pas l’habitude de rencontrer des hommes si tard le soir alors que le soleil est déjà couché. « À qui ai-je l’honneur ? » Elle frotta sa joue contre l’épaule n’osant pas révéler son identité, finalement, elle céda. « Nathalie et vous ? » Elle eut peur de paraître trop directe, mais l’expression d’Isaac la maintint en confiance. « Isaac, enchanté de vous connaître Nathalie. » C’était une femme quelconque, ni moche, ni belle et Isaac pu voir dans son regard que tout cela était nouveau pour elle.

Il n’eut pas la patience d’user de ses charmes naturels et opta pour l’utilisation de ses nouveaux pouvoirs. Il la fixa droit dans les yeux, approchant son visage doucement et d’une voix calme et douce, il commença à chuchoter. « Nathalie, je n’ai nulle part où dormir ce soir, je suis certain que vous apprécieriez de me venir en aide, n’est-ce pas ? » Les yeux de cette personne devinrent vides de toute expression, comme si elle était hypnotisée. « J’en serai ravie. » Isaac fut satisfait de voir à quel point cela était aisé, peut-être même un peu trop. « C’est très aimable de votre part, où se situe votre maison ? » Nathalie tourna la tête et pointa du doigt une vieille bâtisse. « Charmant, cela vous dérange si nous nous y rendions maintenant ? » Elle fit non de la tête et se leva prestement, se dirigeant vers sa demeure avec Isaac à ses côtés.

À l’intérieur, il put voir de nombreux trophées de chasses comme la tête d’un sanglier. « C’est d’un goût… douteux. » Il n’appréciait que peu que l’on puisse se vanter de la sorte de la mort d’un animal. Faisait-il de même avec ses proies ? Bien sûr que non, en plus de n’avoir aucun intérêt à ses yeux, n’importe qui arborant des trophées à tête humaine serait déclaré fou. « Montez dans votre chambre et déshabillez vous, je vous rejoins dans deux minutes. » Elle se mit à obéir sur le champ et grimpa les escaliers dans un état végétatif. Isaac, de son côté, observa avec dédain l’apparence intérieure de cette maison. C’était dans un désordre total, cela pouvait en dire long sur celle qui occupait les lieux. Après un léger tour d’inspection, il monta à son tour, admirant le corps dénudé de cette femme. Contrairement aux apparences, il n’allait pas coucher avec, ce n’était nullement son intention.

Il s’approcha d’elle, lentement, faisant apparaître ses crocs tandis que ses yeux devinrent rouges. Il l’attrapa au niveau des chevilles pour la tirer vers lui et sans cérémonie, il se mit à la mordre à la cuisse, proche de l’entre-jambe. Le sang coulait à foison et il se savourait ce breuvage au point de ne pas savoir s’arrêter. Il la vida alors littéralement de tout ce liquide et s’arrêta quand il n’y avait plus rien à prendre. Il se releva, observant ce corps sans vie, pleinement rassasié, le sourire aux lèvres. Il sortit de sa poche un mouchoir afin de s’essuyer, il était peut-être ce qu’il était, il ne laissa pas pour autant les bonnes manières de coté. Il s’en alla donc, le soleil n’allait pas tarder et il serait fâcheux pour Isaac d’être encore dehors au moment où il se lèvera.

Bien cinq ans plus tard, Leila et Isaac étaient toujours en compagnie l’un de l’autre partout où ils désiraient aller. A vrai dire, l’ancien maire ne se rendait pas réellement compte de ce qu’il était devenu, il perdit vite la notion du temps. Pourquoi se préoccuper de minutes ou d’heures quand on a l’éternité devant nous ? Il s’amusait chaque jour d’une nouvelle façon, accumulait les proies, sans pour autant les tuer. La sensation d’être tout puissant était omniprésente, seulement il y en avait une pour casser cette joie. Leila était bien déterminée à lui montrer ses limites, ils étaient bien loin d’être invincibles. « Il faut que je t’explique deux trois petites choses Isaac. » Ils étaient tout deux dans une maison, à côtés d’eux, trois personnes qui dansaient, ils étaient sous leur emprise. C’était un moyen de distraction comme un autre. « Je t’écoute Leila, je t’écoute. » Elle chercha par où commencer, elle trouva et s'empara d’un couteau pour se couper le bras avec. « Comme tu le sais déjà, nous avons une capacité de régénération très développée. Toutefois, il y a des limites, je vais prendre par exemple celui de l’argent. » Elle fit signe à l’une des danseuses de s’approcher. « Regarde, lorsque je touche son collier, c’est comme si ma peau fondait. » Elle lui montra non sans douleur. « Si tu touches de l’argent, tu ne pas te soigner de tes plaies. » Isaac était très attentif. « Je l’ignorais. » Leila lui mit une légère claque. « C’est bien pour ça que je te le dis. Aussi, imaginons que tu es à terre, si quelqu’un place des chaine sur tes bras, aussi légères soient-elles, tu ne seras pas capable de les soulever. Même ce simple collier, tu vois ? » Isaac fit oui de la tête, n’écoutant maintenant plus que d’une oreille. « Ecoute-moi, c’est important. Bon, où en étais-je ? Oui, si jamais pour une raison quelconque tu te retrouve avec de l’argent dans le corps, il finira par être expulsé tout seul après un certain temps. Maintenant, le bois… C’est idiot, mais aussi banal que ce soit, un simple pieu en bois planté dans le ventre et on est morts. J’espère pour toi que tu n’auras jamais à voir l’un d’entre nous se faire tuer. C’est comment dire… Assez écœurant. Tu as tout saisi ? » Isaac était obnubilé par les danseurs, mais il répondit tout de même. « Oui. » Elle comprit qu’il avait l’esprit ailleurs, mais voulu conclure. « Ah oui, évidemment le soleil aussi peut nous tuer, mais plus on est âgé, moins c’est douloureux et hideux. Encore une chose, les pouvoirs de contrôle ne marche pas sur tout le monde, mais personne ne peut nous manipuler de la sorte. Pour expliquer, je dirais que la « magie » qui nous maintient en vie n'est pas la même que celle qui fait vivre les humains. »



Vingt années plus tard, l’ennui vint frapper à la porte, Isaac ne savait plus trop quoi faire dans sa vie. Malgré cela, il appréciait vivre en marge de la société, il ne voulait pas s’intégrer aux « mortels » devenir trop commun pour ainsi dire. Durant chaque jour des cette vingtaine d’année, il ne put s’empêcher de penser à Ana et à ce qu’elle était devenue, sans oublier ses fils. C’était le moment de retourner aux origines, seul, il ne voulait pas de Leila pour ce voyage. Ce n’était pas contre elle, il devait simplement avoir l’esprit clair pour ce qui l’effrayait grandement. Par chance, elle le laissa partir sans poser de condition, sans vouloir y mettre son grain de sel pour une fois. En réalité, cela ne l’aida pas, il se sentait un peu seul de ce fait et sans soutient, il ne savait pas s’il allait avoir le courage d’y aller.

Il se décida enfin après trois heures de réflexion et deux nuits de voyage. N’étant pas capable de progresser de jour, il était limité dans ses déplacements. Logiquement, il arriva au village lorsque la lune fut haute dans le ciel. Il s’arrêta une fois arrivé à une centaine de mètres de son ancienne maison. Il put y voir Anthony accompagné de Richard et Daniel. Ces deux derniers l’appelèrent « papa », cela déchira le cœur d’Isaac. Il ne pouvait en vouloir ni à Anthony, ni à ses fils, ils devaient continuer leur vie. Les deux Becker avaient sensiblement le même âge que celui d’Isaac lorsqu’il dû fuir. Anthony lui, avait les traits beaucoup plus tirés, la peau toute ridées. Ce qui frappa l’ancien maire du village, c’est leur visage triste, au bord des larmes. Il parvint à entendre ce qu’ils disaient et ce fut bien pire que d’entendre ses enfants appeler un autre homme « papa ». Ana était décédée plus tôt ce matin. Le destin semblait vouloir jouer des tours de mauvais goût à cet homme. Au fur et à mesure de sa vie, il perdait tout petit à petit et le jour où il désire revoir celle qui fut sa femme, la mort l’a emportée. Il ne pouvait rester, revenir dans la vie de sa famille pour ensuite les voir partir quand viendra leur heure, nul ne devrait à voir ses descendants mourir, c’est contre nature. Isaac décida de s’enfuir comme par le passé, toujours ce même schéma qui se reproduisait, ce fut le coup de trop.

Avant de quitter le village pour toujours, il prit un détour par le cimetière. Il put voir de ses propres yeux la sépulture de son défunt amour. Ana Guérin, elle avait même reprit son nom de jeune fille… Il se retint de verser de nouvelles larmes, le vingt-huit Mars, ce jour allait rester graver en sa mémoire à jamais. Il resta là à se recueillir durant une heure entière, se remémorant chaque instant de sa vie auprès d’elle. Il déposa ensuite un asphodèle sur sa tombe, la fleur du regret et ce sentiment allait le suivre jusqu’à sa mort, si mort il y a. Il ferma définitivement le chapitre de ce village et de tous ses habitants pour retourner avec Leila, la seule personne capable de battre le temps avec lui. C’était le seul réconfort qu’il pouvait avoir.

À la vue de son visage, Leila ne posa aucune question à Isaac sur sa petite excursion. Elle n’avait besoin de ça pour savoir que cela s’était mal passé. Pour lui changer les idées, elle lui proposa un jeu assez particulier. Isaac devait trouver la plus belle femme possible sans user de son pouvoir et Leila un bel homme de la même façon. Ensuite les faire se rencontrer et déclencher quelque chose chez eux. En bref, se mêler de la vie de deux personnes et en faire des jouets le temps d’une nuit, un challenge pour lequel il fallait un peu de concentration.

Isaac se para d’un élégant costume pour commencer ce jeu et il s’en alla à un recrutement pour spectacle, celui d’un ballet. Les belles femmes ne manquaient pas et ce fut bien pour ça qu’il avait choisi ce lieu. Il décida de s’assoir sur un des nombreux fauteuils observant les danseuses. Le jury chargé de les noter afin de choisir les meilleures semblait très strict, c’était une bonne chose pour Isaac. Il patienta jusqu’à la toute fin, des mots durs furent lancés, il y eut même des pleurs de la part de certaines candidates. Inutile de pleurer, si on n’est pas choisi c’est qu’on ne le mérite pas, il faut juste travailler. C’est ce que pensait celui qui se faisait passer pour un jeune homme de vingt-huit ans, mais il ne pouvait espérer mieux du jury qui fut particulièrement incisif. Lorsque les jeunes femmes se changèrent, Isaac alla s’adresser aux juges.

« Magnifique, je vous dis un grand merci, exactement ce que je désirais pour égayer ma soirée. » Les trois juges l’observèrent avec une once de prétention dans le regard. « Plait-il ? » Isaac porta la main à la bouche pour tousser. « Ce spectacle est exquis, je vous souhaite une bonne soirée, une autre représentation m’attend. » Il se dirigea vers les loges attendant qu’une des danseuses en particulier en sorte, cela ne tarda pas. Elle avait encore les yeux rougis de tristesse suite à son échec, quoi de plus beau qu’une femme fragile. C’était le bon moment pour commencer une attaque en douceur. « Excusez-moi mademoiselle. » Elle regarda Isaac qui savait que le retour n’allait pas être aussi tendre. « Quoi ? » Il afficha un visage triste pour la mettre en confiance. « Je vous ai vu danser et je ne suis pas du tout d’accord avec ce qui a été dit, vous dansez admirablement bien. » Elle sécha les quelques gouttes qui coulèrent encore le long de sa peau. « Merci beaucoup, c’est gentil. » Cette fois-ci, le visage d’Isaac devint plus radieux. « Il ne faut pas baisser les bras. Excusez mon audace, mais accepteriez-vous de vous joindre à moi pour le diner ? J’ai réellement apprécié votre danse et j’espérais obtenir de vous quelques petites astuces. » Elle sembla perturbée, peut-être qu’elle trouvait cela trop gros pour que ce soit vrai, elle accepta quand même, elle n’avait rien à perdre.

Ils allèrent donc dans un restaurant raffiné, un majordome arriva. « Bonsoir, vous désirez une table ? » Isaac regarda si Leila était déjà arrivée, ce qui semblait ne pas être le cas. « Oui, pour quatre personnes, s’il vous plait. » Le majordome regarda dans son registre. « Bien, une table vient de se libérer, si vous voulez bien me suivre. » Ils le suivirent donc jusqu’à parvenir à une table qui était à l’angle de la salle. « Vous commandez de suite ? » Isaac s’essaya en même temps que la danseuse et observa la carte. « Non, nous attendons des amis. » Le serveur se retira donc pour s’occuper d’autres clients. « Dites-moi, je n’ai pas connaissance de votre prénom. » Quitte à jouer le jeu, il décida d’opter pour un faux. « Etienne. » Elle n’eut pas l’air d’apprécier ce prénom. « Moi c’est Emilie. » Il ne répondit pas car Leila venait justement d’arriver. « Ah Leila, je te présente Emilie, Emilie je te présente Leila.. » Tous les trois s’embrassèrent ainsi que la quatrième personne. « Eh bien, moi je vous présente Joe. » Le repas commença ainsi, du vin fut servi et bien évidemment, ni Isaac ni Leila n’en burent une goutte. De même, ils ne mangèrent pas, mais la discussion étant captivante, personne ne remarqua ces détails.

Lorsque Joe ainsi qu’Emilie furent assez saouls, Leila annonça qu’il était temps de se dégourdir les jambes et de prendre un peu l’air. Ils sortirent et là, Isaac proposa quelque chose. « Cela vous dit d’aller dans le clocher ? » Emilie ria sans raison, titubant pitoyablement. « Il est presque minuit, on n’a pas le droit. » Leila qui aimait cette idée voulu appuyer la proposition de son homologue masculin. « Si personne ne nous voit, nous ne risquons pas grand-chose. » Isaac montra alors qu’il attendait une réponse qui ne tarda pas à arriver. « Ca va être amusant ! » À la bonne heure, tout allait comme sur des roulettes.

En haut, ils purent apercevoir un lit, Isaac l’avait placé ici quelques heures plus tôt. « Vous savez ce qui serait vraiment idiot ? » Isaac ne disait rien, il attendait de voir ce qu’allait dire les autres. « Non quoi ? » Leila regarda le sommier fixement. « Ce serait que Joe et Emilie fassent l’amour ici. » C’était étrangement annoncé, mais visiblement la psychologie inversée sembla fonctionner. « Ah oui ? Tu ne m’en crois pas capable ? » Alors Emilie attrapa Joe et le jeta sur le lit et ainsi commença une douce nuit de folie. Isaac fut étonné dans un premier temps, mais très vite il prit plaisir à regarder. C’était quelque chose de curieux, mais à la fois beau, ces gémissements, ces regards vides, tous ces mouvements, toutes les caresses avides. Voir ces corps entrelacés procura en lui une excitation palpable, il remarquait les gouttes de sueurs qui perlèrent, la température grimpante et par dessus tout, les veines qui se gonflaient. Il put sentir leur cœur battre à travers elles. Le plus difficile était de ne pas succomber à ses instincts primaires, mais c'est bien là qu'il trouvait l'extase. C’était exactement ce qu’il lui fallait pour sortir d’une monotonie implacable. Ils répétèrent ceci de nombreux autres soirs et tous étaient différents. Le sexe, la façon dont il était fait, les personnes qui y participaient, jamais il ne se produisait deux fois la même chose. Sans s’en rendre compte, Isaac obtint un goût très prononcé pour cela. S’immiscer dans la vie d’autrui de la sorte pour les transformer en des bêtes de luxure, tout cela était très excitant pour lui.


Dernière édition par Isaac Becker le Dim 11 Mar 2012 - 19:06, édité 2 fois
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Isaac ne se détacha pas de ce plaisir bestial même après les cinq siècles qui venaient de s’écouler. Il ne passa pas une année sans poser un asphodèle sur la sépulture d’Ana et continuait à faire de plus en plus de folies avec Leila, il ne s’ennuyait pas. Très vite, une nouvelle envie lui vint, celle de se réintégrer à la vie sociale. Quelque chose qui n’est pas fondamentalement difficile, cependant, être capable de ne vivre que de nuit reste un très grand handicap. Ce n’est pas quelque chose qui passe inaperçu, sans compter son teint très pâle. Il arrive à ne pas se faire remarquer, mais au quotidien, ce sont des détails qui se voient. La seule possibilité était de trouver un travail qui se déroule une fois le soleil couché. Il n’allait pas travailler par plaisir, seulement ça reste le meilleur moyen de s’intégrer. Il n’allait pas faire part de se projet à Leila, il se doutait qu’elle trouverait cela stupide. Il n’avait pas à le cacher, elle semblait être occupée ces derniers temps et elle s’en était allée faire quelque chose seule pour la semaine. Malheureusement pour Isaac, la plage horaire qui lui était offerte ne lui donnait que peu de choix, tout ce qu’il aurait aimé faire se déroule en journée.

Ne voulant pas se morfondre sur cette situation, il se décida à commencer ses recherches. Il débuta dans une taverne qui semblait être peuplée chaque soir, il doit sûrement y avoir besoin de nombreux employés. Il entra promptement et se dirigea vers le comptoir où se trouvait un serveur. « Bonsoir, je désire un renseignement. » Ce dernier nettoyait des verres sales. « Dis-moi tout mon gars, je t’écoute. » Isaac ne se sentit pas à l’aise, il avait cette sensation étrange que tous les regards étaient rivés sur lui. Ce fut comme si tout le monde savait ce qu’il était réellement alors que d’ordinaire, cette impression était absente. Il se dit alors qu’il se faisait des idées que ce n’était qu’une paranoïa passagère. « Je voudrais parler au propriétaire de l’établissement, s’il vous plait. » Le serveur posa le chiffon et le verre qu’il tenait. « C’est moi, tu as besoin de quelque chose ? » Isaac ne s’attendait pas à ce que le patron travaille lui aussi au contact des clients. C’était assez rare pour lui auparavant lorsqu’il était maire. Il n’apparaissait que lors de gala ou de cérémonie d’ouverture. « Je cherche actuellement un travail, vous reste-t-il des places à pourvoir ? » Le propriétaire reprit alors ce qu’il venait d’arrêter. « Désolé, on est complet, je ne peux rien pour toi. Va voir dans le bar d’en face, tu auras peut-être quelque chose. » Déçu, Isaac n’en resta pas moins déterminé, il allait faire ce qui lui avait été suggéré. « Ce n’est rien, merci tout de même. »

Il reproduisit le même schéma, allant vers le comptoir où se trouvait aussi un serveur. Cette fois si ce n’était pas le propriétaire, on lui a dit qu’il devait être dans son bureau. Il y alla donc, frappant à la porte. « Entrez. » Il s’exécuta et il put voir une personne vraiment corpulente. Il n’y faisait pas réellement attention, il se disait juste que son sang devait être gars et peu savoureux. « Bonsoir, je viens car je suis à la recherche d’un emploi. » Le patron lui tendit la main pour serrer celle d’Isaac. « Tu cherches quelque chose en particulier où tout te conviendrait ? » A vrai dire, il n’y avait pas encore réfléchi. « Je ne suis pas exigeant, mais ce serait pour un travail de nuit. » Son interlocuteur ne prit pas le temps de regarder dans ses papiers pour savoir quel poste était libre. « Tu as de la chance, une place s’est libérée il y a deux jours, un employé s’est cassé le bras ce grand malin. » La chance commençait à tourner pour Isaac. « Tu t’y connais en alcool ? » Pas vraiment, surtout depuis qu’il ne se nourrit plus de la même façon que les autres personnes. « J’apprends vite. » Il partait avec un handicap, cela n’avait pas l’air de déranger la personne en face de lui malgré cela. « Bien, tu seras au comptoir avec Eric que tu as dû voir tout à l’heure, il t’apprendra les ficèles du métier. Si les serveuses sont débordées, tu peux être amené à donner un coup de main en salle. Tu commences demain à vingt-deux heures. » Isaac trouva ainsi son premier boulot après de longues années d’inactivité, il ne lui restait plus qu’à continuer sur ce chemin.

Le lendemain, il y retourna, prêt à pouvoir démarrer une nouvelle vie gaiement. Il prit vite le coup de main, ce fut finalement appréciable de ne plus être marginalisé, de se sentir vivant d’une nouvelle façon. Ce qui le dérangea toujours c’était le regard que les autres avaient constamment sur lui. C’était très oppressant, il préféra se dire qu’une nouvelle tête dans les parages devait faire parler les gens et que cela finirait bien par leur passer. Pour sa première nuit, il apprit avant tout le nom des alcools et des cocktails. Il ne travailla pas vraiment, c’était juste pour prendre connaissance de ce qu’il y avait à savoir. Comme il était possible qu’il soit en salle, une des serveuses, Andréa l’aida à s’y repérer. Les numéros des tables, la façon de tenir les assiettes et les plateaux et quand il fallait débarrasser. Bien entendu, le gros du travail était le contact humain, il devait donc se montrer aimable, souriant. C’est pourquoi avant chaque nuit de servir, il se nourrissait afin de ne pas être irritable.

Il ne se lia pas si facilement aux autres personnes, il n’avait plus cette habitude. En plus de tout ceci, il décida de ne plus user de ses pouvoirs de persuasion dès que quelque chose n’allait pas comme il le désirait. Le travail sur lui-même rendait la sensation d’être observé en permanence d’autant plus difficile, presque cruel à ses yeux. Il sentit une grande méfiance et par conséquence, il devint suspicieux à son tour, exaspéré qu’à chacune des vingt-quatre heures qui passaient, rien ne semblait vouloir évoluer. Leila, quant à elle daigna ne pas revenir, ce qui n’était pas normal, elle qui semblait toujours vouloir s’immiscer dans la vie des autres. Vouloir redevenir normal le poussa qu’à une chose, ruminer le passé, le souvenir d’être heureux pour toujours s’effaçait à jamais. Il regarda alors son parcours jusqu’ici, il faisait tout à l’envers. La vie de famille devait être la concrétisation de toute une vie, pourtant cela était déjà bien loin. Peut-être avait-il des descendants, vivant, que les Becker existaient toujours. Il préféra ne pas penser à cela, ne pas les rencontrer, que pourrait-il leur dire ? Qu’il est un parent lointain ? Il avait déjà fait l’expérience de dévoiler ce qu’il était et rien ne le confortait à l’idée de le refaire.

Isaac s’entêta à continuer, comme il l’avait dit le jour où il se rendit compte de ses sentiments pour Ana, Labor omnia vincit improbes. Un leitmotiv qu’il voulait suivre tant qu’il jugeait en avoir la force. Ce qui ne dura pas plus d’un mois, il s’en rendit compte au retour de Leila. Il remarqua qu’il préférait continuer une vie qui s’apparentait à de la débauche tant il était mal à l’aise au quotidien. Cette dernière lui disait que cela ne servait à rien de vouloir s’intégrer de la sorte. Les loups ne vivent pas avec les moutons sauf en période de chasse. Isaac n’assumait pas son choix de baisser les bras, il mit cette décision sur le dos de Leila, il aurait la conscience tranquille un certain temps. Ce qu’il n’avait pas dit, en revanche, c’est qu’il avait succombé bien avant en manipulant une des serveuses et en finissant pas la tuer. Il sentit une grande honte en lui, il se demanda comment pouvait se sentir Leila, elle en était la cause quelque part. Si elle ne l’avait pas transformé, il n’aurait jamais fait toutes ces choses horribles. Depuis ce jour, il se jura de ne jamais faire d'une autre personne, un de ses semblables. Il se retira de la vie humaine une énième fois, à contrecœur.



Cela faisait un millénaire qu’Isaac et Leila marchaient main dans la main. Ils se complétaient sans être identiques, avaient des points de vue à la fois convergeant et différents et quand l’un voulait être seul, l’autre le laissait faire à sa guise. Isaac garda tout de même une certaine rengaine du fait que sa condition vienne de sa partenaire. Il ne manquait pas de le lui faire remarquer lors de passages à vides, où tout semblait monotone et insipide. Cette nuit-ci, était l’une d’entre elles. « Sors de ma vie Leila ! » Il lui jeta un vase qu’elle parvint à éviter sans mal. « Tu ne veux pas jouer à ça avec moi, je suis plus âgée et donc plus puissante que toi. » Elle ne voulait pas comprendre ce qui énerva Isaac, il lui lança cette fois-ci une table en bois massif. Elle fut mise à mal, mais parvint à se relever. « Soit, ce n’est pas comme si tu me jouais cette scène trois fois par décennies, demain tu t’excuseras encore. »

Cette fois-ci, ce fut elle qui lui envoya une chaise qui ne le toucha pas. « Pourquoi tu m’as fais ça ? Je n’ai jamais désiré devenir un monstre ! » Ils avaient sorti leur crocs, il y avait déjà beaucoup de sang sur le sol. « Pour le plaisir de la manipulation, ce que tu t’amuses à faire souvent également. » Il ne s'agissait là que d’un dialogue de sourd et d’une querelle perdue d’avance pour Isaac. « Je ne me suis jamais jouée de toi, libère-moi ! » Elle se mit à rire aux éclats et s’arrêta brusquement au moment d’ouvrir la bouche. « Non. » Froide et garce, cela commença à agacer Isaac au plus haut point. « Qu’est-ce que je t’apporte ? Il te serait toujours facile de jouer avec moi, mais je veux et j’exige ma liberté, donne la moi. » Leila n’eut plus le cœur à se battre, désespérée. « Alors tu ne comprends vraiment pas pourquoi ? » Il lâcha à terre un morceau de chaise qu’il avait ramassé plus tôt. « Est-ce que j’ai l’air de saisir la moindre de tes pensées et actions ? » Elle se mit à pleurer, ce qui fut la première fois depuis qu’Isaac la connaissait. Il fut prit d’un pincement, autant il voulait être dur envers elle, qu’à cet instant il en souffrait.

« Isaac, je fais tout cela parce que je t’aime. » Il resta tétanisé en entendant ceci, il y voyait encore de la manipulation à travers des mots qui paraissent beaux. Il ne se doutait pas un instant qu’elle disait la pure vérité, qu’elle l’aimait éperdument et ce depuis bien avant sa transformation. « Bien sûr, tu imagines que je vais te croire alors qu’en mille ans tu ne m’as jamais montré le moindre amour ? » Leila laissa ses genoux fléchir sous la peine que lui infligeaient les mots d’Isaac. « Cesse de jouer la comédie. » Il n’ajouta rien et s’en alla, le sang qu’il avait perdu allait bientôt lui être préjudiciable, il devait se nourrir. Il ne s’embêta pas à choisir un humain qui lui plaisait, à jouer avec pour obtenir plus de satisfaction, il prit la première personne qui passait et de la manière la plus bestiale qu’il ne l’ait jamais fait, il aspira jusqu’à la dernière goutte de sang. Il laissa le corps gésir sur le sol qui affichait un visage d’effroi.

De nouveau en pleine possession de ses moyens, il se mit à réfléchir au calme. Et si Leila disait vrai ? Il ne voulu pas y croire, mais l’espérait au fond. Elle était la seule qui comprenait ses moindres désires, comment il en était arrivé là. Chaque geste, chaque pensée, elle savait absolument tout de lui, elle était plus proche de lui que ne l’avait jamais été Ana. Il fut troublé de ne le remarquer que maintenant. Il n’était pas certain d’éprouver de l’amour, surtout irrité comme il l’était, mais il alla la rejoindre, elle qui n’avait pas bougé d’un pouce depuis son départ. Il avait senti qu’elle avait été profondément touchée par la précédente scène. « Je sus désolé Leila. » Sans aucune forme de procès, il l’embrassa. Un baiser chaste, timide, mais un baiser. « Pour me faire pardonner » Il leva le bras en direction de la porte, un homme entra, un humain qui allait servir de hors d’œuvre. Leila ne saisit pas tout d’un coup, son visage s’illumina après quelques secondes, la tristesse laissa place à la joie.

Les années passèrent et l’idylle resta d’actualité, comme avant, ils s’amusaient de leur condition quand Isaac ne passait pas par ses phases de doute. Il y eut encore de nombreuses disputes, mais leur saveur était bien différente d’autrefois. Isaac retrouva ce sentiment d’invincibilité de puissance. Il se fichait éperdument de tout ce qui se passait autour de lui, des regards oppressants tant qu’il était avec elle. Tout ce qu’il avait besoin après tout, c’était un peu d’intention, de ne pas être une personne parmi tant d’autres, d’être important pour quelqu’un. Il n’avait pas changé, il était tout simplement heureux. Avec Leila, il entreprit de nombreux voyages et lorsqu’ils eurent fait le tour du monde, qu’il ne restait plus rien à découvrir, Isaac eut peur que l’ennui vienne de nouveau.

Il ne fut pas au bout de sa surprise lorsque son amour vint lui annoncer qu’elle venait de trouver un moyen de vaincre la lassitude qui les guettait. Il y avait un vieux chercheur fou dans le village qu’ils occupaient à ce moment. Sans en expliquer d’avantage, Leila lui demanda de la suivre sans rien demander. Piqué au vif par la curiosité, il la suivit donc, muet comme une tombe. « Ferme les yeux ! » Elle attrapa ensuite sa main pour le guider. « Tu peux les ouvrir. » Isaac put alors voir un véhicule, cela ressemblait un peu à ce qu’il voyait dans les ports. Ce bateau n’avait pourtant pas de pont ni de gouvernail et encore moins de voile. « J’ai entendu dire par l’homme qui habite ici qu’il venait d’un autre monde et qu’un jour il y retournerait. Tu entends ça ? Un autre monde ! » Isaac avait du mal à y croire, aucun livre d’histoire n’avait mentionné une possible existence d’un autre monde. « Tu imagines, c’est comme lorsque j’ai découvert que le monde était rond et non plat ! Au début, j’y ai pas cru, alors j’ai demandé cet homme de m’en dire plus. Il serait venu bord de ce qu’il appelle un vaisseau, mais qu’il était en panne. Je lui ai dis de le réparer et voila, c’est fait ! » Isaac se mit à sourire, découvrir de nouvelles choses l’excitait fortement.

« Tu penses qu’il voudra bien nous emmener ? » Leila fronça les sourcils en fixant Isaac. « Il aurait suffit de lui dire de le faire et il l’aurait fait. » Les yeux de l’homme s’écarquillèrent. « Aurait ? » L’emploi du conditionnel le frappa, il s’imaginait déjà le pire. « Cette andouille est mort hier, je l’ai trouvé dans son fauteuil. » Consterné, c’est ce qu’était Isaac en entendant ces paroles. Pas pour le décès de la personne citée, mais de la froideur avec laquelle cela avait été annoncé. « Mais ce n’est pas grave, ça doit pas être complique de faire marcher ça ! » Isaac regarda de plus près l’engin. « Dis-moi Leila, tu as déjà été à bord d’un bateau ? » Elle haussa les épaules. « Evidemment. » Là, il ne comprenait réellement pas comment cette personne fonctionnait. « Tu as dû remarquer qu’il faut plus d’un homme pour naviguer non ? » Elle lui donna une petite gifle comme elle aimait lui donner. « Oh tu m’écoutes ? Ce n’est pas un bateau, le vieux a dit que c’était un vaisseau. Si le nom est différent, la façon de l’utiliser doit l'être aussi. » Cela ne tenait pas debout aux yeux de celui qui l’écoutait. « Ou alors c’est juste parce que cela n’a pas la même fonction. » Leila ne l’écouta pas et grimpa dans ce qui semblait être le lieu pour piloter. « Regarde, il n’y a pas de place pour plus de trois personnes, il semblerait qu’un homme suffit. » Il la rejoignit et après deux tentatives, ils réussirent à décoller et s’envoler. L’utilisation restait simple en soit, mais le voyage était long, pas d’autres monde à l’horizon.

Leila, impatiente et commençant à être affamée sembla mal. « Qu’est-ce qui ne va pas ? » Elle détourna le visage pour regarder dehors. « Rien. » Isaac ne voulu pas démordre. « Si, je vois bien que quelque chose te tracasse, dis-moi. » Elle le regarda, des larmes de sang commencèrent à couler. « Tu vas me détester… » Son souffle s’accéléra, la panique commença à se faire ressentir. « Mais non, dis-moi. » Leila cacha son visage avec ses mains. « Ce que je vais te dire, te feras un choc, tu ne vas sous doute pas y croire, mais ce sera la vérité, pardonne-moi. »



Le voyage sembla être sans fin, Leila n’arrivait pas à s’exprimer, à dire ce qu’elle avait sur le cœur. Isaac se concentra sur le trajet, espérant trouver un lieu où enfin ils pourraient s’arrêter. Soudainement, Leila se leva, toujours avec cet air si désorienté. « C’est moi qui ai tué tes parents, Isaac. » Il lâcha les commandes pour se lever et l’attraper à la gorge. C’était un sujet si sensible qu’il ne pouvait que croire à ce qu’elle lui avait dit. Il prit alors une voix sombre qui ne masquait pas sa rage, ses yeux virèrent au rouge instantanément tandis que Leila ne tentait même pas de se débattre. « Tu-as-fais-quoi ? » Il prit bien le temps d’articuler chaque mot. « Je… J’ai tué tes parents… Pardonne-moi… » Il n’avait aucune envie de lui pardonner cet acte, il la souleva pour la jeter sur le tableau de bord. S’en suivit une réaction mettant les circuits hors de tension. Isaac n’en avait que faire de mourir dans l’espace, ça seule motivation était de faire subir à Leila ce qu’elle avait fait à sa famille. Elle était la conséquence de chaque drame de sa vie, cela avait assez duré.

Leila ne se laissa plus faire, l’instinct primal des deux partis étaient aux aguets. Isaac n’allait pas attendre une riposte avant d’attaquer de nouveau. Il arracha l’un des sièges et sans compassion, il frappa à la chaine. Elle le stoppa et le propulsa contre l’une des parois. « Je ne vais pas te refaire le même coup. Je pourrais te redire que grâce à moi tu as vu bien plus de chose qu’il était donné à un homme de voir. Ce que je veux que tu saches par contre, c’est que mon amour est sincère et que si tu me tues, tu resteras seul à jamais. » Isaac n’écoutait plus rien, que ce soit des paroles ou la raison, seule la colère subsistait. Au moment où il allait la frapper du poing, le vaisseau entra dans une nouvelle atmosphère il venait d’arriver dans un nouveau monde. Subitement, Isaac revint à lui et tenta de rattraper la chute du vaisseau. Peine perdue, dans sa rage, il avait tout détruit et le sol s’approchait de plus en plus.

Ils finirent par s’écraser, le choc fut très douloureux et les deux personnes s’en retrouvèrent mal en point. Ils devaient se nourrir, mais au loin, des rayons de soleil commencèrent à s’inviter dans le ciel. Leila semblait ne plus pouvoir bouger et malgré sa colère, Isaac la prit sur son dos pour l’emmener loin du soleil. Juste à temps, il trouva une grotte dans laquelle se cacher. Ils passèrent la journée à l’intérieur pour se reposer. Tous deux étaient trop fatigué pour se battre, même cette envie quitta Isaac, il aimait trop Leila pour la blesser. Il ne voulait pas lui faire ce qu’il n’aurait pas aimé qu’elle lui fasse, même si elle l’avait déjà fait. Il resta éveillé, des saignements commencèrent au niveau de ses oreilles, mais il désirait être sûr qu’il n’arrive rien à Leila.

Au lever de la lune, Isaac remarqua que celle qu’il aimait ne pouvait toujours pas bouger. « Attends-moi ici. » Il s’en alla et ce fut sans surprise qu’il revint avec de quoi se nourrir. Ensemble, ils partagèrent ce repas, sans se parler. Leur regard se croisa à peine et quand cela se produisait, ils se détournaient. Ce fut de loin le moment avec le plus de tension entre eux. Isaac partagé entre haine et tristesse, Leila honteuse. Ils reprirent bien vite leur force et Leila le remercia bien étrangement. Son « Merci » n’était pas anodin, mais Isaac ne sut en quoi. « Je reviens. » Il s’est alors dit quelle avait besoin de s’isoler bien que cela ne lui ressemble pas. Lui, avait décidé de rester où il était pour réfléchir encore.

Deux heures plus tard, il sentit comme des convulsions en lui, il savait ce que c’était; Leila l’appelait. Il se hâta de la rejoindre pour finalement voir une scène qui l’horrifia. Ils étaient sur une place de marché, un gigantesque clocher se trouvait plus loin. Ici bas, il y avait des dizaines de morts, elle venait de faire un carnage, mais ce n’est pas ce qui retint son attention. En face de Leila se trouvait un homme avec un pieu en bois, il était sous son emprise. Le visage en pleur, elle fixa Isaac. « Je suis désolée. » Alors l’homme lui planta le morceau de bois en pleine poitrine et en une fraction de seconde, elle se retrouva liquéfiée, seuls ses entrailles restèrent répandues sur le sol. Isaac en eut un haut le cœur et se mit à vomir quand l’odeur lui est parvenue aux narines. Aucun mot n’avait réussi à s’échapper, il ne restait que le silence. Pour la suite, il n’eut qu’une réaction, briser la nuque de l’humain qui venait de faire cet acte bien qu’il fut manipulé pour ça.

L’esprit d’Isaac qui aurait presque dû se mettre hors circuit en voyant cela travailla bien plus vite au contraire. Il décida donc de se retirer de la vie tout entière, mais il ne voulait pas mourir. Il retourna dans la grotte et d’y rester à jamais, sans se nourrir, sans jamais revoir quiconque. Il était voué à vivre seul dans la tristesse et allait s’en contenter, n’ayant plus une once d’ambition en lui. Des années passèrent sans qu’il se nourrisse, sa peau devint ridée, il ne pouvait même plus se déplacer hormis en rampant, mais où irait-il de toute façon ?

Plus tard, il se mit à rêver étrangement, il était avec une femme qu’il semblait aimer et il fuyait avec elle aussi loin qu’il le puisse. Ils se réfugièrent dans une caverne et c’est là qu’Isaac put voir un homme en face; lui-même. Il savait que ce dernier voulait se nourrir de sa chère et tendre, mais il voulait la protéger. Pétrifié de peur, quand il le vit s’approcher, Isaac ne fit rien en voyant sa dulcinée s’éloigner et son double la suivre finalement. D’où il était, il pouvait voir la femme se faire mordre et c’est à et instant qu’il retrouva ses esprits. Quand il ouvrit les yeux, il remarqua qu’il était en train de s’abreuver de sang, trahissant sa promesse d’exil, il avait même de nouveaux vêtements. Il comprit alors que même s’il désirait être humain, il y aurait toujours ce côté animal en lui capable de prendre le dessus.

Une alternative se proposa d’elle-même, il pouvait être l’un et l’autre. Bon, affectueux, sociable et à la fois dangereux, primitif. Isaac ne vit d’autre option que de concilier ces deux facettes de sa personnalité. Il s’en alla vers la ville la plus proche dont il obtint le nom; la Cité du Crépuscule. Il se mit à faire des petits boulots sans importance, juste pour se réintégrer dans un premier temps. Lorsque la faim lui venait, il hypnotisait une personne le temps de lui prendre un peu de sang. Ensuite il donnait du sien pour que les blessures de la victime guérissent rapidement sans laisser de cicatrice. Finalement, il parvint à mener un semblant de vie normale sans peine. C’est le mois suivant qu’il entendit parler de groupes aussi différents les uns que les autres, oeuvrant pour différentes causes. De ce qu’il entendait, beaucoup de personnes marginales y étaient présentes, c’est ce qu’il lui fallait. Regardant le ciel étoilé, il pouvait voir de nombreux vaisseaux aller et venir, il regarda alors dans ses poches, il avait amassé assez d’argent ne serait-ce que pour un voyage. On lui avait dit où se trouvaient les différents quartiers général, il ne savait pas par où débuter. Rester ici et aller voir la Coalition Noire ou commencer ailleurs ? Au fond d lui, il voulait quitter le lieu du décès de Leila, il monta alors à l’intérieur d’un vaisseau.
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Hello Isaac.

Pour le physique.

Comme je te l'ai déjà dit, je pense que cette présentation du physique est originale. En soit, mettre en scène le physique est de plus en plus commun, mais la narration à la deuxième personne est vraiment une excellente idée. Après, je pense que c'est une question de goût quant à l'impression laissée au lecteur, mais l'idée est là. Au niveau du style, il reste quelques erreurs, des petites maladresses, mais je ne fais la remarque que parce que tu demande Maréchal.

Sur le fond, on sait à quoi ressemble ton personnage, et certes on est un peu perdu, mais on devine déjà la dualité présente chez Isaac. Je précise que je n'ai pas encore lu l'histoire. Grell parle souvent de l'effet liste, effet que tu évites de justesse en expliquant les détails par le regard observateur voire inquisiteur de l'inconnu.

Je pense que tu aurais dû te dispenser de cette dernière phrase ou bien enchaîner sur une scène de combat intégrant la partie "style de combat". C'est peut-être stupide, mais ça m'a vraiment gênée, je trouve qu'on finit sur une note floue qui fait perdre les repères. Car comment Isaac pourrait-il s'attaquer lui-même ? Pour moi, tu aurais vraiment dû terminer ton physique par une phrase qui laisse entendre qu'Isaac est face à lui-même.

Concernant le style de combat, tu as bien fait d'assumer le sadisme (même involontaire) de ton personnage. Cela évite les incohérences qu'on peut avoir parfois, on veut que notre personnage soit violent et mauvais mais qu'il garde une touche de bonté ou je ne sais quoi et du coup on dénie les mots qui correspondent pourtant au personnage... Tu ne commets pas cette erreur.

En fait ce que je reproche à ton physique, c'est le manque de clarté. Tu sous-entends qu'il s'agit de la bestialité d'Isaac, puis tu le démens, etc... Laissant ainsi planer un doute qui n'a pas sa place dans un physique de mon point de vue. Certes cela a un côté très sympa à la lecture, mais pour cerner le personnage, c'est une autre histoire... Et en fait, plus j'en parle, plus je me demande si je ne dis pas une énormité en pensant qu'il s'agit de son côté primal.

Général, sans hésitations, mais Maréchal... Il manque dans ton physique cette poésie, ce petit quelque chose de plus qui fait le Maréchal. Je ne sais pas si tu as lu la fiche de Shanks ou celle de Black Tears, mais si c'est le cas, tu as pu voir qu'il y a une esthétique supplémentaire, un élément difficilement explicable qui met ces fiches au-dessus du lot. Et je ne suis pas sûre que cet élément soit présent dans ton physique.

Pour le caractère.

Je ne suis pas sûre de pouvoir être objective sur ce caractère car il me rappelle directement Mila, et forcément, ça m'enthousiasme énormément et j'ai qu'une envie, c'est que nos personnages se rencontrent. ^^
Mais je vais m'efforcer de chercher la petite bête.

Tu as oublié certains mots, et c'est dommage car dans la phrase : "Il est bien loin de la des individus de son âge, il se démarque par un sang froid et un désir de maintenir l'ordre qu'il veut appliquer. ", c'est un manque cruel qui nuit à la compréhension du caractère, enfin c'est mon avis.

"On peut réellement dire qu'il est fasciné par cet acte qui perdure depuis la nuit des temps. Il sait que c'est un élément de la vie qui, jamais ne disparaitra et dont tant de choses peuvent dépendre. Des guerres comme de grandes lignées sont nées grâce à cela." Je suis désolée de le relever, mais je trouve ce passage grandiloquent et limite, c'est trop. On passe presque dans un registre épique, et cela n'a rien à faire dans un caractère pour moi.

Le caractère de ton personnage me plait énormément, et je ne peux m'empêcher de faire une comparaison en notant que toi tu n'as pas fait l'erreur de séparer autant les deux aspects de ton personnage, la progression et les évolutions, les dualités, tout cela me parait extrêmement bien présenté d'une façon cohérente et plutôt légère.

Je ne peux pas vraiment juger le fond de ce caractère, il est trop proche de Mila pour que je puisse faire ça désolée, je suis obligée d'apprécier. ^^

Le style est toujours régulier, même si je trouve que tu as tendance à faire des tournures un peu lourdes ou des envolées où tu en fais un peu trop. Mais le caractère reste bon, que ce soit au niveau de la qualité, de la présentation, ou selon moi du contenu, et de la même façon que pour le physique, je te donnerais Général sans hésiter. Mais je déplore encore une fois un manque qui me laisse le doute sur le grade de Maréchal.


Concernant l'histoire.

Je vais englober le prologue et les deux premiers actes.

Le prologue est intéressant, il y a un petit côté incipit qui me plait, mais ça c'est parce que j'ai une fascination pour les incipits... Enfin bref, il n'y a pas grand chose de plus à dire sur le prologue, c'est intriguant, voilà tout.

Ce que j'ai apprécié dans ces deux premiers actes, c'est justement le fait que ce soit vraiment un début d'histoire. Comme je te l'ai dit par mp, j'ai totalement adoré le coup de l'argent sale... Je trouve ça vraiment original ! Et le fait que ton personnage se plie aux désirs de son père malgré ses envies propres, au final c'est tellement plus intéressant que s'il avait été le petit rebelle du coin... Isaac est juste un adolescent normal, partagé entre sa recherche de lui-même et sa volonté de plaire à ses parents, et ça je trouve ça vraiment bon. L'acte 2 est une bonne transition vers son émancipation, c'est cohérent et cela évite un changement trop rapide. Ton personnage progresse à un rythme logique et réaliste, et tout le monde n'est pas capable de retranscrire ça.

L'acte 3 m'a... surprise. Mais vraiment. J'ai plutôt tendance à bien deviner la suite des événements que ce soit dans un bouquin, un film, une série, etc... Mais là, je ne m'attendais absolument pas à la mort de ses parents ! C'est une rupture excellente, et après avoir lu tes réponses au questionnaire, j'ai envie de dire que tu as réussi ce que tu voulais. Être capable de surprendre le lecteur, c'est une grande qualité. Et puis j'aime bien l'idée qu'Isaac ait été un défenseur de la justice avant de devenir un personnage sanguinaire. Ah... Surtout... Ce que j'adore, c'est qu'Isaac pense n'avoir eu son poste de maire que grâce à lui, qu'il est honnête... Au fond, comme ses parents, son pouvoir il le doit au sang versé, et ça c'est génial parce que la boucle est bouclée. Malheureusement... Même si j'étais à fond dedans, je pense que tu aurais pu intensifier encore plus ce drame.

Dommage que l'acte 4 soit un peu moins bien en raisons de petits défauts... Certaines phrases sont maladroites et un peu posées là juste pour être dites... Certes le côté responsable et adulte d'Isaac est bien amené, les dialogues anodins sont très bons, mais, je ne sais pas ça ne m'a pas emballée jusqu'au coup de foudre décalé. C'est très mignon, simple, un peu attendu mais surtout, cela donne une vie parfaitement bien rangée pour Isaac, un modèle de réussite très solide qui, on s'en doute, va subir une sacrée remise en question... J'admire la cohérence et la progression, encore une fois.

Au début de l'acte 5, j'ai quand même envie de dire... J'en étais sûre ! Deux enfants, quoi de mieux pour compléter ce modèle parfait. Mais c'est pas du tout un reproche, au contraire je trouve ça bien. Le déroulement est bon, on attend la rupture j'ai envie de dire.

L'acte 6 commence bien, même si à deux mètres près, la foudre aurait dû le blesser il me semble, enfin j'en sais rien donc on va ignorer ça. ^^ Je me suis dit "Aaah, la rupture !", et... bordel des vampires. Pour le coup, c'était assez inattendu, un vampire quoi ! C'est super que cet événement arrive pile à la moitié de l'histoire. Je n'ai pas grand chose à dire de plus, cette histoire est vraiment entraînante.

C'est clair, tu regardes ou tu as lu True Blood... J'adore cet univers et je trouve que cette vision des vampires est assez intéressante, donc je ne peux que congratuler ton choix. Je vais englober les actes 7 à 12 parce que sinon je vais répéter la même chose tout le temps et ce commentaire est déjà assez long, voire trop. C'est une présentation de sa nouvelle condition et je la trouve très précise et exhaustive, mais c'est peut-être parce que je connais le monde. Ton style est vraiment excellent, et c'est parce qu'il est bon que les écarts comme "ni belle, ni moche", sautent aux yeux et sont vraiment gênants. Et c'est dommage, la description des faiblesses fait vraiment liste...

Je comprend mieux pourquoi Raven disait que tu risquais d'être godplayer, c'est vrai que tu as respecté les caractéristiques de la race de ton personnage. Je trouve d'ailleurs que tu as bien transcris le drame de tout vampire à savoir voir ses proches les quitter sans pouvoir y faire quoi que ce soit.

Là on passe au côté voyeur, la personne qui se mêle des amours des autres. Je préfère ne pas trop m'étendre là dessus étant donné que mon personnage a des tendances similaires, je ne serais pas objective. Mais quand même, ton personnage me fait beaucoup penser à Bill dans True Blood... Cet attachement à sa vie passée, cette haine amoureuse pour Leila... Je ne dis pas que c'est mauvais, je dis juste que c'est présent. Néanmoins, je trouve dommage que toute la partie sur son quotidien de vampire soit aussi détachée.

La fin de l'histoire est vraiment bien, la mort de Leila lui permet de se dégager de ce mode de vie, franchement c'est bien. Le clin d'oeil au physique est super aussi ^^.


Bon voilà, j'ai tout lu. Cette histoire est vraiment bonne, ses qualités majeures sont la cohérence, une progression irréprochable, et un style régulier. Originale oui, on évite les clichés de peu, et on ne s'ennuie pas donc, oui, c'est une histoire originale. Même si je ne trouve pas ce petit quelque chose que je suis incapable de définir, je donnerais à cette histoire Maréchale parce que ses qualités compensent ce manque. Cette partie de ta fiche est riche, précise, vraiment c'est pointilleux.

Je pense que ton grade serait général, mais peut-être que je suis trop sévère, à voir avec Xaldin.
Et désolée si le commentaire est trop long. u_u
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    Alors bonsoir et bienvenue, Isaac ^^. A part un mp que j'ai reçu de toi en Genesis, je ne pense pas avoir eu le moindre contact avec toi... Du coup, j'espère que tu voudras bien excuser mon grand retard inexcusable !

    ...

    Ouais, commençons avec le physique qui démarre en surprenant... A la 2psg, je dois dire qu'il fallait oser... Plus que ça... Franchement je vois que t'as bossé là-dessus et que ça a été bien galère d'écrire ça... On sent que c'est travaillé, rien que par le fait que tu ne continues pas ce style pour le caractère (je l'ai interprété comme ça).

    Mais oui, ça commence doucement et c'est très bien écrit... Ouais le style est redoutable et ta manière d'écrire dévoile ton expérience plus encore que la longueur de ta fiche...

    Toutefois, j'ai deux reproches, je crois, à donner à cette partie...

    D'abord, un reproche précédé d'un remarque positive : Tu as très bien installé l'ambiance, on ressent l'air, la peur face à l'homme. Par contre, paradoxalement, même si tu as mis une très bonne atmosphère et bien, le rendu des émotions... Est un peu à la traîne...
    Comment dire... Pour que tu visualises, imagines un homme dans une maison hantée... Les chaises grincent, des murmures passent derrière et devant lui tel un vent glacial... C'est une ambiance effrayante... Et là tu as l'homme qui est droit, debout et qui regarde les choses se produire en disant "Oh mon dieu qu'est-ce que c'est ?" sans la moindre intonation, la moindre peur dans la voix...

    Et bien c'est un peu ce que j'ai ressenti dans le physique... Un mauvais jeu dans une superbe scène.

    Le deuxième élément qui me déplaît, c'est la façon dont le physique est décrit, vois-tu. Autant j'adore une fiche standard faite en rp (ce que tu as fait pour le physique) autant il y a certaines méthodes qui me laissent de marbre... Ces méthodes qui vont (ce sera le cas dans le physique ou dans le caractère) souligner des caractéristiques que tu vas pouvoir développer pour la suite...

    Tu ne comprends probablement pas ce que je veux dire ^^. Mais par exemple, pour le physique, la méthode de ce genre la plus utilisée, c'est le coup du miroir : Le personnage arrive devant un miroir et se voit, peut décrire son propre physique.
    Tandis que pour le caractère, c'est par exemple si ton personnage est Yuna de FFX, le coup de la rencontre qui va te permettre de dire un truc genre " Au tournant de la rue, Yuna vit un clochard baignant dans son sang... Très sensible, elle ne put s'empêcher de l'aider... En effet, Yuna est quelqu'un de..."

    Moi j'aime pas. Or ici, pour ton physique, c'est (en quelque sorte) le coup du miroir que tu fais... Il se passe des choses pour que tu puisses les raconter et là tu me diras "Au fond, c'est une question de goût. Ce que je fais, c'est une sorte de petite aventure à travers laquelle je peux foutre mon physique". Et c'est vrai que théoriquement, c'est une bonne idée que de faire ça mais quand je lis un physique dans le genre, je peux pas m'empêcher de trouver l'intérêt du rp carrément absent... Autant faire un physique standard.

    C'est pas assez naturel... Tandis que si tu décris une situation, genre ton personnage qui boit un verre, qui marche, qui pleure ou qui dort... Là t'as plus besoin de faire des trucs bizarres, tu dois juste décrire ton personnage qui pleure ou qui dort... Et à ce moment là, si tu dis "Et frottant ses yeux rouges de peine, elle les ouvre douloureusement, dévoilant leur couleur et leur profondeur"... Bah selon moi, ce sera plus agréable, plus naturel.

    Enfin voila pour le physique auquel je donne Général comme Camilla.

    Bon, le caractère...
    Ah oui, ce qui m'a déplu... C'est que globalement, il est un peu banal.

    Simplement... Quand je dis qu'il est banal, je ne parle pas du caractère de ton personnage... Simplement parce que la plupart des personnages de mangas, de jeux vidéos... sont carrément banals, au caractère déja vu. Mais on le pardonne souvent. Moi par exemple, je suis fan de Lulu mais son caractère est quand même un peu banal... Simplement, malgré le personnage au caractère banal, le tout est de faire en sorte qu'on ne le ressente pas lorsqu'on te lit. Et honnêtement quand j'ai lu ton caractère, bah c'est un peu ce que je me suis dit. Essaie de ne pas trop faire croire qu'un tel trait de caractère est original s'il ne l'est pas tant que ça... Parle avec un certain détachement tout en restant passionné, amoureux de ton perso.

    Sinon bah il est très bien... Bon désolé, je m'étale sur les défauts et ne fais que citer les qualités mais rien que le fait que je te donne Général, outre la longueur, ça veut dire que j'aime ton boulot.
    Bon oui je viens de le dire, Général.

    Donc pour Maréchal, c'est déja foutu... Je vais rejoindre Mila. Il y a du style, tu écris bien, tu fais long et y a beaucoup de boulot mais ça manque de passion.

    J'ai donné Maréchal à l'histoire... Pas en guise de consolation mais parce que c'est excellent...

    Je vais faire comme Mila et reprendre un peu le schéma de ta présentation.

    Par contre, je me souviens pas de ce qu'il se passe à chaque chapitre mais bon... Le début est juste hyper commun... Et c'est pas une critique, contrairement au caractère, ici c'est du bon commun. Le schéma du début est si simple que rien... Je dis bien rien ne m'a surpris. Moi perso, la mort des parents, je le voyais venir. Pareil pour le mariage. Mais blague à part, je critique pas, c'était sympa à lire, c'est fluide même si en effet, il y a cet acte où il est content et tout et où il dit à Antonio qu'il veut qu'il soit le parrain... C'est un acte un peu faible, je rejoins Mila.

    Et quand j'ai fini de lire les ... Cinq premiers chapitres, je me suis quand même dit "Le schéma va rester hyper simple et avant la fin, ça me saoulera". Mais étrangement, juste à ce moment là, inattendu coup du vampire qui m'est arrivé dans la tronche, j'ai rien pu faire. Très bien mesuré, ça arrive pile au moment où on se dit que ça devient trop routine...

    On a deux trois chapitres qui racontent sa nouvelle vie et même si bon... Personnellement j'adore pas ton personnage ^^, c'est quand même très bien...

    D'autant plus que tu réussis quelque chose d'assez extraordinaire que j'aurais du mal à faire... C'est que tu réussis à rendre ton personnage très agaçant aux yeux du lecteur ^^ (J'espère que c'était voulu...). Non blague à part, c'est impressionnant... Perso, même si je peux vraiment aller très loin dans la dérision, je crois que je suis incapable d'incarner un perso détestable... Ou même agaçant. Là tu réussis... Balèze. C'est respectable.

    Parce que oui, ton personnage est manipulé, esclave et vraiment corrompu, rien que pour son amour du voyeurisme... Moi à ce moment là où il développe sa passion, je l'ai détesté ton personnage ^^.

    Allez voila...

    Pour finir je te donne le grade de Général et encore désolé pour l'attente. Fiche validée et toutes conneries du style.



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