Tout était calme dans les rues du Jardin Radieux, seule la clameur des commerçants parvenait à s'imposer pour installer une ambiance conviviale, sympathique, à la ville. C'était une journée comme les autres, et rien ne semblait décidé à venir troubler ce calme journalier, long fleuve tranquille, presque endormi. Rien sauf peut être... Les têtes des habitants, qui vaquaient alors à leurs occupations, se retournèrent petit à petit pour faire face à ce tumulte auditif. Il y avait un grand bruit de course, un son de charge, et l'angoisse montait petit à petit dans les systèmes nerveux de ces pauvres quidams, effrayés par l'idée de subir le moindre assaut. Et finalement, la menace se concrétisa. Surgissant de l'obscurité, un humanoïde! Plutôt grand, mais c'était bien tout ce qu'on pouvait dire sur lui, l'intégralité de son corps était dissimulé dans un long manteau noir, et son visage était plongé dans l'obscurité d'une capuche. Derrière, sautant de mur en mur pour mieux se propulser, quatre reflet, comme une petite armée de simili prête à soutenir leur maître. Plus aucun doute sur l'identité du fauteur de troubles : l'Organisation XIII! Ne s'arrêtant pas dans sa course, l'homme en noir fonce, bousculant toutes les personnes ayant le malheur de se trouver sur sa route. Les créatures à sa suite font de même, bondissant sur chaque corps à terre pour mieux rebondir au loin. C'est la panique, personne ne sait comment réagir, personne ne sait quoi faire, et au final, personne ne fait rien à part tenter d'échapper à un destin funeste ou bien se cacher quelque part. Et ce sont ces derniers les plus intéressants, car ils sont les plus à même de témoigner de ce qui se passa. Le membre de l'Organisation finit sa course dans une maison, et il y disparait quelques instants, il en va bien évidemment de même pour sa suite. Il ne s'écoule cependant pas plus d'une minute avant que des hurlements d'effrois, à glacer le sang, ne retentisse, et avant même qu'un brave ait eu le temps de prendre son courage à deux mains pour aller constater par lui même... La maison brûle. Le toit d'abord, puis les murs, les rideaux et les poutres. Bondissant d'une fenêtre, brisant la vitre en mille éclats de verre, le leader des simili refait son apparition sur la place. Tapis dans l'ombre de caisses, de malheureuses victimes observent. Les reflets sautent à la suite de leur maître, et peu après, un nouveau venu à la fête! Un sans-cœur, une ombre, mais de taille légèrement plus élevée que la moyenne. L'homme en noir reste immobile, droit, observant son adversaire. Tout compte fait, il s'agit peut-être d'une femme si l'on en juge par la finesse de sa taille. Quoi qu'il en soit, la créature des ténèbres lui fonce dessus, griffe en l'air. L'un des reflets s'interpose, et le voilà détruit par la frappe de son opposant. Tous se mettent en travers de son chemin, et connaissent ainsi le même sort. Il ne reste bientôt plus que la silhouette encapuchonnée... Cette dernière fait apparaître ses armes, des sortes de couteaux, qui apparaissent entre chacun de ses doigts. En un lancer, le sans-cœur disparait dans un nuage de fumée, et le simili prend la fuite. Bilan de la journée : une grosse frayeur pour les habitants du Jardin Radieux, et un peu plus de rancœur envers l'Organisation XIII.

Un peu plus loin, en dehors de la ville, le membre du XIIIème Ordre s'arrête. Son regard parcourt son environnement, de droite à gauche, de gauche à droite, et après avoir constaté qu'il n'y avait personne, le masque tombe. Débarrassée de son encombrant costume, la silhouette élégante de la Sorcière Ultimecia se dessine. Elle lance un bref regard en arrière, tâchant d'imaginer la réaction des spectateurs qu'elle avait volontairement laissé vivre. La mise en scène avait dû fonctionner, et même s'il elle demeurait imparfaite, qui irait chercher le défaut dans ce qu'ils avaient vu ? Qui imaginerait que les reflets ne suivaient pas la silhouette en noir, mais la poursuivait ? Qui imaginerait que les hurlements poussés étaient ceux d'un homme en train de se transformer en sans-cœur ? Qui imaginerait que c'était elle, Ultimecia, qui avait déclenché l'incendie ? Qui imaginerait que les simili ne s'étaient pas interposés, mais avaient été d'abord immobilisés, puis déplacés pour recevoir les coups ? Qui imaginerait que les dagues de Larxene n'étaient en fait que des flèches magiques tenues comme des Kunaïs ? Qui imaginerait tout cela ? Personne, et c'était bien pourquoi ils venaient de se faire duper par un Songe, tous autant qu'ils étaient.