- Une grotte infestée de sans-cœur… C’était peut-être commun… Non en fait, c’était commun, presque trop facile comme énoncé. Pourquoi est-ce plus fréquent qu’ailleurs de voir des sans-cœurs dans une grotte ? Ma théorie, c’est qu’il y a moins de lumière là-bas. Et ma contre théorie contre cette théorie, c’est que là bas, il n’y a pas d’hommes à qui ils peuvent ôter les cœurs (En principe).
Ravness n’a guère perdu la moindre minute pour se rendre à l’endroit indiqué et par delà des endroits qu’elle n’avait encore jamais vus. Sa première visite dans ce monde avait été assez courte et maigre en découverte, elle avait certes pénétré dans le campement, y avait sympathisé avec l’armée en entraînement mais elle n’était jamais allée plus loin.
Ce ne fut pas vraiment pénalisant puisqu’elle avait vite pu trouver quelques habitants de ce monde nomades qui lui ont indiqué sans peine le chemin jusqu’aux montagnes.
Et ainsi elle se trouvait là, devant la grotte… Elle avait droit à une neige et un vent glacial qui la pétrifièrent. Pour avoir connu ces rares neiges légères que la Ville de Lumière subissait, elle n’était pas des plus habituées aux températures négatives. Ce fut une motivation supplémentaire pour entrer dans la grotte à l’ouverture béante, comme presque trop accueillante pour n’être que d’une antre.
Elle fit apparaître sa longue épée au métal gris qu’elle brandit, prête à attaquer la moindre créature qui pourrait braver son armure et dès lors qu’elle eut fait un pas, elle remarqua un drôle d’objet au sol… Une sorte de bois coloré dont le bout était une tête de dragon Orientale. L’objet semblait relativement lourd et de lui s’évadait une répugnante odeur de souffre. Et tandis que son odorat remarquait cela, son ouïe détecta des bruits de combats assez violents, des cris de rage comme pour accompagner la fin d’un coup. Elle s’avança à pas plus rapides, prolongeant ses enjambées et remarquant par la même occasion que les bâtons en forme de dragons étaient récurrents et de plus en plus nombreux.
Elle finit par débouler avec une hâte et un visage crispé par l’odeur nauséabonde dans une grande pièce circulaire au bout de laquelle semblait se tenir un petit autel. Non loin se déroulait un combat que j’ai alors qualifié de « technique ». Il y avait trois hommes, costauds, agiles, qui attaquaient avec une précision et une méthode très impressionnante les sans-cœurs au nombre de deux… Malheureusement, c’était des sans-cœurs tout de même de puissance considérable, des centaures armés de lance aussi grande que leur corps. Ils avaient une maîtrise absolument excellente de leur arme alors qu’ils étaient des sans-cœurs. Pour tout vous dire, c’était la première fois que Ravness en voyait de pareils mais son arrivée ne fut pas une puissante attaque, au contraire, elle s’arrêta à l’entrée même de ce cercle et posa une main au niveau de sa poitrine, toussotant d’une façon rauque devant une odeur de souffre qui était bien pire encore… Elle observa les lieux et vit dans le périmètre des explosifs en forme de dragons alignés.
Elle était une guerrière, oui… Mais il y avait des choses pour lesquelles toute femme aussi puissante soit-elle, ne peut résister… Réprimer son dégoût pour une telle abondance lui était absolument impossible. Elle n’avait pas l’habitude des guerriers entraînés dans l’odeur des cadavres et de ces choses immondes.
Tant bien que mal, elle se concentra sur le combat. Les trois humains se battaient comme des ninjas, sautant et esquivant les coups avec une dextérité improbable. Néanmoins, leur force de frappe semblait quelque peu ridicule tant ils ne pouvaient frapper fort et de façon précise avec ce genre d’adversaires. Soit… Sous un tel climat, elle pouvait oublier toutes ses habitudes de combat, elle prit de l’élan, fit quelques pas rapides et lança son épée dans les airs. Celle-ci fendit l’atmosphère pour se planter dans le thorax d’un centaure, par l’arrière… Ce dernier n’expira point, il ne fit que s’affaler sur lui-même, comme cherchant sa respiration. Cette fois-ci, Ravness y alla avec plus de volonté… Le centaure était presque au sol, impitoyablement elle écrasa sa main d’un pied pour qu’il ne soit pas tenté de se réarmer… Et elle abattit sa hallebarde dans la gorge du sans-cœur. Tandis que durant ce temps, les trois ninjas se concentraient sur le dernier adversaire, combinant des danses bizarres dans lesquelles chacun donnait des coups de façon particulière, peu violente.
Mais le second guerrier des ténèbres explosa d’une façon tout à fait singulière, comme s’il ne pouvait plus supporter la faible violence de ces bourrasques de frappe de paumes, de revers de main et d’index.
La Capitaine, sans cacher sa mine dégoûtée, ramassa son épée encore au sol et la fit disparaître, gardant uniquement sa hallebarde en main. Alors elle s’adressa aux trois alliés d’infortune avec une voix très faible. Il était amusant de constater qu’elle remuait fortes peu les lèvres, comme pour empêcher l’air d’imbiber ses poumons.
« Je suis venue vous porter secours… »
Et c’est la phrase la plus longue qu’elle daigna prononcer. S’en suivit une longue discussion, à propos des véritables motifs de sa venue. Elle n’était pas encore prête à énoncer tout cela d’un seul trait et au lieu de cela, lança la conversation sur l’odeur épouvantable et suffocante.
« C’est du souffre, Capitaine… Cela est du aux explosifs que j’ai éparpillé dans la grotte. Nous sommes coincés ici et je ferai tout exploser une fois que nous ne pourrons plus combattre. On emportera au moins ceux là en Enfer… »
C’est là qu’elle se rendit compte du tas de problèmes dans lequel elle s’était lancée. Ils lui expliquèrent qu’il était très facile d’entrer dans la grotte mais qu’il était impossible d’en sortir. Et bien entendu, elle était tombée dans ce piège qu’elle qualifiait elle-même de « Grotesque », s’infligeant à elle-même une véritable leçon de morale.
Lorsqu’elle demanda pourquoi ils ne créaient pas une brèche avec un explosif, ils lui assurèrent avec une certitude flagrante que s’ils faisaient ça, en vue du peu d’oxygène, en plus du fait qu’il n’y a aucune bouche d’aération si ce n’est l’entrée principale… La Moindre explosion créerait des dégâts absolument incommensurables.
Elle finit par comprendre qu’elle était véritablement coincée… Et vous savez, j’ai vu en elle qu’elle ne ressentait pas la moindre peur. Ce n’était pas de ce genre de chose qu’elle cauchemardait. Elle était simplement terriblement dégoûtée de sa stupidité (selon elle, bien entendu) et de l’odeur, avant tout. Et son dégoût se transforma peu à peu en des suffocations…
Elle finit par s’asseoir, furieuse… Laissant l’hallebarde à sa droite. Et ce ne fut que lorsqu’un des guerriers lui parla, qu’elle aperçut dans son regard un iris blanc qu’elle trouva en commun aux deux autres. Alors elle parla mais cette fois-ci, avec un véritable effort.
« Je suis aussi là pour enquêter sur la disparition très récente d’un jeune adulte… Disparition qualifiée d’inexpliquée par ici… »
Leur réflexe fut de se regarder les uns les autres avec une curiosité et une gêne dans leur regard.
« C’est un Hyuga, notre cousin… Il s’appelle Neji. »
« Du style à fuguer ? »
« Nous ne savons pas… »
« … ? Vous êtes de sa famille, non ? »
« Capitaine, il nous dissimulait toujours ses pensées. Impossible de savoir ce qu’il pense. »
« Néanmoins, si on est ici, c’est en partie de sa faute… »
« La dernière fois qu’on l’a vu, il était en confrontation avec des sans-cœurs… »
« Mais il est assez balèze pour ne pas avoir à les craindre, il n’y a pas de doutes… »
« Et vous savez pour quelles raisons quelqu’un pourrait vouloir l’enlever ? »
Il n’y eut pas de réponse… Pas même un signe de tête, elle baissa le regard jusqu’à ses bottes, comme pour s’occuper et songea à tout cela. Ces yeux avaient un pouvoir… C’était la seule chose que ce gamin avait, qui pouvait être intéressante à obtenir pour un autre groupe… Mais les sans-cœurs ? Quel intérêt pour eux ? Toutes ces questions se bousculaient en elle dans ce professionnalisme exemplaire, elle voulait mener à bien cette mission, faire en sorte que le dégoût éprouvé ne soit pas vain… Mais toutes ces interrogations ne rivalisaient guère avec le véritable problème à l’hypothèse du rapt.
« Pourquoi donc prendrait-on le risque de prendre le pouvoir d’un homme fort plutôt que le même pouvoir d’un autre membre plus faible de cette famille… »
Donc trois choix s’offraient au Capitaine. Soit ce Neji avait eu à faire à fort parti, un sans-cœur supérieur. Soit ce dernier avait été enlevé par un groupe comme la Coalition Noire… Ou alors il avait quitté sa patrie avec de noirs desseins.
Pourquoi cette dernière déduction ? Avec les moyens actuels de locomotion, un jeune homme chercherait à passer dans un autre monde par le biais de moyen très risqués au lieu d’utiliser simplement le service Shin-Ra.
Et c’était là tout ce qu’elle pouvait faire, garder ses opinions pour elle, exposer les faits au haut commandement de la lumière, au Commandant Raido pour ce cas ci… Son seul et dernier souci était maintenant de s’évader de cet endroit et cela semblait toujours sans issue.
« Une nouvelle vague arrive… »
Il est de ce genre de choses que personnellement, je déteste, on pense à quelque chose et une autre chose arrive en rapport avec la première pensée. Cela ne semblait pas gêner la Capitaine de la lumière qui, comme un devoir, se leva et brandit l’hallebarde avec un visage serein mais dur. Dès lors qu’elle produit cet effort, elle fut prise de terribles suffocations, lui coupant le souffle, brisant comme du verre sa garde d’acier. Ses yeux se remplirent de larmes, l’empêchant même de distinguer la moindre attaque ennemie… Ce ne fut pour ses yeux que des masses qui surgirent de nulle part…
Elle réussit toutefois à se ressaisir, elle frotta ses yeux d’une main distraite et aperçut les dizaines et dizaines d’ennemis s’amassant… Et au-dessus de ceux là, une petite cloche volante portant un chapeau… Un Nocturne Rouge… Un seul Nocturne Rouge, si seul, si faible… Il lança un brasier et à l’instant même où elle vit la flamme s’échapper de son chapeau…
Ce fut une déflagration de densité infernale, tous les explosifs s’emballèrent et comme une traînée de poudre, et c’était le cas de le dire, l’explosion gagna le groupe des humains, ayant déjà calciné les sans-cœurs avec une violence incroyable…
Son premier réflexe était celui de son rang, elle voulut créer des liens de douleur pour protéger les trois ninjas, ne se rendant pas compte directement que tant de douleur simultanément la réduirait à néant. Mais elle tenta tout de même le pari et cherchant de ses yeux humides ses alliés, elle ne vit que des corps brûler…
Le feu la gagnait elle aussi, seulement elle était bien plus résistante et tolérante aux douleurs magiques… Mais rien ne pouvait suffire à estomper toutes ces douleurs… Elle fit disparaître machinalement sa hallebarde et tout en pleurant (et je ne sais de quelles larmes il s’agissait), elle se replia sur elle-même, concentrant sa force psychique… Et avec toute son énergie, elle produit une immense onde de choc dont elle était la source… L’onde étouffa et repoussa l’onde de l’explosion, les flammes…
Mais elle s’écroula, trop fatiguée pour continuer…
Et comme l’avait prévu le ninja… Plus rien ne résista, les flammes avaient disparu mais la grotte ne put résister et elle s’effondra tandis que la capitaine était inerte à l’intérieur.
Et tout cela pour la Paix.