- Le froid semblait être un ennemi mais aussi agressif qu'il puisse être, un homme s'avançait. Il courait même, comme si la mort était à ses trousses. Mais derrière lui ne se trouvait pas la moindre entité malfaisante. Peut-être était-ce la mort elle-même qui fuyait devant les pas de cet homme. Toujours était-il qu'il ne s'arrêtait pas malgré le souffle qui lui manquait. C'était les paroles d'un peintre qui le poussait à s'aventurer près de la Montagne du Destin. « L'histoire s'avance jusqu'à Trajan, si nous voulons écrire la nôtre alors il faudra stopper la leur. ». Pour un Songe, il n'était pas dur de comprendre où voulait en venir Ukiyo, ce nouveau Consul sur lequel ne doit pas encore se poser le moindre doute. Les pas devenaient de plus en plus lourds, chaque pierres branlantes qui se trouvaient sur la route étaient plus dangereuses que les précédentes. Tout ça n'était qu'un futile détail quand on a conscience de ce qu'est capable un Songe.
Ainsi commençait une mission, un devoir pour Nathanaël. Les Chimères lui avaient offert la faculté de diriger sa vie, d'accomplir sa vie et c'est sur cette voie qu'il s'entrainait. Le visage crispé par la douleur d'une course effrénée le poussa à ralentir ça cadence. Cela n'avait plus d'importance, il était arrivé, il ne savait combien de temps il lui restait. Plus tard, un homme le cherchera, il se dirigera inéluctablement vers le Songe qui n'attendra que lui. S'il était une chose que l'Apôtre du Néant savait mieux que quiconque, c'était la valeur du sacrifice. Et aussi lourd que celui-ci pouvait-être, c'était le lot de tous les humains. De tout ce qui entourait cet homme, rien ne détournait son attention du village qui s'exposait devant lui; il était imperturbable. Peut-être que ce n'était que vantardise, qu'il se croyait trop fort pour tomber mais il n'avait pas une once de peur dans son coeur.
Il se décida à reprendre la marche d'un pas infiniment plus lourd que le premier qu'il avait posé en foulant le sol de ce monde. Il tenait fermement Yggdrasil, l'habitude de manier cette arme lui faisait même oublier son poids. Les seules odeurs que l'on pouvait sentir étaient celles des repas finement cuisinés. Les seuls bruits étaient ceux des enfants qui s'amusaient alors que la faim grandissait dans leur estomac. Mais la vision de cette paix n'était que de courte durée, le village vivait alors ses dernières heures. L'Apôtre du Néant était en fait spectateur d'une chose qu'il ne s'attendait pas à voir. Les Huns envahissaient violemment le village. D'ordinaire, ces hommes agissaient bien brûtalement mais là, il n'y avait pas le moindre homme tué. Les habitants de ce lieu n'étaient pas des guerriers, ils n'avaient d'autres solutions que de capituler au risque de mourir. Malgré le fait que c'était l'endroit dans lequel allait se rendre un Consul, il fallait que Nathanaël change de position. Il était bien trop risqué de tous les affronter et surtout, il n'avait rien à y gagner.
Heureusement, il n'y avait qu'un seul chemin facile d'accès pour aller jusqu'au village. C'est forcément par là que passera le Consul décrit par le peintre. Son adhésion au groupe des artistes était bien joué, c'était le coup de pouce qui permettrait de faire avancer les chose bien plus vite. L'écorce des arbres offrait une odeur sucré à l'environnement. C'est le genre d'odeur que l'on ne remarque que juste avant qu'il ne se passe quelque chose. Le Songe, le savait très bien, ce n'était pas pour rien qu'il gardait Yggdrasil en main. Il la gardait pour une très bonne raison, attiser la méfiance dans un premier temps.
C'était l'heure, celle de la rencontre d'un historien et d'un homme bien assez âgé pour compter milles histoires. Si les circonstances avaient été autrement, ça aurait été une bien belle rencontre mais ce n'est pas dans cette vie là que ça se fera. L'Apôtre pouvait le voir venir de loin, il se mettais en posture de combat, que l'on comprenne bien pourquoi il était là. Même son regard appelait à la violence. L'homme qui s'avançait, était habillé de rouge, s'il n'y avait eu que ce détail, il se serait peut-être trompé d'adversaire. Mais le peintre qui lui avait donné le descriptif de l'historien avait été très précis, tout en cet homme était tel que l'on lui avait dit.