LA FORCE DU CŒUR.
Les faiblesses d'une femme.
Mila inspira profondément une fois sortie des Enfers. L'air lui paraissait soudainement si pur, si fort, si beau... Elle se donna une petite claque sur la joue afin de reprendre ses esprits. Sans l'aide de Perséphone, la jeune femme n'aurait eu aucune chance de retourner à la surface. La Déesse lui avait fait une proposition. Cette magnifique jeune femme était condamnée à être l'épouse du Dieu des Enfers pour avoir succomber à la tentation d'un fruit souterrain, une grenade. De la fin de l'été au début du printemps, Perséphone était la Reine des Enfers et épouse d'Hadès. Mais ce rôle qu'elle tenait depuis si longtemps lui était devenu doux et si elle retrouvait avec plaisir la surface aux premiers bourgeons, cette Déesse avait la trempe d'une reine. Cependant, ces longs mois dans les Enfers conservaient des inconvénients pour une femme. Loin d'être un lieu accueillant et coloré, la belle Perséphone avait tendance à s'y ennuyer pendant les longs mois d'hiver... Bien sûr, elle avait des amants tel Adonis pour ne citer que lui, mais la monotonie revenait toujours. C'est pour cela que la belle déesse lui avait proposé un marché. Elle convaincrait Hadès de la recevoir dignement et d'accepter le marché qu'elle lui offrirait à condition que Mila lui rende un service en retour. Il s'agissait d'une demande peu commune qui n'avait pas manqué de surprendre la passionnée. Mais peu lui importait, elle devait atteindre son but et ce, par tous les moyens possibles. Elle ne comprenait pas ce qui la poussait à agir de la sorte, quelles étaient les raisons de ce soudain engouement pour cette quête pour le moins dangereuse pour sa personne, mais la jeune femme refusait d'y penser. Elle savait qu'il fallait qu'elle le fasse, et qu'importe les conséquences. Mila se rendit donc à Thèbes afin d'exécuter sa tâche. Elle déambulait dans les rues, observant attentivement les différentes échoppes. Elle avisa l'une d'entre elle en particulier et tendit une liste au commerçant avec une bourse. Après une dizaine de minutes, il lui tendit un grand sac avec ce qu'elle avait demandé. Quoi que chargée, la jeune femme avait encore quelques courses à faire. Elle pénétra sous un drap qui servait d'entrée et s'intéressa à différents articles avant d'en choisir un en particulier. Elle paya et sortit. « Et dire que je lui fais ses courses... » pesta-t-elle, un peu agacée. Mila retourna aux portes des Enfers après avoir vérifié que rien ne manquait. Elle marchait lentement et voyait à peine devant elle, sa vue étant masquée par les multiples objets qu'elle transportait. Quand elle songea à la descente qui la mènerait au point de rendez-vous avec sa commanditaire, la consule rouspéta à voix haute. Elle n'était pas faite pour être un valet ! Mais bon, avait-elle vraiment le choix ? A force de petits pas et de beaucoup de prudence, Mila finit par atteindre l'antichambre des Enfers. Perséphone l'y attendait, survoltée et pleine d'entrain, visiblement impatiente d'obtenir sa... commande. Mila posa le premier sac au sol délicatement avant de lui tendre le second paquet qui n'était autre qu'une gigantesque amphore. Joliment décorée mais plutôt sobre, elle sembla ravir son nouveau propriétaire. Perséphone tapa dans ses mains sous le coup de l'excitation. « Vous avez trouvé le reste ? » dit-elle d'une voix qui ne tentait même pas de masquer son impatience. Mila prit le sac dans ses mains et lui tendit une à une chacune des choses qu'elle lui avait demandé alors qu'elle les entreposaient dans la gigantesque amphore. « Une boîte d'une douzaine de baklavas aux pistaches, trois pots de miel, des gâteaux de riz, des olives, une bouteille de vin Retzina, des barquettes de moussaka aux aubergines... Ce truc aux haricots, le Phasa...Phasolokia oui, de la feta et du pain traditionnel. » énuméra-t-elle d'une voix monocorde, rassemblant toute sa volonté pour ne pas s'irriter. La colère grimpante de Mila s'estompa bien vite en voyant le visage enjoué de la déesse. Ravie, elle lui prit les mains et les serra. « Je ne vous remercierais jamais assez, vous n'avez pas idée à quel point tout cela m'a manqué ! Je convaincrais Hadès d'accepter vos conditions... Tant qu'elles sont raisonnables. » termina-t-elle en reprenant un semblant de sérieux avant de retourner à son admiration pour ses petits trésors. Un sourire se dessina sur le visage de Mila. Heureusement pour elle, les dieux n'étaient pas si différents des humains. Et Perséphone avaient bel et bien les faiblesses d'une femme... |