• Le réflexe de se rattraper pour ne pas tomber. Ukiyo avait eu un vertige alors qu'il n'était même pas encore levé. Un cauchemar ? Non, ça n'avait rien de ça, plutôt un rêve très étrange. Il se rappelait de chaque détail, le vitrail, Amaterasu et le reste. C'est là qu'il eut peur, il ne voulait pas que sa beauté soit fanée. Il se précipité pour aller devant un miroir et ce qu'il vit était exactement ce dont il redoutait de voir. Des cheveux gris... Il ne supporta pas la vision et dans un rage il brisa la glace de son poing. Il était très maladroit, c'était extrêmement rare qu'il frappe aussi bien qu'il se coupa à plusieurs endroits sur les doigts. Mais la douleur était différente qu'à l'ordinaire, il avait toujours mal mais c'est comme s'il avait été anesthésié auparavant. Il n'était pas engourdit, son toucher était resté intact. Il se massa le poignet droit pour faire partir la douleur dû au faux-mouvement. Il se mit à peindre un bandeau pour maintenir son poignet droit et aussi des bandelettes pour panser les plaies sur ses phalanges. Avant de partir de ses quartier, il se regarda de nouveau dans le verre brisé, il était coiffé de façon à ce qu'on ne voit pas sa cicatrice. C'était une épreuve comme une autre à surmonter. C'était logique et normal que la déesse du soleil teste la fidélité du peintre et elle avait visé la corde sensible.

    Ce dont il ne se doutait pas, c'était les ennuis que cela allait lui apporter. Il s'habillait maintenant dans des couleurs plus ternes afin que le regard ne soit pas trop vite dirigé vers son visage. Le soucis, c'est que ses yeux était moins visible et on ne le reconnaissait pas du premier coup d'œil. C'est là que le problème intervient. Un garde passait dans le couloir lorsque le peintre sortait de sa chambre et personne ne peut entrer dans les quartiers des autres sans y être autorisé au préalable. Le garde arrêta donc sa marche brusquement, demandant par la même occasion à l'homme se dressant face à lui de décliner son identité.

    -Je suis Ukiyo, un consul.

    -J'ai reçu les descriptions de chaque personnes susceptibles de venir et vivre ici et le signalement de monsieur Ukiyo ne correspond pas au vôtre. Qui êtes-vous.

    Le peintre sortait quelque chose de sa poche, un objet qui était capable de dire qui il était. Le garde avait dû ressentir ceci comme une menace car il pointa sa lance en direction du songe.

    -Regardez ceci.

    -C'est au peintre !

    -Évidemment que c'est à un peintre, c'est un pinceau.

    -Il est surtout évident que vous êtes dans l'incapacité de prouver votre identité, veuillez me suivre dans le calme et tout se passera bien.

    Ukiyo soupira, ce n'était vraiment pas le moment pour lui mettre des bâtons dans les roues mais il acquiesça. Ils se sont mis en marche mais le peintre ignorait où ils se dirigeaient. Il n'allait pas faire de vagues, il n'avait pas l'envie d'être surveillé alors qu'il devait opérer discrètement. Révélation aussi inattendue que désagréable, le garde l'avait amené devant une cellule qu'il se mit à ouvrir.

    -Je suis dans l'obligation de vous maintenir en détention le temps que cet incident soit réglé.

    -Je demande à voir Genesis Rhapsodos, il saura quoi faire.

    -Monsieur Rhapsodos est actuellement occupé, il viendra lorsqu'il sera libéré de ses obligations.

    -C'est intolérable, cet incident comme vous dîtes finira par vous retomber dessus.

    Le garde n'avait rien répondu et il referma la porte de la cellule après que le peintre soit entré. Sans attendre une seconde de plus, le vigile s'en alla à une allure maitrisée. Le songe resta assis sur un vieux banc en bois qui menaçait de s'écrouler. Sachant qu'il risquait d'être là pour quelques heures, il décida de le réparer avec sa peinture. Seulement, il s'est rendu compte qu'il n'avait plus son pinceau, le garde le lui avait pris sans qu'il ne le remarque. Sans doute pour éviter toutes représailles. Une heure s'écoula et pas la moindre visite, le temps commençait à devenir très long. Comment lui, Peintre des Rêves et talentueux artiste pouvait se retrouver dans une telle situation ? C'en était assez, il devait s'en aller qu'on lui donne l'accord ou non et il savait parfaitement comment s'y prendre. La peinture n'était pas sa seule capacité, il en avait d'autres et en deux temps trois mouvements, le mécanisme de la serrure se débloqua. S'il avait voulu, il aurait pu régler le problème bien avant.

    Ukiyo ne connaissait pas très bien cette partie du bâtiment mais trouver la sortie n'allait pas être difficile. Ce qu'il redoutait en revanche, c'est de retomber sur le garde rencontré plus tôt. Il n'était pas interdit d'aller et venir ici mais le problème venait des quartiers personnels. Maintenant qu'il n'y est plus, il a ce soucis en moins. A chaque fois que le couloir tournait, Ukiyo s'arrêtait pour jeter un coup d'oeil afin de vérifier que le gardien n'était pas là. La voie à été libre jusqu'à la sortie du dôme. Il était dehors maintenant et il devait retrouver quelques personnes. Il observa tout ce qui était à proximité et il voyait des graffitis sur les murs. Ils étaient tout à fait hideux mais c'était le but et cela voulait dire que les paroles du peintre ne sont pas tombées dans l'oreille dans sourd.

    Après moins de dix minutes de recherches, les enfants étaient là, non-loin de lui. Visiblement ils ne s'attelaient pas à la tâche qui leur avait été confiée. Peut-être qu'ils réfléchissaient assez pour ne pas faire ça en plein jour. Il fallait passer à l'étape deux et ça commençait par des instructions. Quand Ukiyo s'approcha, les enfants l'ont regardé perplexe dans un premier temps jusqu'à ce qu'il y en ait un qui s'exclame. Il avait reconnu le songe contrairement à cet empoté de vigile.

    -Je vous reconnais !

    -Oui c'est bien moi, vous tous, venez avec moi.

    Tout ce beau monde se dirigea alors vers le même lieu que leur première rencontre. L'intérieur était moins lugubre qu'avant, il n'y avait plus toute cette mise en scène comme la fois précédente. Mais ce n'était rien, il avait déjà leur confiance et c'est ce qui importait.

    -Avez-vous vu ou entendu ce qu'il s'est produit à l'église il y peu de temps ?

    -Oui m'sieur, quelqu'un est mort !

    -C'est effectivement de cela que je parle. Je vais vous dire ce qu'il s'est passé. Un homme à découvert les sombres secrets de Genesis Rhapsodos et comme il en savait trop, il a été fait en sorte qu'il ne puisse jamais parler.

    -Mais nous maintenant on sait, ils vont faire pareil ?

    -Pas d'inquiétude mes enfants, si vous n'en parlez à absolument personne, il ne vous arrivera rien. Je serai là pour vous protéger.

    Ukiyo se dirigea vers la pièce du fond, là où était encore stockés de la peinture et des pinceaux. Il ramena deux pots et les posa à côté des jeunes gens. Il saisissait alors un des pinceaux pour dessiner un pentacle, le même que retrouvé sur le sol devant l'église.

    -Je vous que vous passiez la journée à reproduire ce symbole jusqu'à savoir le faire à l'identique.

    -D'accord m'sieur.

    -Je reviens dans deux heures, j'ai quelque chose à régler.

    Le peintre se retourna et pris la direction de la sortie. Il savait ce qu'il allait faire, en réalité il n'avait eu cette idée que lorsqu'il avait peint le pentacle. Il pouvait remercier Ultimecia de lui avoir inconsciemment donné cette idée. Son objectif était de retourner au Consulat, le plus discrètement possible. Il connaissait plus ou moins les horaires de ronde, il le devait pour partir sans être remarqué. Il avait toujours pris soin de ne rien laissé au hasard et cette fois-ci n'allait pas déroger à la règle. À cette heure-ci, le garde qui l'avait enfermé devait faire sa ronde à l'extérieur du bâtiment afin de prévenir d'un quelconque intrusion. Ukiyo se plaça derrière quelques arbres d'où il pouvait tout voir et attendre patiemment. Quelques minutes plus tard, l'homme arrivait et le peintre ayant aucune chance de se faire attaquer pouvait suffisamment se concentrer pour l'étrangler à distance. Le garde s'est évanoui en à peine quinze secondes, c'était certainement la personne la moins résistante qu'il ait eu à affronter.

    Il s'empressa de trainer le corps sous les arbres avant qu'on ne le voit. La première chose qu'il a fait c'était de reprendre son pinceau dont il n'avait jamais été séparé hormis dans un rêve. Maintenant ce qu'il avait à faire était simple et étrangement il n'avait plus le même dégoût qu'autrefois. Il dessina un couteau avec lequel il trancha sans regret la tête du garde. Il l'a ensuite mis dans un sac qu'il ferma avec une cordelette. Aucun doute que ce meurtre allait être mis sur le compte du tueur en série. Certains bruits couraient comme quoi c'était le cavalier sans-tête. Ukiyo n'était pas cavalier et avait bien la tête sur ses épaules, de ce côté là, il n'avait pas à s'inquiéter. Il savait pertinemment que les consuls n'allaient pas voir ça de la même façon. Il se mit à peindre une grande gourde pour récupérer le maximum de sang. Ensuite, il laissa le corps dans cet état, à se vider encore un peu plus pour retrouver les enfants. Une fois arrivé, il pouvait admirer leur travail, ils apprenaient vite.

    -C'est absolument parfait.

    -Oh merci.

    -Je vais vous dire ce que vous allez faire. Vous allez reproduire cette nuit ce pentacle dans tous les recoins de la ville. Il faut montrer à tout le monde qu'on ne peut faire confiance au Consulat. Pour ça, vous aller utiliser cette peinture spéciale que j'ai confectionné.

    C'était évidemment le sang du garde pour donner à cette mission ce côté vraiment morbide comme cela s'est déroulé devant l'église. Il donna par la même occasion le sac dans lequel se trouvait la tête qu'il avait récolté.

    -Vous déposerez ceci au centre de l'un des pentacles. Toutefois, je vous ordonne de ne pas l'ouvrir, c'est pour vous protéger que je dis ça.

    Peut-être qu'il n'avait rien à faire de ces garnements mais il n'était pas un monstre pour autant. Il ne devait pas savoir ce qu'il se trouvait dedans. Cela risquait de les empêcher de faire leur travail.

    -Cette nuit, pas avant, compris ?

    -C'est compris !

    Après ce dialogue, Ukiyo décida de retourner au Consulat le plus discrètement possible. Le fait qu'il ait été enfermé plus tôt dans la journée devait être connu des gardes. Mais sachant que Genesis était occupé, il n'y avait aucune chance pour que quelqu'un soit allé le voir entretemps. Discrètement, sans se faire voir de personne, il retourna dans sa cellule comme s'il y était resté depuis le début. Le meurtre du garde et les pentacles ne pourraient lui être mis sur le dos. La prison était son alibi.