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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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    Je savais pas trop comment prendre cette mission au début, ouais pas facile. L'Empereur me disait bien que ce n'était pas réellement de l'infiltration, que j'allais vraiment leur dire pourquoi j'étais là. Sur le coup je le sentais bien mal cette histoire, c'était un peu comme si je disais « Salut, je suis l'agent Mc Clane et je suis envoyé pour vous surveiller ! » Ouais ça passe moyen. Mais dans l'genre, j'avais pas trop le choix, je pouvais pas et ne voulais pas contredire les ordre. Il est gentils avec tout le monde l'Empereur, je l'aime bien y a pas à dire, il m'a bien aidé et il fait c'qu'il faut pour le pays. Mais genre, je suis sûr qu'il est capable de récupérer ce qu'il m'a prit. Je sais bien que ça ferait pas une grande différence visuellement aux premiers abords mais quand même...

    Pour tout dire, j'ai pas pioncé une minute cette nuit là, peut-être un peu d'anxiété j'sais pas. À mon avis c'est juste que j'étais pas habitué aux changements puis j'ai pas encore foutu les pieds hors de la Chine et là où je vais, même si c'est dans le même coin, par la suite y a des chances qu'on m'envoie ailleurs. J'ai passé cette nuit à forger ce que je pouvais forger. Y a des trucs qui prennent pas long comme les couteau de boucher. Bien sûr qui faut un bon tranchant mais rien à voir avec un bon sabre. Là, on peut se demander pourquoi un type qui forge pour l'armée impériale se retrouve à forger des couteaux de boucher. Deux possibilités et les deux arrivent fréquemment, soit c'est pour moi. Faut bien se nourrir hein, soit c'est que j'aide les habitants du patelin d'à côté.

    Dans le genre long à faire, ce sont justement les sabres des généraux de l'armée, eux il faut quelque chose qui résiste à l'usure du temps. Par contre, je le cache pas, une bonne arme ne fait pas un bon combattant. Si tu sais pas utiliser ton sabre, tu vas vite l'abîmer et il suffira de deux jours pour qu'il perde de son tranchant. Ceux-là, ils me prennent bien un moins à forger et encore, moi j'ai l'avantage de savoir quand une lame est vraiment finie et au top du top. Je le vois en un coup d'oeil et je sais précisément où donner le coup de marteau. Trop pratique ouais mais je sais le faire sans cet avantage ! Ouais, qu'on m'enlève pas tout le mérite non plus. Y en a qui sont prédestiné à utiliser a magie, on leur dit rien quand ils allument un avec, alors v'nez pas m'emmerder avec la forge ! Faut pas être jaloux c'tout.

    J'ai bu un dernier café vite fait et j'suis parti en emportant ce dont j'avais besoin. Pas grand chose donc, mes armes, mon armure et le casse-croûte pour le chemin. Les touristes me font souvent rires quand ils viennent ici, ils pensent qu'aborder les montagnes du destin ça se fait finger in the nose. Bah non, t'as le froid et toutes ces conneries qui font que c'est pas la joie d'aller là-bas. C'est la montagne d'un destin funeste ouais. Bon, quand t'es du coin, t'as déjà plus l'habitude, tu connais les danger et tout le bagage donc c'est plutôt pratique. Mais si un jour j'arrive dans un désert de sable comme j'en ai entendu parler, ça risque de pas être d'la tarte.

    Bref, j'men suis allé comme ça, prêt à rencontrer un type dont je n'ai ni le nom, ni le portrait. Mais bon, si je trouvais où il créchait, j'allais le trouver lui et comme je savais où il devait être, ça roule. Des arbres, de la neige et du vent glacial mais c'est super ! Plus je montais, moins j'y voyais et plus je me pelais les miches mais quand motivation il y a... Motivation il y a...

    Sur cette philosophie dès plus poussée, j'ai continué ma marche. Les pierres glissante à cause de verglas ralentissait considérablement mon avancée. C'est là que j'ai vu un petit chemin qui avait l'air d'être pas mal pratiqué. C'était pas une route où passent les charrettes mais des hommes sont souvent allés et venus dans la région c'était certain. J'ai pas réfléchi, si on passe par là c'est que c'est plus simple, logique non ?

    Puis là, woah ! Un palais en pleine montagne ! Je m'y attendais pas du tout ! En fait si, l'Empereur, ou plutôt l'un de ses conseiller qui m'avait refilé cette mission m'avait prévenu. Mais quand même, c'est quand tu le vois de ton propre oeil que tu y crois. Faut être à moitié jeté pour construire ça ici. D'un c'est pas pratique pour acheminer les matériaux, des fois moi, rien que pour des épées je dois attendre des mois pour avoir une cargaison. De deux, pas pratique pour passer faire une petite visite. Mais bon, j'étais là, j'y étais et normalement, je n'allais pas être seul bien longtemps.
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    La forteresse était très calme en ce milieu de journée. Il était bien rare d'ailleurs qu'il y ait une véritable activité, du moins dans le hall. Quelque part, il était certain que des hommes et des femmes s'entraînaient tant que le soleil le leur permettait. Le soleil... C'était un bien grand mot, car seule une lumière pâle venait éclairer le sommet de cette montagne où soufflait presque constamment un vent froid. Face à l'imposante porte d'entrée, il n'y avait qu'un trône vide. Le maître des lieux, Ra's Al Ghul semblait absent pour l'heure... Semblait, uniquement. Car en observant plus attentivement, on pouvait aisément le distinguer à l'étage supérieur, un ouvrage à la main et paraissant absorbé par sa lecture. Cela avait été un nouveau jour pour la Ligue de Lazare, un jour comme tout les autres. Les nouvelles recrues subissaient un entraînement intensif tandis que les plus anciennes ne faisaient qu'entretenir leur force. Et durant toute la matinée, il avait veillé à ce que chacun d'entre eux offre le maximum de ses capacités. La Ligue de Lazare ne pouvait plus tolérer l'échec... S'il comparait leur situation actuelle à celle d'il y a seulement quelques années... Et bien, elle s'était effectivement dégradée. Par chance, leur réseau secret n'avait pas été démantelé, et ils continuaient à recevoir des informations en provenance de nombreux mondes. Oui, à tout moment il leur était possible d'agir dans l'ombre, mais le problème était autre. Si Ra's Al Ghul avait de nombreux assassins à sa disposition, peu d'entre eux arrivaient à égaler les grandes figures qui avaient été sous ses ordres lors des cinq derniers siècles. Du menu fretin... Voilà comment il les aurait qualifiés. Tout cela à cause de cette Année Noire durant laquelle les différentes factions s'étaient terrées chacune de leur côté, engendrant la peur et la paranoïa. Nombre de ses hommes avaient été tués, la plupart par erreur alors qu'ils s'aventuraient en des lieux protégés... La Ligue avait beaucoup souffert de ces pertes, et elle commençait tout juste à remonter la pente... Le seul aspect positif qu'il pouvait discerner était le mystère entourant son groupe. Il semblait inconnu aux autres, et par ailleurs n'avait eu aucun contact avec eux depuis plusieurs années. Les seuls qui avaient échoué ici étaient des curieux, des hommes perdus dans la tempête ou amateurs de défi, et Dieu savait que peu d'entre eux auraient eu la capacité à survivre dans la Ligue de Lazare.

    Mais ce jour semblait marquer le renouveau pour cette confrérie qui périclitait inexorablement. Ra's Al Ghul referma brusquement le livre qu'il tenait entre ses mains, émettant un claquement singulier, et ferma les yeux. Il sentait... Il sentait qu'il n'était plus le seul à se trouver près du hall. Dans un geste de sa main, il rabattit sa longue cape verte derrière lui et s'approcha de la rambarde. Il portait sa tenue habituelle de maître de la Ligue, majestueuse et impressionnante... La présence qu'il avait ressenti était toute proche, il estimait d'ailleurs qu'elle se trouvait juste devant les portes qui donnaient accès à l'intérieur de la forteresse. Ra's Al Ghul, l'immortel, s'arma donc de patience, curieux de voir la personne que le destin avait poussée à échouer en ces lieux. Après quelques instants, qui semblaient trahir une légère hésitation, les lourdes portes s'ouvrirent. Un vent froid parcourut l'immensité de la salle, faisant vaciller les flammes des bougies. Quelques flocons de neige vinrent s'écraser à l'intérieur du hall avant que les portes ne se referment, laissant seul au beau milieu de cette pièce ancienne une silhouette. Ra's Al Ghul l'observa, ne laissant aucune expression apparaître sur son visage émacié. Il s'agissait d'un homme... Un guerrier à n'en point douter. Il ne semblait pas être un vagabond, un homme qui aurait erré jusqu'ici. Non, ce samouraï, car c'était l'impression qu'il dégageait armé de ses six sabres et revêtu d'une armure, devait avoir une raison précise de se retrouver dans cette forteresse. La question était de savoir laquelle, et le maître des lieux obtenait toujours ce qu'il souhaitait, et à cet instant précis, il souhaitait des réponses. L'une de ses mains posée sur la rambarde, il s'adressa au samouraï de sa voix aux intonations graves qui ne laissait que peu de place à l'émotion.

    « Soyez le bienvenu, voyageur. Je vous félicite d'être parvenu jusqu'ici. »

    Il ne s'agissait pas d'une flatterie en l'air. La montagne était dangereuse... La force, la rigueur et la discipline étaient de mise pour s'y frayer un chemin. Seuls les plus forts pouvaient prétendre arriver vivant à la forteresse de la Ligue de Lazare, et il s'agissait là de la première épreuve à traverser afin d'y accéder. Le visage du samouraï s'était levé vers lui après qu'il l'eut apostrophé, et il put y lire une certaine surprise. L'art de l'effet... Il aurait pu songer à une entrée en scène plus théâtrale, mais celle-ci se révélait suffisamment imposante. Ra's Al Ghul fit donc quelques pas, ne quittant pas des yeux l'homme qui avait réussi à atteindre leur repaire. Il put aussi constater en s'approchant que l'un de ses yeux était recouvert d'un bandeau... Le fait qu'il soit borgne ne faisait que renforcer son allure de guerrier, et Ra's Al Ghul se trouvait de plus en plus intrigué par cet homme. De sa démarche lente, il descendit des escaliers afin de se retrouver au rez-de-chaussé, se plaçant entre l'homme et le trône. Ainsi, il lui permettait de se retirer comme bon lui semblait, mais il ne ferait pas... Personne n'atteignait ce lieu pour le quitter si rapidement. Alors il le toisa sérieusement pendant quelques instants avant de reprendre la parole.

    « Expliquez moi... Quelles sont les raisons qui vont ont poussées à venir ici, voyageur ? Pourquoi avoir bravé la mort ? »
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    Quand j'ai vu cette forteresse dans le genre immense, à moitié incrustée dans le roche et qui avait l'air d'avoir des siècles d'existences, j'avais été étonné. Ouais, des vieux temple j'en ai vu mais pas dans un coin paumé comme ça. La Cité interdite est pas difficile à trouver mais là ça avait été une autre paire de manche. Puis j'vous ai pas dis la suite ? Bah je suis rentré comme si j'étais chez moi, je le fais pas d'ordinaire mais ça avait l'air abandonné et je me sentais pas de frapper à la porte. Je regardé tout partout sans vraiment faire gaffe, j'avais surtout les crocs donc j'ai pris mon sandwich, j'avais pas pu prendre mieux. Puis là j'ai entendu une voix, du genre à faire froid dans le dos et qui sort de nulle part.

    « Soyez le bienvenu, voyageur. Je vous félicite d'être parvenu jusqu'ici. »

    Ah ouais merci franchement fallait pas. J'veux bien être d'accord que j'avais pas à venir comme ça mais la frousse qu'il m'avait fichu sur le coup. Je suis pas facile à impressionner, j'en ai vu des trucs horribles mais là j'avais carrément la sensation d'être seul. Sauf que lui là, le vieux, il l'avait fait exprès j'en étais sûr. C'était pas facile de deviner à quoi il pensait lui, on ne pouvait pas dire qu'il était très expressif mais au moins il avait commencé avec une note positif. Enfin moi je préférais le sentir comme ça plutôt que de la moquerie. Puis bon, il a pas tord, un peu chiant pour venir ici c'est pas faute de l'avoir déjà dit. Mais avant même que je puisse en placer une il m'a coupé la parole tu vois. Le mec qui m'agace déjà légèrement mais après tout, ça devait être lui le maître des lieux et j'avais pas grand chose à dire. En plus, super impolitesse de ma part, je m'étais pas déchaussé avant d'entrer. Mais quand je vois l'état du sol, c'était pas plus mal au final. Moi pendant ce temps je gardait toujours ce même sourire, qui ne retranscrit ni de l'arrogance ni de l'inquiétude. J'aime bien avoir une visage jovial, ça ouvre pas mal de porte et ça passe mieux quand on envoie balader quelqu'un.

    « Expliquez moi... Quelles sont les raisons qui vont ont poussées à venir ici, voyageur ? Pourquoi avoir bravé la mort ? »

    Ouais bah je savais toujours pas qui c'était moi... C'est vraiment nul de devoir dire des trucs sans être sûr de parer à la bonne personne. C'est comme si une fille révèle des secrets en pensant parler à son gynécologue, là elle aura honte. Moi c'est pas une histoire de honte mais plus qu'il s'agît de sujet plus ou moins secret. Je suis même pas sûrs que les généraux de l'Empereur soient au courant pour tout dire. Ça c'est de la merde et vous savez pourquoi ? Parce que le jour où je serai impliqué dans une mauvaise magouille, je ne pourrais compter que sur moi. Imaginez que la confrérie ou je ne sais trop quoi se retrouve être des salauds. Pas de soucis, j'y vais pas mais si je l'apprends dans dix mois ? Bah vaut mieux que je l'apprenne avant le grand manitou parce qu'il est capable d'envoyer une armée même au péril de ma vie. Pire ! Il irait récupérer l'oeil de Bouddha sur ma dépouille, il peut pas laisser ça à tout le monde. Mais bon, on dirait juste un oeil de verre puis personne ira regarder sous le bandeau d'un borgne mort. Là dessus, c'est pas tellement moi qui décide j'vais vous dire mais j'avais toujours le choix de répondre à ce... à cet... Roh mais je sais toujours pas.

    -Ah ouais, merci pour l'accueil, c'est sympa ici. Mais j'peux quand même savoir à qui je parle ?

    J'étais toujours pas décidé à lui balancer la raison de ma venue, je le sentais pas super bien j'vous l'dis. Puis j'ai continué à observer la grande pièce, personne d'autre que nous dans cette immensité. Puis avec ce courant d'air qui n'en finissait pas de siffler dans mes oreilles. Puis là je me suis d'un coup rappelez du compliment sur le fait de ma réussite. Ouais, j'étais fier mais bon, je trouve pas ça super glorieux.

    -Pas besoin de me féliciter au passage, depuis tout jeune on s'entrainait à grimper la montagne. Pas si haut mais ça aide bien.

    Par contre, je le trouvais un peu trop... Dramatique on va dire, il exagérait bien en disant que j'ai bravé la mort en venant dans ce temple. J'ai vu bien pire et j'allais en voir d'autres à ne pas en douter. Mais j'allais pas relever, pas besoin de parler pour rien dire, surtout avec lui. Les femmes, elles, aiment bien qu'on ait de la conversation quoi que ça puisse être, elles n'aiment pas s'ennuyer. Donc faut savoir causer de tout, je dis bien de tout parce que parler de la même chose, c'est lassant puis si tu tombes sur le sujet qu'il faut pas. Mais lui, c'était pas une femme, il voulait juste que je lui dise ce qu'il avait envie de savoir. Jouer au chat et à la souris ça l'intéressait pas du tout. Dommage, il allait devoir attendre de répondre pour que ce soit à mon tour de me révéler.
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    « Pas besoin de me féliciter au passage, depuis tout jeune on s'entrainait à grimper la montagne. Pas si haut mais ça aide bien. »

    Si Ra's Al Ghul n'arborait toujours aucune expression, il ne pouvait que s'amuser de cette désinvolture. Cela ne semblait pas être un exploit pour le samouraï d'avoir atteint cette forteresse isolée au sommet de la montagne, et pourtant bien des hommes y avaient laissé la vie. Cette phrase n'aurait pu être qu'une simple vantardise. Mais l'état du samouraï confirmait indéniablement ses dires, il n'avait pas souffert de cette escalade périlleuse. Robuste comme le lion, voilà un homme qui venait, sans le réaliser, de réussir haut la main la première épreuve d'entrée à la Ligue de Lazare. Toutefois... Toutefois il n'avait toujours rien dit des raisons de sa présence ici. Un homme ayant eu vent de la confrérie et souhaitant la rejoindre aurait agi autrement, connaissant la réputation redoutable de la Ligue. Mais lui semblait sortir de nul part... Et cela ne faisait qu'attiser un peu plus sa curiosité. Était-ce le destin qui l'avait mis sur cette voie ? Ou bien servait-il un autre dessein ? De n'importe quelle manière, il obtiendrait des réponses... Pour l'instant, il lui avait seulement demandé son identité, et Ra's Al Ghul n'avait absolument aucune raison de se dissimuler. Il était ici chez lui, et les bonnes manières voulaient qu'en hôte, il se présente. Le maître de la Ligue de Lazare s'avança alors à pas lents vers le samouraï, ne le quittant toujours pas des yeux. Sa longue cape le recouvrait entièrement, et le faisait paraître bien plus maigre qu'il ne l'était en réalité. Il l'observa de bas en haut avant de lui répondre.

    « Je me nomme Ra's Al Ghul... » Ce nom lui évoquerait-il quelque chose ? On pouvait l'entendre dans certaines légendes, mais le visage du samouraï ne trahit aucune surprise, et gardait un léger sourire jovial. Alors, il se mit à marcher autour de lui, lentement, comme un vautour guettant sa proie. Et il poursuivit... « Je dirige la Ligue de Lazare dont vous venez de violer le domaine. » Ra's Al Ghul fit une pause, le détaillant sous tout les angles. Il put apercevoir que les sabres que cet homme portait étaient de véritables travaux de maître. Cet homme, peu importait son identité, était un guerrier qui ne laissait rien au hasard... « Mais peut-être avez-vous déjà eu vent de notre existence, voyageur... » Il avait repris d'une voix caverneuse, laissant un léger temps au beau milieu de ces phrases comme pour les accentuer. « Peut-être même est-ce là la raison de votre présence ici... » Il était alors arrivé derrière lui et parlait désormais d'une voix plus basse. « Peut-être... Recherchez-vous quelque chose que nous sommes en mesure de vous offrir... »

    Et subitement, il repartit vers le trône, tournant le dos au samouraï qui ne lui avait toujours pas répondu. Il regarda fixement le vide, faisant durer cet instant... Ce qui ne devait être pour l'homme qu'un moment de réflexion s'avérait toutefois être un stratagème du maître de la Ligue. Il sentait que de part et d'autre du hall, des personnes se déplaçaient silencieusement, invisibles au milieu de l'obscurité. Les assassins de la Ligue avaient dû réaliser la présence d'un intrus, et appliquaient dès lors le protocole en vigueur. Ils étaient prêts, au moindre geste, à l'encercler... Leur nombre s'élevait à une dizaine, mais Ra's Al Ghul ne souhaitait pas les voir intervenir pour l'instant, et encore moins combattre. Il s'agissait en fait, en plus d'une mesure de sécurité, d'une manière de tester son interlocuteur. Il devait savoir quelle serait son attitude une fois pris au piège, il le devait pour connaître son potentiel.

    Alors, il se retourna, et immédiatement les silhouettes des ninjas sortirent de l'ombre. Il y en avait quatre à la droite et à la gauche du samouraï, formant une haie, et les deux derniers s'étaient placés devant la porte. Bien que leurs armes étaient sorties, ils se contentaient de rester immobile, la tenant entre leurs mains de manière solennelle. La discipline était probablement leur plus grande qualité... Même s'il n'aurait eu probablement aucun mal à affronter cet homme par ses seuls moyens, il était maintenant clairement en position de force, et tel était l'effet qu'il cherchait à créer. Ra's Al Ghul dévisagea alors le samouraï de son regard vert perçant, scrutant son unique œil qui le regardait. Il avait cette expression habituelle qui donnait l'impression qu'il pouvait deviner la moindre de vos pensées. Sa voix grave et inquiétante s'éleva une nouvelle fois, brisant le silence dans la pièce et retentissant dans un léger écho.

    « A vous de me répondre, voyageur... Pourquoi êtes-vous ici ? »
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    Peut-être, peut-être, peut-être... Il le disait beaucoup trop de fois ce mot, il s'imposait clairement là. Le truc, c'est que j'allais tout lui dire mais il allait pas me croire. J'en étais sûr parce que touts ceux qui sont amenés à travailler pour l'Empereur étaient mon opposé. D'habitude on est sensé bien parler, être discipliné et tout ce qui va avec. À la base, je ne devais pas révéler pour qui je travaillais, j'étais justement là pour ce genre de travail, me mettre dans des situations difficiles en ne comptant que sur moi-même. De ce qu'on m'a dit, je devais de suite dire pourquoi j'étais ici, parce qu'ils allaient le savoir tôt ou tard. J'allais jouer carte sur table, c'est ce que j'avais de mieux à faire.

    Puis là, même si je l'ai ai pas vu au début, des hommes sont arrivés. Dans un premier temps, je n'ai vu que ceux qui étaient à ma gauche, faut dire que j'avais un bel angle mort. Il me suffisait d'enlever mon bandeau pour voir clairement mais je ne vais pas me ré-expliquer, j'allais le garder. Je suis resté les bras croisés, s'il devait y avoir un combat, bien qu'il soit imminent, je pouvais encore attendre. Ils restaient stoïques et n'avaient pas l'air offensifs pour l'instant. J'aimais ce genre de défi quelque part, j'en ai déjà battu plein des groupes d'hommes. Plusieurs fois dans ma vie j'étais accompagné mais suite à mon engagement direct avec le dirigeant du pays, j'ai appris à faire seul.

    -P'têt bien ouais. Je vais faire assez vite hein, ça évitera tout mal entendu.

    Il était parti sur son trône, il s'éloignait clairement de moi, comme s'il avait fini de s'imposer et que c'était le tour de ses hommes de le faire. Pourtant, il avait pas l'air d'être le premier venu, il aurait fait un bon combattant. Mais il fait ce qu'il veut après tout, j'étais pas là pour lui forcer la main après tout.

    -Moi c'est Yuan, Yuan Renshi pour être précis. Pour aller plus loin encore, j'appartiens à une grande lignée de samouraïs mais ça, je pense pas que c'est intéressant pour toi.

    Boh, au moins il était sûr que je sache me battre et que je ne traballais pas mes armes juste pour la frime. Un peu quand même parce que j'ai pas besoin d'en avoir six mais faut voir la qualité aussi. Je pourrais les vendre super chères celles-là, il m'aura fallu quatre mois par lame pour en venir à bout. En plus de ça, elles sont identiques, tout pareil en tout point. Peut-être plus maintenant que je les ai un peu usées mais le principe est là. C'est là que j'ai eu comme un flash ! Et ouais j'suis forgeron ! Tout le monde aime ces travailleurs et en plus ça permet d'avoir de bonnes armes à disposition. J'suis l'plus fort, j'suis l'meilleur donc là j'avais pas besoin de plus pour cartonner un max.

    -Sinon j'suis forgeron et plutôt doué pour tout dire, sans prétention.

    J'ai jeté un oeil sur chacune des lames de ceux qui m'entouraient. Des katanas... Vu comment ils étaient fringués et comment ils se déplaçaient, j'aurais vu des lames plus courtes pour eux mais chacun ses goûts. On apprend beaucoup en observant attentivement un homme et j'ai l'oeil pour les détail. Je parle de mon oeil valide là, pas besoin de l'autre. Ils connaissaient la guerre mais pas sur le champ de bataille à proprement parler. Attaques rapides et furtives, ça sentait les frappes vicieuses à plein nez.

    -Puis sans vouloir faire la fine bouche, vos armes sont pas tous au meilleur de leur forme. On dit qu'un sabre ne ressent pas la lassitude mais il y a une limite. On est tous capable de trancher avec une lame émoussée mais de ce côté, je suis partisan du moindre effort. Je peux vous dire, je serai une bonne aide de ce côté. Tout le travail que je ferai à la forge sera du travail en moins à faire quand vous porterez vos coup.

    Je le faisais pas exprès mais depuis tout à l'heure je parlais sans lui répondre, mais j'ai trop à dire. J'ai des anecdotes que je pourrai leur raconter. J'aime ça parce qu'entre compagnon de guerre, on peut parler de choses qu'on ne peut avec personne d'autre. Vous imaginez le samouraï qui a décimé un groupe de Huns en compagnie de ses camarades et qui rentre le soir ? « Chérie, aujourd'hui j'ai tué six hommes, un par décapitions, trois en plantant mon épée dans le ventre. Les deux autres ont cramés dans leur tente quand on est arrivé. » Non, ça tu peux pas le faire, c'est trop dégueulasse. Le hic, c'est qu'on a tous besoin de parler et que quelqu'un sache ce qu'on a fait ça fait du bien, on se sent moins seul. J'en étais pas encore là, je sentais qu'on allait pas être super pote nous tous là. Puis je me suis décidé à tout dire.

    -J'ai entendu parler de cette ligue sans qu'on ne me fasse mention de ton nom Ra's Al Ghul. Tu penses bien que j'étais au courant pour que je vienne comme ça. On m'avait plus ou moins indiqué où vous étiez, c'était pas précis du tout mais je suis assez chanceux de nature.

    J'ai regardé une dernière fois tous les types avant de fixer l'homme sur son fauteuil. J'avais perdu mon sourire et j'ai arboré un visage sérieux, pour montrer que ce n'était pas des paroles en l'air.

    -Ce qui va moins te plaire, c'est que je suis envoyé par l'Empereur en personne.

    Même là, aucun des types dans la salle ne semblait surpris et ils restaient tous neutre. Bon, peut-être que ça les gêne pas après tout, j'suis pas dans leur tête et je lis pas encore dans les pensés moi.

    -C'est un homme simple l'Empereur. Quand il a entendu parler de vous, ou plutôt quand il a commencé à croire en vôtre existence il a réfléchi. Il connait la valeur d'une vie et son choix s'est porté sur moi. Il savait que je vous trouverais, il sait aussi que si je reviens pas à lui après vous en avoir parlé, c'est qu'il doit s'inquiéter. Il préfère perdre un homme plutôt que de courir le risque de perdre des milliers d'hommes et de femmes de son royaume.

    J'ai pris un long moment d'inspiration, valait mieux qu'ils ne veuillent pas m'attaquer. J'avais encore faim et je n'avais pas envie de me battre ici et maintenant. Mais s'il le fallait, aucun doute que je le ferai sans hésiter. Je gardais toujours mes bras croisé mais ma main droite était prête à saisir l'un de mes sabres si les événement l'imposaient. J'avais cet avantage d'être rapide, j'étais souvent plus confiant et je pouvais attendre le dernier moment pour dégainer.

    -Ensuite, il ne m'aurait pas envoyé si vous aviez qu'une mauvaise réputation. Il veut savoir si ce qui est dit est vrai, si vous êtes bien ce qu'on nous laisse croire que vous êtes. Il paraît que vous chassez les criminels, les tuants où je ne sais quoi d'une manière plutôt radical. L'Empereur n'approuve pas totalement mais il est pas entièrement contre non plus. Inutile de dire que beaucoup de troubles sévissent sur son pays et qu'il est prêt à régler ça quelque soit la manière. Donc, moi, mon rôle c'est de coopérer avec vous tous et en retour de rendre des informations à celui qui m'emploie.

    J'avais rien d'autre à dire, pas besoin de demander s'ils étaient bien comme je l'imaginais, j'allais bientôt le savoir. Non, j'attendais comme depuis tout à l'heure, avalant une dernière bouchée de mon sandwich et m'essuyant les mains avant de reprendre ma posture naturelle.
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    Ra's Al Ghul était retourné s'asseoir sur son trône qui se trouvait à quelques mètres de l'homme qui avait pénétré dans la forteresse. Ses deux mains étaient posées sur les accoudoirs, et sa cape désormais rabattue dans son dos permettait de distinguer ses vêtements presque royaux qui lui donnaient une apparence majestueuse. Ainsi placé, il pouvait absolument tout voir, de l'attitude du samouraï à celle de ses ninjas dont il percevait le moindre frémissement. Curieusement, la tension était absente... Le borgne n'avait pas été désarçonné par l'arrivée soudaine de ces guerriers, pas plus qu'il ne s'était enflammée. Non, il conservait un certain calme, ayant sans doute compris qu'ils n'allaient pas l'attaquer sans une raison valable, et c'était précisément ce que le maître de la Ligue cherchait à prouver. Les têtes brûlées parvenaient parfois à de grandes choses par leur volonté, mais jamais ils n'atteindraient la perfection et le savoir-faire d'un combattant calme et rusé, anticipant les moindres détails. Le genre d'homme qu'il recherchait activement, et voilà qu'on lui servait sur un plateau une personne semblant correspondre à ses critères. Et alors, son interlocuteur prit la parole pendant un long moment... Ra's Al Ghul ne l'interrompit pas, il souhaitait connaître ses motivations, percer sa personnalité, en apprendre le plus possible sur lui. Silencieux, il se contenta de le regarder fixement sans jamais ciller.

    Il apprit alors de nombreuses choses... A commencer par son nom. Cet homme se nommait Yuan Renshi, et se prétendait comme le descendant d'une lignée de samouraïs. Il ajouta que ce détail ne l'intéressait sûrement pas, mais à tord... L'héritage des ancêtres pouvaient prendre de nombreuses formes. La volonté, la personnalité, et dans certains cas... Les capacités... S'il était un samouraï, que son père l'avait été à l'image de son propre père, Ra's Al Ghul ne laissait aucune place au hasard. Il aurait pu, en un hochement de tête, lâcher ses hommes contre lui afin d'éprouver sa force et son talent, mais pour l'heure il lui en restait encore beaucoup à dire... Ainsi, au fil de sa tirade, il apprit qu'il était un forgeron, et qu'il se prétendait doué. Le maître de la Ligue le crut sans même remettre sa satisfaction en question, car il avait bien vu que les lames qu'il portait étaient un travail d'expert. Poursuivant sur sa lancée, il critiqua leurs propres katanas en jeune effronté qu'il était. Ra's Al Ghul aurait pu trouver cela insultant venant de la part d'un homme qu'il venait tout juste d'accueillir dans sa demeure, et pourtant... Et pourtant il n'en tint pas compte. Sans l'avoir dit clairement, le samouraï s'était proposé de leur forger de meilleures lames, et se considérait presque comme un nouveau membre de leur clan. Était-ce là le but de sa visite ? Leur proposer ses services ? Ra's Al Ghul était persuadé qu'il y avait autre chose... Ce jeune homme parlait beaucoup avec la verve fougueuse des personnes de son âge, mais il n'avait pas encore répondu à sa question... Au lieu de cela, sous le regard perçant du maître de la Ligue, il empruntait des chemins détournés...

    Yuan se tut pendant quelques instants. Avait-il seulement réalisé qu'il avait jusque là ignoré la demande de son hôte ? Probablement, car lorsqu'il reprit la parole le sujet était tout autre... Il avouait connaître l'existence de la Ligue... Cela rayait définitivement la possibilité qu'il soit arrivé dans cette forteresse par hasard. Cependant, il confessa aussi avoir été renseigné sur ce lieu par des tiers. Qui ? Qui donc hormis eux connaissait l'existence de ce repaire ? Seules les légendes devaient en parler, car jamais aucun homme n'aurait pu être en mesure de divulguer ce secret si tant est qu'il n'appartienne pas à la Ligue. Le mystère ne dura pas, car le samouraï ajouta qu'il était envoyé par l'Empereur en personne. A cet instant, le visage figé de Ra's Al Ghul se modifia sensiblement pour laisser apparaître un haussement de sourcil. Effectivement... L'Empereur de Chine devait être l'une des personnes ayant connaissance de leur existence sans pour autant appartenir à leur groupe... Mais jamais il n'aurait imaginé que ce jeune homme puisse être à la solde d'un homme aussi important. S'il ne montra pas, Ra's Al Ghul était effectivement surpris, et cela soulevait de nouvelles questions. Pourquoi l'Empereur leur envoyait-il un émissaire... ?

    Rapidement, il eut sa réponse de la bouche même de Yuan. L'Empereur ne savait absolument rien d'eux, et se fiait uniquement aux rumeurs... Il souhaitait savoir si leur réputation était vraie, et pour finir, le samouraï se proposa de leur apporter son aide en échange d'informations qu'il fournirait au dirigeant de la Chine. Ra's Al Ghul resta silencieux quelques minutes. L'offre était alléchante et aurait séduit n'importe quel groupuscule. Mais ils n'étaient pas n'importe quel groupuscule... Ils ne rêvaient pas de conquêtes ni de pouvoirs, ils avaient simplement un but qu'ils s'étaient jurés d'accomplir. En cela, l'Empereur leur était complètement inutile, mais ce garçon... Oui, ce garçon avait quelque chose. L'intégrer à la Ligue pourrait être une bonne idée, mais cela dépendrait uniquement de lui. Il ne l'accepterait pas car il représentait un chef d'état, mais uniquement car il possédait les mêmes convictions. C'était ce qui restait à déterminer. Alors, Ra's Al Ghul reprit la parole poliment.

    « Vous nous voyez très honorés de l'intérêt que nous porte l'Empereur... » Il marqua une courte pause et sembla sonder l'unique œil de son interlocuteur.« Vos informations sont exactes, voyageur, nous combattons le mal sous tout ses aspects, dans ce monde et dans d'autres, avec l'espoir de les rendre meilleurs. » Ra's Al Ghul interrompit sa phrase une dernière fois avant d'insister lourdement sur les derniers mots. « Néanmoins, la Ligue de Lazare est et restera indépendante d'un quelconque pouvoir. Vous pouvez rassurer l'Empereur, nous ne le considérons pas comme notre ennemi... » Sur ces mots, il se leva et s'approcha lentement de Yuan. Il avait été très clair sur leurs principes, mais peut-être reviendrait-il sur son jugement... « Ne considérez pas nos méthodes comme radicales, nous ne faisons qu'exécuter la justice là où la main de l'homme ne peut le faire... Partout, les sociétés permissives font naître des voleurs, des meurtriers qui se fondent dans l'oubli sans jamais connaître de jugement. Le crime ne saurait être toléré dans un monde tel que nous l'imaginons. » Il s'arrêta à environ un mètre du samouraï qui soutenait son regard... « N'avez-vous jamais pensé, Yuan, qu'il nous incombe d'agir pour cesser ce tourbillon de folie, de perversion et de décadence, quel qu'en soit le prix ? »
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    Et bah voilà qui était fait, les présentations étaient finies, maintenant c'était beaucoup plus sérieux. En tout cas, le truc qui fait plaisir c'est que j'pense pas qu'ils veuillent me tuer. Ça aurait déjà été fait sinon, enfin non, ils auraient essayé mais le principe reste le même. Donc moi, j'étais là à écouté ce type et franchement il était bien habillé. J'suis pas sûr que ce soit super pratique pour se battre mais moi je m'en cogne comme de l'an 40. S'il est comme ça, il a ses raisons et puisqu'il est en vie, c'est que ça ne lui a pas porté préjudice. Après, va savoir s'il se bat ou s'il laisse les autres faire. C'était pas mon problème non plus. Bref, j'allais commencer à répondre parce que les temps de latence m'ennuient assez vite pour tout dire.

    -Je transmettrai à l'Empereur que vous êtes honoré, ça fera du bien à son égo tient. Par contre, je le revois pas avant un mois en toute logique, sauf si on m'en donne les raisons.

    Il devait avoir compris, j'avais l'intention de rester encore quelque temps avant de revoir mon patron. Puis là encore, je me suis souvenu d'un truc, parce que bon, ok je suis un samouraï et encore la plupart travaille pour lui mais rarement directement comme je le fais. Comme les sales besognes sont souvent pour moi et ça peut aller très clairement à l'assassinat, ça reste plutôt secret pour qu'il ne soit impliqué d'aucune façon.

    -J'oubliais, faudra garder pour vous que je suis à la solde de l'Empereur, j'aimerai que ça ne s'ébruite pas trop.

    C'est toujours bon d'instaurer certaines règles même si on est pas le mieux placé pour le faire. Je ne dis pas que je les respecte pas, j'suis un homme d'honneur, un vrai mais en général j'donne pas d'ordre. Sauf à mes soldats mais pour diverses raisons, ils opèrent plus en autonomie ou alors ils ont rejoints les rangs de mes frères. Je préfère ça plutôt que de les savoir sans dirigeant fiable, on sait jamais ce qu'ils peuvent faire. J'ai confiance en eux mais la vie d'autres personnes peuvent être mise en jeu.

    Ensuite, il a été très clair sur leurs idéaux et plus ou moins sur le fonctionnement de la Ligue de je ne sais plus quoi. Pas besoin de retenir leur nom, s'il m'acceptait, j'allais pas dire que je bossais pour Ra's Al Ghul. Mais quelque part, je le comprenais plutôt bien. L'Empereur aussi, certainement, quand je vois les missions confidentielles qu'il donne. Seulement, la différence est que le grande de la Chine ne peut pas se permettre de montrer tout ce qu'il est en mesure de faire. Il le pourrait, mais on va dire qu'il préfère garder l'image d'un homme bon en qui le peuple peut avoir confiance. Moi je dis que dans tous les cas ils peuvent lui accorder cette confiance. Ce genre de travail est rare et seulement quand c'est réellement nécessaire. Il dirait qu'il va envoyer trente armées de dix-mille hommes contre les Huns, personne ne dirait rien. Là, le problème s'applique aux malfrats chinois directement et c'est tout de suite beaucoup plus sensible, vous voyez ?

    -Rendre le monde meilleur, y a pas à dire, c'est cool comme objectif, moi je suis pour. La paix me foutra au chômage mais on y est pas.

    Bon, rien à voir, mais les autres qui restaient comme des statues, c'était pas oppressant mais c'était chiant, ils n'avaient rien d'autre de mieux à faire ? Ça fait classe, ça montre le respect qu'ils ont pour Ra's Al Ghul, qu'ils ont une bonne musculature pour rester statique comme ça. Mais là c'est bon, j'ai compris, ils peuvent s'arrêter.

    -Sinon c'est pas moi qui vais vous juger sur les moyens employés, je suis pas là pour ça et en plus j'ai déjà eu à faire des trucs pas très beaux.

    J'ai réfléchi quelques secondes à une bonne anecdote et la première qui soit venue c'était quand j'étais qu'un gosse encore. Quand j'étais formé pour être le samouraï que je suis aujourd'hui.

    -Par exemple, quand j'étais encore un enfant, il y avait des exécutions de criminels de guerre, la tête tranchée. La nuit j'ai dû aller voler une des têtes et la ramener à mon père pour lui montrer ma valeur.

    C'était juste histoire de montrer de quoi j'étais capable et ça ce n'était que dans mon très jeune âge, depuis je suis encore plus insensible sur ce genre de chose. Pour finir, fallait que je réponde clairement.

    -Donc oui, si on veut savoir si je suis prêt à chasser le crime quel qu'en soit les moyens, c'est oui. Exception faite, d'un ordre contraire de la part de l'Empereur, soyons clair là-dessus. Je me réserve le droit de partir mais les informations que j'aurais ne serons divulguées à une seule et unique personne.
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    En cette journée qui commençait le plus naturellement du monde, tout était pour le mieux. Cet envoyé du destin, qui représentait l'Empereur, semblait un membre idéal pour rejoindre leur combat... Il ne jugeait pas leurs méthodes, et Ra's Al Ghul savait qu'au fil des siècles, de nombreuses personnes s'étaient opposées à leur manière d'agir, prétextant une cruauté inhumaine. Tout n'était qu'affaire de points de vue, car pour les membres la Ligue, les hommes qu'ils condamnaient n'avaient plus grand chose d'humain en eux... Yuan se permit même de leur raconter une anecdote, celle d'un acte immoral qu'il avait dû commettre étant jeune. Qu'à cela ne tienne, l'honneur n'était pas une condition requise pour les rejoindre, seul comptait la foi dans leur but et une certaine idée de ce qui était juste ou non. Lui même, maître de la Ligue, avait du sang sur les mains depuis de nombreuses années, mais il savait qu'un tel sacrifice était nécessaire pour que les mondes connaissent un jour un renouveau meilleur. Le samouraï avait conclu, et se montrait prêt à rejoindre leur clan... La seule condition qu'il imposait était sa fidélité à l'Empereur avant toute chose, ainsi que l'autorisation de lui divulguer des informations. Ra's Al Ghul réfléchit quelques instants à cette demande en fixant l'homme borgne. Comme il l'avait dit plus tôt, ils ne considéraient pas l'Empereur comme un ennemi, jamais il ne s'était interposé entre eux et leur objectif, et au fond leur but était le même... Il y avait quelque chose de gênant à admettre un émissaire, il devrait le surveiller de près afin d'être sûr qu'il ne cherche pas à insinuer en eux la volonté de l'Empereur et qu'il s'acquitte de ses tâches selon leur propre intérêt. Mais cela restait envisageable... Ra's Al Ghul croisa les bras et toisa le samouraï de son visage solide comme le roc avant de lui répondre.

    « Divulguez comme bon vous semble voyageur, nous tolérerons que l'Empereur soit au fait de nos activités sur son territoire aussi longtemps qu'il ne s'y opposera pas. Quant à vous... » Il s'approcha de Yuan. Ayant juré loyauté à un autre maître, il était naturel qu'il soit en mesure de quitter la Ligue à sa guise. Habituellement, les traîtres subissaient le pire des châtiments, mais ce cas était différent... Il ne pouvait donc lui faire subir cette menace, mais souhaitait lui faire comprendre l'engagement qu'il venait de prendre. « Ne trahissez jamais vos convictions. »

    Le samouraï était donc maintenant presque un membre de la Ligue de Lazare. Presque. Il avait prouvé son courage et la force de son âme, mais il lui restait encore à démontrer sa volonté. Ra's Al Ghul fit un simple hochement de tête, fixant un point au delà de Yuan, et immédiatement les ninjas disparurent, retournant dans l'ombre en une seconde à peine. Le maître de la Ligue s'avança vers le jeune homme et le prit par l'épaule, comme un nouveau fils qu'il accueillerait dans sa grande famille. Il lui dit alors, jouant sur ses intonations pour attirer sa curiosité.

    « Suivez-moi, j'ai quelque chose à vous montrer... »

    Et il s'éloigna, laissant le samouraï le suivre. Il le guida à travers les méandres de la forteresse, ils passèrent de nombreuses portes et de nombreuses pièces. La plupart étaient des salles d'entraînement, ou bien des dépôts contenant des réserves aussi bien de nourritures et de matériaux. Certaines étaient plus classiques, et regorgeaient d'armures en décoration tandis que des armes, toutes de natures différentes, étaient accrochées aux murs. Enfin, ils parvinrent en un lieu où étaient disposées de nombreuses cages. Ce n'était pas à proprement parler une prison, car de meilleurs quartiers étaient réservés à ceux qui devaient y passer un certain temps. Non, ici seule la vermine avait une place, les brebis galeuses qui empoisonnaient le troupeau, et cette cage était leur dernière demeure, car il étaient tous en attente d'un jugement. Dans le cas présent, un seul homme était retenu prisonnier. Il s'agissait d'un paysan torse-nu, légèrement amaigri, qui s'exprimait vivement dans un flot de paroles en Chinois. Ra's Al Ghul s'arrêta devant la cage, et attendit que Yuan se place à ses côtés avant de lui expliquer les raisons de leur venue ici.

    « Cet homme était un fermier, mais pour avoir convoité la terre de son voisin il est devenu un meurtrier... » Ce disant, il lui lançait un regard de dégoût et de haine profonde. Enfin, il reporta son attention sur le samouraï. « Le crime est l'extrême limite de l'homme, et ne saurait être contré que par des mesures extrêmes. Nous ne pouvons laisser agir impunément, la peur de la sentence est de loin la meilleure façon d'apprendre à canaliser ses pulsions. » Il fit alors quelques pas et se saisit d'une épée noire qui reposait à côté de la cage. Avec un regard déterminé, il en tendit le manche au borgne... « Faites vous bras de la Justice, Yuan. »

    Telle était sa dernière épreuve. Il était certain qu'il avait déjà tué, peu d'hommes n'avaient aucun cadavres sur la conscience. Mais ce qu'il lui demandait n'avait rien d'un assassinat... Il devait savoir si ce samouraï était prêt à tuer quelqu'un qu'il ne connaissait pas au nom de la justice, s'il était prêt à supporter le poids d'être l'espoir d'un monde meilleur au prix de nombreuses vies. Telle était la Ligue de Lazare...
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« Faites vous bras de la Justice, Yuan. » Ra's Al Ghul.



Ce n'était plus drôle, en rélaité il n'y avait jamais eu rien de drôle ici, juste moi qui prenais tout à la rigolade. C'est vrai, la montagne, j'en ai chié et j'ai fais comme si c'était normal d'être venu, les hommes de Ra's Al Ghul sont venus et j'ai pas bronché. Même le froid qui circulait au travers des courant d'air montrait qu'il n'y avait pas de quoi rire. Mais ce n'est qu'à ce moment que je l'ai réellement compris, lorsque Ra's ma dit de le suivre. Rien de spécial encore suaf que j'apprenais le véritable but de cette demeure. Je ne parle pas de l'objectif qu'ils ont mais de bâtiment qui ressemble à un grand terrain d'entrainement.

Je ne sais pas si c'était fait exprès, mais j'ai entendu dire qu'en altitude, lorsqu'on s'y est fait, on peut repousser ses limites. Quelque chose à voir avec la gravité il me semble, on est un peu moins lourd. Mais je n'y connais rien donc je vais passer ce sujet. Ce que je percevais était qu'ils ne laissaient rien au hasard, de l'entrainement tous les jours. Je connaissais cette vie, quand je ne suis pas en mission, je me perfectionne aussi ou alors je forge mais ça aussi quelque part ça permet de se renforcer.

En dehors de ça, les salles étaient des entrepôts ou des pièces d'expérimentation. Des poudres explosives et ailleurs des dizaines d'armes et d'armures. Certaines ne semblaient pas être faite pour le combat mais ça n'en restait pas moins du beau travail. Sur tus les aspects, le Ligue de Lazare attisait ma curiosité. Nous avons marché un temps comme ça où je scrutais tout ce qui se présentait à moi jusqu'à ce que Ra's Al Ghul s'arrête brusquement. Il n'y avait pourtant rien de plus ici mais je n'ai pas tardé à savoir pourquoi.

Comme je vous le disais, c'est à ce moment que j'ai repris tout mon sérieux. Un homme, pauvre à première vue avait été séquestré ici et les hommes de Ra's l'ont sorti d'une des cages et l'ont amené jusqu'à nous comme un vulgaire chien. Je n'ai rien fais, je suis resté comme ça en attendant que l'on m'explique la situation. Ra's ne s'est pas fait prier et m'a tout raconté, c'était un fermier qui dans l'espoir d'avoir une vie meilleure a tué un autre homme pour avoir plus de terre. Je n'ai jamais approuvé le vol, je n'aime pas du tout ça sachant que tout ce que j'ai obtenu l'était à la sueur de mon front. C'est là que la maître de la Ligue me tendit une épée en me faisant comprendre que je devais être le bras de la justice. J'ai fixé l'arme bien quinze seconde, pas pour réfléchir si oui ou non je devais le faire. Non, c'était une meilleure arme que celle que j'avais vu auparavant ici même si elle était imparfaite. C'était sûrement un lame réservée à tester les nouveaux venus, elle servait peu mais elle était abimée comme seuls des débutants au sabre peuvent le faire. J'ai ensuite posé mon regard sur le fermier, sale et totalement apeuré même s'il ne semblait pas avoir été maltraité. Je me suis mis à son niveau pour lui parler.

-Tu as vraiment fais ça vieil homme ?

"Je ne voulais pas, la faim m'y a poussée, j'avais une famille à nourrir, pitié ne me tuez pas !" 

C'était du vieux chinois mais j'arrivais à la comprendre, maintenant j'étais sûr qu'il l'avait fais. Je me suis redressé et je m'apprêtais à prendre l'épée qu'on me tendait. Puis finalement, en une fraction de seconde j'ai saisi un de mes propres sabres pour trancher la tête de ce pauvre homme. Il n'avait pas souffert, mon tranchant était impeccable. Je ne faisais pas ça pour assouvir des pulsions, je ne fais pas ça pour le plaisir, il était condamné de toute façon, avec moi, il n'a pas eu le temps de voir la mort s'abattre sur son cou. J'ai ensuite rengainé mon sabre sans même essuyer la lame et j'ai regardé Ra's. Je n'avais éprouvé aucun dégoût en cet acte mais aucune joie non plus contrairement à lui. Il avait un mépris envers tout forme de crime, cela se voyait parfaitement. Je comprenais mieux maintenant pourquoi l'Empereur m'avait confié cette mission. Je devais m'assurer que cet homme ait un bon jugement du bien et du mal et que jamais il ne sombre dans la folie. Il était tout ce qu'il y avait de plus calme et certainement stable. Mais ce genre d'idéologie, cette façon d'agir peut nous amener à franchir une ligne... Une frontière par laquelle on ne repasse plus jamais.
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    Yuan Renshi s'était agenouillé vers le prisonnier qui était retenu à terre, maintenu fermement à la fois par des chaînes et des Assassins venus le saisir pour le sortir de sa cage. Placé légèrement en retrait, Ra's Al Ghul observait la scène qui se déroulait sous ses yeux. Le samouraï avait posé une seule question, afin de savoir s'il était vrai que cet homme était coupable. Habituellement, le maître de la Ligue ne tolérait pas que l'on mette sa parole en doute, mais encore une fois son cas était différent... Il n'était pas encore un des leurs et ne pouvait donc lui accorder une confiance absolue. De plus... L'Empereur ne devait pas avoir recours à des exécutions aussi sommaires pour éradiquer les criminels de la surface de la Terre. Le paysan lui avait donc répondu, s'exprimant très rapidement en vieux chinois. Il confessait son crime, après tout il l'avait déjà avoué bien qu'il ait commencé par nier de peur de perdre la vie lorsqu'il avait été amené ici. Il implorait leur pitié...Pauvre idiot... Avait-il seulement eu une quelconque pitié au moment de commettre son meurtre ? Rien ne pouvait le pardonner, et maintenant il était temps de mettre fin à cette vie qui n'en était plus vraiment une, souillée par le crime et habitée d'une âme corrompue.

    Le borgne se releva et se tourna vers lui, tendant une main vers l'épée qu'il lui tendait, cette épée qui avait tant de fois servie à rendre la justice. Ra's Al Ghul crut lire l'hésitation dans son œil l'espace d'une seconde, et s'en interrogea. Avait-il réellement la volonté de participer à leur combat ? Sèchement, le samouraï dégaina l'une de ses lames et, dans un geste brusque, fit volte-face avant de porter un coup rapide qui décapita net le paysan. La tête détachée du corps roula plus loin sur le sol tandis que ce qui restait du criminel se crispait dans une position évoquant le trépas. Le maître de la Ligue était impressionné par cette performance... Il ne s'agissait pas tant de son acte, mais surtout de la rapidité avec laquelle il l'avait fait. Lui même aurait eu une certaine difficulté à esquiver un coup aussi vif...Ce qui confirmait sa pensée, cet homme était puissant, car il avait suffi d'un simple coup pour l'achever, et rapide. Espion de l'Empereur ou non, il serait à coup sûr une arme mortelle qu'il pourrait utiliser au profit de leur but.

    Alors, les Assassin se retirèrent, emportant avec eux le corps dont ils allaient se débarrasser. Jamais aucun criminel n'était enterré, car ils ne méritaient aucune sépulture. Peu importait le moyen, mais ils finissaient toujours pas disparaître entièrement sans laisser de traces... Ra's Al Ghul se retrouva donc de nouveau seul avec le samouraï qui ne disait mot, pensant à raison que la parole n'était pas de son côté. Le maître de la Ligue posa son regard sur l'épée qu'il tenait toujours, et avec précaution il la reposa contre la cage désormais vide. Yuan Renshi avait tout prouvé aujourd'hui... Sa force, sa détermination, sa volonté... Il n'y avait aucun doute à avoir, il était apte à les rejoindre. Oui, il serait un membre de la Ligue de Lazare... Un membre qu'il faudrait surveiller de près, mais un membre tout de même. Quelque part, Ra's Al Ghul ressentait qu'il ne partageait pas ses idéaux dans le seul but de les infiltrer. Il y avait autre chose en lui, presque imperceptible mais qu'il devinait tout de même... Une envie d'agir pour la sécurité des mondes. Une envie qui, même s'il conservait sa fidélité envers l'Empereur, finirait par le lier à jamais à la Ligue... Il s'agissait définitivement... D'une très bonne journée pour eux. Ra's Al Ghul fit quelques pas dans la salle, puis, s'étant suffisamment éloigné du samouraï, se retourna vers lui avec ce qui aurait pu être un sourire s'il ne paraissait pas si menaçant. De sa voix grave, il prononça alors les mots qui scelleraient le destin de ce jeune homme...

    « Bienvenue dans la Ligue de Lazare, mon frère... »
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