• Partir si vite la veille, la panique en était la cause, le peintre ne s'était pas attendu à se faire attaquer de la sorte. Maintenant que son esprit était de nouveau clair, il pouvait aviser des erreurs passées. La place où se tenait la tente était assaillie par de nombreuses personnes. C'était parce que la tente avait été retrouvée avec du sang sur le sol. Ils ne savaient pas encore celui de qui, ils pensaient tous que le vieillard était mort. Les disparitions n'avaient visiblement pas encore été signalées, c'était une bonne chose mais pour le moment, ce n'était pas de ça dont il fallait se préoccuper. Le peintre pouvait aller et venir dans toute la ville sans être questionné, c'était l'avantage d'être un Consul. On ne suppose jamais qu'une personne chargée de défendre ce monde puisse être la cause de tout ce raffut. À moins bien sûr, que les preuves amènent jusqu'à lui ce qui était très peu probable. La seule personne qui aurait pu dire ce qui c'était passé était morte mais il fallait encore s'en occuper.

    Cela attendra la nuit, c'est beaucoup trop animé pour le moment. Mais alors que l'attention, que tous les regard sont dirigés au même endroit, ça laisse des grandes ouvertures. Si jamais quelqu'un trouve ça louche qu'un Consul ait autant l'air de rôder, l'excuse est déjà toute trouvée. « Je cherche en réalité qui a pu commettre cette horreur ». Ça passerait comme une lettre à la poste et il serait aussitôt blanchit. Ukiyo avait commencé à chercher une personne, plusieurs pouvaient correspondre aux critères mais ce n'était pas si simple à trouver. C'est pourquoi il décida de retourner directement au Consulat, ce n'est pas là-bas que se trouvera la personne qu'il recherche mais ça l'aidera.

    Il s'arrêta un instant devant cette immense demeure, replaçant ses cheveux soulevés par la brise et il se mit à sourire. Tout ce dont il avait besoin était toujours mis à disposition. S'il poussait les choses pour qu'elles s'enveniment, le Consulat l'y aura aidé sans se rendre compte. Une fois dans le hall, il se dirigea vers les escalier, saluant avec courtoisie tout ceux qui étaient sur son chemin. On ne pouvait pas dire qu'il les connaissait mais il les croisait de temps à autre. Il se hâta, posant sa main sur la rambarde pour s'aider à aller plus vite. Il devait s'organiser pour savoir quoi faire avant la tombée de la nuit et avec l'incident d'hier, il fallait se dépêcher.

    Il y avait une salle, peut fréquentée sauf une fois par mois. C'était là où étaient gardées les archives des impôts et autres diverses choses. L'année n'était pas importante, il y avait peu de départ et donc même si le registre date d'il y a cinq ans, les choses sont certainement les mêmes. Le peintre saisissait alors un énorme dossier et s'installa à un grand bureau en bois. Il souffla un bon coup pour faire partir la poussière à la fois sur les documents et sur le bureau. Il faisait bien bien dix centimètres d'épaisseur mais quand on veut quelque chose, on s'en donne les moyens.

    Il lisait encore au bout d'une heure sans avoir mis la main sur une bonne information. Tous les foyers du Jardin Radieux y étaient répertorier. Il y avait en grand nombre de familles, certaines possédaient plusieurs maisons. Il semblait que ce monde était propice à l'amour et pour fonder une famille. Les noms qu'ils portaient étaient sans importances comme le fait de savoir l'étendue de leur fortune. La salle était très peu éclairée, la lecture devenait plus difficile après être rester à lire des lignes et des lignes. C'est lorsqu'il arriva à plus de la moitié du dossier qu'il eut ce qu'il voulait. Une jeune femme, il avait tout lu juste au cas où. Maintenant il devait vérifier si les écrits étaient exact. Avant ça, il avait bien sûr prit soin de remettre le dossier à sa place et il s'en est allé.

    Le soleil s'était déjà beaucoup déplacé, il avait dû resté au moins deux heures mais la nuit n'était pas arrivée encore. La maison à visiter n'était pas à la porte d'à côté, il devait repasser par la place, toujours pleine. C'était une bonne chose, ça montrait que le plan faisait son effet. Il est peu probable qu'ils cherchent dans les maisons juste à côté, les gens se disent souvent qu'il faut être bête pour se cacher si près. Pourtant, c'est ce qui se passait. Les dires évoquent aussi le fait qu'un criminel retourne toujours sur la scène de ses méfaits. Ce n'était pas faux, le peintre était bien là mais pas assez stupide pour agir maintenant.

    Il passa alors son chemin ayant autre chose en tête. Dix minutes plus tard, il était devant une petite maison qui sans aller dans le luxe semblait être confortable. Il y avait juste une barrière à pousser pour arriver dans la cour, le peintre y aller sans hésiter. La peinture de celle-ci s'écaillait quand il posa sa main sur la poignée. La barrière grinçait, c'était loin d'être discret mais ça n'arrêta pas sa marche. Il s'avança encore pour arriver jusqu'à la porte de la maison, il leva sa main pour frapper de trois coups. D'abord, il n'y eut aucune réponse mais au bout de cinq minutes la porte s'ouvrit laissant entrevoir une jeune femme en peignoir. Elle avait de longs cheveux blonds mouillés, c'est tout ce qui marqua Ukiyo dans un premier temps.

    -Excusez-moi j'étais sous la douche, c'est pour ?

    -Non, c'est moi qui vous présente mes excuses. Voilà, je suis du Consulat et j'enquête actuellement sur le drame qui s'est produit cette nuit.

    -Ah oui j'en ai entendu parlé, que c'est-il passé ?

    -Nous n'en savons rien encore à l'heure actuelle, vous auriez vu des choses louches dans les parages dernièrement ?

    -Non, rien de notable, je ne me souviens pas de quoi que ce soit.

    -Merci de votre aide, peut-être que quelqu'un d'autre chez vous peut répondre à ma questions ?

    -Non désolée, je vis seule.

    -Très bien, encore merci et bonne soirée.

    -A vous aussi.

    Parfait, il n'y avait plus d'ombre sur le tableau, il suffisait seulement d'attendre que les étoiles et la lunes soient visibles. Le songe décida de faire pareil avec les maisons aux alentours. Si quelqu'un l'avait vu, ça serait louche qu'il n'aille voir qu'une maison et qu'il se passe de mauvaises chose à ce même endroit. Il visita pas moins de vingt demeure, déballant les même paroles et obtenant les mêmes réponses. C'était assez irritant de devoir faire ça mais le temps passait. Le ciel changeait de robe, il devenait orange, presque rose par endroit, plus que quelques minutes et le noir allait être roi. Le Consul se posa sur un muret contemplant le coucher du soleil, s'il n'en avait pas déjà peint plusieurs, il le ferait. Il prenait peu de temps pour sa passion c'est derniers temps, il n'avait pas trouvé la merveille à peindre. L'air se rafraichissait, c'était agréable, dommage que ça soit si difficile à faire ressentir au travers d'un tableau. Seuls les plus connaisseurs arriveraient à le sentir, le vivre. Peut-être qu'en ouvrant une galerie il serait à même de faire naître la passion chez certains. Mais s'il devait le faire, ça ne serait pas ici, il y a d'autres mondes qui lui ressemblent plus. La Terre des Dragons pourrait être parfaite mais tant qu'Amaterasu ne sera pas revenue, il n'y songera pas plus que ça.

    Un éclat, puis deux et enfin des dizaines d'étoiles. Ukiyo se remémorait ce conte qui expliquait le fait qu'on ne voit pas la lune et le soleil en même temps. Amaterasu, déesse du soleil se serait fâchée avec sa soeur Tsukuyomi, déesse de la lune. Elle décida alors de se retrouver en face de celle-ci pour l'éternité. Même les dieux montrent des sentiments humains, c'est pourquoi l'idée de la sauver semblait réalisable pour le peintre. Chaque jour qui passait et il sentait se rapprocher encore un peu plus. La nuit était là, il pouvait maintenant retourner voir la femme qui vivait seule, là où personne ne pourrait le déranger.

    Il passa par dessus la grille pour ne pas faire du bruit en l'ouvrant. Il longea d'abord le mur pour regarder par la fenêtre. Elle était dans la cuisine en train de couper des légumes. Elle n'était pas très loin, d'ici il pouvait commencer le travail. Il se concentra sur la lame et la jeune blonde commençait à avoir du mal à la tenir. Ukiyo leva la main, deux doigts dirigé vers le scène et d'un coup sec les plia vers lui. Le couteau échappa au contrôle de la frêle femme pour lui rentrer dans le front. Elle s'écroula aussi-sec, l'attaque lui avait été fatal. Ce n'était pas aussi simple pour tout le monde mais celle-ci n'était pas très puissante. Ukiyo entra alors dans la maison prenant soin d'éteindre toutes les lumières, il arrivait à voir avec l'éclat de la lune à travers la fenêtre. Il s'arrêta devant le corps, réfléchissant au moyen de procéder. Ce qu'il s'apprêtait à faire, ce n'était pas de gaité de coeur mais il prit le couteau, le retirant de crâne. Il se mit alors au niveau du corps, accroupi et il attrapa la tête par les cheveux. Il plaça lentement la lame sous la gorge, tremblant légèrement puis il ferma les yeux. Il se mit à découper répétant machinalement un geste de vas-et-viens jusqu'à qu'il n'y ait plus de résistance. Quand il ouvrit les yeux, il y avait du sang répandu sur tout le sol et il avait la tête dans la main. C'était horrible, même lui après avoir tués plusieurs hommes avait des hauts le coeur en voyant la scène. Il n'y avait pas besoin d'en faire plus, du sang coulait encore et allait recouvrir tout le sol de la cuisine. Il avait aussi les mains couvertes de sang, il a alors attrapé le premier torchon venu pour se les nettoyer quand il remarqua que ses vêtements étaient aussi souillés. Il devait redoubler de prudence pour la suite. Il se mit à peindre un simple sac assez grand pour y mettre la tête et se dirigea vers l'extérieur gardant sur lui le couteau et le torchon.

    Le peu d'éclairage faisait qu'on ne voyait pas bien les taches sur ses affaires. Il retourna alors à la place où se tenait la tente ce qui lui a pris bien quinze minutes tant il devait faire attention à ne pas être vu. Il est donc allé là où se trouvait les deux personnes dont il s'était occupé la veille, l'un mort, l'autre encore en vie. Quand il est entré dans la pièce, le plus jeune, menotté, était réveillé. Ukiyo eut un léger sentiment de pitié mais il n'allait pas s'arrêter maintenant et s'assit en face. Il se concentra une nouvelle fois, le temps de préparation était long mais il arrivait à ralentir le rythme cardiaque de sa cible qu'il paniquait. Quelques petites minutes plus tard, il avait définitivement cessé de vivre. En se relevant, le peintre eut un vertige passager, utiliser son psychisme de la sorte était épuisant. Il posa le sac avec la tête délicatement sur le sol avant de s'occuper du plus costaud des morts. Il y avait déjà une rigidité et la découpe était plus difficile, à chaque craquement d'os, le songe croyait qu'il allait vomir. Mais au bout d'un temps, il a réussi, il y avait beaucoup moins de sang qui coulait cette fois. Sans doute parce qu'il était décédé la veille. Sortant une nouvelle fois son pinceau, Ukiyo peignit sur le sol une flaque de sang qui prenait forme très vite. C'était au moins aussi affreux que dans la maison. Il dessina un nouveau sac pour mettre le seconde tête. Il les accrocha à sa taille bien qu'il n'aime pas cette idée.

    Il ne restait que l'adolescent à gérer mais il n'allait pas faire ça ici, il usa de son psychisme pour déplacer le corps avec plus d'aisance. Sortant d'une petite ruelle, il observa attentivement que personne ne pouvait le voir. Il était minuit passé, il n'y avait pas un chat et toutes les lumières était éteinte. Ukiyo posa alors le cours au milieu d'une place et recommença une nouvelle fois l'atrocité qu'il avait commis deux fois cette même nuit. Une fois fait, il y eu un nouveau sac, il ne pouvait pas regarder ce qu'il avait fait; La seule chose à laquelle il pensait c'était de partir d'ici, de se changer et d'enlever toute cette crasse. Il s'en alla jusqu'à son vaisseau, plaçant alors les tête sur un siège. Il se posa devant le volant, posant sa tête sur celui-ci. Il resta les yeux fermés, sans bouger au moins vingt minutes avant de se décider à partir. Il allait se débarrasser du couteau et des têtes ailleurs, peut-être à Port Royal ou personne ne regarde dans les profondeurs. Il ne savait pas encore mais il espérait ne pas avoir agit en vain.