- « Que tu sois encore debout m'échappe... Mes soins ont beau être de première qualité, le fait que tu sois envie est tout bonnement incroyable... Quelle volonté. »
Cette phrase résonnait dans sa tête depuis déjà quelques heures. Ces quelques heures qu’il avait passé dans la plus grande solitude. Certes, il en avait besoin. Autant dire que ces minutes de silence lui étaient capitales. Xaldin n’était guère de ceux qui aimaient les discussions qui se prolongeaient un peu trop. Il ne pouvait donc pas dire s’ennuyer puisqu’il occupait ce temps à réfléchir et à serrer les dents…
Ces conseils, ces restrictions que lui avait imposé Vexen, avant de dire la phrase plus haut, ne lui était d’aucun intérêt. Il n’avait rien compris et même lorsqu’il était un scientifique, la médecine ne l’avait pas attiré. Ce qu’il avait compris : Qu’il serait un légume pendant une semaine, qu’il serait une loque durant un mois et que son cuir chevelu était endommagé…
Il leva son bras droit et mit sa main à proximité de son visage, l’observant attentivement, comme si elle essaierait de lui signaler qu’en fait, son autre bras est resté à Sherwood et qu’il l’attend depuis maintenant vingt-quatre heures. Hélas, elle ne disait rien…
Bien évidemment, il n’était pas en tenue de l’Organisation, aussi il put voir les marques et la signature de Vexen qui avait recousu ses doigts… Cela faisait maintenant deux jours que son sauveur lui avait annoncé son état avec ce ton glacial. Deux jours au bout duquel il était resté là, dans ce lit… Au début, il ne pouvait même plus bouger un doigt sans en ressentir une douleur pinçant. Maintenant, il ressentait un bon contrôle de la main qui lui restait. Elle n’était plus trop loin de ce qu’elle était avant cet affrontement. Comme si de façon prodigieuse, tout son bras voulait compenser sa force manquante.
Mais il ne voulait pas se donner de faux espoirs, cela n’arriverait pas. Son corps n’était plus le sien. Il ne voulait pas dormir mais dormait plus. Il voulait marcher mais son corps n’en avait pas la motivation. Il aurait même voulu mourir, son corps le lui aurait probablement refusé.
« Que tu sois encore debout m'échappe... Mes soins ont beau être de première qualité, le fait que tu sois envie est tout bonnement incroyable... Quelle volonté. »
De quelle volonté parlait-il ? C’était la fatalité et non Xaldin qui l’avait sauvé. C’était ce destin impitoyable qui voulait qu’il subisse le pire des châtiments, celui de ne plus pouvoir se battre. Où pouvait-on trouver de la volonté alors que Xaldin perdait sa raison d’être.
Il retourna sa main et l’ouvrit doucement, faisant apparaître dans un effort une lance. Elle lui parut bien lourde, il manqua presque de la faire tomber mais tint bon. Pourrait-il combattre à nouveau ?... Son style de combat qui lui avait valu cette puissance était réfléchi et symétrique, sans son autre bras, il ne pourrait plus être une défense impénétrable qui ne se dévoilait qu’en attaque. La seule solution serait de se battre comme il le faisait avant… Du temps de Dilan.
La lance disparut, sans un bruit, sans explosion de vent. Seul, à quoi bon de jouer avec la mise en scène en guise d’intimidation, de cri de courage. Il posa alors un regard timide sur son bras gauche, ou plutôt de son absence. C’était la première fois qu’il oserait regarder cette horreur. Son épaule musclée ne supportait plus rien… Il ferma les yeux. Certes, il n’y avait pas de sang et ce n’étaient pas les points de suture qui le faisaient grimacer. Pour cela, il avait tout son corps qui en était recouvert.
Les yeux clos… Cinq jours avant une première mission, il ne tiendrait jamais jusque là, dans ce lit… C’en était étrange, il pouvait à présent marcher, pourquoi devait-il resté là ?... Qu’attendait Vexen pour lui annoncer qu’il pouvait se promener au sein de la citadelle. Xaldin ne put penser à une autre explication qu’à la polémique qui secouait l’Organisation tandis que Marluxia se proposait au pouvoir. Le Savant Glacial était probablement en train de mater ça, avec Lexaeus, Luxord, Saïx, Demyx et tout ceux n’ayant jamais cru à un avenir avec l’Assassin. Ou du moins, Xaldin voulait y croire…
« Que tu sois encore debout m'échappe... Mes soins ont beau être de première qualité, le fait que tu sois envie est tout bonnement incroyable... Quelle volonté. »