Le premier de mes souvenirs quand a mon arrivée dans la cité du crépuscule fut la morsure du froid sur mon visage, assez rapidement j'ouvris les yeux et constata avec une certaine stupéfaction que je me trouvais sur un sol métallique, et du coin de l'œil je me rendis compte que ledit lieu était en mouvement. Plongé dans une certaine confusion je décidais de me lever, encore étourdi par la vision que je venais d'avoir et par l'expérience que je venais de vivre, je mis les deux mains bien a plat et me mit a genoux afin de détailler le paysage, je fut vite déçu quand je me rendis compte du fait que j'étais dans un bête train. Mes sens revenaient peu a peu, et je me sentais plongé dans un océan d'auras ténébreuses, je ressentais même que, étrangement ce monde me faisait me sentir ... a ma place, bien entendu je ressentais toujours ce désir, pour l'instant contrôlable de voler un cœur et de le dévorer, mais cet endroit était ... conquis, c'était le mot qui avait résonné en moi comme une évidence presque surnaturelle. Je secouais la tête de droite et de gauche afin de reprendre mes esprits tout en adoptant la station debout. Apparemment le petit train arrivait a destination, une petite gare dans une ville assez imposante et de facture très douce, arrosée par un soleil couchant ... noir. Je marquais un temps d'arrêt.

*Un soleil de ténèbres ? C'est magnifique.* Me laissais-je aller a penser.

Je restais comme en transe pendant quelques instants, me sentant inspiré par cette vision, a tel point que je ne sentis pas le véhicule s'immobiliser, je ne m'en rendis compte que lorsque les portes s'ouvrirent. Je fis quelques pas a travers la gare, qui semblait vide, cependant je sentais autour de moi la puissance des sans-cœurs ainsi ... qu'autre chose que je ne pouvais pas vraiment définir. Étant sans-cœur moi même je ne les intéressais pas et les laissais dormir dans les Ombres. Je sentis soudain quelque chose de violent me déchirer l'esprit ... et j'eus une vision fugace de l'épée que j'avais déjà aperçue pendant mon délire onirique, l'arme venait de changer de propriétaire, j'en fus persuadé intimement sans m'expliquer pourquoi, ce qui voulait dire ... que le héros que j'avais vu la porter n'était plus, on ne cédait pas une telle arme. Je ne pourrais pas savoir qui la porte sans devenir extrêmement suspect aux yeux de son porteur et de ses alliés et je doutais fortement d'avoir d'autres impressions du même ordre. La douleur s'estompait pour être remplacée par la jalousie et la rage, je jouais de malchance et cela me mettait hors de moi car les caprices du destin faisaient partie des choses que je n'étais pas capable de diriger a ma convenance.

Des vagues de puissance sombre ondulèrent sur la place en partant de mes pieds, de temps a autres de petits éclairs noirs frappaient sans aucun dommage les choses qui m'entouraient tandis que mon poing se serrait avec force pour tenter de garder ma contenance. J'avais envie de détruire quelque chose, de beau si possible ou bien de brillant, mais je devais tenter de faire bonne figure face a mes futurs interlocuteurs, après tout, je savais que de nombreux êtres puissants se trouvaient ici et que mes instincts se réveilleraient rapidement dans tout les cas, pas la peine de les aborder en étant a fleur de peau.

Malgré ce raisonnement ma rage ne décrut pas et l'aura noire qui m'enveloppait envoyait ma position comme un fanal dans la nuit.
C'était la seule chose positive que je pouvais tirer de mon état mais en vérité je n'en eus même pas conscience sur le moment.

J'étais presque au pic de ma forme, je me sentais plus puissant que jamais ici mais j'avais la sensation étrange que l'on m'observait... comme un œil dans le ciel qui me transperçait le corps. Je scrutais les nuées naïvement mais je ne vis rien, cependant, pour me donner une contenance je fis un geste obscène en direction de mon invisible espion, sans plus y croire, le manque de public dans les environs m'épargna la honte d'être dévisagé comme l'idiot de village. J'étais somme toute surpris en m'arrêtant au milieu de la place de la gare car je m'attendais a être attaqué ou mis en danger dès ma sortie du portail que le lâche avait ouvert... de plus les visions étranges que j'avais subis pendant la traversée m'avait laissé sans connaissance, il aurait été facile de m'éliminer en un tel moment mais il ne s'était rien produit.

Je décidais de me mettre en quête de quelqu'un qui pourrait me renseigner sur les tenants et les aboutissants de cette cité étrange mais je n'avais pas le pouvoir de conjurer les sans-cœurs malgré ma nature. Je laissais l'énergie de mon aura sombre filtrer a travers moi en espérant qu'un être quelconque la capterait et puisse répondre a mes questions ... de gré ou de force.