Malgré que le jeune garçon était une incarnation du mal, il ne pouvait s'empêcher d'admirer les rayons de soleil noirs qui envahissaient la pièce principale du manoir. S'approchant de l'imposante baie vitrée, on pouvait observer d'ici une bonne partie de la ville, dont l'étoile obscure qui la surplombait avec majesté. Cela donnait comme une sinistre ambiance à la cité, comme si personne ne pouvait dormir tranquillement la nuit, comme si toute vie et tout espoir étaient étouffés par la noirceur du ciel. Les ténèbres embrasaient tout ce qui se trouvait sur son passage, si personne n'arrive à contrôler ces ténèbres, alors ces derniers brûleront dans le brasier infernal. Et tout ça pourquoi ? Parce qu'ils sont faibles. Tous ces faibles, ils ne méritent que de mourir par le jugement céleste de ce soleil noir, par ceux qui portent l'étendard de la domination et du pouvoir suprême, ceux qui désirent cette force, par besoin, par peur et par envie. Le désir, c'est ce qu'on pouvait lire dans ce monde, le désir dans le regard de chacun, le désir à chaque coin de rue, la décadence. Vanitas observait le magnifique astre, se posant pour ultime question, si on pouvait dominer de telles ténèbres, alors nous serions l'être absolue aux pouvoirs considérables, des êtres invincibles qui ne sont que la noirceur à l'état pur. Plongé dans ses pensées, son regard ambre reflétant son enfer idyllique, une aura effrayante était près de lui et cette même personne posa une main prédominante sur l'épaule de l'adolescent. Revenue dans cette réalité ombragée légèrement surpris, ce n'était que le Modéré Noir qui venait lui communiquer sa nouvelle mauvaise action. La prochaine destination était la Terre des Lions, encore un monde inconnue pour le sombre gamin. L'organisation avait besoin d'une armée, les Sans-cœurs ne suffisaient plus. Il fallait quelque chose de nouveau, enfin nouveau, des monstres dont la plus part de ces sales gêneurs ignoraient l'existence et les capacités. Les Nescients. Le Modéré Noir semblait les vouloir et rien de plus approprié pour envahir un monde à eux seuls. Dans son mutisme habituel, Vanitas se contenta de hocher la tête avant de contempler de nouveau la Cité du Crépuscule ou plutôt la Cité des Ténèbres. Une araignée vint attirer l'attention du jeune homme, mais une sensation étrange émanait de cette dernière. Il n'est pas rare de croiser des pouvoirs plus phénoménaux les uns que les autres et quelqu'un semblait les contrôler. Aussi touchant que cela puisse paraître, Vanitas salua l'araignée d'un geste de main amicale avant de disparaître, les ombres se réunissant autour de lui, emporté par les filins noirs du portail qui l'emmenait au loin, vers la Terre des Lions.

Les fils dans la pénombres vinrent s'englober au beau milieu de la vallée aussi aride que déserte, pour finalement relâcher leur étreinte et faire apparaître... Une antilope. Certains mondes ont leurs propres règles et tous les êtres vivants pénétrant dans ce genre d'endroit sont soumis à ces règles divines. A croire que le Modéré Noir prenait un malin plaisir à envoyer le quidam dans ce genre d'endroit. Le sombre damoiseau se vit donc métamorphoser en une jeune antilope à l'allure spectrale. En effet, en plus d'être pourvue d'un pelage noir aux reflets rougeâtres, des espèces de petites flammes bleutés le hantait mystérieusement. Des imposantes cornes annelées en lyre grisâtres qui pourraient éventrer n'importe quoi, pourvues de petites chaines. Le regard habituellement doux et serein de ces animaux, était cette fois-ci enflammé par une détermination dorée corrompue. Son casque ne pouvait pas être enclenché sous cette forme et il n'en restait que la base pâle aux formes tribales au sommet de son cou. Observant les alentours, il tentait également de se familiariser avec cette nouvelle façon de marcher. Hormis quelques rochers et de la poussière, il n'y avait absolument rien. Il profita de cette occasion pour invoquer plusieurs poignées de Nescients les uns à la suite des autres, il ne s'était pas encore rétablie de ses dix années de réclusions et cela empiétait sur ses facultés. Aussitôt invoqués, ces derniers se réfugièrent dans la pénombre, guettant leurs prochaine victime. Au fur et à mesure que Vanitas découvrait les lieux en s'engouffrant en peu plus dans le canyon, les Nescients commençaient à affluer lentement mais sûrement. Toutefois, quelque chose d'encore peu rassurant se faisait sentir. L'atmosphère ce faisait silencieuse et pesante, encore plus que dés son arrivée, quelque chose de mauvais se tramait ici bas. Marchant de plus plus prudemment, le regard à l'affut du moindre geste, Vanitas continuait d'invoquer les Nescients, préoccupé par l'air environnant.

Soudain, des aboiements ce firent entendre, résonnant dans toute la vallée et suivie de près par un tremblement encore plus alarmant. Des gnous, un troupeau, une nuée, une cascade de ces bovins dévalèrent la pente avant d'envahir l'immense allée. Faisait signe à ses Nescients qu'ils devaient partir, la sombre antilope se mit à courir de toute ses forces pour éviter de ses faire laminer par l'impressionnant nombre de gnous. Alors que ses fébriles pattes couraient à une allure plus que vive, esquivant par la même occasion les roches servant d'obstacle à sa course mortelle, il remarquait que les aboiements continuaient de plus belle. Se retournant pour observer ses poursuivant, il remarquait une tripotée de hyènes s'acharnant sur le bétail. Deux hypothèses lui venaient à l'esprit : soit ces pauvres choses étaient en quête de nourriture, soit Vanitas s'était fait repérer et les autochtones n'aiment apparemment pas les étrangers. Galopant à toute vitesse, le ravin ne semblait pas à finir. Dans un élan de logique, il bondit au sommet d'un rocher et très vite, les bêtes affluèrent tout autour de lui tel une rivière déchaîné et cela n'allait pas s'arrêter de si tôt. Il en avait aperçu auparavant plusieurs de ces supports menant directement à la parois de la falaise. Sautant de bloc en bloc avec une infinie prudence, il réussi tout de même à atteindre le sommet de l'escarpement. Surplombant l'agitation, les gnous étaient complètement affolés et apeurés, comment des choses aussi pathétiques que des hyènes peuvent effrayer des bêtes pareil ? Qui plus est, elles étaient extrêmement laides. D'ailleurs, il y en avait une autre qui était en bout de la panique, avec seulement quelques poils sur le sommet du crâne, langue pendante, les yeux écarquillés et surtout un air ahuri, on aurait dit un chien complètement abrutie, comme si il s'amusait à rentrer dans les murs et qu'il en redemandait. Par la même occasion, elle s'était arrêtée soudainement pour croiser le regard de la ténébreuse antilope, toujours la langue dehors en bavant de part et d'autre, cette dernière poussa un fou rire démentiel caractéristiques à ce genre de bestiole, même si cela ressemblait plus à celui d'un fou échappé de l'asile aux cheveux verts et au sourire scarifié. Les êtres ici sont si pathétiques. Il repartit aussitôt après s'être bien fendue la pêche en voulant rattraper la faune, où plutôt comme un chien qui voudrait attraper une voiture.

SSur cette note qui aurait fait osciller le sourcil de plus d'un, la gazelle au regard d'or reprit sa route en prenant un autre itinéraire, peu importe la destination, tant que les Nescients envahissaient les lieux, ce n'était que la missions à accomplir. Pareil qu'avant qu'il ne se fasse interrompre par un tel remue ménage, à ses pas, les Nescients apparaissaient les uns après les autres, ce qui n'était que le prologue d'une invasion de grande envergure puisque cette zone n'était qu'une infime partie de ce monde et tous les mondes sont gigantesques. Il hésitait encore sur le prochain lieu dans lequel il allait se rendre, même si au final cela allait être la même chose, un monstre imbibé de ténèbres a le droit de mettre un peu de fantaisie non ? Il y avait une immense étendue peu verdoyante à droite ou bien... C'était très difficile à distinguer te donc décrire, cela ressemblait à des piques impressionnantes, peut-être des carcasses mais c'était lugubre en tout cas. Quoi de mieux que par commencer par ce qui semble être un cimetière, enfin bref, cet endroit paraît si charmant, si pittoresque ! Le fantôme se dirigea donc vers le Cimetière des éléphants, prochain lieu de la contamination. Pourquoi ne pas utiliser le portail des ténèbres ? Il paraît que la marche c'est bon pour le coeur. Et puis c'est une meilleure façon de propager les monstres qui sont en Vanitas, qui grouillent et qui on faim de puissance. Les germes des ténèbres prendront vie pour enfin corrompre toute formes d'espoir et de lumières en ces lieux étrangers qui ne seront plus qu'infamies.