La terre des Lions.. Un lieu inconnu aussi bien à mes yeux qu'à mes oreilles, qu'à mon nez, qu'à mon corps et mon esprit tout entier.. Qu'est-ce qui m'attends la-bas ? Serais-je à la hauteur d'un tel défi dans un monde dont je ne connais rien ? Ces questions me tourmentent déjà, surtout que je suis seul cette fois encore. Personne ne viendra m'aider, je serais seul face au danger, seul avec mon corps aveugle. Je me dirigea vers le téléporteur et le mog qui s'en occupait me salua gentiment avant de m'ouvrir le portail. Ne le voyant pas, ma peur était nul, je ne cherchais pas à savoir ce qui m'attends, mais j'aurais peut-être du me méfier.. Je me sentit tomber dans un néant infini avant de croiser le sol un peu trop fort pour que je puisse rester éveiller..
Ce n'est qu'en sentant un puissant souffle sur mon corps, un souffle chaud, que je repris lentement mes esprits. C'était comme si on me reniflais, un souffle tel une monture dans les écuries royales de la Terre des Dragons. Sauf que c'était.. plus fort dans mes oreilles, plus agressif sans le vouloir. J'ouvris mon seul œil, et je me rendis compte que mes sensations n'était plus les mêmes, où étaient donc mes doigts ? Était-ce moi, ou je sentais à l'arrière de mon queue un membre de plus ? Non, ça bougeait, réagissait à mes pensées comme n'importe lequel de mes muscles. Je me mis à me poser des questions. Que m'était-il arrivé ? Une voix joyeuse et un peu rauque me coupa dans mes questions :
-Il est vivant !! Quel plaisir !!
Qui était-ce ? Je tenta de me lever, mais.. Pourquoi je n'arrivais pas à me mettre debout ? Je n'arrivais à tenir qu'à quatre pattes, mais pourquoi donc ? J'entendis de nouveau la voix :
-Eh le léopard ! T'est sûr que tout va bien ?
Un..léopard ? Je commençait à comprendre.. En entrant dans ce monde, mon corps tout entier avait changé de forme, me donnant l'apparence d'un léopard. Une fois mes aplombs bien pris sur mes quatre patte, je tourna la tête vers la source de la voix. Cette transformation ne m'avait pas rendu la vue.. malheureusement. Je l'entendis encore une fois :
-Moi, c'est Pumba !! Je te croyais mort moi ! Au fait, ton truc sur l’œil, ça te gène pas ?
Je passa un coup de patte rapidement pour me rendre compte que mon bandage était encore là sur mon orbite dénué de globe oculaire. Pumba.. N'était-ce pas mon client ? Oui c'est ça.. C'était donc lui.. Mais je réfléchis.. Devais-je garder ma couverture faite de silence ? Nan.. On ne me reconnaitra pas, je préfère laisser tomber le masque pour cette fois, au pire, je reprendrais le silence. Et puis, c'est Pumba, je ne pense pas que je le retrouverais ailleurs que dans ce monde. Je m'assis tranquillement, certain d'être face à mon interlocuteur. Il a une forte odeur, ça ne se loupe pas. Je pris enfin parole :
-Pumba.. Vous êtes donc celui qui a demandé de l'aide. Pour.. trois phacochères il me semble..
-Tout à fait !! Ce sont de vraies brutes ! C'est pas Hakuna Matata avec eux .. Alors c'est vous qui allez m'aider ?
Je souris légèrement, bien que je retire mon masque de froideur, je me suis défendu de révéler mon état de cécité. J'ai entendu que mon client est un phacochère, si mes trois proies sentent aussi fort, ça devrait aller. D'une voix toujours aussi calme que la première fois, je répondis à mon interlocuteur :
-En effet.. S'il te plait, conduis-moi juste qu'à eux.. Je m'en occupe...
Il répondit un oui franc et massif avant de commencer à partir. Il se déplaçait un peu comme un lourdeau à entendre ces pas dans.. dans quoi d'ailleurs. Je souffla sur le sol, mon sabre n'étant plus à mes cotés. Je me demandais d'ailleurs comme j'allais combattre sans lui.. Ma lame, ma canne, mon guide vers tout les chemins.. Je n'étais pas en position de force au final.. J'y réfléchirais plus tard.. Du sable, quelques brins d'herbes.. C'est ce que je sentis.. Une patte après l'autre, il me fallait trouver l'allure à laquelle avancer chaque patte. Mais bizarrement, ce fut tel un réflexe.. C'était venu tout seul. L'odeur de Pumba s'éloignait, et je me surpris à courir sans trop de soucis pour le rattraper. Cette aisance fut vraiment une surprise, mais il me fallait passer outre et suivre l'odeur forte du cochon de la savane. Puis, ce fut l'odeur et le bruit d'une eau douce qui attira mon attention, je sentais également plus de verdure.. Serais-ce le fameux oasis pris d'assaut par les trois brutes ? Probable. Je m'approchais en lenteur, reniflant l'air silencieusement. Un calme plat dans mon esprit, trois autres odeurs de phacochères autre que celle de mon « ami », c'était eux, j'en suis certain. La voix du cochon d'Afrique s'était emplit d'inquiétude à ce moment :
-C'est eux, ces grosses brutes, je ne m'en approche pas à moins de dix mètres !
Puis je l'entendis (et sentit) partir un peu plus loin. J'emplis mon nez d'air frais, dur dur quand l'odeur de quatre phacochères vous prend le museau. Dans le calme, l’œil fermé, me concentrant sur le son des grognements et les déplacements des cibles, sur leurs odeurs prenantes. Mais ce que je n'avais pas prévu, c'est que le sable n’empêcherait pas une de mes pattes de craquer une brindille dans un bruit suffisamment sec pour me faire repérer. Je l'étais, vu le silence qui s'était instauré d'un coup. Un souffle me rappelant encore une fois un cheval, mais plus court, plus brut. Je les entendis se rapprocher, j'ouvris l’œil, me redressant, mes pattes droites, le cou le plus haut possible, ma tête dirigé vers eux. Bien que je ne les voyais pas, je me voulais digne. Une voix que mon esprit n'apprécia pas du tout se fit entendre :
-Qu'est-ce tu veux toi ? C'est chez nous là !!
Un soupir, trop bêtes.. Ils étaient trop bêtes. Mais je savais que leurs vies n'allaient pas s’arrêter en ce jour, alors discuter ne serait pas une perte de temps trop inutile :
-En quel honneur ?..
Je les entendis taper du pied sur le sol, décidément, les phacochères sont des brutes.. Un autre répondit :
-Parce qu'on est les meilleurs bien sûr !! Alors tu te casse ou on te vire de force.
Sagement, je m'assis en les « fixant ». Je voulais les énerver, leur faire perdre leur calme. C'est une leçon qu'on m'a enseigné. Mon Maitre disait : Plus calme est le guerrier, mieux il se bat. Donc l'inverse tient, moins ils sont calmes, plus facilement je les calmerais. Un sourire sur mes lèvres félines, je leur fit le premier avertissement :
-Partez d'ici.. Ou vous me servez de déjeuner..
Un court instant de silence, puis ils rigolèrent en chœur, le premier reprit parole, encore à moitié pris dans son rire inexpliqué :
-Tu crois pouvoir nous battre ? On est trois et toi tout seul.. Laisse tomber, t'en vaut pas le coup..
Ce fut un réflexe, je fis un bruit tel un rugissement. J'étais comme.. en colère oui. A force, ma patience en prend un coup. Je me redressa, les fixant encore.. Cette fois, je compris que négocier ne servirait à rien, j'allais devoir employer les grands moyens.. Je n'aimais pas me battre, cette forme me gênait de plus, je ne savais pas comment me défendre. Puis soudain, une voix :
-Kestu..rui..
D'où ça venait ? Ai-je simplement halluciné ? Je pense oui.. Personne n'a dit mon nom.. Passons, d'un bond, je sauta sur l'un des trois cochons au hasard. Je les entendis tenter de se décaler, mais trop tard, tel un prédateur, j'étais déjà dessus de l'un d'eux. Mes griffes plantés dans sa chair, ce fut le tour de mes crocs. C'était un rodéo incroyable, je me demandais comment je tenais. Je frôlais le sol trop de foi, je devais être mal placé.. Puis je me sentis écrasé, ma proie s'était-elle laissée tomber au sol pour m'écraser ? Probable, je sentis le lourd poids sur mes côtes, je n'allais pas tenir. Tel une bête sauvage, je me débattais, griffant dans tout les sens, sentant le poids augmenter encore sans se redresser. Plus le choix, la magie allait devoir me porter secours cette fois. Un rugissement et je fis une invocation. Par erreur d'ailleurs, je voulais faire appel aux plantes, mai vu le cri d'oiseau que je viens d'entendre, je dirais que c'est un Chocobo qui m'a rejoint. Tant pis, je ferais avec... La créature se dirigea vers moi vu le son de ces pas, et je sentis le poids se soulager sur mes côtes.. Enfin, je respirais de nouveau. Mais je n'arrivais pas à me relever, je me sentais encore écrasé, et ce n'était qu'une impression. Le bec du Chocobo se frotta à ma fourrure, il savait que c'était moi qui l'avait appelé. Je ne pouvais plus bouger, ma respiration me prenant trop de forces. Je ferma l’œil et me concentra le plus que je pouvais. Une illusion par l'Imagination me permettrait de m'en sortir. Dans mon illusion, une créature immense, une chose affreuse que jamais je n'aurais cru imaginer un jour.. Je repensa fort au dragon qui me prit la vue, qui envoya telle un peste, le poison dans mon œil ternit par la couleur du sang.. Et vu les cris de peur que je venais d'entendre, nul doute que mon plan à marché, nul doute que ces trois crétins sont effrayés maintenant. D'une voix faible, je leur fis le dernier avertissement :
-Partez d'ici.. Ne revenez jamais.. Et vous serez épargné..
Je les entendis partir à toute jambes, et je fis disparaître l'illusion.. Je ne sais pas pourquoi je me suis mis à agir comme ça, une chose est sûre, je l'ai regretté amèrement. Mes côtes me faisaient mal, j'ai été trop bête et surtout.. trop faible oui.. Complètement désorienté sans ma lame, je ne suis rien.. Et j'ai agis comme un animal sauvage, chose que je ne suis pas.. Je sentis l'odeur de Pumba se rapprocher, il revenait vers moi.. Encore une fois, son souffle puissant parcouru mon corps, il me pensait mort ? Peut-être, jusqu'au moment où sa voix de fit entendre dans un élan de peur :
-Eh !! Ça va ?? Ils sont partis c'est bon !! Allez debout !
Je le sentis tenter de me relever avec son groin, au final, je fus qu'à moitié sur son nez, et il me traina jusque près de l'eau. Assoiffé par ce trop plein de ressentis et de questions, je commença à boire, pour tenter d'oublier.. Mais maintenant, il me fallait rentrer, et des tas de questions m'envahissaient encore : D'où venait cette voix ? Pourquoi ai-je perdu la tête d'un coup ? Comment vais-je faire si je reste si faible ? Je ne savais pas...
Mission Accomplie avec une note d'amertume.. Faut que je passe chez le médecin je crois...