• Sans devenir banale, la menace qu'exerçait la Coalition Noire devenait quelque chose avec laquelle les gens ont appris à vivre. Jamais rassurés, mais pourtant préparés à de nouvelles attaques. Les frémissements, les battements de cœur accélérés des premiers jours avaient disparus. Personne ne voulait s'arrêter de vivre dans l'attente de la mort, c'est pourquoi la vie continuait son chemin au Jardin Radieux. Cependant, que ce passerait-il si une nouvelle menace prenait jour ? Si de nouveaux ennemis arrivaient pour semer un nouveau trouble ? La peur se propage bien plus facilement lorsqu'elle est créative et qu'un message passe. La création, c'est ce dans quoi Ukiyo excellait, mais pour ça, il devait détruire, ce dans quoi un Songe brillait. Le peintre savait à qui faire porter le chapeau et il savait que cette entité verrait le jour tôt ou tard. C'était un moyen de le débusquer, quelque chose qu'il fallait faire méticuleusement afin d'en tirer pleinement profit sans subir la moindre compétence.

    « Monsieur Ukiyo ? » Un des enfants du Jardin Radieux voulait savoir, à juste titre, pourquoi le songe avait besoin de lui. Il fallait lui expliquer, un enfant trop longtemps garder dans l'ignorance fini par ne plus croire en ce qu'on lui dit. Naturellement, l'explication allait être qu'une grande supercherie voué à garder les pions en place. « Des gens t'ont déjà fais du mal, Hal ? » Il n'avait pas besoin de donner de réponse. Là plupart des personnes pauvres qui vivent dans l'ombre ont de la rancœur à revendre. « Oui, j'ai pas assez d'mes doigts pour les compter ! » Ukiyo aurait souri s'il avait pu, mais il préféra afficher un visage navré pour montrer qu'il comprend ses tourments. « Hal, tu m'as aidé et je veux te rendre la pareille, mais avant tu vas faire quelque chose pour moi. » « Quoi ? » « Tu vas aller acheter une carte de la ville et aussi huit serpents, des black mamba, fais attention ils sont venimeux. » L'enfant resta là à fixer Ukiyo sans rien dire. « Oui, tiens prends cet argent pour te procurer tout ça. » C'était de la fausse monnaie, peinte une heure plus tôt. « Je t'ai fais un mot aussi, il dit que je suis ton père et que je me porte caution de cet achat, bien sûr j'y ai mis un faux nom alors fais attention. »

    L'enfant s'en alla sans détour, il savait où trouver tout cela. La carte, ce n'était pas bien dur, il lui a juste fallu trouver un mog à l'entrée de la ville. Ensuite, il est allé dans une boutique vendant des animaux exotiques, dont des serpents et plus particulièrement, la race demandée par le peintre. « Bonjour mon jeune garçon. » « Bonjour m'sieur ! » Hal observa toutes les vitrines, il aimait beaucoup les animaux mais n'avait jamais eu les moyens d'en avoir un. À cet instant il hésita même à ne pas faire ce qu'on lui avait demander pour s'acheter un petit singe fouisseur. Il s'est vite rappeler qu'Ukiyo avait été là pour l'aider et que depuis il vient régulièrement. Bien sûr, il se servait d'eux mais Hal se sentait pour une fois utile à quelque chose, même si tout cela le dépassait assez largement. « Je voudrais huit black mamba m'sieur, voilà le mot de mon père. » Le boutiquier observa le dit mot en étant très sceptique, il n'avait pas l'habitude de ce genre de procédure. « Qui me dit que c'est pas un faux, gamin ? » Les enfants ont toujours réponse à tout et celle de celui-ci ne se fit pas attendre. « Mais moi j'sais pas écrire, j'suis jamais allé à l'école, j'suis orphelin depuis tout p'tit ! » Le marchand a vu rouge à moment même de la fin de phrase. « Oust déguerpi ! » C'est ce qu'il fit.

    Dire que l'on est orphelin n'aura d'habitude pas poser de problème mais quand on vient de donner un mot d'un soit disant père, c'était une autre histoire. Hal retourna donc auprès d'Ukiyo pour lui révéler ce qui s'est passé, ou tout du moins sa version. « Il a pas voulu me vendre les serpents, même avec le mot ! » Voilà qui allait retarder les projets, le plan devait être quelque peu modifié. « Ce n'est pas grave, pour le moment tu vas m'entourer huit maisons, celles de personnes t'ayant fait du mal. Fais en sorte que ce soit des personnes qui vivent seules, je vais les punir. » Il savait d'avance que cet acte allait peut-être dégoûter l'enfant s'il voit par la suite le sort qui leur est réservé. Il y avait cependant de grande chance que de ce fait, le garçon suive ses traces.

    Ukiyo laissa l'enfant dans cette même maison abandonnée où ils avaient l'habitude de se voir. Il allait chercher lui même les serpents. Il était déjà 18 heures et la boutique fermait. Il y avait peu de monde dans les rues avec la nuit qui tombe vite en hiver. Inutile de s'en prendre à cet homme, il avait fais ce qu'il lui avait semblé juste de faire. Après son départ, Ukiyo s'approcha, un store cachait la grande vitre. Le peintre posa ses deux mains dessus et se concentra, finalement, le store se plia, se brisa et tomba dans un bruit peu perceptible. Il restait maintenant la vitre, impossible à détruire en silence. C'est pourquoi le songe observa attentivement l'intérieur pour agir vite. Il sorti un sac en toile de sa poche, prêt à y mettre huit serpents. Il envoya une onde de choc du bout de ses mains pour briser violemment la vitre et il se jeta à l'intérieur brisant, une à une, chaque vitrine. Il envoya volé bon nombre d'animaux à l'extérieur sans se soucier de les maltraiter ou non. Le but était simplement qu'on ne sache pas qu'il est venu pour les black mamba. C'était donc tout aussi bien que le garçon n'ait pas pu les acheter, ça le met hors de tout soupçon et il pourra servir à d'autres desseins. Une fois les huit reptiles dans le sac, le songe s'en alla, évitant le plus possible de croiser du monde. D'ordinaire, il se serait dissimulé derrière un masque mais en pleine nuit, ce n'était pas nécessaire.

    « Alors, tu as noté les emplacements ? » Il prit la carte dans ses mains, essayant de repérer de mémoire où les maisons se situaient. Il remarqua assez vite qu'il manquait une maison, il ne devait pas savoir compter. « Entoure encore une maison » En attendant qu'il le fasse, Ukiyo regarda par la fenêtre brisée, malgré le boucan qu'il avait fait plus tôt, il n'y avait personne dans les rues. Elles s'étaient déjà vidées et maintenant, le champ était libre. Il reprit alors la carte, c'était bon, il ne restait plus qu'à mettre tout en œuvre avant que le jour ne se lève.

    Première maison, légèrement insalubre ce qui arrangeait bien les projets. Toutes les lumières étaient éteintes, Ukiyo força le verrou avec le psychisme. Une fois le mécanisme débloqué, il poussa la porte grinçante. Il joignit les mains comme s'il attendait qu'on y verse quelque chose, mais c'est une flamme qui apparu. Toujours à l'aide de son psychisme, il fit voler la flammèche, il y voyait maintenant clair. Il ne savait pas exactement où aller mais il trouve très vite la chambre où dormait un vieil homme. Vu l'état de la maison, c'était déjà étonnant qu'il soit encore en vie jusqu'ici. Dans un sommeil profond au ronflement lourd, il ne se réveilla pas malgré la faible lumière et la présence du songe. Une vieille lampe de chevet se trouvait là, Ukiyo arracha ses fils toujours branchés à la prise. Se tenant à une distance raisonnable, ne voulant pas se faire électrocuter aussi, il lança les fils sur l'homme qui se mit à hurler pour très vite trépasser. Le peintre débrancha ensuite le câble et s'approcha de sa victime affichant un visage de douleur alors qu'il ne ressentait plus rien. Ukiyo saisit un des serpent et le tua de ses mains, toujours avec précaution. Suite à cela, il enfonça la bête dans la gorge de l'homme laissant la tête visible.

    Deuxième maison, bien plus riche et la personne qui y vivait était éveillée. Le peintre décida d'entrer comme ça, sans passer par la discrétion voyant que la porte n'était pas verrouiller. Le jeune homme qui habitait ici remarqua bien vite sa présence. Il hurla au peintre de partir, c'était justifié mais sa requête n'allait pas être satisfaite. Ukiyo jeta son plus puissant sort de feu sur l'individu qui se mit à courir dans les sens, s'enflammant dangereusement. À l'aide d'un peu de psychisme, il bloqua les issues et patienta jusqu'à la mort de cette seconde victime. Comme pour la première, il fini par mettre un serpent mort dans sa gorge dont la tête sortait.

    Troisième maison, banale, ni trop riche et ni trop pauvre. Une fois encore les lumières étaient éteintes. Ukiyo avait attendu pas loin d'une heure avant d'y aller, pour la simple raison de se rétablir. Il avait certes usé d'un psychisme peu puissant, enchaîner les attaques pouvait laisser passer un imprévu. Il avait la possibilité d'être en pleine possession de ses moyens, il n'allait pas gâcher ça. Il peignit une pelle avec Yomi, son pinceau et dans le jardin il se mit à creuser, creuser jusqu'à que ce soit suffisant. Le songe pénétra dans cette nouvelle demeure, déjouant la serrure pour rester dans la facilité. Toujours avec une flammèche pour s'éclairer, il avança, fouillant chaque pièce, montant les escaliers pour finalement trouver la chambre. Ukiyo se dressa à côté du lit, se concentrant totalement, faisant le vite dans son esprit. Une fois fait, il mit ses mains autour du cou de la personne endormie. Il n'avait pas besoin de serrer, ce geste l'aidait juste à étouffer par la pensée. Attaquer une personne endormie, sans défense contre une attaque spirituelle était simple, quinze secondes et l'individu fut plongé dans un sommeil plus profond encore. De par sa maigre force, Ukiyo fut obligé de la trainer, ne voulant pas se fatiguer avec son psychisme. Très vite, ils sont arrivé dehors, le peintre posa le corps dans le trou creusé plus tôt. Il le recouvrit de terre, en mettant même dans sa bouche. Il n'y avait que son visage qui sortait du sol et la victime se réveilla à peine eut-il fini. Avant qu'il ne recrache la terre, Ukiyo lui bloqua la mâchoire avec sa main. La terre était peut-être meuble mais néanmoins très lourde. La personne a alors fini par s'étouffer à causer de la terre coincée de sa gorge. Finalement, un serpent prit place dans sa gorge encrassée.

    Quatrième maison, rien de bien spécial à en dire. Une jeune femme entra chez elle, elle se dirigea vers le salon et alluma la lumière. C'est avec frayeur qu'elle découvrit un homme confortablement assis dans le fauteuil en face d'elle. Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, un serpent lui fut jeté au visage où elle se fit mordre. « Mais qu'est-ce que.. Que m'arr.. » Ukiyo eut un léger sourire, il aimait que tout se passe comme il le souhaitait et il ne s'en tirait plutôt pas mal. « Tu as la chance que d'autres n'ont pas eu, tu as vingt minutes si tu veux que je fasse passer une dernier message pour toi. » C'était le temps que mettait le poison d'un black mamba à agir pour une morsure au visage. « Crève raclure ! » Le peintre soupira et projeta la personne contre le mur dans une onde violente. « Là, à cet instant je n'ai qu'une envie, abréger tes souffrances et continuer ce que j'ai à faire... Malheureusement, ce poison provoque déjà un tel état de panique que je ne peux pas accélérer encore la propagation. » Le poison commençait à attaquer le système nerveux, elle convulsait avec de grands geste désordonnés. Peu après, elle aussi décédait et un serpent se trouvait dans sa bouche.

    Cinquième maison, luxueuse, bien plus que la seconde. Même procédure rien ne changea pour pénétrer. Après fouille discrète dans un lieu sombre, Ukiyo surprit sa victime sortir de sa chambre. Il tendit le bras droit en sa direction le propulsant contre le mur. C'était un homme, plutôt costaud, pas une gramme de graisse et il ne lui fallu pas longtemps pour se relever l'air de rien. Seulement, le songe le propulsa une nouvelle fois et sortit son pinceau. Grâce à celui-ci, en deux temps trois mouvement, il peignit une marionnette à l'effigie d'une crypto-ombre. Il lança le pantin à l'attaque, restant en sûreté loin de cet homme. Il se prit bon nombre de coups mais très vite il arriva à déjouer le lien qu'unissait le marionnettiste à son outil. C'était un coriace qui balança même un petit bureau sur le songe qui se le prit de plein fouet. Il trébucha sans subir trop de dommage, mais le temps qu'il se redresse, l'homme avait chargé et prit Ukiyo au torse pour le plaquer au mur. Il lui cognant le crâne contre le mur pour finalement le jeter dans les escaliers. Cette fois-ci la douleur était bien là, le peintre était étourdit mais il s'est relevé vite pour parer à une nouvelle offensive. L'homme descendait les marches lentement mais bien énervé. Là, son pied dérapa, c'était bien sûr de la faute d'Ukiyo qui profita de la chute pour peindre de nouveau. Cette fois-ci une épée qu'il planta dans le torse de sa victime lorsqu'elle était à terre. Échec et mat, c'en était fini de lui, enfin pas tout à fait. Le songe retira le cœur de cet homme après avoir coupé avec sa lame. Il fit ensuite disparaître sa dernière création, plaça pour une énième fois un serpent dans sa bouche. Pour clore cette étape, il déplaça la marionnette du sans-cœur à côté du corps. Voler son organe n'était qu'une façon de représenter, à l'instar des sans-cœur, la perte du cœur submergée par les ténèbres.

    Ukiyo ne faisait plus attention à l'apparence des maisons. Il se frottait la tête, une bosse lui faisait mal, mais ça allait, elle n'était pas visible. Non seulement, il aimait garder une belle apparence déjà légèrement gâchée par sa transformation, mais en plus, s'il revenait dans un état étrange, le Consulat pourrait se demander ce qu'il lui ait arrivé. Il pouvait tout de même être suspect, on ne le voyait que peu de jour ces derniers temps, tout ces agissements se passaient de nuit dans le plus grand secret. De ce fait, il était pas improbable de le voir avec les traits tirés. Il faisait les comptes, plus que trois, encore trois et c'est fini.

    Sixième maison. Une femme, facilement la quarantaine. Elle était allongée, endormie dans le canapé devant la télé encore allumée. Elle avait l'air si faible, c'était celle qu'il fallait, celle pour qui il avait le temps de bien se concentrer. Il s'est assis en tailleur à côté, visualisant ce qu'il voulait faire. Quelques secondes après, la femme se leva et observa autour d'elle. À travers ses yeux, on pouvait voir la maison en construction, il y avait une lampe allogène non loin d'elle. Elle se dirigea en sa direction et l'alluma pour ensuite rester le regard fixé dessus à faible distance. Ukiyo ressentait la douleur, elle partira lorsqu'il aura arrêté son contrôle mais pour le moment il devait la maintenir dans cet état. La rétine s'abima pour ensuite être tellement endommagée que la femme ne voyait plus rien. Le contact est rompu et Ukiyo se leva en vitesse pour attraper la femme inconsciente avant qu'elle ne tombe. Elle était si légère, si silencieuse et il la posa sur le canapé, il conclut en bloquant toute circulation sanguine. Le cerveau non-irrigué, ne mit pas longtemps à être hors service, il ne restait que le reptile à placer tout en laissant les yeux de la femme grand ouverts.

    Septième maison. Encore une femme, beaucoup plus jeune et aussi endormie. Ukiyo avait la tête qui tourne, ce qu'il venait de faire lui avait fait perdre beaucoup d'énergie bien que ça cible soit facilement manipulable. Il ne prit pas de gant pour faire vite, il étouffa simplement la privant d'air quand elle était encore dans les bras de Morphée. Plus il avançait, plus il commettait ces actes, moins il était sensible. Il savait bien qu'un jour ça arriverait, mais pas si vite. Tout ce qu'il espérait, c'est que cela ne se produise pas avec la peinture, qu'il garde le goût de la création. Un serpent, encore, plus qu'un.

    Dernière maison, la fin était proche et le soleil n'allait pas tarder à se lever. C'est dans un soupir qu'il ouvrit la porte. Il avait pu apercevoir par une fenêtre que le jeune homme était encore endormi. Le songe ne se dirigea pas de suite vers lui mais il alla, pour commencer, à la cuisine. De là, il fabriqua un bidon et un entonnoir avec Yomi. Il commença à faire couler l'eau du robinet pour remplir le bidon à ras bord. C'était maintenant le moment d'aller voir cette personne assoupie. Elle dormait sur le dos, Ukiyo monta sur le lit, un genou sur le torse de l'homme afin de l'immobiliser. Il lui plaça l'entonnoir dans la bouche et commença à verser le contenu du bidon. Le propriétaire de la maison se réveillé vite mais il pouvait pas bouger. Le poids du bidon appuyait sur l'entonnoir ce qu'il l'empêchait de l'enlever. Des larmes coulaient le long de son visage mais le peintre ne s'arrêtait pas. Mort par noyade dans son lit, il aura au moins eu le luxe d'avoir une mort peu banale. L'entonnoir retiré, un serpent prit sa place.

    Foudre, feu, terre, poison, ténèbres, lumière, air, eau...