Encore un retard, encore une catastrophe et tu prends la porte, Capiche ?!
Ouai, pardon ...
Encore une fois, Rin était arrivé en retard à son nouveau boulot. Il n’avait pas, ou plus, d’excuse valable. C’est le service du soir donc, la panne de réveille n’est que peu crédible. Cela faisait une petite semaine qu’il y travaillait, il ne pouvait plus dire qu’il avait perdu la route jusque là. Non, franchement, il n’est juste pas très à cheval sur l’heure.
Depuis qu’on l’a viré de la cité des rêves, notre jeune cuistot s’était attardé aux Jardin Radieux. C’est un endroit inconnu et pourtant si familier. Ce n’était pas si différent de la Cité du Crépuscule, avec toute ses rues, ses carrefour. Pour le jeune homme, il n’y avait qu’une seule différence, c’était ses grosses tours que l’on pouvait voir des cuisines, ses tours qui symbolisaient le nouveau régime des lieux, par rapport à l’ancien temps. Le consulat avait déposé sa marque et tous semblaient ravis d’être dirigé par les muses. Mais au fond, rien-à-foutre ! Si il était là en se jour, ce n’était pas pour d’éventuelle pièce de théâtre ou des expositions miteuse ! Non, Rin voulait se racheter une conduite. Il doit laisser ses grands projets, ses rêves en attente, appuyer sur le bouton pause le temps de se faire une vie plus ou moins normal. Car, vous savez, au fond, c’est ce qui importe le plus à Rin. Ne pas être comme les autres. Et dire qu’on ose faire croire qu’être différent c’est une chance. Il aurait décroché le Jackpot alors ! Des crocs, des oreilles en pointe, une queue touffue à la Belzebuth ... On en demandait pas tant ! Enfin, tout ça pour dire que grâce à ses talents culinaire, le voila devenu cuisinier dans un prestigieux restaurant.
Le Cirque. Non, ce n’était pas ce qui se passait quand Rin débarquait. Le Cirque était un endroit chic, luxueux, à l’image de la cité qui l’abrite. Un restaurant si propre et si parfait qu’il avait reçu chai-pu-combien d’étoile ! C’était un endroit entièrement dédié à ... Revy Pirika ? Ryva Pikari ? Ri ... à quelqu’un de très important, au Consulat ! Ne le blâmez pas pour son ignorance, au fond, le Consulat, c’est pas trop son truc. Comme tout les autres camps, d’ailleurs. Son père adoptif lui a toujours dit qu’une vie rangée valait mieux que d’entrer dans un camps pour finir en guerre. Une vie d’aventure où l’on risque sa vie tout les jours, quoi. Quelque part, c’était vrai. Mais ce n’est pas en restant en cuisine que le brave petit gars finira par vaincre son vrai père. Satan en personne ... Mais il pourra attendre un peu. Après tout, les mecs dans le genre de Satan, ça se préoccupe pas plus que ça de son fiston, jusqu’à ce qu’il peut être utile, bien sur.
Rin, tu rêvasse ! Mah, qui m’a foutu une chiffe mole pareille ?!
Rin se réveilla donc, commençant à en avoir vraiment assez de se chef bedonnant, pas exigeant pour un sous ! Le plat cuisait, qu’est-ce qu’il voulait qu’il fasse de plus ?! C’était même lui qui l’avait placé à la grillade. Franchement, du potentiel gâché ça ! Lui qui espérait tant de ce job. Après tout, la cuisine, ça, c’est un art pour lui ! Ce n’est pas juste surveiller trois cotellette pour pas qu’elle crame, non ! Il y a tellement plus de finesse, tellement plus de technique, de richesse dans la cuisine que dans n’importe quel autre contexte ! C’est pour ça qu’il voulait devenir cuisinier et pas simple plongeur, un pauvre facteur ou même un pilote de la compagnie Shin-ra ! Il y a tellement de saveur à mélanger et à gouter, tant de couleur et de forme à sculpter dans une assiette, tant d’arome, de senteur ! On est loin du surgelé au four micro-onde là ! Mais non, peut pas, à cause de mister gros lard qui se prend pour un Italien. Quel ennuie ... Déjà prés de deux heure qu’il fait ça, sans faute certes mais retourner des steaks et des poissons ... Non, il aurait voulu faire un grand plat ! Pour une grande personne !
Et alors qu’il assaisonnait fadement une tranche de veau, un serveur vint chuchoter à l’oreille du grand manitou de la cuisine. Le gros, quoi ... Il prit tout d’un coup un air paniquer et se mit à activer la galerie.
Attention, écoutez ! On a des inviter de marque se soir ! Alors faudra doubler d’effort ou je vous en ferai baver toute votre vie de chef... Est-ce que je me suis bien fait comprendre !? Alors on y va, et plus vite que ça, Capiche ?!
Rin leva la tête et fixa la dinde qui se trémoussait devant lui. Il regardât ensuite par le hublot des portes battantes menant aux tables et essaya de deviner qui était le gratin du jour. Peut-être la petite vieille, là-bas, avec un énorme caillou brillant au doigt. Ou alors, ce moustachu, élégant et chic. Mais encore, il fait autre chose que cuisiner et donc, il sentit son oreille pincer, presque décollé, sous la poigne du chef coq !
Qu’est-ce que je viens de dire, avorton ? Tu veux ruiner mes plus belles années ou tu es vraiment crétin ?
Rin grogna et se débattit avant que son supérieur le lâche. On pouvait lire sur son visage tout l’agacement, l’épuisement, l’usure d’entendre se genre de chose tout le long de la journée. Cela ne pouvait plus durer ! Il décida de lui faire comprendre qu’il n’était pas que bon à griller des bouts de viande. Chef ou pas, il commença à le harceler de son ton sec et rageur.
Ohé ! Ras-le-bol les conneries ! Je vais faire les deux commandes tout seul ! Laissez-moi cette chance et je vous prouverez que je suis plus qu’un cuistot d’opérette !
Un ton plus bas, la crevette ! Je te signal que tu n’a encore rien fait de bien ... concret, jusque ici !
Donnez m’en l’occasion !!
L’mammouth fixa alors le jeune impétueux d’un regard dubitatif. Il pouvait voir la flamme dans ses yeux qui prouvait sa détermination et son envie de réussir. Et il est vrai qu’après tout, il n’a eut droit qu’aux tache ingrate jusque là. Mais là où Rin passait, il y avait toujours du ménage à faire car ce jeune homme avait la poisse en plus d’avoir deux pieds gauche. La vérité étant plutôt qu’à cause de ses pouvoirs, cela partait souvent en cacahuète. Mais, pressé par le temps, il finit pas acquiescé.
Si tu t’en sens capable ! Mais si tu foire, tu rends ton tablier immédiatement, Capiche ? Jusque ici, c’était de la tarte, maintenant, c’est pas du gâteau !
Et la réaction fut immédiate. Le jeune diable sauta de joie avant de se ruer vers les ingrédients puis vers les taques de cuisine pro ! Enfin, il allait pouvoir confectionner un bon petit plat pour des personne au palé sensible. Enfin, espérons-le. Il fallait un plat du chef et un ragout de bœuf. Autrement dit, son plat préférer et un homard, écrevisse ou un truc du genre. Homard, oui, une grosse crevette quoi ! D’abord, il prépara le homard, dont la cuisson et plus longue que le simple ragout ! Il éplucha à la vitesse du son tout les légumes et autre patate pour les deux plats, décortiqua le homard, mit du miel caramélisé, du jus d’agrumes et de la chair de sucrine sur le feu pour en faire une purée somptueuse ... Et il continua sa recette tout en débutant son ragout, telle un acharné, un passionné ! Telle l’élite de sa branche ! S’il y avait « cuisine », à l’école, il aurait enfin eu une bonne note ! Il mit en route son bouillon, ajoutant le bœuf et ses légumes aussi divers qu’appétissant, le gingembre et le laurier pour atténuer le gout fort de la viande, le tout agrémenté d’un filet de vin rouge ... Que celui qui ait vu au moins une fois Rin cuisiner ne vienne pas dire qu’il est flemmard. Il mit tant de passion et d’amour dans sa recette, s’accaparant presque toute la cuisine à lui tout seul. Ce n’était plus le Chef bedonnant qui commandait, il avait enfin cette sensation de faire les choses bien, il était quelqu’un dans cette cuisine ! Même si le vrai chef voyait toute cette préparation d’un mauvais œil. Qui aurait cru qu’une simple recrue arriverait à faire de tel repas ? Homard, mais imaginez cuire ça ! Et le ragout, recette si simple mais pourvue de tellement de clin d’œil, de nuance. L’odeur qui se dégageait de ses deux plats étaient si alléchante qu’elle surpassait toute autre senteur dans la cuisine. Et la recette se poursuivit avec tout autant de passion et d’ardeur jusqu’à ce que les assiettes soient enfin dressées, digne d’être celles des plus grands chefs du monde.
Avant d’envoyer, le grand chef gouta le plat. C’était obligatoire ! Déjà pour voir s’il était sortable pour de si grande personnalité, puis pour vérifier si cet Okumura était si fort qu’il le prétendait. Et mit en face de l’évidence, il eu du mal à ne pas montrer son contentement, entre l’émerveillement et l’énervement. C’était presque une affaire personnelle mais sans dire un mot, il donna les plats dans les mains du serveur, ce qui arracha un grand sourire au concerné. Il croisa les bras, une louche dépassant de sa mains, se moquant de son chef ouvertement. Après tout, il l’avait cherché, durant toute cette semaine de stage.
Alors ? Pas si mal pour un flemmard, hein ?! Mwahahaha !!
Et ainsi, Rin fut grader presque instantanément sous-chef. Pas officiellement, dans la tête du jeune, oui, en tout cas.
Plus tard, il était de retour sur une recette mais trop ailleurs, dans ses rêves de pouvoir faire la classe à tout le monde dans cette salle, il ne fit pas attention à charollais et ce n’est que l’odeur si désagréable du cramer qui le sortie de sa transe. Il pesta contre lui-même avant de jeter sa préparation mais soucieux du bien être des clients, décida d’en refaire un en quatrième vitesse ! Il en allait de sa fierté ! Non, en faite, ça ne l’interpellait pas plus que ça mais si il gaffait, le gros allait le virer, donc autant le refaire, très bien ! Mais trop impatient, il attendit que personne ne le regarde et ... l’idée lui venu comme un éclaire, un éclaire noire mais un éclaire quand même. Discreto, il glissa un doigt sous sa poêle et laissa agir ses flammes pour cuire cette viande bien plus vite. Faute de temps, grand moyen. Mais ce n’est qu’en réalisant ce petit tour qu’il se rendit compte de la mauvaise idée que c’était ! Et si on le prenait ? Qu’allaient-ils dire ? Ils le prendraient pour un simple magicien où, quelqu’un d’un peu plus excentrique, criera au démon ?! L’angoisse montait jusqu’au point où quelque gouttes de sueurs vinrent perler sur le visage du jeune homme.
Un serveur entra en cuisine et se dirigea directement vers Rin et sans prévenir, empoigna son épaule.
Rin, on te dem- ..
Et là, le sursaut du feu de dieu. Rin craigna pour sa vie et il se retourna d’un coup sec, en hurlant « Hein ? Qui c’est qui me veut quoi ?! ». Sauf que cette réaction violente n’eu pas que pour seul effet une belle frayeur. Le feu qu’il dégageait se mit à grandir et souffla presque la gazinière en entier dans une grande lueur bleue. Le plafond, les ateliers avoisinants, voir le sol roussit sur son passage et ne parlons même pas du plan de travail de Rin qui sauta littéralement dans un grand Boum ! D’ailleur, l’explosion fut tel que même les flammes du démons se sont laissé entrevoir dans la salle des clients ... Tout le monde était à terre mais il n’y avait aucun blessé, pas de trace de sang, juste des steaks et de la salade éparpillée un peu partout. Et Rin, plaqué contre un mur, assis sur le pauvre serveur, se remettait doucement de ses émotions lorsque le chef en chef se présenta devant lui d’un air assassin.
Euh ... Ben ... C’est pas moi ! C’est la faute du matériel, vous voyez ! Je ... Je ...
Certainement fou de rage, son employeur prit un couperet qui s’était planté dans un mur et faillit l’abattre sur le diable si d’autres chefs ne s’étaient pas jeter sur la montagne afin qu’il ne soit pas inculper de meurtre ... Mais au lieu de fuir comme l’aurait fait la plupart, Rin aurait bien voulu rester pour régler ses comptes. En faite, lui-même n’avait sans doute pas remarqué que cette explosion était de sa faute, et que donc, il l’accusait à tord ! Mais très vite, il remarqua les gens se rameuter devant les portes de la cuisine, une scène de ménage pareille serait des plus mal vu, surtout si un démon faisait subitement éruption dans l’affaire. C’était surtout à ça qu’il pensait, comment se sortir de se merdier sans s’en prendre une et sans dégainer ses flammes ? Rien de mieux que l’instinct ! Il saisit son fourreau qui était tombé dans l’affaire, se ressaisit vite et finit par piquer un sprint vers la sortie : il venait de perdre son boulot.
Tout le monde le laissa passé, soit ils avaient peur, soit ils ne voyaient pas pourquoi le bloquer. Après tout, tout le monde fut témoins, il a faillit se faire trancher en deux par un gros italien qui arrête pas de dire « Capiche ? ». Il regarda derrière lui pour voir si le gros ne le poursuivait pas et, comme on s’en doutait, il finit par percuter quelqu’un. Pas au point de les faire tomber mais bien bousculer quand même. Il regarda l’inconnu, qui ne resta pas inconnu bien longtemps puisqu’il l’avait reconnu comme la personne qu’il avait servit. Un grand homme au manteau rouge, un mec qui imposait le respect et qui avait la classe en même temps. Et à ses coté, une bombe en tenue de soirée qu’il avait du mal à ne pas regarder. C’était vraiment les deux personnes importantes, sauf que lui, biensur, ne les reconnu absolument pas.
Pardon ! ... Ho mais, c’est pas vous que j’ai ser-...
Mais il n’eut pas le temps prononcé la fin de son mot qu’il vit le gros lard sortir des cuisines, couperet à la main. Pire qu’un boucher ! Après tout, on pouvait tous le comprendre, même Rin le pouvait ! Il venait de perdre ses cuisine, le cœur de son restaurant, le cœur d’un restaurant quel qu’il soit !
Woooooh, pas le temps !
Et il repartit aussi sec, défonçant presque la porte d’entrée. Comment saccager un restaurant en 30 seconde ... Voila où ça mène, voila ce qui arrive à chaque fois que Rin veut faire quelque chose de bien. A chaque fois, c’est le désastre d’une quelconque manière que se soit. Là, c’était une des pires. Il n’avait jamais fait sauter quoi que se soit, ou presque ...
Enervé et en même temps triste, il se planqua dans la ruelle sur le flanc du restaurant. Les meilleurs endroits pour se cacher sont souvent les plus proches, après tout. Rin s’asseya sur le sol, toujours en tablier, ayant même oublié sa veste. Il s’appuya sur son arme soupira et se mit à penser à haute voix.
Depuis que je suis petit, je savais que je n’étais pas bon ...
Tant de regret déjà. Il se plaisait dans ce restaurant, il se plaisait à dire qu’il allait devenir un grand chef. L’espace d’un instant, il n’arrivait même plus à penser à son père décédé ou à Satan qu’il aimerait tant terrasser. Pendant un bref instant, une semaine dans une vie, il se sentait bien, libre, il ne devait plus se préoccuper de la survie. Enfin il avait l’occasion de se faire des amis, enfin on le reconnaissait pour quelque chose, pour ce qu’il est et ce qu’il sait faire... Mais non, encore une fois. Il a voulu faire son malin et le voila à la case départ en plus d’avoir coulé le rendement de ses collègues. Ex-collègues.
Et moi qui voulait juste savoir si ma cuisine était bonne ... Putain !!
Mer 8 Juin 2011 - 23:24