• Il n'y avait pas grande foule sur une des place du Jardin Radieux. Ça ne faisait rien, le but n'était pas d'ouvrir une boutique et de la faire marcher. C'était ce qu'on appelait une couverture, mais pour le moment, aucune importance. Une tente avait été agencée sur cet emplacement et naturellement, des questions se sont imposées. Qu'est-ce ? C'est souvent l'interrogation récurrente mais elle s'est dissipée quand un écriteau à été mis en place par un vieille homme. Il était très étrange et en croire ce qu'il était écrit, c'était un apothicaire. Personne ne l'avait vu monter cette tente, elle était déjà là au réveil, avant même que le soleil ne fasse son apparition. Elle était très grande, il ne s'agissait pas seulement d'un simple voyageur. La raison de sa venue, tout le monde s'en doutait et les présomptions étaient fondées. L'étrange maladie qui s'était abattu était un lourd fléau pour les habitants d'autant plus que personne n'avait su y remédier. Les plus sceptique n'iront pas dans l'entre de l'apothicaire, pas parce qu'ils ne croient pas aux soins qu'il pourrait prodiguer mais il était louche. Son apparence n'attirait pas réellement la confiance et pour cause, son étrangeté était montrée au grand jour. Il était courbé, le dos complètement cassé et il devait s'appuyer sur une canne. Il n'y avait encore rien d'étrange à cela mais il portait des gants noirs alors qu'il commençait déjà à faire bien chaud. S'y ajoute à cela, un masque, il cachait son visage et ce n'est pas chose très appréciée ici. Un hibou, c'était l'aspect que renvoyait ce masque. Ceux qui sont attirés par la sorcellerie en général ne trouveront pas ça très étrange. Cet animal volant a toujours été le symbole de tout ce qui est occulte.

    Le vieil homme, accablé par le poids des années attendait à l'entrée de sa tente. Il tremblait que ça en faisait de la peine. Il était difficile à croire qu'il puisse venir en aide alors que ses jambes le soutiennent à peine. Il regardait chaque passant, sans un mot même pour ceux qui ne passaient qu'à quelques pas de lui. Il était très patient malgré la chaleur qui grimpait peu à peu. Il n'était pas encore midi mais personne n'avait été prévenu de sa venue, il fallait laisser le bouche à oreille se faire à son rythme. Mais l'attente avait finie par payer, une jeune homme, dix-sept ans pas plus, s'était avancé. Il semblait hésiter à venir converser avec l'apothicaire mais finalement, il prit son courage à deux mains. Il bafouillait étant légèrement intimidé mais comprendre ce qu'il voulait n'était pas difficile. C'est pour sa mère, encore jeune qui a été frappée par la maladie qu'il est venu. Un véritable acte de bonté, beaucoup par peur préfèrerait rester au chevet du souffrant. Le plus âgé regardait de haut en bas et de bas en haut l'homme celui venu demander de l'aide. Il commença par ouvrir la bouche où seuls de légers souffles sortaient. Vint alors une phrase, il fallait tendre l'oreille pour l'entendre tellement il ne pouvait parler fort. Le message avait tout de même été perçu et les deux personnes finirent par entrer dans la tente.

    La chaleur à l'intérieur y était encore plus insoutenable, il y avait peut d'air et une odeur nauséabonde. À l'intérieur, il semblait y avoir beaucoup moins de place qu'il n'y paraissait à l'extérieur. La cause de ce phénomène était les nombreuses étagères, bocaux, sacs et meubles. Pour mettre tout ça en place, il avait fallu beaucoup de temps au pharmacien. Ça semblait même irréalisable qu'une telle personne ait pu le faire seule. Mais ce n'est pas ce qui occupait l'esprit de l'adolescent. Il attendait que lui soit donner un remède efficace. L'hôte demanda à ce dernier de s'assoir en face de lui afin de discuter sur les symptômes de sa chère maman. Envahi d'un léger stress, il obéit tout de même et se plaça en face de l'apothicaire. Le vieil homme, plus proche de la fin que du début, demanda au garçon de tendre les mains qu'il puisse les saisir. Il y eut un instant d'insoumission, il n'était plus sûr d'être au bon endroit. Mais après tout, la personne qui se trouvait avec lui ne pouvait rien faire de mal, il aurait plus de risque de se casser un os. Ils étaient alors reliés, à travers le masque on pouvait voir les yeux devenir rouge. Une lueur perçante dans l'obscurité de la tente à donner la chair de poule.

    Les tremblements s'arrêtaient progressivement jusqu'à ne plus exister. La voix du pharmacien était maintenant très claire et tout ce qu'il disait était vrai. Le jeune homme avait bel et bien touché sa mère depuis qu'elle était souffrante, la maladie était réellement forte au point de clouer au lit. Des informations qui n'étaient pas dur à avoir, ça coulait de source. Même si elle avait été différente, l'apothicaire l'aurait su, il avait les moyens de se tenir au courant. L'air commençait à devenir de plus en plus étouffant, des gouttes perlaient sur le front du garçon. Ses paupières clignaient de plus en plus rapidement tout en étant lourdes et sa gorge était plus sèche qu'elle n'avait jamais été, il s'écroula au sol. L'apothicaire se releva brusquement, le poids des années s'étaient brusquement échappées. Inutile de croire qu'il lui avait aspiré sa vitalité, ce n'était pas le cas. D'un geste de la main, il déplia une toile qui couvrait maintenant l'entrée. L'imposteur se plaça au dessus de la jeune personne, s'accroupissant pour mieux voir son visage. Vraiment jeune, c'était parfait, le tuer ne servirait à rien, ce n'était pas le but.

    Au fond de la tente, l'homme masqué souleva une autre toile avec sa main, il y avait de place. Il se concentra, tendant la main vers la personne écroulée. Cette dernier se mit à léviter et à se déplacé restant toujours inconscient. Une fois fait, la toile recouvra le corps et sa présence était parfaitement dissimulée. Très vite, l'homme repris son rôle d'apothicaire vieux et tremblant en se dirigeant vers la sortie. Il avait décidé de prendre une deuxième personne, pas nécessairement la prochaine qui viendrait chercher un remède, il avait le temps. Plusieurs personnes sont venues l'après-midi, les rumeurs avaient fais du bon travail. Bien sûr, les onguents, les potions et autres soins qu'il offrait n'étaient que supercherie, rien n'était utile dans sa panoplie. Mais il disait toujours qu'il fallait une bonne semaine pour que ça fonctionne, il sera parti de cette place depuis bien longtemps.

    Dans un premier temps, il y avait bien trop de personne pour faire ce dont il avait envie, il fallait être prudent. Si on remarque une personne qui entre sans sortir, la couverture s'effondre d'elle-même et ce n'était réellement pas envisageable. Les allées et venues devenaient si fréquentes que seul moment de répit est arrivé lors de la tombé de la nuit. Le total ne s'envolait finalement pas au-dessus d'une personne, il avait mal joué sur ce coup. Mais pour être bien sûr de lui et comme il ne pouvait pas encore déplacer le corps sans être vu, il patienta devant sa tente. Alors qu'il s'apprêtait à partir, une personne arrivait. Un homme qui avait facilement trente ans avec un visage colérique, il se dirigeait droit vers le vieil homme. Ce dernier lui demanda d'entrer et c'est ce qu'il fit oubliant tout usage de politesse. Sans comprendre la moindre chose le vieil homme a vu arrivé un poing directement contre son visage. Il tomba à terre et l'homme commença à le ruer de coup aussi bien que le masque tomba. Ce n'était évidemment pas un vieil homme, loin de là. Le trentenaire haussait le ton mais il n'était pas audible à plus de dix mètres. Ce qu'il disait était presque incompréhensible, il parlait d'un frère qui était venu et qui n'était pas rentré après. Sans aucun doute le jeune garçon qui était caché dans la pièce. Ukiyo recevait une nouvelle myriade de coups tous plus violents les uns que les autres. Toutefois, il a réussit à lancer un énorme bocal par la pensée sur le crâne de son agresseur. Cela n'avait pas suffit à l'achever, pourtant il le fallait, il avait vu son visage. Si cela venait à se savoir, le peintre pourrait dire au revoir au Consulat, à cette grande couverture qu'il prenait soit de ne pas perdre. Ukiyo se relevé et prit son pinceau qu'il passa au niveau du cou de l'homme, d'un geste brusque il trancha. Son pinceau devenait aussi tranchant qu'un couteau l'espace d'un instant. Une artère sectionnée et c'était déjà fini. Le peintre avait le cœur qui s'emballait, le souffle fort mais il garda son calme.

    Ce n'était pas prévu mais ça pouvait servir à semer la zizanie sur ce monde. Deux disparus aujourd'hui, peut-être un autre plus tard et très vite, les ragots se feront très pesants. Il se dépêchait de prendre les corps, il y avait une maison abandonnées juste à côté, un endroit idéal pour cacher un corps. Il amena donc les deux frères dans cette bâtisse, l'un était mort, l'autre dans un profond sommeil. Le manque d'oxygène et le fait qu'il soit peut résistant avait suffit à l'endormir quelques heures. Il attacha le plus jeune à des chaines qu'il avait peint plutôt dans la journée prenant la précaution de le bâillonner. Il ne savait pas quoi en faire mais on ne devait pas le trouver. Il allait laisser la tente là où elle se trouvait. Rien à l'intérieur ne pouvait l'incriminé et le sang qui s'était répandu allait effrayer les âmes les plus sensibles. Par sécurité, il décidait de partir de ce monde au moins pour cette nuit.