- - Dis-moi. Allez, dis le.
- C’est une surprise.
- Dis le moi à l’oreille, Natsuki n’est pas obligée de savoir.
- Et il en est de même pour Yoko.
S’en suivit alors un petit soupir, Yoko était la cadette, mais du haut de ses huit ans, la pureté et la grâce de sa mère se faisait déjà ressentir. Bien qu’elle ne se coiffait que très peu, laissant ses cheveux blonds voguer sous le vent rare de la grotte, d’où elle sortait régulièrement. Elle était impatiente, extravertie et totalement négligente. Yojimbo avait longtemps pensé qu’il s’agissait d’une calamité pour le clan Bushido, mais il apprit au fil du temps à oublier les hostilités de la guerre et de penser à autres choses. Elle, si maligne, avait aussi une touche d’illogisme incroyable. Ses faits si surprenants rendaient le quotidien de la grotte plus chaleureux. Et il fallait bien dire que de tous les enfants, elle régnait de par son sens inné de l’aventure. Elle aurait été un bien piètre samouraï, de par son manque d’équilibre, et c’était un grand sujet de conversation dans la famille de l’élu du Zanmato.
On disait d’elle, que si elle n’irait jamais loin dans la voie du Bushido, elle irait par contre parfaitement bien avec les Ronsos, de par son caractère sauvage.
- Papa ?
- Hum ?
- Hein oui que je suis ta fille préférée ?
- Demande à ta mère.
Yojimbo s’esquiva alors, allant rejoindre sa femme, mais une fine silhouette bloqua son chemin et dégaina son Wakizashi. Le samouraï prit le sien et se défendit. Elle, qui était si frêle frappait pourtant sans lésiner en de belles et gracieuses attaques aériennes. Lui ne faisait que parer et déstabiliser l’adversaire en écartant la lame de cette dernière. Elle fut bien vite dépassée, bien que tentant quelques attaques en estoc qui auraient pu s’avérer mortelles.
Le Démon tranchant frappa alors le wakizashi de la jeune fille en une attaque ascendante, le faisant virevolter dans les cieux. Il l’attrapa alors de sa main libre et rangea son arme, tendant l’autre à cette jeune guerrière. Elle le prit et s’inclina respectueusement, vaincue.
- Je te laisse le bénéfice de m’avoir attaqué dans un passage étroit. Belle tentative, Natsuki.
- Je vous remercie, père.
- Tu as lâché ton Wakizashi, et pire que ta vie, si tu perds ton Wakizashi, tu perds ton honneur.
- Je vous remercie, père.
Elle s’inclina alors une nouvelle fois. Yojimbo ne savait dire quelle était sa plus jolie fille. L’une était indisciplinée mais était promise à une grande beauté. Alors que l’autre, était stricte envers elle-même et n’aspirait qu’au combat… Elle ne pouvait devenir samouraï de par son sexe, seule raison pour laquelle Yojimbo ne pourrait lui léguer le Zanmato, bien qu’il sache qu’elle en ait la sagesse. Elle était aussi très belle, ayant déjà dix-sept ans, mais elle cachait sa beauté par des lèvres closes et quelques blessures de combat. Attachant toujours ses cheveux, on ne ressentait pas en elle cette beauté naturelle. Mais.
- Père ?
- Natsuki ?
- Pourriez-vous me dire ce que mère prépare ?
- C’est une surprise.
- Père ?
- Hum ?
- Suis-je votre fille préférée ?
Et il s’en alla à nouveau, un sourire aux lèvres. Il était grand et fort. Jamais il ne s’énervait, jamais il ne montrait ouvertement sa joie. Un être qui entre dans l’équilibre parfait pour la pire des armes. Arme qu’il allait utiliser bientôt, tristement, pour anéantir les Ronsos, sous demande des Guados. Mais il allait voir, serein, sa seule et unique épouse. En effet, il était trop fier d’avoir la plus belle, pour s’ennuyer avec d’autres. Il entra dans la chambre creusée dans la roche, ou il vivait, et vit sa femme.
- Alors, cette nouvelle ?
- Et bien c’est…
Soudain, la pièce se fit noire, la parole fut éteinte dans un flot de cris. Yojimbo chercha alors le lit dans lequel sa femme était couchée, mais ne le trouva pas, disparu. La pièce s’illumina alors dans une tornade pourpre.
- Que t’aurais plutôt intérêt à me laisser le plein contrôle sur ton corps, Yoyo…