Au cours d'une existence, chaque individu est confronté à des regrets. Qu'on ne le désire ou pas, on sera tous un jour ou l'autre nostalgique de l'Histoire. Parfois, on regrette le passé pour des événements qu'on voudrait revivre éternellement, mais souvent, c'est le contraire : on aimerait faire un retour en arrière de quelques jours pour changer une décision qui a eu un impact inespéré sur l'avenir. On peut apprendre à vivre avec cette nostalgie, mais les plaies ne cicatriseront jamais totalement. L'Histoire est un art en changement continu et suit un cours imperturbable. Alors, est-il réellement nécessaire de se concentrer sur le passé, alors que le futur nous offre souvent de bien belles choses? Bien que plusieurs affirment ne vivre que pour le présent, on ne peut en aucun cas oublier le passé, ou encore ne pas porter attention au futur. Car en définitive, l'Histoire avec un grand H ne relate pas seulement les faits du passé : elle détermine les élément du présent et prévoit également les événements du futur.
J'ai dit précédemment qu'au cours d'une existence, chaque individu est confronté à des regrets. Avec le plus grand des malheurs, je n'échappe pas à cette règle. Je regrette amèrement tant de choses. Et même si je suis le héraut de l'Histoire, je ne peux rien y changer. Mais je regrette aussi de beaux moments, des instants où j'ai été fier de moi, où j'ai été conscient de la puissance que les forces divines m'avaient attribué. Cela me rappelle d'ailleurs une vieille histoire que j'ai vécu à Atlantica, en plein cour de la nature marine... Pour l'une des rares fois, j'éprouvais une certaine estime de moi... Assoyez-vous confortablement, très chers, car cette histoire risque d'être bien longue...
Atlantica... Un véritable dédale sans fil d'Ariane pour retrouver sa voie vers la terre ferme. Néanmoins, quand on ne s'y égarait pas, cet océan offrait des panoramas magnifiques : des épaves gigantesques, des chaînes de coraux, des poissons de toutes sortes et une cité pour le moins majestueuse. Pourtant, j'appréhendais mon arrivée à Atlantica, pour une simple et unique raison : la métamorphose. Dans le passé, jamais je n'avais eu à me séparer de mon corps et de mon apparence, et jamais je n'avais dû faire face à des dangers dans de telles circonstances. Je n'étais pas accoutumé à l'offensive, ni aux combats sans merci que pouvaient effectuer les grands guerriers. J'avais peur, certes, mais je ne le démontrais pas et ce même si j'étais esseulé. Je conservais tout à l'intérieur, mon cœur se débattant, parce qu'au fil de mon existence, j'ai appris que la peur était le pire ennemi de tout être vivant.
J'avais fermé les yeux, et du moment que je les ouvris de nouveau, je me trouvais dans un monde parallèle, presque irréel. Je n'avais plus ma forme humaine. Je n'avais plus de poumons, ni de narines, seulement des branchies qui me permettaient de respirer. Je n'avais plus de bras, ni de pieds, seulement des misérables nageoires qui me permettaient de me mouvoir dans cette étendue aqueuse. Et comme je l'avais redouté, je n'avais plus de peau de diamant, ni d'épiderme d'acier, seulement des pitoyables écailles qui recouvraient la totalité de mon corps. Personnellement, je n'avais même plus de dignité... seulement le peu d'espoir qui faisait encore scintiller mon cœur. J'étais devenu... Je regrette encore ce jour... J'étais devenu une simple anguille, dénué de toute fierté.
M'étant adapté plutôt aisément à ma nouvelle forme animale, je m'avançai dans ces eaux infinies avec une certaine dextérité. Avec cet instinct de bête marine, je suivis un escarmouche de sirènes qui nageaient un peu plus loin, semblant se diriger vers Atlantica. Je me mouvai donc jusqu'à eux et les suivis sans trop de discrétion. Heureusement, comme je l'avais espéré, j'arrivai sur le seuil de la cité ensevelie quelques secondes plus tard. Je quittai aussitôt le groupe, sans les remercier pour leur précieuse aide. Viscéralement, je nageai jusqu'à ce qui semblait être un énorme château : le Palais de Triton. J'avais lu tant de documents sur le sujet, et voilà que cette merveille du monde se dressait devant moi. Je me souviens que j'étais resté sur place une dizaine de minutes, à l'admirer sans ne rien bafouer. Et j'en avais presque oublié mon interminable queue et mon corps d'anguille...
Mais vint le temps où je repris mes esprits. Je m'approchai des deux grandes portes du Palais, cognai d'un coup maladroit de queue, et attendit qu'on vienne me répondre. Voyant que mon action avait été sans effet, je répétai l'opération cinq ou six fois, jusqu'à ce qu'une sirène eût décidé de m'ouvrir la porte. Décidément, elle était splendide... Elle était formidable... Elle était telle un ange, sans les ailes... Mais malgré sa splendeur incomparable, elle n'égalait en aucun cas Mérope... Mon interlocutrice prit finalement la parole, chantonnant avec une certaine fausseté :
« Queeeeee puis-jeeeeeee faireeeeee poooooour vooooooous? »
Pendant l'espace d'un instant, j'eus envie de lui répondre que ce qu'elle pouvait faire pour moi, c'était d'arrêter de chanter. Mais je me retins, prônant comme toujours la courtoisie aux moqueries. Après tout, le sarcasme et la méchanceté ne servent à rien, à part à engendrer la tristesse. Je rétorquai tout bonnement :
« Je suis à la recherche d'Ariel... »
« Moooon boooon monsieuuuur, que luiiiiii vouleeeez-voooouuus? »
« Sa voix. Je dois l'entendre. J'ai un cadeau à lui transmettre. »
« Jeee suis servaaante et on m'a demaandéééé de ne paaaas faireee entreeeer les geeeens-euuuh. »
« Eh bien, demandez-lui de toucher cette perle et rapportez-la moi, je vous prie. »
« D'acooooooooooord, reveeeneez dans une dizaiiineeee de minuuutes. »
La sirène prit la perle et s'enfonça dans le Palais de Triton. Pendant l'attente, j'en profitai pour visiter les lieux. Je passai à quelques centimètres de la surface, rencontrai des créatures hors-du-commun et fis la connaissance d'une ou deux sirènes qui se divertissaient un peu plus loin. Alors que je revenais sur mes « pas » afin d'aller reprendre la perle, un hurlement m'interpella. Je me retournai, balayai les eaux du regard à la recherche de la source du cri. Je me déplaçai en suivant la provenance du son, et je vis finalement un poisson coloré, pris au piège dans un filet de pêcheur. Je me précipitai vers lui, lui demandai ce qui se passait, mais il ne répondit que par un gémissement énervé. Dans un élan d'espoir, je tentai de le libérer, mais en vain. Le filet remontait tranquillement à la surface, et j'étais malheureusement impuissant face à cette situation. Je parvins finalement à me faufiler entre deux nœuds, et par la plus terrible des chances, je fus à mon tour coincé dans ce stupide filet... Je me débattis moi aussi, mais encore une fois, mes efforts se résumaient à des échecs flagrants... Le filet continuait son ascension vers la surface...
Quelques secondes plus tard, nous nous retrouvâmes, le poisson et moi, dans un bassin d'eau fraîche. C'est à ce moment que je pris le temps de « respirer » afin d'étudier la situation... Curieusement, je n'arrivais pas à se concentrer, la voix grave des pêcheurs perturbant mon esprit. Je me souviens de cela clairement... Ils disaient :
« Deux victimes... On aura vu mieux, mec. »
« Ouaip, mais c'est mieux que rien du tout. Allez, tuons-les avant qu'il ne s'échappe. »
« Parce que tu crois qu'ils pourront s'échapper? »
« C'est une façon de parler, hein. Bon, remets les filets à l'eau, moi, j'm'occupe d'eux. »
Je devais agir pour sauver ma peau. Rapidement. Prestement. Efficacement. Sans même tenter de discuter avec mon compagnon de choc, je me concentrai sur le pêcheur, et parvins contre toute attente à lui infliger des céphalées. L'homme enfonça sa tête dans le creux de ses mains, se tortilla dans tous les sens avant de s'écrouler sur le sol de souffrance. Il hurlait, et ne comprenait assurément pas ce qui se passait. L'autre pêcheur vint aussitôt à son secours, et ne sachant pas trop quoi faire, il jeta un peu d'eau à la figure de ma victime. Pourtant, ma victime continuait de souffrir en toute humiliation. Je finis ultimement par arrêter ce massacre, et me consacrai à l'autre homme.
Cette fois-ci, ma victime se sentit engourdie, ankylosée, puis, complètement paralysée. Tout son côté droit était à présent immobile, impossible de bouger quoi que ce soit. L'autre pêcheur, qui reprenait lentement le contrôle de ses émotions et de sa tête, observa son copain avec angoisse. Et à son tour, je focalisai mon psychisme et l'empêchai de respirer quelques moments. Alors que l'un des deux étaient curieusement paralysés, l'autre cherchait vainement son souffle. Je me réjouis de ce que je voyais. Je donnai deux coups de queue puissants à la bassine, avant de stopper de nouveau la torture. Alors que je martelai de nouveaux les parois du seau, les deux pêcheurs se retournèrent vers moi, éberlués. L'un d'eux soupira :
« Mec... ces poissons sont hantés... Moi j'dis qu'on les relâche. »
« Tu dis n'importe quoi, c'était juste une simple coïncidence. »
Pour leur prouver le contraire, je stoppai une dernière fois leur respiration, alors qu'en choeur, les deux hommes prirent la bassine et déjetèrent tout son contenu dans l'océan, libérant par le fait-même le poisson et moi. Pour tout dire, j'étais satisfait de ce que je venais d'accomplir. Je venais non seulement de sauver mes écailles, mais également de sauver la peau d'un innocent. Ce dernier me remercia mille fois, m'assura qu'il me revaudrait ça un jour et quitta vers les profondeurs d'Atlantica, voulant ne plus jamais avoir à vivre une telle situation.
Quant à moi, je me dirigeai vers le Palais de Triton, là où je fus accueilli de nouveau par la même sirène. Celle-ci, chantonnant toujours aussi faussement, me considéra quelques moments et me redonna ma perle. Dès qu'elle fut posée sur ma nageoire, je sentis l'énergie artistique traverser mon corps en entier, comme si le simple fait de la palper m'avait redonné toute l'énergie du monde. Vivifié, je pus retourner vers le Consulat, le « menton bien haut ».
Comme on dit, une perle deux coups!
J'ai dit précédemment qu'au cours d'une existence, chaque individu est confronté à des regrets. Avec le plus grand des malheurs, je n'échappe pas à cette règle. Je regrette amèrement tant de choses. Et même si je suis le héraut de l'Histoire, je ne peux rien y changer. Mais je regrette aussi de beaux moments, des instants où j'ai été fier de moi, où j'ai été conscient de la puissance que les forces divines m'avaient attribué. Cela me rappelle d'ailleurs une vieille histoire que j'ai vécu à Atlantica, en plein cour de la nature marine... Pour l'une des rares fois, j'éprouvais une certaine estime de moi... Assoyez-vous confortablement, très chers, car cette histoire risque d'être bien longue...
Atlantica... Un véritable dédale sans fil d'Ariane pour retrouver sa voie vers la terre ferme. Néanmoins, quand on ne s'y égarait pas, cet océan offrait des panoramas magnifiques : des épaves gigantesques, des chaînes de coraux, des poissons de toutes sortes et une cité pour le moins majestueuse. Pourtant, j'appréhendais mon arrivée à Atlantica, pour une simple et unique raison : la métamorphose. Dans le passé, jamais je n'avais eu à me séparer de mon corps et de mon apparence, et jamais je n'avais dû faire face à des dangers dans de telles circonstances. Je n'étais pas accoutumé à l'offensive, ni aux combats sans merci que pouvaient effectuer les grands guerriers. J'avais peur, certes, mais je ne le démontrais pas et ce même si j'étais esseulé. Je conservais tout à l'intérieur, mon cœur se débattant, parce qu'au fil de mon existence, j'ai appris que la peur était le pire ennemi de tout être vivant.
J'avais fermé les yeux, et du moment que je les ouvris de nouveau, je me trouvais dans un monde parallèle, presque irréel. Je n'avais plus ma forme humaine. Je n'avais plus de poumons, ni de narines, seulement des branchies qui me permettaient de respirer. Je n'avais plus de bras, ni de pieds, seulement des misérables nageoires qui me permettaient de me mouvoir dans cette étendue aqueuse. Et comme je l'avais redouté, je n'avais plus de peau de diamant, ni d'épiderme d'acier, seulement des pitoyables écailles qui recouvraient la totalité de mon corps. Personnellement, je n'avais même plus de dignité... seulement le peu d'espoir qui faisait encore scintiller mon cœur. J'étais devenu... Je regrette encore ce jour... J'étais devenu une simple anguille, dénué de toute fierté.
M'étant adapté plutôt aisément à ma nouvelle forme animale, je m'avançai dans ces eaux infinies avec une certaine dextérité. Avec cet instinct de bête marine, je suivis un escarmouche de sirènes qui nageaient un peu plus loin, semblant se diriger vers Atlantica. Je me mouvai donc jusqu'à eux et les suivis sans trop de discrétion. Heureusement, comme je l'avais espéré, j'arrivai sur le seuil de la cité ensevelie quelques secondes plus tard. Je quittai aussitôt le groupe, sans les remercier pour leur précieuse aide. Viscéralement, je nageai jusqu'à ce qui semblait être un énorme château : le Palais de Triton. J'avais lu tant de documents sur le sujet, et voilà que cette merveille du monde se dressait devant moi. Je me souviens que j'étais resté sur place une dizaine de minutes, à l'admirer sans ne rien bafouer. Et j'en avais presque oublié mon interminable queue et mon corps d'anguille...
Mais vint le temps où je repris mes esprits. Je m'approchai des deux grandes portes du Palais, cognai d'un coup maladroit de queue, et attendit qu'on vienne me répondre. Voyant que mon action avait été sans effet, je répétai l'opération cinq ou six fois, jusqu'à ce qu'une sirène eût décidé de m'ouvrir la porte. Décidément, elle était splendide... Elle était formidable... Elle était telle un ange, sans les ailes... Mais malgré sa splendeur incomparable, elle n'égalait en aucun cas Mérope... Mon interlocutrice prit finalement la parole, chantonnant avec une certaine fausseté :
« Queeeeee puis-jeeeeeee faireeeeee poooooour vooooooous? »
Pendant l'espace d'un instant, j'eus envie de lui répondre que ce qu'elle pouvait faire pour moi, c'était d'arrêter de chanter. Mais je me retins, prônant comme toujours la courtoisie aux moqueries. Après tout, le sarcasme et la méchanceté ne servent à rien, à part à engendrer la tristesse. Je rétorquai tout bonnement :
« Je suis à la recherche d'Ariel... »
« Moooon boooon monsieuuuur, que luiiiiii vouleeeez-voooouuus? »
« Sa voix. Je dois l'entendre. J'ai un cadeau à lui transmettre. »
« Jeee suis servaaante et on m'a demaandéééé de ne paaaas faireee entreeeer les geeeens-euuuh. »
« Eh bien, demandez-lui de toucher cette perle et rapportez-la moi, je vous prie. »
« D'acooooooooooord, reveeeneez dans une dizaiiineeee de minuuutes. »
La sirène prit la perle et s'enfonça dans le Palais de Triton. Pendant l'attente, j'en profitai pour visiter les lieux. Je passai à quelques centimètres de la surface, rencontrai des créatures hors-du-commun et fis la connaissance d'une ou deux sirènes qui se divertissaient un peu plus loin. Alors que je revenais sur mes « pas » afin d'aller reprendre la perle, un hurlement m'interpella. Je me retournai, balayai les eaux du regard à la recherche de la source du cri. Je me déplaçai en suivant la provenance du son, et je vis finalement un poisson coloré, pris au piège dans un filet de pêcheur. Je me précipitai vers lui, lui demandai ce qui se passait, mais il ne répondit que par un gémissement énervé. Dans un élan d'espoir, je tentai de le libérer, mais en vain. Le filet remontait tranquillement à la surface, et j'étais malheureusement impuissant face à cette situation. Je parvins finalement à me faufiler entre deux nœuds, et par la plus terrible des chances, je fus à mon tour coincé dans ce stupide filet... Je me débattis moi aussi, mais encore une fois, mes efforts se résumaient à des échecs flagrants... Le filet continuait son ascension vers la surface...
Quelques secondes plus tard, nous nous retrouvâmes, le poisson et moi, dans un bassin d'eau fraîche. C'est à ce moment que je pris le temps de « respirer » afin d'étudier la situation... Curieusement, je n'arrivais pas à se concentrer, la voix grave des pêcheurs perturbant mon esprit. Je me souviens de cela clairement... Ils disaient :
« Deux victimes... On aura vu mieux, mec. »
« Ouaip, mais c'est mieux que rien du tout. Allez, tuons-les avant qu'il ne s'échappe. »
« Parce que tu crois qu'ils pourront s'échapper? »
« C'est une façon de parler, hein. Bon, remets les filets à l'eau, moi, j'm'occupe d'eux. »
Je devais agir pour sauver ma peau. Rapidement. Prestement. Efficacement. Sans même tenter de discuter avec mon compagnon de choc, je me concentrai sur le pêcheur, et parvins contre toute attente à lui infliger des céphalées. L'homme enfonça sa tête dans le creux de ses mains, se tortilla dans tous les sens avant de s'écrouler sur le sol de souffrance. Il hurlait, et ne comprenait assurément pas ce qui se passait. L'autre pêcheur vint aussitôt à son secours, et ne sachant pas trop quoi faire, il jeta un peu d'eau à la figure de ma victime. Pourtant, ma victime continuait de souffrir en toute humiliation. Je finis ultimement par arrêter ce massacre, et me consacrai à l'autre homme.
Cette fois-ci, ma victime se sentit engourdie, ankylosée, puis, complètement paralysée. Tout son côté droit était à présent immobile, impossible de bouger quoi que ce soit. L'autre pêcheur, qui reprenait lentement le contrôle de ses émotions et de sa tête, observa son copain avec angoisse. Et à son tour, je focalisai mon psychisme et l'empêchai de respirer quelques moments. Alors que l'un des deux étaient curieusement paralysés, l'autre cherchait vainement son souffle. Je me réjouis de ce que je voyais. Je donnai deux coups de queue puissants à la bassine, avant de stopper de nouveau la torture. Alors que je martelai de nouveaux les parois du seau, les deux pêcheurs se retournèrent vers moi, éberlués. L'un d'eux soupira :
« Mec... ces poissons sont hantés... Moi j'dis qu'on les relâche. »
« Tu dis n'importe quoi, c'était juste une simple coïncidence. »
Pour leur prouver le contraire, je stoppai une dernière fois leur respiration, alors qu'en choeur, les deux hommes prirent la bassine et déjetèrent tout son contenu dans l'océan, libérant par le fait-même le poisson et moi. Pour tout dire, j'étais satisfait de ce que je venais d'accomplir. Je venais non seulement de sauver mes écailles, mais également de sauver la peau d'un innocent. Ce dernier me remercia mille fois, m'assura qu'il me revaudrait ça un jour et quitta vers les profondeurs d'Atlantica, voulant ne plus jamais avoir à vivre une telle situation.
Quant à moi, je me dirigeai vers le Palais de Triton, là où je fus accueilli de nouveau par la même sirène. Celle-ci, chantonnant toujours aussi faussement, me considéra quelques moments et me redonna ma perle. Dès qu'elle fut posée sur ma nageoire, je sentis l'énergie artistique traverser mon corps en entier, comme si le simple fait de la palper m'avait redonné toute l'énergie du monde. Vivifié, je pus retourner vers le Consulat, le « menton bien haut ».
Comme on dit, une perle deux coups!