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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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    L'Amour est une douce Tragédie.

    Mila observait la voûte du ciel assise sur un parapet qui surplombait la place marchande. Elle écoutait le doux tumulte des conversations émanant du restaurant en face d'elle et se laissait bercer par le rythme de la musique qui était jouée à l'intérieur. Une légère brise annonçant la venue de l'automne la faisait frissonner. Elle portait une robe noire dont le jupon caressait ses genoux découverts, des bas sombres et de fins escarpins dans les mêmes tons. Si sa peau n'était pas aussi claire, elle aurait été pratiquement invisible dans les ténèbres de la nuit.

    Elle était triste ce soir-là. Ces dernières nuits n'avaient pas été faciles pour la jeune femme. Elle ne cessait de s'éveiller en larmes, l'esprit empreint des ombres entachant son passé. La quiétude nocturne l'apaisait. Il lui arrivait de chercher de la compagnie, des bras chaleureux pour la réconforter, mais pas ce soir-là. Elle n'avait pas envie de se glisser dans les draps de quelqu'un d'autre, elle aurait aimé parler à quelqu'un. Quelqu'un qu'elle ne reverrait sûrement jamais.

    Mila était fatiguée. Fatiguée de porter le lourd fardeau de son passé, fatiguée du caractère superficiel de ses relations avec autrui. Ce n'est pas qu'elle n'appréciait plus son mode de vie, simplement, elle aurait voulu quelque chose de plus. Quelque chose de vrai.

    La jeune femme éclata d'un rire clair. Comme si elle était capable d'un telle chose ! Savait-elle encore être sincère ? Elle frissonna. Le temps se rafraichissait... Milena aimait cette époque de l'année. L'automne était sa saison préférée. Elle trouvait dans la chute des feuilles et la teinte orangée des arbres un certain charisme. L'annonce d'un renouveau prochain, les prémices d'une tempête dont la nature se relèverait toujours.

    Un couple se tenant la main passa devant elle sans même la voir. La jeune fille sourit à la vue de cette tendresse, mais elle avait le cœur lourd. La candeur du bonheur des deux amants la brisait. Personne la voyait ainsi. Tout comme ces jeunes amoureux, les gens passaient devant elle sans la voir.

    Mila baissa la tête. Au fond, elle commençait à se résigner. L'amour, l'amitié... Ce n'était peut-être pas pour elle après tout. Un jeune homme aux cheveux de feu approchait, il portait un long manteau rouge et noir. La jeune femme appréciait l'alliage des deux tons, cela lui donnait un quelque chose de brûlant, d'étincelant. Elle sourit pour elle-même, songeant que ce jeune homme devait faire tourner les têtes.

    Elle cessa de s'intéresser à lui pour observer à nouveau les étoiles, se plongeant dans l'immensité de cet univers qu'elle ne connaîtrait jamais. Ses méditations furent interrompues par des éclats de voix provenant du restaurant. Deux hommes sortirent, visiblement irrités. Ils s'insultaient et s'accusaient mutuellement de multiples choses, mais Mila ne faisait pas attention à eux. L'excès de testostérone, très peu pour elle. Elle préférait la finesse, la subtilité, et se replongea donc dans sa contemplation. Elle ne vit donc pas arriver sur elle la bouteille lancée par l'un des deux hommes.

    «
    Attention ! » entendit-elle. Elle tenta d'éviter le projectile en basculant en arrière. Mila poussa un cri alors qu'elle se sentait tomber dans le vide...


Dernière édition par Mila Alvera le Mer 4 Jan 2012 - 18:37, édité 11 fois
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    Ces derniers jours… Pouvait-on même parler de semaines. Il n’était pas dans les jours les plus beaux de sa vie de consul… Il n’était guère le seul à se sentir un peu mal. Pour cause, Nanaki n’avait toujours pas été trouvé et les soucis se multipliaient dans les Citées dorées… Avec cette catastrophe qui avait ravagé la Cité des Rêves et emporté le chef de la lumière… Ou encore ce criminel, l’Uchiwa qui rôdait. Sans énoncer les maladies étranges qui avaient touché plusieurs hommes et femmes dans le Jardin Radieux… Et de tous ces problèmes, aucun n’était résolu… Aucun n’était même en voie de l’être.

    Mais cette après-midi là… Le Tragédien se sentit bien lorsqu’il ne fit alors que poser les yeux sur le ciel déjà sombre du Jardin Radieux. On ne put encore distinguer les étoiles mais bientôt, il pourrait les deviner, perçant la voûte. Il resta dans sa chambre, dans la Tour de la Tragédie, assis sur un fauteuil à regarder le ciel… Quelques minutes, sans compter le temps puisque le temps lui-même ne comptait plus pour lui… Il avait besoin de se relaxer, profiter de ce bien-être pour se promener avant qu’il ne doive redonner des ordres, travailler et chercher à résoudre tous ses problèmes.

    Il tenait dans sa main, la main de Mizore qui était assise elle aussi sur ce canapé, à la différence qu’elle dormait alors, à force d’écouter le silence d’un Genesis intrigué mais fasciné aussi par le ciel de ce jour. Il la regarda et se rapprocha, avant de mettre sa main sur sa jambe avec douceur, réveillant gentiment sa nymphe des glaces.


    « Je vais prendre l’air, Mizore. »

    Il lui sourit tendrement, elle acquiesça et serra sa main avant de l’embrasser, de se lever et de s’abaisser sur Mizore, déposant un léger baiser sur ses lèvres avant qu’elle ne tente de se rendormir. Il sentit comme toute habitude cette sensation de fraîcheur absolue, de froid légèrement piquant qui s’emparait de ses lèvres… Ces choses qu’il aimait autant qu’elle, qui lui avaient étrangement tout de suite plu.

    Une vingtaine de minutes plus tard, il était dans son habit traditionnel, bien recouvert, que ce soit les jambes ou les mains, il était dans son habituelle combinaison. Il n’avait pas tant besoin d’être si couvert mais disons que même sans sa rapière à la main, il gardait par sûreté cette tenue solide.

    Et il ne faisait ni froid, ni chaud, c’était une température parfaite, un petit 21°, un vrai bonheur qui se mariait à sa bonne humeur assez exceptionnelle pour le coup. Il se dirigeait à bon pas mais léger vers la Place Marchande tandis que le soleil faisait ses adieux à la Forteresse Oubliée, laissant les étoiles s’exprimer et resplendir.

    Le consul se rapprocha des murs de la ville, les longeant et laissant son regard se promener sur les toits du Jardin Radieux… Heureux d’être là… Et heureux que cela lui appartienne, à lui et au Consulat. C’était sa terre, sa maison. Et il remarqua les regards des quelques rares personnes qu’il croisait… Celles-ci lui adressaient un salut toujours respectueux, toujours impeccable, il leur rendit d’un sourire humble… Même si l’humilité était une vertu qui ne lui ressemblait pas. La gloire était un rêve enfoui en lui.


    « Bonsoir mon seigneur. »

    Il leva le regard vers un jeune homme avec à son bras une femme tout aussi jeune. Genesis prit quelques secondes pour reconnaître l’homme qu’il voyait en général avec une armure légère et un casque. Il lui répondit avec un brin de chaleur, d’une voix cordial.

    « Bonjour capitaine. »

    « Je vous présente ma fiancé, Fiona. »

    Le Tragédien lui adressa un regard et un sourire en guise de salut.

    « Hum… J’en profite pour vous dire qu’on a fouillé la Terre des Lions mais qu’il n’y a pas la moindre trace de Nanaki. »

    Le consul n’en fut pas vraiment étonné, c’était une nouvelle qu’il ne faisait qu’attendre depuis une petite semaine. Il acquiesça.

    « Je vois… Mais le trouver doit absolument rester une priorité. Une fois qu’il sera à nouveau des nôtres, le moral n’en sera que plus retrouvé. Il faudra mener les recherches au Colisée de l’Olympe… Mais s’il vous plait, profitez de votre soirée. »

    Il salua le coupe et continua sa route quelques secondes avant de s’arrêter… Dans ses yeux, l’éclat d’une lueur d’intérêt. Il y avait une jeune femme qui regardait le ciel étoilé, à une dizaine de mètres. Elle portait une robe noire tombant plus haut que ses genoux tandis que des bas aussi noirs recouvraient ses jambes. Mais plus que son corps, indéniablement joli à regarder, son visage était très beau et délicatement dessiné.

    Genesis Rhapsodos était très loin d’être un pervers, rassurez-vous et encore moins capable de trahir son amour pour Mizore… Mais depuis toujours et encore à ce moment là, il aimait beaucoup la compagnie très simple des belles femmes. Que ce soit de dîner avec Medusa, d’aller passer une soirée avec des gitans en la compagnie de Rivy Pikina… Ou de parler avec n’importe quelle jolie femme du Consulat, ce qui n’était pas rien… C’était quelque chose qu’il appréciait et cherchait, oui.

    Il n’hésita guère à s’approcher en sa direction, continuant son chemin le long du muret… Elle le vit mais ne lui prêta pas une grande attention et reporta son regard sur les étoiles. Elle était intéressante et sa beauté l’était plus encore mais il renonça… Quand elle regarda les étoiles, il se dit à lui-même qu’il n’aurait pas eu envie qu’on l’embête tandis qu’il avait besoin de réfléchir… Il continua malgré tout sa route mais parce qu’elle était la seule qu’il pouvait emprunter pour rejoindre le cœur de la Place Marchande. Des voix le surprirent alors qu’il n’était qu’à quelques mètres de la demoiselle.
    Genesis marchait mais à un pas extrêmement lent et indécis, regardant la scène… Si ça dégénérait, c’était un peu de son devoir d’intervenir, malgré tout. Deux hommes sortaient d’un établissement et s’insultaient… Ca allait mal… Il crut qu’il allait intervenir aussitôt mais l’un des hommes lança une bouteille qui se dirigea malencontreusement sur la jeune femme.

    Il n’avait pas le bon réflexe pour détruire cette bouteille, rien d’assez rapide, il s’écria alors en sa direction :


    « Attention !! »

    Il ne comprit pas vraiment mais la bouteille fit perdre l’équilibre à la demoiselle qui émit un petit cri de surprise et de peur. Elle tombait en arrière, rien pour la retenir. Il s’approcha prestement et à l’instant où elle allait vraiment tomber, il prit son bras d’une main par le poignet de manière ferme et plongea son autre bras sur elle, la maintenant avec une main posée sur le bas de son dos… Il la regarda avec les sourcils froncés, le regard en alerte, son corps tout entier baissé sur elle. Il resta deux petites secondes dans cette position, s’assurant de bien la tenir et il soupira légèrement en voyant qu’elle n’avait rien au visage… Stupidement, il était très content qu’elle n’ait pas été touchée par cette bouteille. Il la tira vers lui et la ramena sur le muret doucement avant de la lâcher, constatant qu’il avait peut-être serré un peu fort son poignet. Il la regarda, recommençant à respirer alors qu’elle reprenait ses esprits après l’incident évité. Lui debout et la regardant, il posa une main sur son épaule gentiment et pour tenter de la rassurer par la même occasion.
    Il hésita avant de parler, lui-même encore un peu surpris. Il avait appris à tuer, défendre et parler mais il se rendait compte que si elle était tombée trop tôt, même devant ses yeux, il n’aurait rien pu faire.


    « Hum… v… Vous allez bien ? Votre poignet ? »

    Il fit apparaître un petit sourire avant de se permettre de s’asseoir à sa gauche… Recherchant d’un regard par la même occasion les deux hommes… Disparus, mauvaise surprise. Il les aurait bien traqué pour le coup mais… Il y avait eu plus de peur que de mal. Il parla avec un ton ironique.

    « Je crois que votre projet de contemplation des étoiles a été un peu perturbé… Déplorable. »

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    Alors qu'elle chutait et qu'elle imaginait déjà son corps inanimé étendu sur le pavé, Mila sentit une main solide saisir son poignet. Le jeune homme au long manteau qu'elle avait aperçu quelques minutes avant l'accident. Il la tenait à bout de bras et la fixait droit dans les yeux, visiblement inquiet. Il plaça son autre mains sur sa chute de reins et la souleva vers lui, avant de la déposer délicatement sur le muret. Mila, étrangement, se sentait bien. Elle ne savait si c'était le fait d'avoir éviter une chute dangereuse ou bien le regard inquiet de cet homme et sa main sur son épaule.

    «
    Hum… v… Vous allez bien ? Votre poignet ? »

    Elle acquiesça en hochant la tête, un peu distraite. Elle n'avait pas remarqué la marque encore rouge des doigts fermes de son sauveur sur sa peau claire. Elle murmura une remerciement à peine audible sans oser le regarder. Elle ne comprenait pas la source de cette timidité soudaine, ce n'était pas dans ses habitudes de réagir ainsi. Mais Mila songeait que, pour une fois, cela valait peut-être le coup de rester simple, douce... et sans artifices.

    «
    Je crois que votre projet de contemplation des étoiles a été un peu perturbé… Déplorable. »

    Milena tourna brusquement la tête vers lui, l'incompréhension et la surprise se lisant sur son visage. Elle n'en revenait pas. Il l'avait remarquée avant l'accident. Il n'était pas venu s'adresser à elle simplement parce qu'elle avait eu la malchance de chuter du parapet. Non, il avait été intéressée par son activité sans même qu'elle ait besoin de faire son petit jeu d'actrice.

    « Arrête de te faire des idées, il a juste pris le temps de te regarder en passant à coté de toi... » songeait-elle.

    Il était assis à ses côtés, et elle pouvait sentir la douce chaleur qui émanait de lui. Mila avait toujours froid, elle était trop petite et trop fine et par conséquent sa sensibilité aux changements de température avait toujours été élevée. Elle aimait les personnes qui dégageait de la chaleur, elle leur trouvait quelque chose d'engageant, de rassurant. Mais, elle balaya ces idées ridicules de son esprit d'un mouvement discret de la main.

    «
    Merci. C'était très aimable à vous de... m'éviter cette petite chute. » dit-elle avec un petit sourire amusé.

    Elle n'avait pas envie de le toucher ou de le séduire. Elle aimait le fait qu'il soit en marge de ce dont elle avait l'habitude. Bien sûr, elle avait beau vivre dans cette ville depuis trois ans, elle ne savait absolument pas que cet homme était Genesis Rhapsodos, le Tragédien du Consulat. Pour elle, il s'agissait simplement d'un homme, d'un inconnu. De quelqu'un qu'elle ne reverrait sûrement jamais.

    La jeune fille tortillait ses doigts sur ses genoux, gênée par le silence qui doucement s'installait. C'était de sa faute, elle ne parlait pas beaucoup. Elle n'en avait pas l'habitude. Il lui suffisait toujours de quelques mots pour régler une situation. Mais à ce moment précis, il n'y avait rien à régler, aucun problème à résoudre. Elle se tourna à nouveau vers lui et le regarda avec autant de douceur et de gentillesse que possible.

    «
    Le ciel est magnifique ce soir. Vous savez, j'habitais ailleurs il y a longtemps, et c'est comme si ici, le ciel était différent. Peut-être plus pur, plus éthéré. Je ne sais pas à vrai dire ! » dit-elle posément en finissant sa phrase par un éclat de rire.

    Elle se leva et s'étira, ankylosée, et le regarda à nouveau. Mais cette fois, elle était sûre d'elle. Un beau et franc sourire éclairait son visage et ses yeux vifs le fixaient d'un air enjoué.

    «
    Vous voulez venir prendre un verre ? Oh, je vous rassure, rien de répréhensible, juste un verre de vin pour vous remercier de votre bienveillance. » dit-elle, songeant qu'il avait peut-être des obligations et que sa phrase portait à confusion. Et pour une fois, elle était sincère. Elle n'attendait rien de cet homme, elle avait juste envie de compagnie... Juste envie de parler à quelqu'un.


Dernière édition par Mila Alvera le Mer 4 Jan 2012 - 18:37, édité 1 fois
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    La regardant toujours, à ses côtés, tournant son buste pour lui faire face autant qu’il put… Elle n’avait pas l’air trop choquée et quelque part, c’était la meilleure nouvelle qu’il pouvait espérer. Mais elle lui paraissait timide, ce qui se serait joliment accordé avec ses yeux précédemment dans les étoiles et sa peau claire dans la nuit, si cela avait été le cas… Lui n’en savait rien… Il ne connaissait rien d’elle, sauf quelques qualités. Belle à regarder et rêveuse.
    Au moment où il parla de sa contemplation interrompue des étoiles, elle tourna assez subitement sa tête vers lui, le regardant dans les yeux pour la première fois, depuis qu’il avait évité sa chute. Mais elle ne rajouta rien, il ne put empêcher un sourcil interrogateur de percer son visage. Il respecta son silence et baissa les yeux sur le vide à leur droite… Elle ne disait rien et bien que Genesis eut été quelqu’un de chaleureux et d’assuré, il se demanda après quelques instants s’il ne la gênait pas… S’il ne valait mieux pas qu’il parte. Il crut se lever pour lui souhaiter une bonne soirée et s’en aller continuer sa promenade mais elle finit par parler, lui arrachant tout de même un léger sourire.


    « Merci. C'était très aimable à vous de... m'éviter cette petite chute. »

    Le Tragédien inclina sa tête, ajoutant poliment à ses remerciements une brève phrase et un sourire un peu plus grand.

    « Je vous en prie. »

    Et lui profita des quelques instants passés encore sous le manteau de la nuit si gracieusement éclairée. Son humeur n’avait pas du tout changé, il était content, il se sentait très bien et toute femme en chute, catastrophe ou pluie n’auraient pu venir à bout de cette rare et bonne humeur. Le silence régna de nouveau entre les deux jeunes personnes. Un silence qui ne gêna pas le moins du monde Genesis. Il n’était pas avare de discussion et pouvait très bien passer des heures sans qu’on lui parle ou qu’il ne parle. Et plus que ça, il n’avait pas besoin de combler un silence pour se sentir bien… Comme je vous le disais, Genesis aimait beaucoup être en compagnie de jolie femme, même si ce n’était que pour rester assis sur un parapet et ne rien dire. Celle-là était jolie, celle-là avait quelque chose qui lui plaisait beaucoup.

    Il ne voulut ainsi pas la gêner en remarquant qu’elle torturait ses mains à ses côtés et préféra regarder le quartier commercial, attendant patiemment la demoiselle. Au bout d’une dernière minute, elle tourna sa tête vers lui, affichant à nouveau un sourire tendre.


    « Le ciel est magnifique ce soir. Vous savez, j'habitais ailleurs il y a longtemps, et c'est comme si ici, le ciel était différent. Peut-être plus pur, plus éthéré. Je ne sais pas à vrai dire ! »

    Et elle éclata de rire, faisant rire plus discrètement et brièvement le consul, tout de même content de l’écouter parler. Il leva la tête vers les étoiles et le ciel. Oui il était très beau mais il ne sut dire si ce fut par cette soirée uniquement ou s’il l’était toujours autant. Genesis devait être trop habitué pour savoir le dire.
    Cette demoiselle finit par se lever, forçant l’interrogation du Tragédien. Etait-ce juste pour s’étirer ou allait-elle déjà lui faire ses adieux et s’en aller retourner chez elle ? Quoi qu’il en soit, la façon rayonnante de sourire à Genesis laissait croire qu’elle allait tout de même continuer à parler.


    « Vous voulez venir prendre un verre ? Oh, je vous rassure, rien de répréhensible, juste un verre de vin pour vous remercier de votre bienveillance. »

    Content et rassuré, il se leva dignement et acquiesça avant d’ajouter d’un ton ironique :

    « C’est une très bonne idée, j’en serais ravi… D’autant plus que c’est la première fois qu’on me qualifie de bienveillant ! »

    Et il se laissa guider, à ses côtés, vers un restaurant un peu plus loin, avec des tables en terrasse. Ils s’approchèrent de l’une d’elles et même si ce n’était guère un établissement de grand luxe, Genesis prit la peine de tirer la chaise de la jeune femme, l’invitant à s’y asseoir pour pousser délicatement le siège derrière elle. Il s’assit à son tour alors qu’un serveur les aperçut.
    Et tandis qu’elle commandait simplement à boire, il put apprécier sa façon d’être. Elle se tenait bien, parlait bien distinctement et de manière délicate avec de beaux mots… Et si Genesis s’était très vite habitué à la manière beaucoup moins soutenue de parler de sa compagne, Mizore, il était toujours agréablement surpris de voir un beau vocabulaire dans la bouche d’une jolie femme. Quand le serveur fut parti, Genesis engagea directement la conversation.


    « Pour ma part, j’ai toujours vécu ici. Plus de mauvais que de beaux moments mais…Je me dis qu’il y a des spectacles comme un ciel si beau qu’on ne voit que dans ce monde. »

    Il la regarda fixement dans les yeux avec un petit sourire au coin. Plus que le ciel, c’était sa beauté qui jusqu’ici fut le spectacle de cette soirée. Un petit rire s’empara de lui tandis qu’il continua en pensant à tout cela.

    « En fait, j’ai la prétention de croire que le Jardin Radieux est particulier parce que les hommes et les femmes qui y habitent ont un amour immodéré pour les belles choses, voyez-vous. Et peut-être qu’en fait… Si le ciel est si beau, c’est parce que vous et moi ou même d’autres personnes savent apprécier sa beauté. »

    Genesis était, est et sera toujours un éternel amoureux de la beauté, ne jurant presque que par elle, une beauté à l’image du Consulat qui s’illustrait par les arts et l’intelligence. Être un consul, c’était aussi savoir apprécier la beauté dans toutes ses formes.
    Il la regarda en fronçant légèrement les sourcils, l’air songeur et il finit par demander d’un ton poli et patient :


    « Comment allez-vous ? »
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    Mila appréciait la compagnie de ce jeune homme, il n'était pas terre-à-terre comme la plupart des gens. Il n'était pas ennuyeux, et malgré la conversation plutôt succincte, Milena s'amusait beaucoup. Bientôt ils atteignirent un banal petit restaurant et s'installèrent à une table. La courtoisie de son compagnon était inhabituelle pour la jeune femme et cela lui plaisait. Elle avait l'impression d'être quelqu'un d'élégant. Un serveur s'approcha d'eux pour prendre leur commande.

    «
    Un verre de vin rouge, s'il vous plait. » demanda-t-elle poliment.

    Elle observait le jeune homme, il avait une belle voix, un quelque chose de doux et de fort en émanait. Elle ne savait pas de quoi il s'agissait mais elle aimait bien. Mila souriait bêtement en songeant à ses pensées qui lui paraissaient ridicules, mais elle était tellement habituée à la rugosité des hommes que tant de galanterie la ravissait.

    «
    Pour ma part, j’ai toujours vécu ici. Plus de mauvais que de beaux moments mais…Je me dis qu’il y a des spectacles comme un ciel si beau qu’on ne voit que dans ce monde. »

    Il plongea son regard dans ses yeux et Mila sentit ses joues rougir. Il souriait et son sourire était chaleureux, rassurant.

    «
    En fait, j’ai la prétention de croire que le Jardin Radieux est particulier parce que les hommes et les femmes qui y habitent ont un amour immodéré pour les belles choses, voyez-vous. Et peut-être qu’en fait… Si le ciel est si beau, c’est parce que vous et moi ou même d’autres personnes savent apprécier sa beauté... »

    Mila ne savait pas s'il était juste, et au fond, cela n'avait aucune importance. Elle se sentait bien, et cela arrivait si rarement que ce court moment passé avec cet inconnu avait une grande valeur à ses yeux. Puis, tout à coup, son visage serein devint troublé. Mila ne comprenait pas ce changement soudain et cela l'inquiétait.

    «
    Comment allez-vous ? »

    La jeune femme soupira de soulagement. Si ce n'était que ça... C'est vrai qu'elle restait silencieuse depuis un long moment déjà, mais le discours du jeune inconnu la distrayait. Moins elle pensait, mieux elle se portait. Une brise légère s'engouffra dans les interstices de ses vêtements la faisant frissonner. Elle frottait nerveusement ses bras de ses petite mains tout en regardant son interlocuteur, le sourire aux lèvres.

    «
    Je vais toujours bien, vous savez. Mais vous avez l'air préoccupé. Quelque chose ne va pas ? » dit-elle d'une voix douce.

    Le serveur leur apporta leurs commandes et Mila prit une gorgée de vin avec plaisir après en avoir humer le parfum. La jeune femme dessinait des motifs invisibles de ses doigts fins sur la table de métal tandis qu'elle écoutait le jeune homme lui répondre, un peu anxieuse à l'idée que ce soit de sa faute.

    «
    Je vous aime bien. » dit-elle avec une simplicité déconcertante. « Vous êtes différent... »

    Elle avait envie de fumer une cigarette. Non pas que fumer soit quelque chose qui lui plaisait en soi, mais elle trouvait qu'une cigarette allait parfaitement avec certains moments. Elle complétait le tableau, en quelques sortes.

    «
    Cela vous dérange ? » demanda-t-elle poliment, en indiquant du regard sa cigarette qui n'était pas encore allumée. «Je suis navrée si je vous ai froissé ou effrayé, mais je suis mes intuitions et mes impulsions. » Elle marqua un temps de pause et lui offrit un grand sourire, un sourire ravageur alors qu'elle plongeait son regard magnétique dans ses yeux. « La vie est tellement plus amusante ainsi.... »




Dernière édition par Mila Alvera le Mer 4 Jan 2012 - 18:38, édité 1 fois
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    Elle n’avait pas beaucoup parlé alors qu’il lui transmettait sa vision des choses mais à ce stade-là et bien que ce fut tôt, aucun silence ne semblait plus gênant pour le Tragédien, il s’était contenté de la regarder gentiment, sans paraître oppressant, en s’efforçant de ne pas devenir ennuyeux lorsqu’il se remettait à parler. Quand il lui avait demandé comment elle allait… Elle soupira discrètement, visiblement soulagée de cette simple question qui pourtant avait le simple pouvoir de révéler de simples vérités et avant même de répondre, elle frotta ses mains tout contre ses bras pour se procurer un peu de chaleur… Comme quoi elle n’était ni stressée, ni gênée. Elle répondit d’une belle voix calme et tendre.

    « Je vais toujours bien, vous savez. Mais vous avez l'air préoccupé. Quelque chose ne va pas ? »

    Elle allait toujours bien… Quelle chance. Et dire que lui-même pensait que c’était impossible… Une vie toujours agréable ne devait pas être très compliquée à vivre, tout le contraire de ce qu’il endurait… Malgré ça, il n’avait pas à se plaindre…
    Le consul aperçut le serveur apporter sur un plateau les deux verres de vin. Genesis répondit alors à Mila avec une voix simple… Sans trop en dire.


    « Je n’aurais pas voulu une autre vie que celle-ci… C’est juste que récemment, un ami à moi a disparu.»

    Genesis lui fit un petit sourire désolé avant de remercier d’un hochement de tête le serveur pour le vin blanc qu’il eut déposé devant lui. Il le laissa sur la table, regardant plutôt Mila boire une gorgée de son vin rouge… Il finit par déporter ses yeux sur son verre toujours plein, ne pensant plus à grand-chose… Si ce n’est à ce que la précédente question avait menée… Il avait appelé Nanaki son ami et il n’en pensait pas moins, plus qu’un ami, il était même un frère mais Genesis vivrait peut-être le regret de ne jamais avoir vérifié la réciproque… Nanaki ne le considérait peut-être que comme un petit bourgeois imbu de sa personne, tout ce que Genesis lui-même détestait.

    « Je vous aime bien. »

    Elle avait dit cela comme si c’était de l’ordre du normal, du simple… Comme si elle avait dit qu’elle trouvait son vin fort bon. Ce fut surprenant, même pour un homme avec l’assurance de Genesis dont les paupières s’ouvrèrent pleinement. Il arqua un sourcil interrogateur alors qu’elle poursuivit aussitôt.

    « Vous êtes différent... »

    Un sourire envahit les lèvres du Consul qui inclina légèrement la tête en guise de remerciements… Le trouver différent était pour lui un magnifique compliment qui le remplissait de fierté. Cela voulait tout simplement dire qu’il n’était pas pareil que les autres… Que cette humanité qu’il avait tant détesté jusque là. Il détestait tellement l’humanité qu’il s’était presque convaincu d’être d’une autre race. Et aussi bizarrement que cela puisse sembler, tout ceux qu’il appréciait, tout ceux qui étaient différents… Lui semblaient aussi être de cette race… La race de monstres, sa vraie famille outre les liens de sang.
    Il laissa planer un silence alors qu’elle sortit une cigarette de dieu sait où.


    « Cela vous dérange ? »

    Il fit un non de la tête en la regardant l’allumer avec une certaine curiosité… Non, ça ne le dérangeait pas. La cigarette avait le pouvoir de rendre quelqu’un de peu distingué… Encore moins distinguée… Et dans le cas contraire, elle pouvait faire d’une personne avec beaucoup de classe et de dignité, une personne plus belle encore.

    « Absolument pas. »

    Elle parlait plus et parlait avec plus de courage, de naturel, qu’auparavant, ce qui ne déplaisait absolument pas au Tragédien, appuyé sur le dos de sa chaise et goûtant enfin une légère gorgée de son vin blanc, ne la quittant pas des yeux… Il ne pouvait le nier, elle avait une attraction aussi intrigante que plaisante… Il ne pouvait pas s’empêcher d’imaginer tous les hommes graviter autour d’elle, de ses gestes et de ses mots.
    Genesis avait à peu près tout… Une petite amie qu’il aimait d’avantage à chaque réveil, un groupe et des ambitions concrètement réalisables et beaucoup d’argent en plus de ce monde… Mais cette jeune femme avait le parfum de l’inaccessible…


    «Je suis navrée si je vous ai froissé ou effrayé, mais je suis mes intuitions et mes impulsions… La vie est tellement plus amusante ainsi... »

    Elle était et se voulait charmante… Sûre d’elle et inexorablement très attirante. Genesis avait beau grandement apprécier toutes ces qualités, il savait au fond de sa pensée qu’elle se jouait un peu des hommes, qu’elle les manipulait avec une grande habilité… Mais lui-même ne pensait pas être manipulé… En fait, il n’en savait rien, il avait juste l’impression qu’il n’en était rien. Il ne répondit pas tout de suite et baissa les yeux sur son verre, songeant…Quelle belle mais étrange situation. Il mit sa main sur le verre mais ne le souleva pas. Lui, avait peu l’habitude de s’amuser.

    « N’en soyez pas navrée, vous ne m’avez pas fait peur. »

    Il ponctua sa phrase d’un rire léger et ailleurs, avant d’ajouter d’une voix assez basse mais chargée de conviction, sans pour autant la regarder, cette fois… Les yeux toujours braqués sur son verre, comme s’il cherchait une réponse.

    « Vous laissez parler votre passion… Vous êtes son allégorie, si je puis dire… Et j’apprécie énormément, mademoiselle. »

    Il la regarda de nouveau… Même pour lui, extrêmement amoureux d’un autre, cette jeune inconnue avait des yeux captivants dont il était dur de se détacher. Il ne souriait pas et pourtant, sa phrase aurait pu être dite sous le ton de la plaisanterie :

    « J’ai rarement le privilège de recevoir ce genre d’attention de femmes aussi séduisantes que vous. »

    Il finit sa phrase en soulevant son verre et en le portant à ses lèvres, son visage était toujours aussi songeur et il regardait la demoiselle. Il but une gorgée mais ne put savourer tout le goût du breuvage… Tout cela était étrange.
    Lorsqu’il reposa son verre, un léger sourire au coin apparut.


    « Vous aussi, êtes différente. »

    Il marqua une pause… Jusqu’à maintenant, il n’avait pas ressenti le besoin de la connaître… Mais à présent, l’intérêt qu’il lui portait était tel qu’il ne pouvait plus l’ignorer sans que cela ne le ronge.

    « Je m’appelle Genesis… Enchanté de vous connaître. »

    Une phrase portant bien entendu une question « Et vous ? »

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    Mila écoutait le jeune homme d'un air attentif. Il l'intéressait, dans le sens où il ne semblait pas attendre d'elle quelque chose. Il discutait avec elle sans raison précise, et elle appréciait cela. Mila tentait tant bien que mal de dissimuler son émoi, ses doigts fins qui ne cessaient de faire le tour du pied de son verre de vin, le léger plissement de ses lèvres sous l'effet de ses dents qui les mordillaient doucement. Elle avait envie d'exercer son don sur lui, elle voulait le contrôler. Juste un instant, le faire boire une gorgée de vin, n'importe quoi, quelque chose de minime et d'inoffensif. C'était une habitude, une mauvaise habitude, qu'elle avait prise. Et il lui semblait si étrange de ne pas faire de même avec cet homme que cela la rendait nerveuse. Mais la jeune femme ne souhaitait pas en arriver là. Il était charmant, elle n'avait nul besoin de le manipuler. Ce moment, aussi imprévu et éphémère soit-il, lui semblait authentique. Précieux. Elle aimait la façon dont il parlait d'elle. Mila aimait se sentir spéciale, surtout que, pour une fois, elle n'avait rien fait pour.

    Mais le jeune homme brisa la douceur de ce moment en lui donnant son nom. Genesis. Il aurait été impoli de ne pas répondre mais Mila ne souhaitait ni lui donner son nom, ni lui mentir. Malheureusement, elle devait faire un choix et elle décida de répondre.

    «
    Camilla. Enchantée de même. » dit-elle avec un sourire charmeur.

    Son prénom était inclus dans celui-ci, ce n'était pas un gros mensonge. Une déviation, rien de bien méchant. Elle l'avait dit avec le naturel de celle qui est habituée à ce genre de comédies. C'était un peu l'histoire de sa vie. Si elle disait la vérité, elle en payait le prix. Si elle la gardait pour elle, la solitude et les remords étaient ses seuls compagnons. Mila avait depuis longtemps choisi d'être seule plutôt que de souffrir. Elle décida de changer de sujet afin d'éviter d'éveiller chez cet homme charmant le moindre soupçon. Elle ne voulait pas le faire fuir.

    «
    A propos de votre ami... Je suis navrée. J'aimerais faire quelque chose pour vous. » Elle se mordit la lèvre. Ne jamais offrir son aide, son appui ou quelque autre forme de soutien, c'était toujours la voie vers les ennuis. Mais les mots étaient sortis d'eux-même, elle avait vraiment envie de l'aider. Elle alluma une autre cigarette.

    Mila ne savait plus quoi dire, elle sentait son assurance et sa confiance s'effacer. Elle n'était plus maître de la situation et le besoin oppressant d'user de son don se faisait de plus en plus pressant. Le serveur passait près d'eux, il fallait qu'elle assouvisse ce besoin sur quelqu'un, et tant pis si cela faisait fuir Genesis, elle se refusait à utiliser ce pouvoir sur lui.

    «
    Excusez-moi, oui vous jeune homme. » Il la regarda, un peu rougissant. Elle lui sourit. « Je me demandais... » Elle le regardait intensément, laissant sa bouche entrouverte, sachant pertinemment que le serveur n'était pas insensible à ses charmes. « Je sais que c'est un peu osé... » Elle sourit encore, dévoilant ses dents. « Mais j'ai le sentiment que vous avez très envie de nous offrir ces verres. » Elle insista sur le "très" et le regard de la jeune femme se troubla pendant un instant. Son don opérait.

    Le jeune homme se figea un instant, ses paupières papillonnèrent et il regarda tour à tour Genesis et Mila. «
    Vous savez quoi ? C'est la maison qui offre. Passez une bonne soirée. »

    Mila le remercia et prit une gorgée de vin rouge avant d'éteindre sa cigarette. Elle se sentait mieux. Vivante.


Dernière édition par Mila Alvera le Mer 4 Jan 2012 - 18:38, édité 1 fois
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    « Camilla. Enchantée de même. »

    Elle lui avait répondu avec un très beau sourire qu’il avouait sans peine apprécier… Un magnifique sourire, à rendre fou un homme, de son avis. Mais Camilla, il n’aurait pas cru, à vrai dire. Il avait toujours imaginé une Camille comme une personne à la fois douce et attentionnée tout en restant lucide et clairvoyante, les pieds sur terre. Elle n’avait rien d’une Camille façonnée selon l’imagination du Consul, elle était beaucoup trop charmante. L’allégorie de la passion comme il l’avait dit plus haut… Ne pouvait pas être lucide et terre à terre, cela aurait été un terrible gâchis. La passion a des rêves splendides. Le Tragédien sourit à son tour et acquiesça comme en guise de salut.

    « A propos de votre ami... Je suis navrée. J'aimerais faire quelque chose pour vous. »

    Elle avait l’air sincère, il sourit légèrement et ferma les yeux avant de basculer étrangement sa tête en arrière… Décidément, c’était une très belle nuit… Une superbe soirée accompagnée d’une magnifique femme autour d’un bon vin, qui plus est alors que cette femme répondait à tout ses idéaux… Belle, énigmatique, distinguée et passionnée. Elle partageait aimablement sa peine et même si cela n’aurait pu être qu’un élan de politesse, une formule vite lâchée dans une phrase, formule à laquelle on ne tient pas beaucoup d’importance… Il se redressa et mit une main sur sa tempe, maintenant son sourire.

    « J’apprécie vraiment votre compassion, Camille mais si avec tout ce que j’ai essayé, cela n’a rien donné… Je crains que rien ne puisse plus faire revenir cet ami. »

    Tant il était parti dans sa réflexion sur le prénom « Camille » qu’il avait erroné ce dernier, il toussa légèrement, la regarda fixement dans les yeux et d’un air désolé mais gardant un sourire chaleureux, il se reprit.

    « Camilla, je veux dire, mes excuses… Il faut dire que c’est la première fois que j’entends ce prénom. »

    Il laissa un sourire un peu gêné l’envahir avant de remettre le dos contre le dossier de sa chaise et de prendre son verre de vin, buvant à la suite une gorgée de l’alcool. Il détourna son regard sur un homme, visiblement serveur de l’établissement qui passait juste à côté de leur table et à qui Camilla s’adressa avec charme, avec beaucoup d’assurance, presque pressée. Il la regarda fixement, étonné… Espérait-elle seulement payer à sa place l’addition ? Il allait presque l’empêcher de parler mais décida quand même de ne pas prendre le risque de sembler ridicule.

    « Excusez-moi, oui vous jeune homme. »

    Dès son premier mot, Genesis comprit que jusque là, il n’avait pas vu grand-chose de ce dont elle était capable. Il vit tout d’abord, très surpris, le serveur avec les joues pourprées. Il était vrai que Camilla était une très belle femme, aussi bien faite que d’une voix chantante mais… C’est comme si elle avait paralysé, emprisonné dans une prison d’embarras cet homme… Il était à sa merci, elle avait déjà gagné un jeu dont elle seule connaissait les règles.

    « Je me demandais... Je sais que c'est un peu osé... »

    Elle souriait avec une sensualité que l’on pouvait deviner en tant que simple spectateur. Le Tragédien avait beau avoir de l’expérience aussi bien avec les femmes qu’avec les gens réputés comme étant impressionnants… Il se sentit comme contrôlé à la place du serveur, comme s’il put comprendre la moindre de ses émotions.

    « Mais j'ai le sentiment que vous avez très envie de nous offrir ces verres. »

    Il ravala sa salive et aurait pu parié voir que le serveur faisait de même… Alors ce dernier regarda les deux passionnés tour à tour et Genesis eut un grand mal à croire qu’il arrivait à regarder quelqu’un d’autre que Camilla après cette démonstration. Il accepta d’offrir les verres et cela ne fut pas d’un moindre étonnement pour le Consul. En un mot, dès le premier, il s’était déjà préparé à régler la dette pour eux deux.

    Elle éteignit sa cigarette et regarda Genesis, comme contente d’elle-même. Il ne souriait plus vraiment, quant à lui.


    « Vous auriez du me prévenir, Camilla. »

    Il ponctua cette phrase légère par un rire franc et légèrement gêné.

    « Mais j’imagine que même si je vous avais dit que je comptais tout de même payer l’addition… Vous l’auriez tout de même fait. »

    A nouveau, un rire léger… Il la regarda fixement et ne contrôla que très peu ses prochaines paroles.

    « Beaucoup d’hommes hésiteraient à vous le dire. Mais je vous ai trouvée véritablement subjuguante. C’était fascinant. »

    Il parlait de cela comme d’un spectacle, comparable à un tour de magie exceptionnel et à faire pétiller de joie les plus jeunes mais c’était tellement plus… Il avait vu peu de choses aussi belles. C’en était presque effrayant.

    « En vérité, nous sommes peu de choses devant vous, mademoiselle. »
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    La jeune femme sourit sans répondre aux propos de son compagnon. Bien qu'elle afficha un visage indéchiffrable, visiblement indifférent aux récents évènements, Mila était perturbée. La réaction de Genesis la surprenait beaucoup, elle ne s'attendait pas à être complimentée sur le fait d'avoir succomber à ses pulsions qu'elle qualifiait de malsaines. Mais cet homme... Cet homme semblait trouver dans ses actes quelque chose d'attirant, de mystifiant, sans pour autant être effrayé. Ces derniers mots sonnaient comme des félicitations alors que la jeune fille s'apprêtait à entendre des menaces.

    Dès l'instant où Genesis avait prononcé sa dernière phrase, Mila avait senti un frisson glacé et chaleureux à la fois parcourir son corps. Ses poils se hérissait, ses épaules frémissaient, mais sa poitrine semblait s'enflammer et, comme si elle brûlait de l'intérieur, Mila sentait sa respiration se couper et commençait à suffoquer. Sans paniquer, elle tenta de se lever dignement en s'appuyant sur le rebord de la table d'une main, tenant son verre de vin de l'autre le sourire aux lèvres.

    Tandis qu'elle semblait enfin libérée de la sensation d'étouffement une fois levée, son cœur se souleva brutalement. Sa vision se troubla, les sons autour d'eux diminuèrent et bientôt, elle s'effondra, lâchant le verre qui se brisa au sol alors qu'elle tombait sur les pavés sans connaissance. Elle était étendue inconsciente aux pieds de ce jeune homme surprenant, toute simple dans sa robe noire et ses jolies chaussures.

    Elle était là, sans défense et calme, un fin filet de sang s'écoulant de sa tempe ayant heurté le sol avec une violence contrastant avec la quiétude de l'image de son corps étendu inanimé. La pâleur de sa main était entachée par le sang et le vin mêlés autour du verre brisé.

    Mila semblait flotter dans les limbes de l'inconscience. Ce qui l'entourait était vide et sombre, elle était seule au milieu du néant, comme si elle nageait dans les profondeurs de son esprit. Ses hauts escarpins ne touchaient aucun sol et l'espace dans lequel elle était ne semblait pas avoir de limites. La jeune femme observait l'endroit où elle se trouvait sans savoir comment se mouvoir et quel était le sens de cette image qui s'imposait à son esprit.

    Mila savait bien qu'il s'agissait d'une projection de son inconscient, une illusion que son cerveau lui proposait afin de se rétablir plus rapidement. Simplement, elle ne comprenait pas comment cela pouvait être aussi... vide. Mais au fond, il y avait une certaine logique. A force d'éviter toute confrontation sentimentale, Mila avait perdu de son humanité.

    En réalisant cela, la jeune femme sentit tout à la fois le besoin de rire, de pleurer, et d'évacuer sa colère. Ces émotions refoulées se matérialisèrent en un cri provenant des tréfonds de son âme, un hurlement rendant compte d'une incommensurable douleur et d'une fêlure si profonde et tant enfouie sous la volonté d'aller de l'avant que Mila ne pouvait plus la distinguer en tant normal. Mais étrangement, ce cri du cœur ne produit aucun son, comme si sa peine était sans résonance.

    Mila se sentit soudainement chuter, elle était immobile et pourtant elle tombait. Une petite boîte en marbre apparu devant elle et se posa délicatement dans le creux de ses mains frêles. En sentant la morsure du métal sur sa peau, ses longs doigts fins effleurèrent son cou et découvrirent une fine chaîne au bout de laquelle se trouvait une clé. La jeune femme tourna la clé dans la serrure et l'écrin s'ouvrit doucement et sans bruits, révélant à l'intérieur un cœur d'un rouge éclatant sur un lit de soie blanche. Mila saisit avec précaution le cœur et lâcha l'écrin qui se brisa à ses pieds en gerbes de lumière. Une aura de chaleur et de lumière émanait de l'objet. Il avait quelque chose de rassurant et lui apportait... de l'espoir.

    Mila porta la main à son cœur et ferma les yeux. Lorsque ses paupières s'ouvrirent à nouveau, l'espace autour d'elle n'était plus vide. Une étendue d'herbe et de fleurs s'étalait à ses pieds, une brise fraîche volait dans ses cheveux et elle pouvait percevoir le doux son d'une nature en éveil. Elle éloigna la main de sa poitrine et déplia ses doigts pour observer le cœur rouge dans la paume de sa main. Il s'éleva doucement en brillant de plus en plus fort jusqu'à exploser en une pluie d'étincelles et de pétales rouges qui tombait sur Mila, arborant un sourire éclatant.

    Elle ferma les yeux et se laissa tomber en arrière dans ce magnifique univers qui, peut-être, reflétait un avenir plus prometteur. Et Mila s'éveilla, reprenant difficilement contact avec la réalité. Elle garda tout de même une certitude de ce bref moment d'inconscience : elle devait trouver sa voie en ce monde afin d'éviter de sombrer dans le néant.
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    A vrai dire… Ce qu’il ressentait en sa présence était inexorablement puissant… Cette dame devait être le rêve de tout peintre, de tout artiste, sa beauté et son charme faisaient d’elle la plus attirante des passionnées. Elle était en quelque sorte un art à elle toute seule.
    Et il ne l’avait pas caché, cette démonstration de son charme l’avait fasciné… Le jeune serveur n’avait même pas eu la moindre envie de refuser cette proposition.
    Et malgré cette fascination, quelque chose l’effrayait réellement et plus que tous ses soucis actuels… Le Tragédien était galant, aimable, bienveillant et très respectueux envers les femmes, il le prouvait avec Camilla et jusque là, aucune des superbes femmes qu’il avait croisées n’avait pu ébranler son esprit et l’inciter à ne serait-ce que penser à une autre vie qu’avec Mizore.

    Mais contre elle, cette allégorie de la passion, il avait trop peur de ne pas pouvoir résister si elle essayait vraiment de le charmer, comme elle le fit avec le serveur… Genesis ne voulait pas connaître les limites de sa fidélité, préférant de loin se répéter qu’il n’en avait aucunes. Pour lui, Camilla était une sorte de spectacle, une magnifique œuvre d’art qui attirait sans aucun mal son attention… De cela, il n’avait aucune honte, il aimait beaucoup trop la beauté pour l’ignorer quand il l’avait devant ses propres yeux.

    Elle lui souriait fièrement… Mais ne lui répondit pas, se contenta de le regarder sans laisser le moindre soupçon sur ses propres pensées. Le Tragédien laissa son regard vagabonder sur son propre verre qu’il avait à peine entamé mais du coin de l’œil, il crut voir un léger redressement du corps de la jeune dame ; En reposant ses yeux sur elle, il distingua un malaise et aussitôt, elle se leva, tout en forçant un sourire… Un sourcil levé, à quelques secondes de lui demander si elle avait un problème, Genesis n’anticipa pas du tout que Camilla s’effondrerait juste après, laissant son verre se briser dans un cri de glace.

    Il écarquilla les yeux et bondissant presque de sa chaise, se précipita vers elle, que tout les clients du restaurant en terre regardaient craintifs.
    Aussitôt, il agrippa de ses deux mains fermement ses épaules avec une certaine peur dans le regard. D’un simple effort tant elle était légère, il la mit sur le dos avant de poser ses yeux sur les siens qui se fermaient doucement tandis qu’elle perdait complètement connaissance. Il grimaça avant de la mettre plus confortablement sur le dos. Son regard chercha la moindre blessure… une très légère égratignure à la jambe droite mais rien d’autre de visible, si ce n’est du sang qui coulait doucement le long de sa joue. Il s’approcha sans un mot pour regarder plus nettement ce qu’elle avait… Tandis qu’il sentit derrière lui l’agitation des badauds qui se trouvaient de bonne place autour de l’inconsciente, pour admirer l’évènement. Stoppant son examen quelques secondes, il regarda par-dessus son épaule les quelques gens trop curieux, tandis que sans la moindre grimace, ses yeux énervés et embrasés calmèrent leur naïveté.

    Elle s’était violemment cognée la tête sur le sol, en tombant… Mais comparé à ce qu’elle aurait pu subir par cette chute, Genesis ne put retenir un soupir de soulagement. Lorsqu’il regarda son visage pour la seconde fois, il comprit à quel point ses songes l’avaient sauvée d’une douleur momentanée mais atroce, en la plongeant auprès des plus anciennes chimères… Son visage était paisible, elle semblait amoureuse d’un sommeil bien mérité.
    Il se tourna vers le jeune serveur qu’elle avait piégée tout à l’heure et d’un air froid, lui donna l’ordre de lui apporter une serviette humide. En l’attendant, il enleva ses gants et en un éclair, s’agenouilla plus posément à côté de Camilla et prit sa main droite dans sa main gauche… Une fois la serviette arrivée, il s’attela rapidement à l’affaire, essuyant simplement le sang coulant… Avant de déposer la serviette et de poser sa main gauche sur la tempe de la jeune femme, tout en l’attirant légèrement vers elle d’une main dressée derrière sa nuque.
    Un halo blanc se dessina autour de sa main, réconfortant la blessure… Un air renfrogné et sérieux sur son visage laissa bien croire qu’il n’aimait pas utiliser ce sort, tant il le trouvait difficile, bien que même en ce sort il se montrait puissant… Mais au bout d’une trentaine de secondes à déverser de l’énergie de soin dans la blessure, celle-ci se referma, ne laissant qu’une cicatrice sur le joli visage de Camilla… Mais il maintint le sort encore quelques secondes pour avec ça, faire disparaître tout mal… Alors qu’exactement à ce moment là, ses yeux s’ouvrèrent enfin. Il soupira et sourit à nouveau, les songes et les rêves l’avaient libérée.


    « Camilla ? Vous allez bien ? »

    Cette sollicitude n’atteignit pas Mila qui regardait autour d’elle maladroitement, elle était complètement sonnée et n’avait visiblement pas entendu… Il se tut et la regarda fixement quelques dizaines de secondes, attendant de voir dans son regard le moindre éclair de lucidité, de compréhension.
    Au bout d’une minute, il l’aida à se lever et la maintenant contre lui d’un bras agrippant son épaule, il l’aida tout autant à marcher vers un banc… A l’écart de tous ces regards oppressants. En silence, elle s’assit d’elle-même et patiemment il la regarda… Pour enfin dire avec un sourire au coin :


    « C’est comme je le pensais… La passionnée fait de très beaux rêves. »

    Il marqua une pause pour examiner sa tempe, il ne s’était pas trop mal débrouillé… Néanmoins pas assez pour qu’elle soit en pleine forme.

    « Comment vous vous sentez, Camilla ? »

    Il guetta sa réponse et sans s’étonner de son silence, son air sembla légèrement plus grave, plus sérieux.

    « Dès que vous vous sentirez mieux, je vous raccompagnerai chez vous mais allez-y doucement… »
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    Dans les brumes de son réveil, Mila avait distingué la présence de Genesis. Son visage semblait refléter une certaine inquiétude. « La passionnée fait de très beaux rêves. » entendit-elle vaguement alors qu'il venait de l'aider à s'asseoir sur un banc à l'écart.

    « Comment vous vous sentez, Camilla ? »

    La petite brune tenta de répondre à son aimable sollicitation, mais sa bouche était pâteuse et refusa d'exprimer la moindre parole. Elle lui lança un pauvre sourire, c'était tout ce qu'elle pouvait faire pour le moment.

    « Dès que vous vous sentirez mieux, je vous raccompagnerai chez vous mais allez-y doucement… »

    Touchée par sa gentilles et ses attentions, Mila eu de grandes difficultés à masquer son émoi. L'attitude du jeune homme la surprenait grandement, elle ne comprenait pas comment quelqu'un pouvait être aussi compatissant et bienveillant envers une inconnue. Quoi qu'un peu angoissée, la petite brune était curieuse de découvrir les raisons de ses actes. Car il y avait toujours une raison, n'est-ce-pas ?

    Chancelante, elle se leva et se tourna pour lui faire face. Elle prit une grande inspiration avant de réussir à parler d'une voix un peu enrouée et fatiguée, quoique toujours douce.

    « Je vous suis reconnaissante de votre sollicitude, mais ne prenez pas cette peine. » Elle marqua une pause, essoufflée. Bien sûr, ses blessures n'étaient pas graves, mais sa petite aventure spirituelle et le trouble de son compagnon l'éprouvait. « Merci, vraiment... Merci. »

    Il songerait sans doutes qu'il s'agissait d'une réponse à ses actes d'un peu plus tôt, mais Mila n'y pensait déjà plus. Ou plutôt, elle y songeait d'une manière différente. La jeune fille n'avait pas pour habitude de rencontrer des gens si attentionnés et sa nature excessive la poussait à voir dans des gestes innocents ou naturels une attention envers elle.

    Ce n'était pas une réaction égocentrique, simplement, elle recherchait tellement une épaule sur qui s'appuyer que toute situation semblait s'y prêter... Même si cela finissait presque toujours par une déception ou une peur subite.

    Mila tituba un instant avant de s'asseoir à nouveau sur le banc, étourdie.
    « Je crois que je vais rester là encore un moment... » fit-elle dans un sourire embarrassé. « Ne vous sentez pas obligé de rester ! Je vous libère de vos obligations...! » s'exclama-t-elle en riant, tentant de détendre l'atmosphère. Elle ne voulait pas ennuyer plus longtemps Genesis même si, quelque part au fond d'elle, elle apprécierait qu'il décide de rester.
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    Vraisemblablement, elle était gênée par la présence du tragédien… Gênée mais en elle, il ne ressentait pas tellement la volonté qu’il s’en aille. Genesis ne pensait pas la déranger, cela relevait d’une autre préoccupation plus tourmentée…
    Debout devant lui, lui faisant face de tout son courage, semblait-il, elle gardait une voix et des intentions délicates et lui assurait que cela irait pour elle. « Ne pas prendre cette peine » était son conseil le moins avisé aussi ne répondit-il rien, la fixant avec un sourcil arqué. Il hocha la tête à ses remerciements mais ne détacha pas ses yeux du visage de la demoiselle, attendant le moindre signe de faiblesse pour se convaincre de ne pas la laisser seule… et durant ces instants, il essaya de comprendre le tumulte qui ravageait l’esprit de Camilla.

    Et il pensa à Rin, ce jeune cuisinier qui avait attiré son attention, lors de sa soirée avec Medusa. En sondant la nature de son cœur, il avait ressenti un feu intérieur puissant, un désordre improbable, un chaos de tristesse et de remords… Et s’était tant reconnu en cette énergie qui parcourait le corps du démon, qu’à jamais, cette trace spirituelle resterait dans ses souvenirs.
    C’était parce que cet adolescent était de la même nature que lui que cette ressemblance le perturba d’avantage encore mais il avait compris, au fil des années qu’il avait passées auprès de personnes de tout genre, les consuls… que chacun de ces derniers avait ce quelque chose, cette étincelle de trouble. Pour faire de l’art, dit-on, il faut avoir vécu… Il faut que l’on puisse jouer, raconter ou ressentir pleinement et avec authenticité des sentiments comme la joie, l’allégresse, le chagrin, le désespoir et l’impression que plus rien ne sera beau.

    Il la regardait toujours et dissimula un sourire déchiré. Chaque groupe, dans les différents territoires, se vantait d’une uniformité solidaire dans ses membres… Nombre de fois, on lui avait vanté la folie et le bon vivant des mercenaires, des membres du Sanctum que l’on disait « marginaux » et le Consulat pouvait se distinguer par ses membres au passé lancinant. Toutefois beaucoup plus qu’une fierté où un moyen de mettre en valeur le groupe dont il était le héraut, c’était un pincement au cœur aux anciennes insomnies qui le rappelait.

    Elle chancela… Parut basculée et se ravisa à se rasseoir aux côtés de Genesis dont les yeux avaient encore la semblance de ceux du démon rêveur de Poe.


    « Je crois que je vais rester là encore un moment... »

    Il la regarda tandis qu’elle continua de parler, insistant.

    « Ne vous sentez pas obligé de rester ! Je vous libère de vos obligations...! »

    Et elle se ponctua d’un rire nerveux mais agréable tandis qu’il laissa son propre visage suivre cette joie éphémère d’un léger rictus… Mais il pensait trop à cette once de troubles passionnés qu’il avait eu le temps de distinguer chez elle. Il ne répondit rien et attendit avec elle. Camilla voulait visiblement détendre un peu l’atmosphère un peu crispée depuis la deuxième chute tandis que lui ne voyait plus cette scène de la même façon…

    Camilla l’avait fait douter sur la profondeur de ses sentiments… Singulièrement, il ne vit plus, durant ces secondes de séduction implicite, que le visage de cette passionnée au lieu de celle qu’il aima dès le premier regard.

    Un silence d’une petite minute s’installa… Ses propres yeux cherchaient une réponse dans l’horizon limité par le toit des battisses. Une dizaine de minutes plus tôt, l’on se souvient d’un Genesis craignant ce talent trop dominant de cette nouvelle rencontre cependant, en cet instant… Il ne le craignait plus mais le désirait… Non d’un désir propre à la luxure mais d’une ambition démesurée.


    « Les turpitudes de mon passé m’avaient amené à un chapitre particulièrement sombre de mon existence… »

    Il semblait se parler à lui-même et pourtant chacune de ses paroles étaient destinées à toucher la jeune femme à sa gauche. Il regarda le ciel, soupira et tourna les épaules et la tête vers Camilla, la regardant avec insistance.

    « Comme une corneille elle-même dépassée par tous les malheurs qu’elle incarnait jusque là… je m’écrasai dans les ténèbres d’un monde qui s’effondrait. »

    Il se souvint d’Ogawa, de sa propre main tendue vers ce barbare fuyant, de l’énergie d’un brasier impitoyable dont l’énergie se répandait jusqu’aux bouts de ses doigts, stimulant sa propre colère… A deux doigts de l’achever, il s’était passé une chose.

    « Et j’ai entendu une voix dont la rumeur s’est répandue par les vents… Une voix qui a fait de moi un être unique et surtout, qui m’a donné la chance d’avoir des frères et des sœurs qui me comprirent, que j’aimai et que j’aime encore… »

    Ses yeux s’embrasèrent d’une passion et d’une fierté envers son propre sang.

    « Je suis fils de Muse, Camilla… Tragédien du Consulat. Tu n’entendras aucune voix pour te guider jusqu’à nous… sauf la mienne. »
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    « Comme une corneille elle-même dépassée par tous les malheurs qu’elle incarnait jusque là… Je m’écrasais dans les ténèbres d’un monde qui s’effondrait. »

    La petite brune baissa la tête, les mèches de sa frange masquant ses yeux embués de larmes. Elle comprenait aisément ce qu'avait vécu Genesis. La solitude face à la sordide réalité, les désillusions et les rêves brisés... Mila, submergée par l'émotion, en avait le souffle coupé. Très touchée par cette confidence, elle ne savait pas comment réagir, les mots lui manquaient. Elle effaça de sa joue une larme fugace et releva le visage pour observer le jeune homme qui lui parlait avec passion.


    « Et j’ai entendu une voix dont la rumeur s’est répandue par les vents… Une voix qui a fait de moi un être unique et surtout, qui m’a donné la chance d’avoir des frères et des sœurs qui me comprirent, que j’aimais et que j’aime encore… Je suis fils de Muse, Camilla… Tragédien du Consulat. »


    Ses mains serraient si fort le tissu de sa jupe que ses jointures blanchissaient. Elle connaissait bien le Consulat, tout habitant du Jardin Radieux en avait entendu parler. Quoique surprise d'apprendre qu'elle discutait avec le leader de ce groupe, elle n'y accordait pas d'importance. Mila était face à l'homme qui se cachait derrière le titre, leur rencontre n'avait rien d'officiel. Ses mots n'étaient pas ceux d'un dirigeant, mais bien ceux d'un être torturé qui, semblait-il, avait trouvé une forme de rédemption auprès des Muses du Consulat. Il lui parlait d'une famille, d'un foyer... Quelque chose qui lui avait toujours manqué, ce qu'elle avait toujours cherché... Un havre où elle serait accueillie pour ce qu'elle était, sans jugements. Elle se surprenait à envier sa chance. Le cœur serré, elle réprimait difficilement les sanglots qui secouaient sa poitrine en silence.


    « Tu n’entendras aucune voix pour te guider jusqu’à nous… Sauf la mienne. »


    Elle se tourna vivement vers lui, les yeux brillants. Dans son regard se lisaient l'espoir et la peur d'être une nouvelle fois déçue.
    « Et si je suivais cette voie ? » Mila s'empara d'une main de Genesis qu'elle pressa entre les siennes tout en le fixant de ses grands yeux bleus. « Est-ce une promesse d'un avenir meilleur ou serais-je le simple pantin d'une machination qui me dépasse, Genesis ? Quel sera mon rôle dans ton univers, Genesis ? Ai-je ma place parmi vous, hérauts des arts, quand je ne suis qu'une enfant perdue ? » Elle marqua une pause, mordant sa lèvre inférieure dans une expression de tristesse. « Je ne sais qu'aimer... Aimer le ciel et ses étoiles, le sourire des enfants, la foi des croyants... J'aime jusqu'à la cruauté des hommes et je vois la beauté du sang versé par les armes, les larmes du soldat qui regrette ses actes... Comment pourrais-je prendre part à cette constante éloge des arts que fait le Consulat quand je vois de la pureté dans la douleur et le crime ? »

    Mila ne cherchait plus à masquer les larmes qui coulaient sur ses joues, elle avait lâché les mains de Genesis et s'était levée, tremblante, pour lui faire face. Lui, assis, qui la regardait, et elle, tentant de préserver le peu de dignité qui lui restait.
    « Je n'ai rien d'une héroïne, je ne suis pas de ceux qui guident les autres vers la lumière ! J'entraîne ceux qui m'approchent vers les ténèbres, et je les laisse seuls, sans espoirs et tremblants de honte. » Mila avait haussé la voix, perdant tout contrôle d'elle-même. Sa peur était si forte qu'elle cherchait à répugner cet homme, à l'écarter d'elle. Elle voulait l'effrayer, qu'il la laisse seule avec sa douleur plutôt que de se risquer à le suivre, et de perdre ce fol espoir. « Ne vois-tu pas la beauté du cœur des hommes, Genesis ? Qu'ils soient bons ou cruels, aigris ou bienveillants... Crois bien qu'ils sont tous guidés par l'amour. Oh, ils peuvent le nier, tous autant qu'ils sont, mais ils ne peuvent pas me le cacher ! » Son visage exprimait sa colère, son trouble, sa passion... Elle s'emportait avec fureur, laissant parler son cœur, quitte à payer le prix de ses convictions.

    « Je lis dans leur cœurs aussi aisément que tu plie la volonté de tes soldats... Tu me parles de foyer et d'art, d'un amour sans conditions, mais je ne peux pas te croire sur parole. J'ai vu tant de mensonges, tant de douleur... » Elle commençait à avoir des difficultés à parler, les larmes brouillaient sa vision et sa voix se teintait de ces émotions qu'elle ne parvenait pas à retenir. « La mécanique du cœur est animée par l'amour, Genesis... » Un sourire fugace apparu sur son visage blessé. « Et pourtant, j'ai peine à te croire quand tu me parles de ce Consulat si aimant. Toi, le Tragédien, observe-moi bien... Admire cette ironie tragique ! Une femme qui aime sans y croire, une femme qui aime sans avoir jamais aimé. Un paradoxe bien incertain... Je suis la déchéance d'un amour déçu, je suis les larmes des femmes trompées, je suis la colère d'un honneur blessé, je suis les bras qui se referment sur le vide d'une sœur disparue... Je sais tout ce qu'il y a à savoir, et pourtant je suis si ignorante ! » Elle s'arrêta un instant pour reprendre son souffle. « Alors Genesis... Pourquoi une femme telle que moi devrait-elle écouter ta voix...? » dit-elle doucement, retrouvant une sérénité empreinte de tristesse.
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    Il la fixa… Quelques secondes avant de tourner la tête et de regarder les détails du paysage, le visage de marbre, les yeux pensifs. Ses bras posés sur le dossier du banc, ne trahissant pas ses songes. Genesis avait beau avoir de la classe… il était bien incapable de répondre avec assurance sur l’instant à Mila. Tout ce qu’elle disait méritait d’être prononcé… Sa propre demande était-elle vraiment honnête ? Pouvait-il lui promettre impunément une nouvelle vie plus légère, qu’il ne pourrait peut-être pas assurer ? Bien sûr, toujours il évitait de donner des missions trop dangereuses à certains consuls moins certains mais s’il advenait qu’un jour, il ait besoin de toutes les ressources humaines nécessaire…
    Et quand bien même il pourrait lui donner cette sécurité, ce n’était pas de ça qu’elle parlait… Ses mots parlaient de bonheur, pas de quiétude.


    « Sais-tu combien de consuls sont heureux ? »

    Il n’attendait pas de réponse, pas même un mouvement de tête puisqu’il ne la regardait même pas… Les sourcils froncés, il leva sa main gauche et fit un zéro en joignant son pouce et son index. Il le reconnaissait, se l’avouait à lui-même… il voyait toute la joie qu’il avait d’être un consul, d’être entouré de consuls…mais il se savait malheureux.

    « Et tu te doutes que ce n’est pas le Consulat qui nous a plongé dans ce malheur. Il existe depuis longtemps. »

    Il parlait calmement et très sérieusement, l’on ne pouvait douter. Il y avait meilleur comme pub mais elle aurait le mérite d’être claire et honnête… Camilla ne pourrait compter que sur ses propres émotions pour choisir de suivre Genesis ou de le quitter sur ces mots.

    « Nous ne sommes pas toi et ne pouvons comprendre ce que tu as vécu… mais nous aussi avons nos crimes, nos mensonges et nos douleurs. Et jamais je ne te ferai l’affront de te promettre de te mener vers le bonheur ou la lumière… Seuls les idiots cherchent la lumière, Camilla. Elle n’est qu’ordre et te privera de cette ombre qui nous habite. Cette ombre, cette folie qui est notre seule raison de vivre… Nous avons tous l’âme souillée et nous nous sommes tous posés les mêmes questions que toi. »

    Il se pencha légèrement, le dos vouté, posant ses bras sur ses jambes et croisant ses doigts… Et avec l’allure d’un homme qui allait prononcer d’ultimes paroles, sans la regarder mais en ne s’adressant qu’à elle sur cette terre, il ajouta…

    « La lumière et les ténèbres, c’est pour les autres, Camilla… Nous ne cherchons que la passion et la beauté. Et je crois que tu es plus consule que nous tous. T’es-tu déjà sentie aussi semblable à des mortels ? Alors, Camilla, on peut continuer à discuter de longues minutes… ou on peut aussi faire ce qui est propre à tout artiste : essayer même en étant presque certain d’échouer. Que choisis-tu ? »

    Il le savait, même loin d’eux ou dans un autre groupe, elle serait consule… Remplirait les devoirs tacites d’un artiste et servirait tout autant qu’un réel membre du groupe. Alors pourquoi la voulait-il malgré tout à ses côtés ? Il l’ignorait complètement, ne savait pas s’il était désintéressé ou non… Etait-ce pour le groupe ou pour lui ? Pourtant il avait l’impression profonde de parler comme son rang l’exigeait, le porte-parole du Consulat qui recrutait les cas intéressants. Et quand il avait parlé de malheur, il avait pensé à chacun des siens… Aussi bien à Natalia qu’à Mukashi, certes il n’avait pas parler à chacun d’eux autant qu’il le voulut mais il devinait dans leur présence une envie de commencer à être heureux…

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    Elle se tenait droite devant lui, la tête baissée, des larmes coulant encore sur ses joues pâles. Fébrile, elle entoura sa taille de ses bras frêles, comme pour se protéger du froid. « La lumière et les ténèbres, c’est pour les autres, Camilla… » Elle leva les yeux vers lui, l'air méfiant, bien qu'elle l'écouta avec attention. « Que choisis-tu ? » finit-il par dire, le regard perdu dans le vide, ses coudes posés sur ses genoux, l'air terriblement sérieux... Mais elle ne répondit pas. Et devant son silence, Genesis finit par se lever, comme pour partir, comme pour la quitter. Sous le coup d'une impulsion, la passionnée agrippa la manche de son manteau écarlate. Il s'arrêta et tourna la tête vers elle. Mila resta un instant sans bouger, immobile face à cet homme imposant, ses longs doigts fins enserrant toujours son manteau. Soudainement, elle lâcha son bras et se jeta à son cou. Sur la pointe des pieds, la tête lovée contre son épaule, elle avait passé ses bras autour de son cou et le serrait contre elle. La petite brune se mordait les lèvres, les sourcils froncés, observant le ciel de son regard triste. « Après tout, l'amour est une douce tragédie... » songeait-elle.

    Après quelques minutes, elle s'éloigna et toussota légèrement avant de replacer une mèche de cheveux derrière son oreille. Mila sortit son étui de cigarettes et pencha la tête sur le côté, masquant son visage de sa chevelure sombre, une de ses mains barrant le passage à la légère brise afin d'allumer une cigarette. Lorsqu'elle releva la tête, elle affichait un tout autre visage. Sereine, souriante, elle avait repris contenance.
    « Entendu. Je rejoindrais le Consulat. » dit-elle avec un petit rictus ironique. « J'espère seulement ne pas m'y ennuyer ! » ajouta-t-elle malicieusement. Mila portait à nouveau son masque d'apparences, mordillant discrètement sa lèvre inférieure, laissant son charme faire office de distraction. Bien sûr, il y avait peu de chances qu'elle récolte l'effet escompté après un tel étalage de ses émotions... Mais la passionnée avait à cœur de préserver les apparences, aussi peu crédible cela soit-il.

    « Nous nous reverrons bientôt, je suppose. » dit-elle dans un sourire avant de tourner les talons. La jeune femme fit quelques pas et stoppa net. Mila se retourna et observa Genesis, l'air sérieux. « Merci... » ajouta-t-elle d'une voix plus douce avant de quitter les lieux.
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    « Entendu. Je rejoindrais le Consulat. »

    Il sourit… C’est ce qu’il adorait entendre. Et voir le visage à nouveau serein, assurant de Camilla, c’était tout ce qu’il aimait voir chez une femme aussi forte de caractère.

    « J'espère seulement ne pas m'y ennuyer ! »

    Et lui fit mine de rien… Il est mauvais de rappeler ses pleurs à une femme. Le rictus de la demoiselle se propagea chez lui et d’un air préoccupé, il ajouta :

    « Je devrais pouvoir vous trouver quelques petites courses à faire… »

    Bientôt, elle rejoindrait le clan, le rendrait plus fort et plus présent encore dans les mondes. Alors oui, ils se reverraient prochainement et encore après.

    « Merci… »

    Il inclina la tête, fermant brièvement ses paupières et elle s’en alla… Il la regarda marcher dans la rue, rentrant probablement chez elle à pas lents… Il n’avait même pas pensé jusqu’à cet instant qu’elle aurait peut-être besoin d’aide après le choc qu’elle reçut. Toutefois, elle lui avait dit merci et si ça semble absurde, il comprit dans ce mot qu’elle voulait se retrouver seule, que ce qu’il avait fait était suffisant pour elle. Il ne la rejoignit pas et n’en avait pas d’ailleurs l’envie.

    Elle lui plaisait trop pour qu’il prenne le risque de lui parler encore. Elle ne se retourna pas une seule fois, tandis que lui guettait le moment où elle serait assez loin. Et d’un geste il se fit pousser son aile gauche avant de s’envoler dans un sursaut… Il n’avait pas voulu qu’elle voit ça, c’était d’ailleurs un effort qu’il faisait pour chaque nouveau consul : ne pas exhiber son aile, même si toute la ville était au courant de ce pouvoir.

    Quelques secondes et il était déjà à mi-chemin pour le Sommet des Arts. Ce n’était plus l’envie mais le besoin qui guidait son cœur… Le besoin de savoir qu’il aimait Mizore, le besoin de savoir que Camilla se contentait de lui plaire… Le besoin de dormir pour ne plus se poser de questions.

    Si pressé… Il ne prit même pas la peine de passer par la porte de sa tour. La transformation en corbeau prit deux petites secondes et à peine l’eut-il fait, juste après être passé par la fenêtre ouverte, qu’il se retransforma en un Genesis sans aile et en haleine. Il descendit à l’étage de ses appartements à toute allure mais n’y vit pas sa compagne. Il faillit aussitôt la chercher de sa détection magique, tant il était perdu, juste au moment où il l’aperçût, assoupie sur son lit.
    De marbre, il s’approcha… La contempla.

    Le chant de Mizore devait être sa seule raison d’exister.

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