Bon, bon, bon… Comment ça s’est passé déjà… Ah bien sûr, c’était ma première mission pour le profit du groupe, enfin… Mission est un grand mot pour ce que c’était, disons que je leur rendais service et que ça me permettait de bien me marrer au risque de me manger quelques claques.
    Et puis je dois dire que ça me plaisait bien, cette situation de troubadour sans domicile fixe, qui fait ce qui lui prend le plus. Rien ne m’obligeait à me faire ces cinq compagnons, sauf ce petit truc en moi qui fait en sorte que j’aie un point commun avec ces bougres. Je te jure…

    Enfin soit, je vais pas m’emmerder à me demander ou j’en suis, j’ai une histoire à vous raconter moi. Je ne sais plus ou je l’ai reçu mais le petit vieux comme je l’appelle, m’avait demandé un service, bien que je n’aie pas compris en quoi ça lui servirait.

    Si je l’appelle le petit vieux, c’est qu’il est immortel, paraît. Il est une sorte de demi-dieu et bon il a un bon millénaire de plus que moi. Perso, l’immortalité, ça me fait pas du tout envie, je te parle pas de la flemme, de l’emmerde que tu dois vivre en te levant tous les matins et en te disant « Bordel, je suis encore vivant ? ».

    Enfin soit (bis), je vais pas m’emmerder à mes demander ou il en est, hey hey. Ma mission était plutôt marrante, bien sportive, même pas le temps de m’emmerder. Par contre jusque là, je le sentais pas trop.
    A ce moment là, j’avais tout de même un autre souci. Je ne suis vraiment pas du style à me faire de la bile mais là c’était plutôt costaud comme problème. Je vous explique. Comme on a pas de chez nous, on pieute un peu ou on veut, qui que ce soit l’occupant du monde, enfin moi en tout cas, je m’en fiche bien. J’ai eu une super idée un jour, aller dire bonjour à mon fils, lui donner de l’argent discrètement et me volatiliser aussi tôt. Mais j’avais aucune idée de comment y arriver. Je croyais qu’en allant dans leur établissement… Les voyages gummi, le truc pour voyager de monde en monde, je pensais qu’ils pourraient m’emmener dans l’Ile du Destin mais pas moyen, pas de navettes. J’suis vraiment trop nul pour me repérer, j’ai pas osé demander aux autres songes, histoire de pas avoir l’air d’un crétin fini.

    Ma mission : Foutre la merde chez les similis, chasser du simili et si possible, trouver une faille à la Forteresse des similis. Les deux premiers points, pas de souci, pour le troisième, j’ai bien dit au petit vieux que y avait rien de moins sûr.

    J’étais donc là, dans une rue étroite de ce monde super sombre, le genre d’endroit ou tu passes trois jours avant de te flinguer. Mon arme traînait au sol, faisant un bruit comme plus permis. On peut pas dire que ce soit une épée mais quand on me le demande, je dis que c’est une claymore. Je la tenais de ma main droite d’une façon semblable à ma démarche, d’une façon nonchalante. Ah j’étais plutot content de ma mission mais pour l’instant, y avait que dalle… J’arpentai cette cité noire, dans des ruelles sans odeur et faut dire que je me posais des questions… Depuis quand dans une cité, y a pas une ruelle qui sent la pisse. C’est pas plus mal mais ça fout la trouille, je me suis demandé si y avait bien quelqu’un. Mais bon, après quelques minutes de marche pleines d’exaltation et de suspens, j’arrivai face à une grande tour éclairée de lumière et surtout par une lune en forme de cœur… On peut me reprocher de ne pas savoir grand-chose, mais ceci, c’était ce que nous convoitions, comme ceux logeant dans cette Forteresse.

    Un bruit, ou plutôt, mon instinct, me signala que mon temps de contemplation était interrompu par les ennemis, des sans-cœurs, une dizaine peut être, tous ressemblaient aux sans-cœurs traditionnels, d’un noir pur, se fondant dans le sol, sauf qu’ici, ils étaient plus grand et plus coriace. Sans technique, sans galipette, j’affichai un sourire triomphant, levai ma claymore pour l’abattre au sol, le fissurant aussitôt sans vraiment viser une cible. Je la relevai et frappai cette fois avec puissance un de ces sans-cœurs qui explosa sous la puissance de mon coup. C’était de la piétaille aussi, j’y allais pas vraiment sérieux. Je mis main à terre et me penchai pour éviter quelques juteuses attaques aériennes puis j’envoyai valser un autre sans-cœur d’un coup de pied puissant, m’aidant de ma main au sol. Je me remis debout et fis un vif bond vers l’arrière. Je réceptionnai le premier de ces minables par un violent coup de poing.


    « Je vais finir par me faire repérer, faut que je me grouille. »

    Je posai alors le bout de ma claymore au sol et me précipita vers les quelques sans-cœurs restants, j’enchainai les coups de mon arme lourde, un coup suffisait toujours et je n’avais pas à les poursuivre puisque ces fous ne fuyaient pas. Je dois dire que j’y connais rien, en sans-cœur, en simili, je ne cherche pas à comprendre leur position, leur façon de vivre. Je sais juste qu’ils sont sur ma route et que s’ils n’y sont pas, je m’arrange pour qu’ils y soient tout de même pour les poutrer.
    J’avais ainsi battu la piétaille, je me remis ainsi à pas plus rapide en direction de l’immense citadelle des similis. J’aperçus alors un précipice gardé par deux similis, un gringalet qui lévitait grâce à deux ailes, portant une lance. L’autre était bien plus imposant et portait une grosse arme, une sorte de masse, du même calibre que la mienne, ça m’a semblé prometteur aussi, quand le gringalet m’attaqua d’un coup d’estoc de lance, je lui assénai un violent coup de poing, le mettant au tapis.

    L’autre me bondit alors dessus, claymore en avant, je parai le coup et ripostai, lui envoyant une bastos dans la gueule mais ce n’eut pas l’air d’être efficace. Je fis un bon saut, chargeai un coup puissant et écrasai ma claymore contre le simili qui contra de sa claymore, il n’attendit pas pour récidiver mais par trois fois à grande vitesse par des coups circulaires. Point de vue vitesse, je peux vous dire qu’il m’écrasait, pour atteindre ça, fallait que je me mette un mode berserk mais j’ai mon honneur, comme qui dirait ! Et dans son genre, il frappait plutôt fort. Je me retirai d’un bond lorsqu’il cessa de bourriner des coups. Je plantai fermement ma lame dans le sol et j’ai fermé les yeux pour enclencher la technique indispensable à mon gout. Grâce à elle et durant trois minutes, je peux ignorer chacun des coups reçus. Je me dirigeai alors vers mon ennemi qui frappa à deux reprises de sa même vitesse, j’ai même pas cherché à éviter, j’ai subi le premier coup qui m’a touché à l’épaule et pour le deuxième, je me suis décalé de quelques centimètres. L’idiot a frappé le sol, j’ai alors écrasé la claymore de mon pied et j’ai fichu une droite de tous les diables à cet enfoiré, le forçant à lâcher son arme. La suite fut rapide, presque trop. Après lui avoir sauté dessus, je l’ai encastré dans un mur et il a explosé aussi sec. Bon, les trois minutes passées, j’ai bien senti le coup mais ça m’a un peu déçu…

    Alors là je m’en souviendrai toujours, c’était pas mal, je me suis approché de la citadelle et devant un moi, un précipice. Quand j’ai jeté un œil dans ce qui me séparait de la citadelle, j’étais plus trop chaud pour la musique. Y avait pas de pont, pas de moyen d’y aller. Me suis dit que j’allais sauter mais avec l’idée certaine que j’allais me ramasser la tronche, ça m’a pas fait marrer. Me restait plus que deux solutions… Soit j’abandonnais et je me faisais des dizaines de sans-cœurs merdiques, ce qui servirait à rien pour me calmer… Soit je cherchais une autre solution parce qu’à cet instant, je ne voyais que la première des deux solutions…


    « Tss… »

    Il entendit alors le bruissement de métal d’un simili, celui qu’il avait claqué au début du combat, le dragon. Son casque de métal était déformé par mon coup, ça m’a bien fait marré, il avait pas oublié d’être moche apparemment. Je m’apprêtais alors à lui foutre sa belle dérouillée, c’était le genre d’adversaire aux attaques aériennes qu’avait aucune chance contre moi mais un instant, j’ai regardé ses ailes…

    « Euh… J’ose ou j’ose pas ? J’ai toutes les chances de me ramasser la gueule mais ça pourrait être pas mal… Raaah, ça va me prendre la tête. »

    Un élan, un soupir…

    « Par le vol suprême de Jecht le magnifique lion de la jungle !!! Tayoooo. »

    Je fis un saut des plus vulgaires mais bien classe, tenant la chimère dans un bras, je m’accrochais alors à ses épaules. Ainsi je volerai du précipice à l’entrée de la citadelle qu’était à une bonne centaine de mètre. Hélas pour moi :

    « Et Merrrrrddeeeuuuuuh… »

    La chimère et moi nous dirigions vers la mort, mon idée me parut franchement foireuse mais à ma surprise, au bout de quelques secondes, le simili craignant pour ses burnes se mit à battre des ailes plus vite que je ne l’aurais cru. J’étais plus qu’à une vingtaine de mètres de l’entrée… Quinze mètres… Ca devenait chaud, je m’approchais mais je descendais peu à peu. Dix mètres… Là j’étais mal, je perdais trop d’altitude, ça me servirait à rien de faire dix mètres de plus si j’étais en dessous de la citadelle, j’ai alors décidé de sauter direct et là, il s’est passé un truc, j’ai pas compris. J’ai fait un bond quatre fois plus haut et rapide que ma portée habituelle et je suis arrivé impec’ sur le seuil d’entrée. Je ne suis toujours pas en mesure de comprendre mais ça doit être grâce à ma monture…

    Je commençais alors ma mission, dans le style promenade, je marchais pénard au risque de me faire voir. Après tout, si j’avais à combattre un de ces membres de l’Organisation XIII, c’était pas plus mal, ça serait mille fois plus expéditif. J’avais déjà battu deux similis mais je ne comptais pas les numéroter d’avantage, j’allais combattre jusqu’à en avoir marre puis rentré pieuter peinard.

    Trois similis, de ceux qui se pavanent en se dandinant comme des lopettes s’amenèrent alors de nulle part et chargèrent aussi sec sur moi, sans détour comme des chiens de garde. Je fis tournoyer ma claymore au-dessus de ma tête et frappa horizontalement un premier, un croc-en-jambe à un autre suivi d’un coup de pied dans la gueule tandis que j’attrapai le troisième par un bras pour l’envoyer bouler dans le trou sans fond de la citadelle.


    « Le décor est pourave, l’air est pourave, les ennemis sont des lopettes qui me survivent pas… Bon ça me gonfle, je me grouille… »

    Et je me suis grouillé, je me suis mis à courir… D’abord, j’ai traversé un hall, puis un ascenseur qui m’a emmené à un autre hall. Je ne croisais là que des lopettes que j’explosais en deux coups. J’eus bien un souci tandis que je cherchais ce que je pourrais bien détruire. Trois des similis de la même sorte que celui que j’avais combattu avec rage, m’eurent attaqué simultanément, ce qui me forçait à utiliser mon état berserk. J’étais ainsi plus rapide et beaucoup plus puissant, amenuisant tout de même ma forme, affaiblissant mes muscles. L’avantage est que dans un tel état combiné avec ma technique de stoïcisme, j’étais bien au-delà de la force de trois des similis les plus puissants. Me dépêcher devenait une nécessité lorsque j’entendis des voix, enfin une voix solennel sans émotion, sans sévérité mais sans chaleur, une voix lunaire… Il ne dit rien qui m’importa mais je sus que je devais la jouer discrète.

    Quand je suis arrivé dans un escalier blanc et en verre, portant sur une vue aussi sinistre que le reste, je me suis dit que c’était sûrement le seul endroit cassable dans cet endroit… Après tout, même si un escalier, ça n’a rien de symbolique pour personne, rien qui puisse leur foutre un choc émotionnel, je me poilais en pensant à leur gueule quand ils verront que leur escalier est foutu…

    Un silence, j’ai brandis mon poing et ai réuni une puissance immense dans un coup porté une unique fois sur l’escalier… Le coup était d’une telle puissance, suffisante à détruire l’entièreté de l’escalier. J’eus le temps de rejoindre l’étage inférieur d’où je venais… Ma mission était accomplie, je me dirigeai donc vers la sortie au pas de course. Je m’étais sûrement fait repéré mais bon, c’était un peu l’interêt… Faire notre entrée, l’entrée des Songes…