- Au diable les moyens standard, un voyage via le système Shinra serait nettement plus long que celui-là. Et dans les sombres dessins de la cité du Crépuscule, une sphère ovale de lumière se forma telle une fleur blanche qui éclot avec soudaineté. La Capitaine de la Lumière en sortit, droite comme à sa plus stricte habitude et fière tel un drapeau blanc. Elle changeait légèrement d’allure, en ce jour faste. Et il fallait avoir un œil averti pour repérer cela dans l’obscurité mais alors qu’elle portait le plus fréquemment en dessous de son plastron, une chemise à lacets bleu ciel, en ce soir, elle avait opté pour la même chemise mais noire cette fois-ci. Pour des raisons particulières ? Absolument pas, c’est ce qu’on appelle une femme.
Si vous avez vu mon erreur, c’est que nous pouvons nous contenter de ces quelques lignes en guise de palabres… N’ai-je pas dit « En ce soir » ? Pour certains, pour la plupart en fait, ce sera un fait banal qui est déjà d’actualité depuis maintenant deux ans. La Capitaine n’en savait rien. A vrai dire, si elle obéissait à tout, elle avait le défaut regrettable de ne pas être au courrant des choses, même des plus importantes… Il devait être 1 :00 de l’après-midi pour un soleil noir. Si vous la connaissez, vous devinez sa tête qui restait la même, inébranlable, stoïque jusqu’à la mort. En elle, c’était légèrement différent puisqu’elle se trouvait devant le symbole même du règne du mal et des sans-cœurs.
Le responsable du portail n’était autre que la deuxième puissance de la Lumière et aussi celui qui dirigeait bien souvent en l’absence du Maître Yen Sid. En outre, un de ses supérieurs dont je vous ai déjà parlé… Le Général Mukuro. L’homme dont elle se méfiait le plus, au sein même de la patrie qui l’avait accueillie. Je n’en répète plus les raisons.
Ce dernier apparut à son tour, elle lui adressa un regard distant alors qu’il faisait disparaître le portail d’un geste de main. Son regard ne laissait pas présager son attitude farouche vis-à-vis de lui, il était juste froid comme sa lame.
Lui, contrairement à la Capitaine, souriait comme amusé de la vie et de la ville. D’une catégorie gens qu’on appelle « ceux qui ont réussi », les cheveux dans le vent, le regard distant et la silhouette mystérieuse. Beaucoup pour pas grand-chose… La Capitaine ne l’aimait guère.
« Mon Général… »
Un salut respectueux, un salut qui n’était pas hypocrite. Car malgré toute sa méfiance, elle ne pouvait lui accorder quelques qualités, et notamment en tant que deuxième responsable de la lumière.
Et instinctivement, comme on se protège de la pluie, elle se protégea d’un mal invisible en faisant apparaître une hallebarde dans sa main droite qu’elle tenait droite et en parallèle avec son propre corps.
Elle était ainsi, une jeune femme paumée entre la lumière et les ténèbres. Pour la première fois de sa courte existence, elle s’était engouffrée dans ce tunnel blanc et chaleureux qu’avait produit Mukuro, la menant directement à destination. Et ne vous cachant plus rien, elle avait si facilement accepté ce baptême du portail en vue d’une empreinte, d’une trace que cela produirait peut-être sur elle. Elle savait, grâce aux rumeurs, qu’être exposé aux ténèbres lors notamment d’un passage dans un portail noir, assombrissait doucement mais sûrement un être à l’énergie noire en ce monde.
Il était donc logique qu’il en soit de même pour la lumière. Etait-ce pour être égale aux autres ? Pour avoir une autre puissance qui lui permettrait d’être plus efficace encore, si néanmoins ses capacités ne s’arrêtaient pas là ?
Ou simplement était-ce pour la quête de toute une vie, pour la quête d’une identité ? Si elle avait choisi la Lumière, c’était pour la paix et non pour l’élément en lui-même.
Et là où elle-même avait innocemment pensé avoir le profil parfait pour un être de la lumière… Elle n’eut aucun signe, aucune preuve d’une quelconque appartenance à une race.
Ici… Les Ténèbres régnaient, comme l’eut dit le Commandant qui lui avait donné sa mission.
Pour deux raisons évidentes, Ravness devait laisser le Général guider l’expédition… Tout d’abord parce qu’elle n’était que Capitaine et bien que ce fut un bon grade, cela n’avait rien à voir avec le respect et l’autorité auquel un Général avait droit. Il était du devoir d’une moins gradée de se tenir derrière et à distance de son supérieur. Et si ces quelques traditions n’étaient pas toujours respectés par certains de son propre camp. Il suffisait d’avoir été instruite comme une garde pour être soumise à ce genre de règles.
« Êtes-vous déjà venu ici, mon Général ? »
Bien entendu, la deuxième raison était que la Capitaine n’avait absolument aucune chance de trouver son chemin dans cette ville, s’il n’y avait personne dans les rues pour l’y aider. Et pour cause, malgré toute l’expérience qu’elle avait, elle ne payait pas de mine du haut de ses vingt ans et n’était jamais venue à la Cité du Crépuscule.