*Bon, commençons par marcher un peu dans le patelin.*
Le brave pirate que l'on ne présente plus déambulait dans le village du monde du Château de la Bête. L'endroit n'était que peu différent de la Forêt de Sherwood, il rencontrait les mêmes maisons à encorbellements aux toits tantôt de chaume, de tuile, ou de bois. Les habitants avaient toutefois apparence humaine, ce qui contribuait à créer un cadre de mission moins déroutant que la dernière fois. Le soleil était radieux, et la foule semblait plutôt sereine et occupée entièrement à ses tâches, malgré les sombres évènements qui justifiaient la présence du Capitaine...
Après avoir fait le tour complet du village, et retenu quelques adresses qui pouvaient être utiles, il sortit de la cité et s'approcha de la lisière de la forêt. Les arbres étaient plutôt hauts, et leurs épais branchages feuillus n'étaient que peu percés par la lumière, laissant les sentiers baigner dans une ombre malsaine, malgré le jour. C'était donc ici qu'il devait chercher la créature qui faisait le cauchemar des habitants de ce monde, et dont la véritable nature était ignorée...
- Franchement, n'y va pas, ça sent les ennuis.
Jack se tourna vers sa gauche, et se vit lui-même, assis sur une bûche trainant dans l'herbe. Ou plutôt lui, mais avec quelques décennies de plus, qui ridaient son visage et blanchissaient sa barbe et ses longs cheveux. Cet alter ego s'appuyait en tremblant sur une canne noueuse, et s'adressait à Sparrow comme si c'était son petit fils.
- Tu sais pas ce que tu vas rencontrer, c'est risqué, fiston.
- J'ai déjà accepté le contrat, l'ancêtre.
- Un contrat est fait pour être brisé, tu le sais bien. Repense à cette claque magnifique que tu t'es prise face au Sans-Coeur de l'Ile du Destin !
- La créature de ce monde agit dans l'ombre, de manière calculée. Ce n'est pas un monstre stupide avide de destruction comme le Sans-Coeur dont tu parles.
- Ton entêtement te coûtera la vie un jour, pirate. T'es lâche quand la victoire est à toi, et t'es téméraire quand tu t'aventures en eaux troubles.
*****************
- Je suis l'envoyé de Montblanc et des Mercenaires, je vais m'occuper du monstre.
L'interlocuteur du Capitaine était un petit homme barbu et chauve, serveur dans une brasserie locale. L'endroit était bruyant, mais Sparrow avait pris une table isolée au fond de la pièce principale, avant d'inviter l'inconnu à lui parler un peu.
- C'est inespéré ! Vous êtes arrivé ! J'espère tant que vous parviendrez à résoudre ce mystère !
- Commençons par les infos de base, l'ami. Combien de personnes se sont rendues en forêt depuis la manifestation de votre bête ?
- Quatre villageois ont tenté de se rendre en forêt pour voir la créature depuis qu'elle se manifeste : Hedge, le jeune forgeron, Yvan, qui fait partie de la garde, Benoît, l'apprenti bûcheron, puis son frère Felix.
- Ce qui nous fait quatre malheureuses victimes...
- Monsieur, ne parlez pas de malheur !
- Barbu, il faudrait commencer à se faire à l'idée que ces jeunes idiots ne sont très certainement plus de ce monde. Un monstre ou un Sans-coeur ne fait pas de prisonniers.
- Oh, c'est terrible...
- Que veux-tu, on a beau dire aux jeunes d'être prudents, ils se croient invincibles et font n'importe quoi pour impressioner leurs demoiselles... Enfin, c'est pas que je ne sois pas comme eux, mais seulement si la demoiselle en vaut le coup. Tiens, ça me rappelle cette ribaude de Margaux qui avait un sacré joli...
- Monsieur, un peu de sérieux je vous prie !
- Excuse-moi, revenons à nos moutons. Enfin, "carcasses de moutons" me paraît plus approprié. Vous entendez le hurlement toutes les nuits de pleine lune ?
- Oui, c'est cela. La prochaine est dans deux jours.
- Bien, ça va me laisser du temps avant de... D'aller rendre visite à Grand-Mère. Amène-moi donc une autre bouteille de rhum.
L'homme quitta Sparrow, non sans afficher une expression d'agaçement des plus poussées. Mais il revint vers lui avec une bouteille de rhum. C'était bien plus qu'un client, c'était le seul capable de les sauver de cette angoisse devenue obsédante et aliénante. Jack, les pieds nonchalament croisés sur sa table, commença à boire son rhum par petites goulées, les yeux fermés. Il était entièrement plongé dans ses réflexions et ses craintes.
*Montblanc a avancé l'hypothèse que la créature pouvait être un Sans-coeur, mais j'ai de gros doutes quant à cela. Si c'en était un, d'autres Sans-coeurs seraient apparus dans les bois par effet de chaîne, à cause des agressions. Or, je suis allé dans le bois plus tôt dans la journée, et je n'ai pas croisé de Sans-coeurs. A moins qu'ils n'aient un pouvoir spécial qui nécessite l'apparition de la pleine lune ? On a déjà répertorié des variétés de ce genre, ça paraît cohérent. Mais les Sans-coeurs sont tous attirés par les coeurs. Pourquoi est-ce qu'ils se manifesteraient dans un bois désert, et pas dans le village ou le château ? A moins que le Sans-coeur en question soit trop faible pour attaquer directement un lieu peuplé, d'où la nécessité d'attirer les victimes en un lieu et un temps où le pouvoir peut se révéler... Mais alors, pourquoi ne pas attaquer le village de nuit, quand les gens sont vulnérables et en proie au sommeil ? D'autant qu'un Sans-coeur peut se matérialiser n'importe où si le lieu n'est pas protégé par magie, et ce monde ne recèle aucun magicien...*
La nuit tomba sur le village, enveloppant les habitants dans un voile de torpeur et de relative quiétude. Hélas, une quitéude troublée par un bruit brisant le fragile silence nocturne. Le ronflement paisible et gras d'un pirate endormi à la brasserie.
*****************
*Cette fois c'est l'heure... Que les dieux des océans soient avec moi !*
Sur cette pensée, le Capitaine, armé et vigilant, s'engouffra dans le sinistre bois aux loups alors que minuit approchait. L'endroit était encore plus inhospitalier de nuit, semblable à une sylve ténébreuse et hantée. La pleine lune dardait de vivaces rayons argentés sur la cime noire, éclairant ponctuellement les sentiers à travers les ramages farouches. Sparrow progressait silencieusement et avec toute la prudence dont il était capable, guettant dans les ombres végétales tout signe à venir de son ennemi. Il ressassait les dernières informations très intriguantes qu'il avait recueillies durant son séjour. Il avait appris que les bergers, depuis la première manifestation du monstre, avaient eu peu d'attaques de loups par rapport aux autres jours de la saison. D'autre par, le bibliothécaire local avait déploré plusieurs vols de livres de genres très différents, depuis au moins un mois.
Soudain, une odeur de sang. Sparrow sentit ses bottes s'enfoncer dans quelque chose de mou qui glissa sous son pas. Le pirate tomba dans les orties, et se releva vite pour mettre à la lumière l'obstacle qu'il avait renconctré : Une carcasse de loup éventré, à peine coagulante.
*J'y suis.*
- Montre-toi, qui que tu sois ! Je sais que tu te caches dans cette forêt, montre-toi ! Je suis ton adversaire pour cette nuit de pleine lune, le Capitaine Jack Sparrow !
Après avoir crié ces mots à l'obscurité, Jack tira une balle dans le vide, et la détonation claqua dans le silence nocturne. A quelques mètres de là, surgissant des buissons, une silhouette musclée et hirsute se mit à courir en direction du Capitaine, brandissant une arme longue. Sparrow réagit vite et tira sans plus attendre trois balles vers son ennemi, et l'une d'elle sembla l'atteindre à l'épaule droite. L'individu fut projeté par le choc et cria de douleur. Le pirate courut vers lui en dégainant son sabre, mais avant même de pouvoir essayer une botte, son adversaire se remit debout et exécuta un puissant coup latéral de ce qui semblait être un long bâton. Jack fut frappé au flanc, et le coup fut si violent que ce fut à son tour de s'écrouler à terre. Le pirate, essouflé, murmura quelque chose avant de parer du sabre une attaque verticale du bâton, qui avait manqué l'écraser.
- Ravi de te rencontrer. Ton entrée en scène manque de finesse, mais je dois reconnaître qu'elle était diablement efficace. Tu est toujours aussi direct... Hedge ?
- Tu connais mon nom ?!!
Jack profita de la diversion pour exécuter un vif balayage à son adversaire, qui ne sembla nullement affecté. L'inconnu frappa du pied dans la main de Sparrow et envoya valser son sabre quelque part. Criant de rage et de folie, l'ombre massive mais néanmoins svelte frappa à nouveau vers le Capitaine qui parvint à se dégager avec une roulade vers les buissons. Redressé dos contre un arbre au tronc large, Jack guettait avec une tension certaine son ennemi qui le cherchait du regard, tout grognant et salivant.
*OK, ce type n'est pas une petite pointure, et mon sabre est je-ne-sais-où. J'ai pas le temps de recharger mon arme à feu, je vais essayer autre chose.*
Aussitôt dit, aussitôt fait : Sparrow commença à grimper en vitesse sur les branches de l'arbre, jusqu'à atteindre un point de vue sur son mortel adversaire.
- Qu'est-ce que tu me veux ?? Pourquoi tu ne me laisses pas tranquille ??!
Jack sortit un petit objet de fer de sa poche et le frotta frénétiquement contre le tronc. Une mèche se mit à grésiller.
- Quel accueil charmant, mon garçon ! Je viens juste te faire plaisir, et faire la fête avec toi ! Joyeux anniversaire !!
Jack lâcha l'objet qui explosa en une belle gerbe lumineuse innofensive, mais qui permit d'éclairer brièvement le lieu du combat. Non seulement le forban put localiser sa lame, au pied d'un sapin, mais il put aussi détailler dans la lumière son étrange ennemi : Un homme musclé et torse nu, aux cheveux et à la barbe brune, et du sang séché sur les mains. Sparrow sauta de sa branche et fit une élégante glissade au-dessus du sol qui le porta jusqu'à son arme.
- Dans le fond, c'est vrai Hedge, t'as besoin de te détendre. Après tout, ton frère est mort durant une chasse, tué par des loups.
Telle une bête furieuse, Hedge se précipita sur Sparrow et le roua de rapides coups de bâton, qui furent parés de justesse.
- Tu vas mourir !! Cette forêt est mon sanctuaire, je suis le roi sauvage ! Je tuerai tous les loups et tous ceux qui viendront dans ma forêt !!
Il asséna un coup de poing rageur dans le ventre du Capitaine, qui faiblissait sans pour autant cesser de combattre.
*Il faut que j'en finisse vite, il est vraiment très fort, bien plus que moi. Seule ma vitesse, égale à la sienne, m'a empêché de perdre jusque-là.*
- Je suis un surhomme que nul ne peut battre !! Tu mourras ici, Sparrow !!!
- Tu es plutôt un vulgaire forgeron que la mort de son frère a rendu fou, oui. Un surhomme ? Tu es fort oui, mais tu as eu besoin de voler tous ces livres sur la vie sauvage, la chimie et l'occulte. Leur contenu a fait de toi un monstre pervers qui ravage tout pour se donner des allures de roi, mais je vais te remettre à ta place.
- Ouais !! Tu... Tu verras... Je vais te... Te mâcher les os...
Sparrow enchaîna plusieurs coups de sa lame, très rapides et précis. Il entailla l'arme de Hedge jusqu'à le désarmer, puis transperça à nouveau sa plaie à l'épaule, le faisant s'écrouler dans un sanglot aliéné.
- Pourquoi... Je suis épuisé... D'où... D'où te vient cette... Cette force si.... Soudaine...
- Regarde en haut.
Hedge s'exécuta et regarda les feuillages. Il vi, perchées au-dessus de lui, trois étranges petites fées au hâlo verdâtre, qui semblaient se rire de lui dans une langue qu'il ne comprenait pas.
- Je te présente mes amies les Sylphides. Dès le début du combat, j'ai compris que ta force physique était de loin supérieure à la mienne. Pour éviter certains risques, je les ai invoquées. Elles ont drainé ton énergie sans que tu t'en rendes compte, et me l'ont restitué. C'est pour ça que tu nous fais un p'tit coup de mou, tandis que moi, j'ai une patate pas possible !
Jack finit cette tirade par une décapitation rapide et expéditive. Il congédia les Sylphides, et quitta le bois sans prononcer de prières aux morts. Hedge n'en valait pas la peine. Et surtout, il n'était pas payé pour ça.
Mer 5 Mai 2010 - 15:20Le brave pirate que l'on ne présente plus déambulait dans le village du monde du Château de la Bête. L'endroit n'était que peu différent de la Forêt de Sherwood, il rencontrait les mêmes maisons à encorbellements aux toits tantôt de chaume, de tuile, ou de bois. Les habitants avaient toutefois apparence humaine, ce qui contribuait à créer un cadre de mission moins déroutant que la dernière fois. Le soleil était radieux, et la foule semblait plutôt sereine et occupée entièrement à ses tâches, malgré les sombres évènements qui justifiaient la présence du Capitaine...
Après avoir fait le tour complet du village, et retenu quelques adresses qui pouvaient être utiles, il sortit de la cité et s'approcha de la lisière de la forêt. Les arbres étaient plutôt hauts, et leurs épais branchages feuillus n'étaient que peu percés par la lumière, laissant les sentiers baigner dans une ombre malsaine, malgré le jour. C'était donc ici qu'il devait chercher la créature qui faisait le cauchemar des habitants de ce monde, et dont la véritable nature était ignorée...
- Franchement, n'y va pas, ça sent les ennuis.
Jack se tourna vers sa gauche, et se vit lui-même, assis sur une bûche trainant dans l'herbe. Ou plutôt lui, mais avec quelques décennies de plus, qui ridaient son visage et blanchissaient sa barbe et ses longs cheveux. Cet alter ego s'appuyait en tremblant sur une canne noueuse, et s'adressait à Sparrow comme si c'était son petit fils.
- Tu sais pas ce que tu vas rencontrer, c'est risqué, fiston.
- J'ai déjà accepté le contrat, l'ancêtre.
- Un contrat est fait pour être brisé, tu le sais bien. Repense à cette claque magnifique que tu t'es prise face au Sans-Coeur de l'Ile du Destin !
- La créature de ce monde agit dans l'ombre, de manière calculée. Ce n'est pas un monstre stupide avide de destruction comme le Sans-Coeur dont tu parles.
- Ton entêtement te coûtera la vie un jour, pirate. T'es lâche quand la victoire est à toi, et t'es téméraire quand tu t'aventures en eaux troubles.
*****************
- Je suis l'envoyé de Montblanc et des Mercenaires, je vais m'occuper du monstre.
L'interlocuteur du Capitaine était un petit homme barbu et chauve, serveur dans une brasserie locale. L'endroit était bruyant, mais Sparrow avait pris une table isolée au fond de la pièce principale, avant d'inviter l'inconnu à lui parler un peu.
- C'est inespéré ! Vous êtes arrivé ! J'espère tant que vous parviendrez à résoudre ce mystère !
- Commençons par les infos de base, l'ami. Combien de personnes se sont rendues en forêt depuis la manifestation de votre bête ?
- Quatre villageois ont tenté de se rendre en forêt pour voir la créature depuis qu'elle se manifeste : Hedge, le jeune forgeron, Yvan, qui fait partie de la garde, Benoît, l'apprenti bûcheron, puis son frère Felix.
- Ce qui nous fait quatre malheureuses victimes...
- Monsieur, ne parlez pas de malheur !
- Barbu, il faudrait commencer à se faire à l'idée que ces jeunes idiots ne sont très certainement plus de ce monde. Un monstre ou un Sans-coeur ne fait pas de prisonniers.
- Oh, c'est terrible...
- Que veux-tu, on a beau dire aux jeunes d'être prudents, ils se croient invincibles et font n'importe quoi pour impressioner leurs demoiselles... Enfin, c'est pas que je ne sois pas comme eux, mais seulement si la demoiselle en vaut le coup. Tiens, ça me rappelle cette ribaude de Margaux qui avait un sacré joli...
- Monsieur, un peu de sérieux je vous prie !
- Excuse-moi, revenons à nos moutons. Enfin, "carcasses de moutons" me paraît plus approprié. Vous entendez le hurlement toutes les nuits de pleine lune ?
- Oui, c'est cela. La prochaine est dans deux jours.
- Bien, ça va me laisser du temps avant de... D'aller rendre visite à Grand-Mère. Amène-moi donc une autre bouteille de rhum.
L'homme quitta Sparrow, non sans afficher une expression d'agaçement des plus poussées. Mais il revint vers lui avec une bouteille de rhum. C'était bien plus qu'un client, c'était le seul capable de les sauver de cette angoisse devenue obsédante et aliénante. Jack, les pieds nonchalament croisés sur sa table, commença à boire son rhum par petites goulées, les yeux fermés. Il était entièrement plongé dans ses réflexions et ses craintes.
*Montblanc a avancé l'hypothèse que la créature pouvait être un Sans-coeur, mais j'ai de gros doutes quant à cela. Si c'en était un, d'autres Sans-coeurs seraient apparus dans les bois par effet de chaîne, à cause des agressions. Or, je suis allé dans le bois plus tôt dans la journée, et je n'ai pas croisé de Sans-coeurs. A moins qu'ils n'aient un pouvoir spécial qui nécessite l'apparition de la pleine lune ? On a déjà répertorié des variétés de ce genre, ça paraît cohérent. Mais les Sans-coeurs sont tous attirés par les coeurs. Pourquoi est-ce qu'ils se manifesteraient dans un bois désert, et pas dans le village ou le château ? A moins que le Sans-coeur en question soit trop faible pour attaquer directement un lieu peuplé, d'où la nécessité d'attirer les victimes en un lieu et un temps où le pouvoir peut se révéler... Mais alors, pourquoi ne pas attaquer le village de nuit, quand les gens sont vulnérables et en proie au sommeil ? D'autant qu'un Sans-coeur peut se matérialiser n'importe où si le lieu n'est pas protégé par magie, et ce monde ne recèle aucun magicien...*
La nuit tomba sur le village, enveloppant les habitants dans un voile de torpeur et de relative quiétude. Hélas, une quitéude troublée par un bruit brisant le fragile silence nocturne. Le ronflement paisible et gras d'un pirate endormi à la brasserie.
*****************
*Cette fois c'est l'heure... Que les dieux des océans soient avec moi !*
Sur cette pensée, le Capitaine, armé et vigilant, s'engouffra dans le sinistre bois aux loups alors que minuit approchait. L'endroit était encore plus inhospitalier de nuit, semblable à une sylve ténébreuse et hantée. La pleine lune dardait de vivaces rayons argentés sur la cime noire, éclairant ponctuellement les sentiers à travers les ramages farouches. Sparrow progressait silencieusement et avec toute la prudence dont il était capable, guettant dans les ombres végétales tout signe à venir de son ennemi. Il ressassait les dernières informations très intriguantes qu'il avait recueillies durant son séjour. Il avait appris que les bergers, depuis la première manifestation du monstre, avaient eu peu d'attaques de loups par rapport aux autres jours de la saison. D'autre par, le bibliothécaire local avait déploré plusieurs vols de livres de genres très différents, depuis au moins un mois.
Soudain, une odeur de sang. Sparrow sentit ses bottes s'enfoncer dans quelque chose de mou qui glissa sous son pas. Le pirate tomba dans les orties, et se releva vite pour mettre à la lumière l'obstacle qu'il avait renconctré : Une carcasse de loup éventré, à peine coagulante.
*J'y suis.*
- Montre-toi, qui que tu sois ! Je sais que tu te caches dans cette forêt, montre-toi ! Je suis ton adversaire pour cette nuit de pleine lune, le Capitaine Jack Sparrow !
Après avoir crié ces mots à l'obscurité, Jack tira une balle dans le vide, et la détonation claqua dans le silence nocturne. A quelques mètres de là, surgissant des buissons, une silhouette musclée et hirsute se mit à courir en direction du Capitaine, brandissant une arme longue. Sparrow réagit vite et tira sans plus attendre trois balles vers son ennemi, et l'une d'elle sembla l'atteindre à l'épaule droite. L'individu fut projeté par le choc et cria de douleur. Le pirate courut vers lui en dégainant son sabre, mais avant même de pouvoir essayer une botte, son adversaire se remit debout et exécuta un puissant coup latéral de ce qui semblait être un long bâton. Jack fut frappé au flanc, et le coup fut si violent que ce fut à son tour de s'écrouler à terre. Le pirate, essouflé, murmura quelque chose avant de parer du sabre une attaque verticale du bâton, qui avait manqué l'écraser.
- Ravi de te rencontrer. Ton entrée en scène manque de finesse, mais je dois reconnaître qu'elle était diablement efficace. Tu est toujours aussi direct... Hedge ?
- Tu connais mon nom ?!!
Jack profita de la diversion pour exécuter un vif balayage à son adversaire, qui ne sembla nullement affecté. L'inconnu frappa du pied dans la main de Sparrow et envoya valser son sabre quelque part. Criant de rage et de folie, l'ombre massive mais néanmoins svelte frappa à nouveau vers le Capitaine qui parvint à se dégager avec une roulade vers les buissons. Redressé dos contre un arbre au tronc large, Jack guettait avec une tension certaine son ennemi qui le cherchait du regard, tout grognant et salivant.
*OK, ce type n'est pas une petite pointure, et mon sabre est je-ne-sais-où. J'ai pas le temps de recharger mon arme à feu, je vais essayer autre chose.*
Aussitôt dit, aussitôt fait : Sparrow commença à grimper en vitesse sur les branches de l'arbre, jusqu'à atteindre un point de vue sur son mortel adversaire.
- Qu'est-ce que tu me veux ?? Pourquoi tu ne me laisses pas tranquille ??!
Jack sortit un petit objet de fer de sa poche et le frotta frénétiquement contre le tronc. Une mèche se mit à grésiller.
- Quel accueil charmant, mon garçon ! Je viens juste te faire plaisir, et faire la fête avec toi ! Joyeux anniversaire !!
Jack lâcha l'objet qui explosa en une belle gerbe lumineuse innofensive, mais qui permit d'éclairer brièvement le lieu du combat. Non seulement le forban put localiser sa lame, au pied d'un sapin, mais il put aussi détailler dans la lumière son étrange ennemi : Un homme musclé et torse nu, aux cheveux et à la barbe brune, et du sang séché sur les mains. Sparrow sauta de sa branche et fit une élégante glissade au-dessus du sol qui le porta jusqu'à son arme.
- Dans le fond, c'est vrai Hedge, t'as besoin de te détendre. Après tout, ton frère est mort durant une chasse, tué par des loups.
Telle une bête furieuse, Hedge se précipita sur Sparrow et le roua de rapides coups de bâton, qui furent parés de justesse.
- Tu vas mourir !! Cette forêt est mon sanctuaire, je suis le roi sauvage ! Je tuerai tous les loups et tous ceux qui viendront dans ma forêt !!
Il asséna un coup de poing rageur dans le ventre du Capitaine, qui faiblissait sans pour autant cesser de combattre.
*Il faut que j'en finisse vite, il est vraiment très fort, bien plus que moi. Seule ma vitesse, égale à la sienne, m'a empêché de perdre jusque-là.*
- Je suis un surhomme que nul ne peut battre !! Tu mourras ici, Sparrow !!!
- Tu es plutôt un vulgaire forgeron que la mort de son frère a rendu fou, oui. Un surhomme ? Tu es fort oui, mais tu as eu besoin de voler tous ces livres sur la vie sauvage, la chimie et l'occulte. Leur contenu a fait de toi un monstre pervers qui ravage tout pour se donner des allures de roi, mais je vais te remettre à ta place.
- Ouais !! Tu... Tu verras... Je vais te... Te mâcher les os...
Sparrow enchaîna plusieurs coups de sa lame, très rapides et précis. Il entailla l'arme de Hedge jusqu'à le désarmer, puis transperça à nouveau sa plaie à l'épaule, le faisant s'écrouler dans un sanglot aliéné.
- Pourquoi... Je suis épuisé... D'où... D'où te vient cette... Cette force si.... Soudaine...
- Regarde en haut.
Hedge s'exécuta et regarda les feuillages. Il vi, perchées au-dessus de lui, trois étranges petites fées au hâlo verdâtre, qui semblaient se rire de lui dans une langue qu'il ne comprenait pas.
- Je te présente mes amies les Sylphides. Dès le début du combat, j'ai compris que ta force physique était de loin supérieure à la mienne. Pour éviter certains risques, je les ai invoquées. Elles ont drainé ton énergie sans que tu t'en rendes compte, et me l'ont restitué. C'est pour ça que tu nous fais un p'tit coup de mou, tandis que moi, j'ai une patate pas possible !
Jack finit cette tirade par une décapitation rapide et expéditive. Il congédia les Sylphides, et quitta le bois sans prononcer de prières aux morts. Hedge n'en valait pas la peine. Et surtout, il n'était pas payé pour ça.