Le doux bruissement des vagues, la brise tiède que Kairi sentait sur son visage lorsqu'elle s'endormait... elle croyait encore être dans son lit. Mais apparemment, elle n'avait aucun souvenir de ce qui venait de se passer, de cette étrange scène d'enlèvement dont elle fut victime il n'y a pas si longtemps. Bon, allez-vous dire, les enlèvements, Kairi connaît... Elle reprit conscience lentement, comme si elle redescendait d'un nuage, peu à peu, ou plus précisément comme si elle se réveillait d'une anesthésie. Pourquoi donc voyait-elle un grand château? Où était-elle? Elle secoua vivement sa jolie tête et s'assit lentement. Cet endroit... dans un froissement de semelles, elle se redressa à la verticale, solidement sur ses deux pieds. Un étrange sentiment la prenait, comme si il lui manquait quelque chose. Pourquoi avait-elle été enlevée? Elle croyait l'Organisation vaincue depuis longtemps... trois ans... mais et si ce n'était pas seulement eux qui en avaient après elle? Vraiment très étrange. Toujours était-il que maintenant Kairi était seule contre les futurs dangers que les différents mondes allaient mettre sur sa route. Cette fois-ci, pas de Sora ni de Riku, ni même de Donald et de Dingo pour protéger la jeune femme de ces embûches à venir. Et en parlant de Sora... Kairi, pour la toute première fois, sentit dans son coeur un sentiment étrange naître. Une chose que jamais elle n'avait encore ressenti, mais qui se développait jour après jour, encore plus vite qu'une rangée de termites sur un tronc d'arbre. Cette sensation naissait dès qu'elle pensait à Sora, mais aussi à Riku... Oui, la rancoeur naissait dans l'organisme de la princesse. Tout d'abord envers son meilleur ami à la coupe hérisson. Pourquoi donc? Car cela faisait la troisième fois qu'il l'abandonnait: la première fois, c'était à la ville de Traverse. Kairi voulait partir avec Sora, sachant qu'il rencontrerai moult périls, voulant l'aider. Refusant cette fois-ci, le jeune homme lui demanda de rester en ville..."en sécurité". Dans une ville aux deux tiers infectés de Sans-coeur. Bien sûr. Mais la première fois, Kairi fit gentiment le poing dans sa poche, car elle sentait la rancoeur s'envoler en rencontrant de nouveaux amis... plus tard cependant, sans trop qu'elle puisse savoir comment, elle se retrouva sur l'Île du Destin... devant Sora, elle lui tendait la main pour qu'il le rejoigne. Mais brusquement ils furent séparés, et là ce fut la seconde fois qu'il la laissa, lui promettant de revenir. Mais bien évidemment, il ne revint pas en une semaine, ni en un mois... preuve en est que Kairi commençait à l'oublier après une année !!! Mais qu'à cela ne tenait. Lorsqu'ils furent à la Forteresse de l'Organisation XIII, la bonté de Kairi refit surface. Elle était folle de joie de revoir ses deux amis... Mais la petite trahison eut lieu après la lettre du Roi Mickey. Du jour au lendemain, plus de trace de Riku, ni même de Sora. Là, elle se sentit totalement triste, comme inutile... comme si on offrait des chaussures à un serpent, c'était dire... Ses deux amis lui manquaient, terriblement. Sora bien sûr, mais un peu moins que Riku. C'était tout à fait bizarre, maintenant qu'elle y pensait...
*Mais... qu'est-ce qui m'arrive?*
La jeune femme se sentait étrange, comme si le fait de penser à Riku mettait tous ses sens en émoi, et son estomac s'ornait d'une douce sensation bizarre. Mais immédiatement, un nuage passa dans ses magnifiques yeux azur, et deux gouttes pures comme du cristal naquirent au coin de ses yeux, glissèrent sur ses joues et venaient perler sur le béton de la place marchande. Qu'importe à Kairi qu'on la vît pleurer : elle ne connaissait personne... justement. Si elle ne connaissait personne, cela voulait peut-être dire que personne ne connaissait ses amis, et que jamais elle ne pourrait se mettre à leur recherche... elle cessa doucement de pleurer et prit son médaillon avec une main, le serrant doucement. Elle sentit son courage venir, et s'assit sur un muret afin de pouvoir réfléchir plus pleinement à ce qu'elle allait faire pour commencer. Il fallait, pensait-elle, peser le pour et le contre. Il ne fallait pas se jeter dans la gueule du loup, car l'Organisation XIII est partout, sait tout, arrive avant tout le monde. Mais Kairi ne savait pas comment s'en méfier, étant donné que les deux seules fois où elle les avait vus c'était : la première fois lorsqu'Axel vint sur l'île : elle s'était enfuie, et la seconde fois c'était lorsque Saïx la retrouva à la Cité du Crépuscule : il l'avait enlevée et séquestrée dans une géôle du Donjon de la Forteresse de l'Organisation. Ne cédant ni à la panique ni au découragement, Kairi leva les yeux vers le ciel, puis descendit le regard aux jolis faubourgs en contrebas, sans se douter l'espace d'un instant que cette ville était sa ville natale. Comme tout un chacun le sait, Kairi n'avait aucun souvenir de son monde d'origine.
Cependant, Kairi sentait que quelque chose n'allait pas. Cette ville était comme... en sursis. Maintenant qu'elle y fixait son attention, elle voyait plusieurs maisons calcinées avec une violence des plus redoutables. Et par la sensation de froid dans le dos qu'elle avait, Kairi ne voulait pas du tout rencontrer l'auteur de ces méfaits. Comment pouvait-on être aussi cruel, mettre à sac toute une partie d'une ville, réduire des vies à néant, détruire des espoirs, ce pour quoi des personnes ont parfois travaillé toute leur vie? Les malfaiteurs étaient des rats. Ils agissaient en meute, et fuyaient plus vite que leur ombre. Cela révoltait Kairi. Du statut de jeune fille encore un peu candide, elle passait à celui de délicate jeune femme volontaire, déterminée mais également terriblement fragile. Au risque de se répéter, elle se sentait terriblement perdue sans Riku ni Sora. Les deux jeunes hommes, même si elle leur en voulait terriblement étaient ses deux protecteurs, ceux qui seraient toujours prêts à la délivrer, au péril même de leur vie. Mais cependant, Kairi sentait bien qu'elle ne pouvait uniquement dépendre d'eux. Les Simili de la Forteresse de l'Organisation XIII avaient reculé devant la Keyblade qu'elle serrait dans ses mains d'un air brave et déterminé, et Kairi voyait dans cette clé un espoir de rétablissement de la paix et de la sécurité dans tous les mondes. Mais cependant... le courage et la détermination de ce moment-ci ne venait non seulement du fait qu'elle tenait une arme magique dans ses mains, mais aussi parce que Riku se trouvait tout près d'elle... certes il avait encore les traits d'Ansem, mais Kairi savait de par son coeur que c'était bien son meilleur ami qui était là pour veiller sur elle, prêt à la défendre à la moindre défaillance de la part de la jeune fille. Aussi, à la pensée de ce jeune homme, dont elle ne savait rien de l'endroit où il se trouvait en ce moment, une autre série de gouttes argentées parsemèrent délicatement le sol, comme des étoiles sur le noir velours de la nuit.
Mais malgré tout le découragement que Kairi ressentait en ce moment précis, une partie d'elle-même se révoltait. Avait-on déjà vu quelqu'un pleurer en restant planté sur place et arriver à quelque chose? Si la princesse voulait retrouver Sora ou Riku voire même les deux, elle ne pouvait pas se résigner à rester pleurer là telle une victime. Elle était une Elue de la Keyblade, une porteuse. Pas encore Maîtresse car elle venait de l'obtenir, mais elle devait l'utiliser à des fins lumineuses et ceci pour rétablir ordre et paix dans les mondes. Mais comme elle ne pouvait le faire seule, elle prit une décision et se leva: elle partait sur l'heure pour retrouver Riku, puis Sora. Et elle commencerait par faire le tour de la place de cette petite bourgade. Elle avait une poésie en tête, une ritournelle...
~~ Je te retrouverai, ou que tu sois,
Même si je dois avoir peur, même si je suis dans le doute.
Que rien ne me sépare à nouveau de toi,
Que nous soyons réunis une bonne foi pour toutes.
Je ne sais pas où tu es, ce que tu fais en ce moment,
Mais je n'ai pas peur car je sais que je vais te retrouver.
J'ai pris courage et je ne ferai pas semblant
D'agir en fille courageuse et déterminée.
Nous ne faisons qu'une seule et même personne
Et jamais je ne te trahirai
Et si un jour ma dernière heure sonne
C'est à toi que je penserai. ~~
Même si je dois avoir peur, même si je suis dans le doute.
Que rien ne me sépare à nouveau de toi,
Que nous soyons réunis une bonne foi pour toutes.
Je ne sais pas où tu es, ce que tu fais en ce moment,
Mais je n'ai pas peur car je sais que je vais te retrouver.
J'ai pris courage et je ne ferai pas semblant
D'agir en fille courageuse et déterminée.
Nous ne faisons qu'une seule et même personne
Et jamais je ne te trahirai
Et si un jour ma dernière heure sonne
C'est à toi que je penserai. ~~